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15 avril.

16 avril.

17 avril.

dans une meilleure route, il leur manque ce qu'on n'aura trouvé dans la majorité de presqu'aucune de nos assemblées législatives, ce qu'on aura tout aussi vainement cherché hors de leur enceinte, pendant trente années de désordres, de malheurs, de gouvernemens malfaisans, de ministères sans bonne foi ou sans capacité; c'est-à-dire la force d'âme dans l'individu, l'énergie politique dans les masses. Jamais, sans doute, on ne vit l'honnête citoyen aussi pusillanime, on ne vit une aussi permanente lâcheté dans une nation civilisée et qui possède un grand nombre d'hommes éclairés. Émigrés! pourquoi ne pas rester au sein de vos foyers? En recouvrant une partie de votre influence, vous exerceriez à ce jour un utile patronage. C'est au milieu de vos campatriotes qu'il fallait vous montrer, pour votre propre avantage, comme pour l'avantage commun; en fuyant votre patrie, vous avez manifesté que vous ne compreniez ni l'importance ni l'utilité de vous faire citoyens.

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ou

Une pétition des commissaires des sections de Paris (V. 31 mars), est dirigée contre vingt-deux députés girondins Brissot, Vergniaud, Péthion, etc., signalés par leur opposition aux jacobins sans appartenir à d'autres factions : Lanjuinais, Doulcet de Pontécoulant, etc. (V. le 20).

Les Anglais prennent l'île française de Tabago.

Un décret ordonne le séquestre des biens de Philippe Égalité (duc d'Orléans), détenu à Marseille (V. le 9).

Les Espagnols envahissent le Roussillon.

Un décret déclare calomnieuse, la pétition des 20 avril. commissaires des sections (V. le 15).

Dans la guerre de la Vendée, des actions assez 23 avril. fréquentes, depuis trois semaines, ont mis en évidence l'accroissement des forces royalistes qui ont pris le nom collectif d'armée catholique et royale, dont d'Elbée est généralissime. On a partagé le pays en divisions militaires, à la tête desquelles sont des commandans soumis au généralissime, qui est, en même temps, président du conseil supérieur. Les chefs: la Rochejacquelein, d'Autichamp, Bonchamp, Domagné, Cathelineau, Stofflet, commandent dans l'Anjou et le Haut-Poitou; Lescure, Talmont, Duhoux-d'Autrive, le centre; Charette, Savin, Joli, etc., l'armée du Bocage, ou Bas-Poitou.

D'Elbée, joint par Bonchamp, remporte un avantage important pour la solidité de leur parti, dans une affaire qui détermine le gros des troupes républicaines à repasser la Loire, en évacuant la plupart des postes de la rive droite. Les départemens de Maineet-Loire, de la Vendée et des Deux-Sèvres seront, pendant près de quatre mois, soustraits aux lois de la convention.

Marat est acquitté par le tribunal révolution- 24 avril. naire ( V. le 13); les sans-culottes, la tête couronnée de lauriers, le portent en triomphe dans la salle. de la convention. Ses accusateurs sont consternés.

La divergence d'opinions existant entre les girondins et les jacobins se prononça plus ouvertement, aussitôt après le dix août : la scission éclata pendant le procès du roi, et l'événement du 21 janvier

fut le signal des grandes hostilités. Dès ce jour, elles devinrent opiniâtres et se succédèrent sans relâche; mais l'offensive était toujours restée, et restera aux jacobins. Le parti de la Gironde, depuis l'insurrection du 20 juin, dont lui seul avait tracé le plan, et qui devait assurer sa domination, va chaque jour, au contraire, perdant de son influence. Pour la conserver, il lui faudrait s'abandonner toujours au torrent de la démagogie; il en précipite le cours, et s'efforce vainement de le ralentir alors qu'il a sa plus grande violence. Ces factieux ne laissaient pas que d'avoir une tendance vers un système régulier, tandis que leurs adversaires, plus insensés à la fois et plus malfaisans, proscrivent absolument tout ce qui constitue l'état de sociabilité; l'apparence d'un gouvernement fondé sur quelques principes de justice les effraie comme l'idée d'un Dieu vengeur; ils veulent en empêcher le rétablissement jusqu'à ce jour où ils pourront régner sans opposition ou partage. Les girondins, moins audacieux et moins habiles dans le jeu des ressorts populaires, ont la faconde de tribune, et des prétentions à la science de la haute politique ils aiment à discourir, se persuadant que des dissertations et des périodes sont les moyens les plus efficaces dans une démocratie; tandis que les jacobins, s'insinuant dans les moindres canaux de la popularité, sachant associer la multitude à leurs intérêts, haranguent avec une violence chaque jour plus hardie, et déclament sans relâche comme sans ménagement contre leurs antagonistes! Déjà, le 22 janvier, Péthion, faisant le panégyrique du député Lepelletier, assassiné la veille, pour avoir voté la mort du roi, Péthion naguère l'idole des Parisiens, est interrompu, menacé, vivement insulté

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par Tallien, Thuriot, Collot-d'Herbois. Alors commencent à retentir dans les clubs des cris de proscription contre Brissot, Vergniaud, etc. Les montagnards s'attachent la populace de Paris en l'ameutant au pillage (V. 25, 26 février); ils parviennent à n'introduire au comité de sûreté générale que des hommes sans caractère ou des démagogues forcenés (V. 25 mars); ils n'admettent que ces derniers au comité de salut public (V. le 6); ils accusent Brissot, Gensonné, etc., d'être les complices de Dumouriez; Robespierre dénonce Brissot, et demande avec emportement qu'il soit décrété d'accusation. A des dangers aussi proches, le parti de ce dernier, reprenant quelque énergie, emporte la mise en jugement de Marat lui-même triomphe d'une bien courte durée. Mais les girondins, obtenant cette mesure destructive du principe de l'inviolabilité, contre leur adversaire, tout vil et chargé de crimes qu'il est (V. le 8), donnent un exemple qui va retomber sur leurs têtes. Les jacobins s'en autoriseront pour faire immoler par le tribunal dont ils disposent, les membres du corps législatif dont l'opposition les fatigue. Cette sauvegarde enlevée, la faction dominante sera libre d'agir par des proscriptions et des coups d'état, armes éternellement à l'usage de l'injustice et de la lacheté.

en

Une loi enjoint aux autorités municipales de fixer 4 mai. un maximum du prix des grains et farines. Jusqu'ici les jacobins comprenaient sous le nom d'aristocratie le clergé, la noblesse, avec la haute magistrature; ils inventent aujourd'hui les dénominations d'aristocratie. bourgeoise, d'aristocratie mercantile ou de négociantisme; traitant de suspects et de contre-révolution

5 mai.

5 mai.

naires les hommes utilement laborieux, exerçant une honorable industrie; et c'est pour les ruiner et les rabaisser au niveau des prolétaires, qu'on rend ce décret et qu'on en rendra plusieurs autres semblables (V. 11, 29 septembre 1793; 24 février, 24 décembre 1794).

La ville de Thouars est prise après un combat. Les chefs royalistes de la Vendée, Lescure, Bonchamp, La Rochejacquelein, s'emparent de douze canons, et font mettre bas les armes à six mille républicains commandés par Quétineau.

Un décret porte création de douze cents millions d'assignats. Il est établi que la somme en circulation est de trois milliards cent millions (V. 1er février), et que la dette exigible liquidée se trouve réduite, par les remboursemens effectués, à la somme de six cent millions. Il est encore établi que les ressources consistent, 1°. en cinq cents millions d'arriéré des contributions; 2°. en cinq cents millions de créances liquidées, sommes à recouvrer sur les sels et les tabacs, sur l'arriéré des fermes, des domaines et régies; 3°. en deux milliards dus sur les biens nationaux vendus; 4o. en douze cents millions de bois et forêts; 5o. en trois cents millions des biens de la liste civile; 6o. en cent millions de bénéfices sur les domaines engagés ; 7°. en cinquante millions de droits territoriaux, dont les droits primitifs existent; 8°. en cinquante millions de salines et salins; 9°. en trois milliards de biens nationaux provenant des émigrés, toutes dettes défalquées. Total, sept milliards sept cents millions; somme excédant de quatre milliards la somme des dettes; ce qui, après cette nouvelle émission de douze

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