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rère, ni Merlin, est conçue par Cambacérès, et rendue par une assemblée qui se prétend régénérée et revenue aux vrais principes, depuis le 9 ther-midor.

L'abbé Barthélemy, âgé de 79 ans, auteur du Voyage 30 avril. d'Anacharsis, meurt. Jeté dans les prisons en 1793, il avait dû son élargissement au goût de Danton pour les médailles. En ces temps désastreux, on n'avait de prise sur ces atroces dominateurs que par de futiles accessoires.

Une loi ordonne le prompt jugement des émigrés 1o. mai. trouvés sur le territoire de la république, l'expulsion des déportés rentrés, et prescrit des mesures répressives de toute provocation à l'avilissement de la représentation nationale ou au retour de la royauté.

Suivant un décret, les biens des condamnés par les 3 mai. tribunaux révolutionnaires et par les commissions populaires, pour toute autre cause que l'émigration, seront restitués à leurs familles (V. 11 mars 1793). On excepte les familles de Robespierre et de Louis XVI!!! Les ventes faites sont maintenues; le prix leur en sera rendu par l'état. Ainsi, les pères auront été guillotinés parce qu'ils étaient riches, et l'on ne rétablira pas fortune des enfans, attendu que les pères ont été guillotinés.

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Ce décret est dû à la fermeté de Lanjuinais et de Boissy-d'Anglas, qui, proscrits par la faction de Robespierre, et cachés par suite de la journée du 31 mai 1794, signalent ainsi leur présence à l'assemblée (V. 8 décembre 1794).

Stofflet, chef des Vendéens, fait une proclamation 4 mai.

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aux habitans de l'Anjou et du haut Poitou, pour leur enjoindre de cesser toute hostilité et de se soumettre aux lois de la république. En accédant au traité de La Jaunais (V. le 15 février), Stofflet paraît déterminé par l'idée les clauses du traité lui laissant les armes à que, la main pour l'établissement d'une garde territoriale destinée à maintenir la sûreté de ces contrées, les Vendéens seront à même d'augmenter leurs cadres, et que la suspension des hostilités lui donnera les facilités de s'approvisionner d'armes, de munitions et d'étoffes pour l'habillement des troupes réglées, afin d'être toujours en mesure de rentrer en campagne.

Stofflet, chef de l'une des grandes divisions de la Vendée militaire, indépendant de Charette, aussi brave, aussi considéré des siens, aussi redouté des républicains, exerce dans l'ouest une égale influence. Originaire d'Allemagne et déserteur, il prit du service en France. Ayant obtenu son congé, il devint gardechasse du propriétaire de la terre de Maulevrier. Entré de bonne heure dans l'insurrection de l'Anjou, il a dû ses grades à ses talens qui semblaient grandir à chaque occasion, et à son courage toujours impassible. Précédemment, un roulier, Cathelineau, avait été déclaré généralissime (V. 27 juin 1793); car les commandemens furent répartis, dès l'origine de l'insurrection, entre les gentilshommes et les paysans, et le sont encore. Pour combattre la république, la Vendée adopte son système d'avancement militaire: les hommes à principes féodaux, ayant besoin de la force populaire, sont nécessairement amenés à reconnaître l'intervention du plébéien dans la défense des intérêts communs. C'est ainsi que les étrangers remarquèrent avec surprise une teinte fort prononcée d'esprit démocratique chez les émigrés que, cependant, leur attachement au

régime des priviléges entraînait hors de leurs foyers'. Ce motif était un de ceux qui déterminèrent quelques princes d'Allemagne à leur refuser asile. Le chantre de la Pitié flétrit ainsi le caractère inhospitalier du landgrave de Hesse-Cassel :

D'autres ont des jardins, des palais somptueux,

Le monde entier vient voir leurs parcs voluptueux;
Mais des pas d'un Français l'on n'y voit pas l'empreinte :
On craindrait que ses pas n'en souillassent l'enceinte.
Ah! cès jardins. pompeux et ces vastes palais
Valent-ils un des pleurs taris par des bienfaits!
Tombez devant ce luxe, altières colonnades ;
Croulez, fiers chapiteaux, orgueilleuses arcades ;
Et que le sol ingrat d'un ingrat possesseur

Soit sec comme ses yeux et dur comme son cœur.

Les aristocrates fugitifs et les aristocrates militans font eux-mêmes, et sans s'en douter, l'aveu de la faiblesse et de l'injustice de l'ordre politique dont ils veulent le rétablissement. Car toute résistance à l'oppression, présupposant le goût, le sentiment ou le besoin de l'indépendance, donne l'essor à l'esprit de liberté, d'égalité, et, par une conséquence pro

1 La crainte des principes démagogiques professés ouvertement par la plupart des émigrés, la manière plus qu'inconvenante avec laquelle ils critiquaient les usagés, les manières et les mœurs des pays où ils se fixaient, et les satiriques observations qu'ils se permettaient sur les autorités, et même sur les princes qui leur accordaient un asile, leur fermèrent l'entrée de plusieurs principautés d'Allemagne. On a lu l'inscription suivante, en allemand et en français, placée à un embranchement de route, dans les états du prince de *** : Il est défendu aux Juifs, aux vagabonds et aux émigrés de » suivre cette route. » Néanmoins, les émigrés riches étaient reçus à peu près partout; mais on était sans pitié à l'égard de ceux dont l'extérieur annonçait la misère. L'Autriche n'a presque pas souffert d'émigrés dans ses états; dans l'évêché de Munster, dont un archiduc d'Autriche était prince-évêque, il y avait ordre de S. A. I. d'in

6 mai.

chaine, inspire des idées élémentaires de démocratie. La masse de la nation en est imprégnée; les plus fougueux adversaires de la révolution sont, à leur insu même, imbus de ses principes; et si les Français retombaient sous la verge du despotisme monarchique, ils n'en seraient que plus mutins, à l'instant où les rênes du pouvoir absolu viendraient à se détendre. Si leurs ancêtres se soulevaient à chaque occasion, contre l'arbitraire des rois ou contre l'oppression des grands, on doit présumer que la génération actuelle ou les générations suivantes saisiront les conjonctures favorables pour réclamer des institutions susceptibles de garantir les droits du citoyen, quelles que soient les formes du gouvernement.

Fouquier-Tinville, accusateur, et quinze juges ou jurés de l'ancien tribunal révolutionnaire, sont exécutés en place de Grève, à Paris.

Le premier est convaincu d'avoir fait périr une foule d'individus de l'un et de l'autre sexe et de tout âge (V. 27 juillet 1794), sous le prétexte de conspiration; d'avoir fait juger, en trois ou quatre heures, jusqu'à soixante, quatre-vingts personnes; d'avoir

terdire expressément tout séjour aux émigrés qui avaient fait la campagne des princes. Pour obtenir la permission de s'arrêter dans cette terre inhospitalière, l'on était tenu d'affirmer qu'on n'avait pas porté les armes en faveur de la maison de Bourbon. Un souverain d'Allemagne, invoquant la protection du directoire exécutif de France, écrivait aux ministres plénipotentiaires à Rastadt : « Je n'ai » pas à me reprocher d'avoir donné un verre d'eau à un émigré; » quant aux princes de la maison de Bourbon, s'il en est entré dans »mes états, l'ordre d'en sortir leur a été aussitôt notifié. » Enfin, un prince d'Allemagne, comblé de bienfaits par la cour de France, donna un grand bal le jour où l'on reçut à M*** la nouvelle de l'assassinat de Louis XVI, et y dansa toute la nuit. Que l'on juge les humiliations et les outrages que les émigrés étaient obligés de subir.

fait encombrer des charrettes, préparées dès le matin, de victimes dont les qualités n'étaient point désignées, et contre lesquelles les jugemens signés en blanc ne contenaient aucune disposition; d'avoir composé le jury de jurés à lui affidés; d'avoir compris dans le même acte d'accusation, mis en jugement, fait traduire à l'audience et au supplice plusieurs personnes des deux sexes, de tout âge, de divers pays, et absolument inconnues les unes aux autres; d'avoir requis et ordonné l'exécution de plusieurs femmes qui s'étaient dites enceintes, et dont les gens de l'art avaient déclaré ne pouvoir constater l'état de grossesse ; d'avoir fait dresser dans les diverses prisons, des listes de proscription; de n'avoir fait de la comparution à l'audience qu'une formalité dérisoire, en bornant les interrogatoires à demander à l'accusé son nom, son état, et à lui dire : «< As-tu connaissance d'une conspiration?» La négative, sans discussion, était suivie de ces mots : « Tu n'as plus la parole; gendarmes, faites votre de» voir. » L'accusé était sur-le-champ emmené. Le jugement se prononçait en masse; et les chariots, qui attendaient les condamnés, les traînaient à l'instant au supplice. Quand on manquait d'indices sur un prisonnier, Fouquier disait : « Il n'y a qu'à le remettre » à la première conspiration.» Les listes des prétendues conspirations contenaient beaucoup de noms pris au hasard. Cet accusateur avait soin de laisser sur la liste de mort des places en blanc « pour ceux qui pour

raient, disait-il, venir encore augmenter le casuel. » Par un raffinement de cruauté, il laissa vivre l'abbé Émery, qui donnait les consolations religieuses aux victimes prêtes à être sacrifiées, et leur inspirait le calme de la résignation, parce que, disait-il : « ce >> petit prêtre les empêche de crier.» Pas une seule

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