Slike stranica
PDF
ePub

taire. Lanjuinais ose s'y refuser, quoique toujours sous les poignards. «N'attendez de moi, ni démission ni

[ocr errors]

«

» bien connue.....

suspension. Sachez qu'une victime n'est point in»sultée alors qu'on va l'immoler. Les sacrifices doi>> vent être libres, et nous ne le sommes pas dans >> cette enceinte. La convention est assiégée; des ca» nons sont braqués contre ce palais; il est défendu de » se mettre à la fenêtre; on ne peut sortir; les fusils » sont chargés. Je vous déclare donc que je ne puis » émettre une opinion en ce moment, et je me tais. » Garat, aujourd'hui ministre de l'intérieur, avait lu une harangue à la convention dans la séance du 27 mai (V. procès verbal, tom. XII, pag. 198, 199, 200), ......... Je prends sur moi, avait-il dit, toute responsabilité du crime, s'il pouvait, en ce jour, être >> commis un attentat contre la représentation natio>> nale, tant la loyauté du peuple qui m'entend m'est >>> Garat est venu défendre le maire Pache et le procureur-adjoint Hébert avec le même zèle qu'il défendit Tallien et les ordonnateurs des meurtres commis dans les prisons. Car, aujourd'hui comme alors, c'est la commune qui forme le grand ressort des sanglantes insurrections, et qui reproduit sans cesse l'image et le souvenir de la faction du prevôt Étienne Marcel, en 1358, ou celle des seize, au temps de la Sainte-Ligue. Les municipaux actuels préparent et commettent des actes aussi détestables. Et comment cela ne serait-il pas? Les membres du conseil de cette commune, pris parmi les meneurs des sections ou des comités révolutionnaires, passent aux jacobins, et des jacobins à la magistrature, Le maire Pache, le procureur de la commune Chaumette, le commandant général Henriot, sont les plus ardens promoteurs des fureurs populaires. La

1

commune, forte de la concentration de tous les pouvoirs qu'elle a ravis, protégés par les suites de l'influence qu'elle exerce sur toutes les communes de la république, dominant dans la salle des jacobins et dans les assemblées des sections, lutte seule contre la majorité de la convention, et maintient le parti de la montagne.

Enfin, la séance de ce dernier jour de convulsions se termine ainsi : deux ou trois députés s'étant levés pour déclarer qu'ils ne sont pas libres, et qu'ils ne veulent pas voter au milieu des canons et des baïonnettes, et de ces hommes remplissant les tribunes, qui sont armés de sabres, de fusils et de pistolets les deux tiers de l'assemblée se rangent à ce parti et s'abstiennent de voter. Devenant d'inutiles spectateurs, quatre cents membres laissent rendre le décret de proscription par les montagnards, que seconde un assez grand nombre d'étrangers placés sur les bancs des législateurs dont ils usurpent les fonctions ! Ce décret porte que « les députés ci-après nommés ( au » nombre de vingt-neuf) seront mis en état d'arresta»tion chez eux, où ils resteront sous la sauvegarde » du peuple français, de la convention nationale, >> ainsi que de la loyauté des citoyens de Paris. » Parmi ces députés, sont Lanjuinais, Henri Larivière, Rabaud-Saint-Étienne. Le décret comprend en outre Clavière, Lebrun, ministres des contributions publiques, des affaires étrangères.

Ainsi, la faction de Danton unie à celle de Robespierre terrasse la faction de Brissot et de Vergniaud, La défaite du girondisme fera disparaître tout ce que la France compte encore de fonctionnaires instruits et propres aux affaires publiques, soit qu'ils tiennent ou ne tiennent pas au girondisme. Ils ne songeront

plus qu'à dérober leurs personnes aux attentats des fondateurs de l'ochlocratie, qui gouverneront désormais par la proscription et le meurtre. Dès cet instant, les convulsions démagogiques passeront pour des prodiges de vertu républicaine, et, de cette crise, datera le règne de la grande terreur. « En révo» lution, suivant Collot-d'Herbois, quiconque s'arrête » est écrasé.» «Osez, disait Saint-Just, ce mot » est toute la politique de la révolution. » — «En » révolution, l'autorité appartient aux plus scélérats,» disait Danton. Treize cents prévenus de conspiration sout jetés, à la fois, dans les prisons de Paris. Chaque autorité constituée ou révolutionnaire établit un dépôt près du lieu de ses séances. Bientôt chaque quartier de la capitale aura trois ou quatre maisons d'arrêt.

Comme le génie des constitutionnels s'était arrêté à la démocratie royale, celui des girondins s'arrêtait à la démocratie populaire organisée. Ils apercevaient trop d'incertitude de conserver leur pouvoir dans la théorie pure des sans-culottes, qui réduit le système social à un jeu de piques et de guillotines. Le parti de Brissot complota la république et l'exécuta par le concours des cordeliers et des jacobins : il fallait bien que ceux-ci abandonnassent à Brissot et aux siens la curée des hautes places et le timon des affaires, les comités, l'influence dirigeante, les directoires des départemens, le pouvoir de la couronne dont ils venaient de s'emparer; mais on leur contesta le pouvoir municipal de Paris, qui, depuis assez long-temps, disposait des têtes et des fortunes. La rupture s'ensuivit, et les hostilités ne tardèrent pas à commencer. De même que la majorité de l'assemblée législative, quoique anti-républicaine, se laissa mener au bord de la

république, de même la majorité de la convention, quoique adoptant le système des girondins, se laissa subjuguer par le parti décidément anarchiste des montagnards. Les chefs de la Gironde avaient voulu renvoyer au peuple la confirmation du jugement de Louis XVI, non certes par sentiment de justice ou de compassion, mais parce qu'ils entrevoyaient que l'échafaud du monarque pourrait devenir le leur, si l'on ruinait le principe qu'au peuple seul appartient le jugement en dernier ressort de ses mandataires. Ce serait se méprendre en cette conjoncture que de supposer aux girondins, distingués par des talens oratoires, des scrupules ou de louables motifs : moins farouches que leurs adversaires, sachant attendre et voir venir, les girondins surpassent les jacobins en machiavélisme; ils ont l'art de préparer les troubles; ils ne veulent que cette mesure précise de perversité qu'exige leur ambition; mais ils sont moins habiles, moins résolus, moins prompts dans l'exécution des coups d'état.

Parce qu'ils se sont vus supérieurs à la tribune, ils n'ont pas assez redouté des adversaires qui, cependant', régnaient dans les sections, à la commune ; maniaient le levier formidable de leur club, et formaient une partie active de la convention. Les chefs de la Gironde, Vergniaud, Guadet, Brissot, encore plus orateurs que factieux, bien plus diserts qu'entreprenans, affamés de célébrité, bons pour renverser et nuls pour réédifier, avaient agrandi la carrière du désordre à l'assemblée législative; mais actuellement ils se voient dépassés et vaincus. En humiliant le pouvoir royal au 20 juin, en l'abattant le 10 août, ils ne s'aperçurent pas qu'ils donnaient à d'autres perturbateurs l'idée et les moyens d'humilier et d'a

battre les vainqueurs du pouvoir royal. Les mouvemens de la faction des jacobins - cordeliers. furent toujours mieux dirigés ; la distribution et la correspondance des rôles bien mieux établies; leur but était et plus visible et moins circonscrit. Ayant essayé et rallié leurs forces dans la société - mère avant de les déployer à la convention, ayant établi leur prépondérance à la commune et dans les sections, ils devaient déjouer le nombre par la rapidité de leurs évolutions, neutraliser les efforts d'une éloquence ambitieuse par la violence et la terrcur; tandis que les girondins, indécis sur le point où ils s'arrêteraient dans leur course révolutionnaire, et par cela même à demi armés, luttaient avec désavantage contre l'audace armée de toutes pièces, et résolue d'atteindre le dernier terme des fureurs démagogiques.

Dans le Calvados, dans la Gironde et en quelques autres lieux, on se soulèvera, mais sans résultat : faiblement exécutés, ces mouvemens appelleront la vengeance sur les villes où ils ont lieu. D'une cinquantaine de départemens disposés à s'affranchir, la plupart se borneront à des vœux stériles; à peine en verra-t-on sept ou huit faire des efforts déterminés. Des commissaires de la convention y paraîtront en exterminateurs. L'affreux Carrier aura la mission de Nantes (V. 16 décembre 1794). Tallien portera le ravage et la mort à Bordeaux; sa fureur sera néanmoins retenue quelquefois par une femme, la Cléopåtre de cet ignoble Marc-Antoine; aussi sera-t-il remplacé par une commission de jacobins exaltés qui commettront de plus grandes proscriptions encore, et condamneront, chaque jour, trente à quarante individus (V. Moniteur an II, nos. 280, 282, 313). Fréron et Barras exerceront froidement d'hor

« PrethodnaNastavi »