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qu'il le
pourra sans danger, il ne se fera un scrupule
d'enfreindre le droit des gens ou la foi des traités po-
sitifs. Ne déviant point des traditions de la tyrannie
féodale, il semblera même négliger de se cacher avec
soin sous le masque de l'hypocrisie, dont le conseil
britannique sait si bien se couvrir aux yeux du
parlement, de la nation anglaise et de l'Europe.
L'inobservation de la capitulation de Dresde, la
violation du territoire helvétique par le généralissime
Schwartzemberg, fourniront, après vingt années
encore, deux exemples à jamais mémorables de la
foi des Jugurthas autrichiens. (V. 11 novembre, 21 dé-
cembre 1813).

En définitive, l'examen des papiers des deux diplomates français, si déloyalement arrêtés, n'apportera point d'adoucissement à la rigueur de leur détention. Transportés à Mantoue, puis à Kuffstein, où pendant trente mois ils seront tenus au secret, ils seront enfin livrés en échange de la fille de Louis XVI, échange dont le comte de Montgaillard fera l'oùverture au premier ministre autrichien, par ordre de Louis XVIII et du prince de Condé et que la cour de Vienne obtiendra du directoire français (V. 19 décembre 1795). Cette cour se flattera que la jeune princesse ne saurait refuser sa main à l'archiduc Charles, le héros de cette maison, si stérile depuis le jour où elle s'assit sur le trône impérial; dès lors l'Autriche s'attribuera le droit de revendiquer la Lorraine et l'Alsace, fiefs non masculins : car aucune prétention n'est oblitérée pour une puissance dont la politique est essentiellement expectante; sa devise est : « Honte avant, s'il le faut, mais profit après.

Un décret ordonne l'établissement des télégraphes. 25 juillet.

26 juillet.

Une loi décrète : L'accaparement est un crime capital. Sont déclarés coupables d'accaparement, ceux qui dérobent de la circulation les marchandises ou denrées de première nécessité, ainsi que ceux qui les font ou les laissent périr. Dans leur énumération sont compris le pain, la viande, le vin, les grains, les fruits, le beurre, l'eau-de-vie, le miel, le sucre, le fer, les cuirs, les draps, la toile, et généralement toutes les étoffes, ainsi que les matières premières qui servent à leur fabrication, les soieries exceptées. Injonction de faire sur-le-champ la déclaration de ces objets, de les mettre en vente par petits lots, et à tout venant. Ceux qui s'y refuseront, ou qui feront de fausses déclarations, seront punis de mort. Ordre aux fabricans, négocians et marchands de mettre à l'extérieur de leurs fabriques, magasins ou boutiques, une inscription annonçant la nature et la quantité de leurs marchandises; faute de quoi, ils seront traités comme accapareurs. Tout dénonciateur aura le tiers du produit des marchandises et denrées sujettes à confiscation. Les jugemens rendus par les tribunaux criminels, en vertu de la présente loi, ne seront pas sujets à l'appel.

27 juillet. Robespierre entre au comité de salut public.

28 juillet.

Valenciennes se rend aux Autrichiens, après un siége de deux mois, les assiégés ayant épuisé tous leurs moyens de défense. Ferrand, commandant; le duc d'York présent au siége; la garnison, forte de six mille hommes, est renvoyée libre: elle est aussitôt dirigée contre lés Vendéens (V. le 23). La prise de possession de cette place se fait au nom de l'empereur (V. le 20). On y efface, ainsi qu'à Condé, pris le

13 juin, tous les signes de la domination française, en substituant ceux de la propriété autrichienne. Les Anglais agiront de la sorte à Saint-Domingue (V. 18 septembre 1792), à la Martinique (V. 22 mars 1794). - Les puissances coalisées procéderont de même à Toulon (V. 27 août 1793), en Alsace (V 14 novembre 1793), en Corse (V. 19 juillet 1794); et toujours en vue de dépouiller le roi de France, et d'exercer des dévastations qui leur produisent un avantage du moment. Tous ces faits expliquent le sens de l'alliance des cabinets autrichien et britannique, ces deux principaux moteurs de la coalition, en même temps qu'on y voit combien fut inconsidérée l'ardeur des chefs de l'émigration, en implorant de tels auxiliaires !

Un combat a lieu près de Luçon. Les royalistes, 30 juillet. commandés par d'Elbée, leur généralissime depuis la mort de Cathelineau ( V. 27, 29 juin), d'abord vainqueurs, sont mis en déroute avec une perte immense.

Un décret démonétise les assignats à face royale 31 juillet. au-dessus de cent francs, en les admettant cependant en paiement des contributions et des biens na

tionaux.

Barrère, ce même Barrère, implacable persécuteur¡er, août, de Louis XVI, infatigable apologiste de tous les crimes (V. 11 décembre 1792; 15, 16, 18, 19 janvier, 31 mai 1793), fait, à la convention, un rapport sur les mesures que le comité de salut public a cru devoir prendre au milieu de ces circonstances difficiles. Ces mesures consistent dans quatre lois principales, et dans des dispositions concernant le procès de la reine, l'exil des princes Bourbons, l'entretien

TOME IV.

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des enfans de Louis XVI, et les tombeaux de ses ancêtres.

« 1°. Marie-Antoinette est renvoyée au tribunal >> révolutionnaire; elle sera transférée sur-le-champ >> à la Conciergerie. (Cette prison est le premier degré » de l'échafaud.) Tous les individus de la famille » des Capets (Bourbons) seront déportés, à l'excep» tion des deux enfans de Capet et de ceux qui sont » sous le glaive de la loi (V. 16 septembre 1792; 6 » avril 1793). Élisabeth Capet (sœur de Louis XVI) » ne sera déportée qu'après le jugement de Marie» Antoinette. La dépense des deux enfans de Louis Capet sera réduite à ce qui est nécessaire pour >> l'entretien et la nourriture de deux individus. Les >> tombeaux des ci-devant rois, qui sont à Saint>> Denis ou dans les autres églises, seront détruits » le 10 août. »

«

2o. La garnison de Mayence (V. 23 juillet) sera transportée en poste dans la Vendée. Il y sera envoyé, par le ministre de la guerre, des matières combustibles de toute espèce pour incendier les bois, les taillis, les genets; les forêts seront abattues; les repaires des rebelles seront détruits; les récoltes seront coupées par des compagnies d'ouvriers pour être portées sur les derrières de l'armée, et les bestiaux seront saisis; les femmes, les enfans et les vieillards seront conduits dans l'intérieur.

3o. Les biens de toutes les personnes qui ont été ou qui seront hors de la loi appartiennent à la république.

4o. Tous les parcs, jardins, enclos, maisons et édifices qui porteraient des armoiries, seront confisqués au profit de la nation.

5o. Les étrangers des pays avec lesquels la répu

blique est en guerre, et non domiciliés en France avant le 14 juillet 1789, seront mis sur-le-champ en arrestation, et le scellé sera apposé sur leurs papiers, caisses et effets.

La convention pouvait rendre une loi encore plus terrible, relativement aux propriétés des proscrits ; l'on doit même s'étonner que, dans les paroxismes de sa rage révolutionnaire, elle n'ait pas mis à exécution des mesures semblables à celles qui furent proposées au comité de salut public: il s'agissait de démolir tous les châteaux, ainsi que toutes les églises catédrales; de raser de fond en comble toutes les maisons royales, et de faire de grandes percées dans les forêts de la couronne; tous les matériaux provenant des démolitions de Versailles, Saint-Cloud, Saint-Germain, Vincennes, Meudon, Fontainebleau, Compiègne, château de Blois, Chambord, etc., devaient être distribués aux sans-culottes de la commune et du canton, avec six arpens de terre par individu, à la charge par le donataire de se construire une maison, et de prendre femme, s'il était garçon. Toutes les familles pauvres, dont le civisme serait connu, devaient avoir part à la distribution. Il était question d'élever de nombreux villages dans les forêts royales; ces forêts auraient été découvertes à grandes distances, et percées de grandes routes; il ne devait rester que des massifs de bois de cent cinquante arpens au plus, et de quart de lieue en quart de lieue; de cette manière, on établissait un grand nombre de familles républicaines, et la convention avait l'assurance que ces familles, devenues propriétaires et cultivant leurs champs, les défendraient au prix de tout leur sang. La proposition, adoptée et régularisée par le comité de salut public, devait être présentée à la tribune de la

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