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scription de cinquante volumes que vous avez ou que vous aurez, il n'est pas difficile de les trouver chez un ami, et d'y copier ce beau travail, qui doit s'y trouver plus développé de moitié que dans mon exemplaire. Je ne vous les offre pas, vu que je n'ai jamais enfermé sous une clé aucune de mes disgracieuses et infélicissimes productions; or, ce que je n'enferme pas, on me le prend.

Pour les indications bibliophilologiques que vous me demandez, vous vous moquez cette fois du monde. Vous en savez cent fois plus que moi sur ces belles choses, nugæ dulciter inanes. D'ailleurs j'ai changé de goût et d'opinion sur la plupart de ces doctes matières. Je crois que le seul écrit qui mérite les honneurs d'une réimpression, c'est le chapitre des Torcheculs de Rabelais, parce qu'il contient le compendium de la sagesse humaine. Cependant, je mourrai probablement avant d'en avoir fait une édition ad usum Delphini. Voilà ce que

c'est
que de nous.

Bonjour, mon cher ami. Je vous en écrirais plus long, si je n'étois pas occupé de deux choses fort importantes, le mariage de ma fille et mon enterrement. Quand je serai mort, j'irai vous voir, à moins que vous ne jugiez à propos de manger avec moi auparavant ou de me faire manger avec vous une douzaine d'huîtres. Depuis quarante-six ans que je vis sur ce monceau de boue, comme dit Fénélon, j'ai eu l'occasion de reconnoître qu'il n'y avait rien de plus solide en amitié qu'un déjeûner d'huîtres. Tibi nunc et semper.

CHARLES NODIER.

30 janvier 1830.

VERS INÉDITS DE CH. NOdier.

Tout le bonheur qu'on se propose,

il vient un jour qui le détruit.

Leur richesse est un nom, une fumée, un bruit.
La vie est une belle chose

dont nous n'avons que l'usufruit.

Cette strophe est rayée sur l'original.

Aux biens que le ciel nous ménage,
il vient un jour qui les détruit.

La richesse est un nom, une fumée, un bruit,
et la vie un bel apanage

dont nous n'avons que l'usufruit.

Toujours la Parque, aimable et juste,
File un peu d'or sur ses fuseaux.

Le Pactole chez moi n'épanche pas ses eaux;
Mais quoi? je posséde un arbuste,

Et loge quelques arbrisseaux.

A Monsieur le Directeur du BULLETIN DU BIBLIOPHILE.

. MONSIEUR,

« Je rencontre depuis deux ans si peu d'occasions d'augmen ter ma collection d'éditions princeps des Provinciales de Pascal, que je croirois, en vérité, m'être porté malheur en publiant, dans le Bulletin du Bibliophile d'avril et mai 1846, une note sur les Provinciales in-4o et mon catalogue d'éditions de cet admirable ouvrage. Mais je n'ai pas droit de me plaindre, puisque ces deux articles de bibliographie ont provoqué les publications successives, en juin, juillet et août suivans, des trois lettres, si bienveillantes pour moi, qui vous ont été adressées par MM. Sainte-Beuve et Gustave Brunet. Je saisis cette occasion bien tardive de remercier ces messieurs de leurs conseils éclairés et de la bonne opinion qu'ils ont prise de mon travail sur les Provinciales. Je me fais un devoir de mettre à profit l'expérience et le savoir de littérateurs si renommés.

J'ai augmenté seulement mon trésor de plusieurs éditions de dates bien postérieures à la mort de Pascal (1), et je les dois presque toutes à l'obligeante amitié de l'infatigable et persévérant bibliophile M. Rochebilière.

» Non seulement je ne vois dans les catalogues et chez les

(1) 1o Les provinciales, ou les lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. jésuites; 8 édition, dans laquelle on a ajouté la lettre d'un avocat du parlement à un de ses amis. A Cologne, chez Nicolas Schoute, CLOD CLXXXI, 1 vol. pet. in-12.

12 feuillets et 477 pages. Réclames au bas de toutes les pages.

2o Les provinciales... 10 édition, corrigée et augmentée de la lettre d'un avocat... Cologne, Nicolas Schoute, CLOID CXCVII, 1 vol. in-12.

11 feuillets et 432 pages. Edition française.

3o Les provinciales... 10 édition, corrigée et augmentée de la lettre d'un avocat... Cologne, Nicolas Schoute, 1697, 1 vol. in-12.

11 feuillets et 361 pages. Edition française.

4o Les provinciales... 10 édition. Cologne, Nicolas Schoute, 6199, 1 vol. in-12.

10 feuillets et 411 pages. Edition française.

libraires et les étalagistes aucune des quatre ou cinq éditions publiées de 1659 à 1665, ni les deuxième et troisième éditions latines (Coloniæ, apud Nicolaum Schouten, toutes deux de 1660); mais les in-4° et les deux Elzevier de 1657 sont adjugés à des prix de plus en plus élevés.

» Les travaux publiés sur Pascal par MM. V. Cousin, Prosper Faugère, Libri, Sainte-Beuve, Lélut et Gonod, ont fixé l'attention des amateurs sur les divers ouvrages de l'immortel auteur des Provinciales et des Pensées; de là vient qu'on se dispute très vivement ces deux livres dans les ventes. Tel volume in-40 que j'ai payé 6 à 8 fr. de 1843 à 1845 s'est vendu 30 fr. la veille de Noël dernier, chez M. l'abbé Guillon, quoique ce dernier exemplaire fût en moins bon état de conservation et pas plus grand de marges que le mien.

>> Le recueil de pièces (les Provinciales, etc.) in-4o, vendu

1

8° Les provinciales... Nouvelle édition. A Francfort, chez Daniel Le Te lier, impr., 1716, 1 vol. in-12.

VIII pages pour un abrégé de la vie de Pascal et pour son épitaphe, 502 pages pour les 18 lettres.

6o Les provinciales... avec les notes, traduites en français; nouvelle édition revue, corrigée et augmentée. Sans lieu, sans nom de libraire, 1733, 3 vol. pet. in-8.

Edition française bien imprimée, terminée par une Lettre de Polémarque à Eu sèbe, et une Lettre d'un théologien à Polémarque sur l'arrêt du parlement de Bordeaux contre le livre intitulé: Théologie morale des Jésuites (ensemble 123 pag.); pièces que je n'ai trouvées que dans cette édition et la suivante.

T. I. 366 pages et 12 feuillets.

T. II. 457 pages et 14 feuillets.
T. III. 8 feuillets et 375 pages.

7. Les provinciales... avec les notes... traduites en français; nouvelle édition, augmentée de deux lettres : l'une, de Polémarque à Eusèbe, l'autre d'un théologien à Polémarque. Sans lieu, sans date, sans nom de libraire, avec aprobation (sic), 3 vol. in-12. Titres noirs et rouges. Édition française. T. I. 7 feuillets, 366 pages et 9 feuillets, T. II. & feuillets, 462 pages et 9 feuillets. T. III. 4 feuillets, 370 pages et 7 feuillets.

8° Les provinciales... Nouvelle édition. A Clermont en Auvergne, chez les frères Lefrane. 1756, 1 vol. pet. in-12.

VIII pages pour le titre, l'avertissement, le rondeau et la table, et 448 pages pour les 19 lettres.

Fort jolie édition, bien imprimée. Grandes marges.

9o Ludovici Montaltii litteræ provinciales, editio decima latina. Lausannæ, Sumptibus Societatis, 1775, 1 vol. in-8.

40 feuillets et 546 pages,

47 fr. 50 à la vente Nodier, s'est élevé au double (95 fr.) (1) à la vente de la bibliothèque de M. Aimé-Martin. Cependant l'exemplaire n'est pas grand de marges; il est taché en plusieurs endroits et même incomplet de trois feuillets (avertissement sur les dix-sept lettres et rondeau), si j'ai bien vu. Il est vrai que ce beau volume, en outre de sa première reliure ancienne en maroquin, est enrichi d'une note manuscrite autographe de M. Charles Nodier; mais, malgré mon respect pour la mémoire et mon admiration pour le talent du savant bibliophile, je ne puis m'empêcher de dire que j'aurais désiré que cette note signée eût été écrite moins currente calamo.

» Voici l'extrait de cette note: « Edition originale des Pro› vinciales, auxquelles on a joint dans cet exemplaire une lettre (c'est deux lettres qu'il falloit dire) d'Arnauld sur des ques» tions analogues » (ceci est bien vague quand il s'agit des deux lettres trop peu connues qui ont été la première occasion des Provinciales)...... Nombre d'éditions plus portatives et plus élégantes ayant paru dans la même année (1657), celle-ci fut négligée et ne se trouve presque plus..... »

• Je ne crois pas que M. Nodier ait été plus heureux dans ses recherches que M. Brunet (le savant auteur du Manuel) et que moi. On ne connoît jusqu'à présent que deux éditions en petit format à la date de 1657, celles de Cologne, chez Pierre de la Vallée, dites éditions Elzevier. Alors le mot nombre, appliqué à deux éditions seulement, me rappelle, malgré moi, la question du sophiste: Qu'est-ce qu'un troupeau ?..... et la conclusion : Deux moutons, c'est un troupeau. Très petit lapsus de l'aimable littérateur qui publioit de si charmans articles dans votre Bulletin du Bibliophile!

» En 1844, j'ai acheté 14 fr. un exemplaire in 4o des Provinciales, composé des mêmes pièces que celui vendu 95 fr. après la mort de M. Aimé-Martin; mais le mien n'étoit recouvert

(1) Ce même exemplaire vient de se revendre à Londres au prix de 152 fr. (5 1. 5 s.). Cela suffit pour démontrer que les beaux livres, les livres de prix, curieux et rares, comme savoit les choisir Ch. Nodier, conservent leur valeur. (Note.de l'éditeur.)

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