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plainte, qu'il a fallu que mon cœur nâvré se soulageât sur quelque objet plus digne de lui. Quand vous relirez le César de votre cousin germain Shakespeare(1), vous verrez que Brutus, impassible pour toutes les infamies de la canaille de Rome, ne laisse rompre les digues de sa modération ordinaire qu'à l'égard de Cassius. C'est une querelle de frères.

J'ai besoin, depuis hier, de vous écrire ceci, mais j'ai attendu l'expiration de ma vente pour vous répondre. Je suis enchanté que vous n'ayez point de mes livres, je les verrois avec déplaisir parmi les vôtres. Les dépouilles d'un ami ne doivent pas figurer dans vos trophées.

Je vous ai nommé Cailleux. Le mouvement qui m'a indisposé contre vous partoit en lui d'un cœur noble, et que vous ne blâmerez point. S'il restoit de l'aigreur entre nous trois, ce seroit à moi à la supporter.

J'espère qu'il n'en restera point. Je vous estime et je vous aime, et je vous défie de ne pas me rendre la pareille.

Tout à vous,

Charles NODier.

(1) Cette lettre est adressée à M. G. de Pixerecourt.

Nous sommes heureux d'annoncer que M. Basse, un des collaborateurs les plus distingués du Bulletin du Bibliophile, a été récemment nommé chevalier de la Légion-d'Honneur. Nos abonnés n'ont pas oublié, sans doute, le savant travail sur les différentes éditions des Provinciales, que M. Basse a bien voulu publier dans cette revue, vers le milieu de l'année 1846.

On annonce, pour cet hiver, différentes ventes de livres assez importantes. Nous citerons, entre autres, celles de MM. B. (Bignon) et de S. M. (Saint-Mauris).

L'année qui a précédé celle qui, à son tour, sera bientôt écoulée, vit mourir, à Noyon, le docteur Richard, honorablement connu par de curieux écrits sur la littérature et l'archéologie. M. Richard laissa une bibliothèque assez nombreuse, en partie composée d'ouvrages propres à l'étude des sciences qu'il cultivoit. Il a disposé des ouvrages relatifs à la médecine, en faveur d'un ami. A l'exception des livres de cette dernière classe, la bibliothèque complète de M. Richard sera vendue le 31 novembre et jours suivants.

M. le ministre de l'instruction publique et des cultes à décidé que des exemplaires de tous les catalogues des bibliothèques des villes, académies ou sociétés savantes, des bibliothèques particulières ou des musées, provenant du dépôt légal de la librairie, en vertu de l'ordonnance du 30 juillet 1835, seront centralisés à la bibliothèque du ministère de l'instruction publique.

BULLETIN

DU

BIBLIOPHILE,.

PUBLIÉ PAR J. TECHENER,

AVEC LE CONCOURS

DE MM. A.-BARBIER, CONSERVATEUR A LA BIBLIOTHÈQUE DU LOUVRE; 0. BARBIER, CONservateur a la BIBLIOTHÈQUE NATIONALE; G. BRUNET; DE CLINCHAMP, BIBLIOPHILE'; V. COUSIN, DE L'ACADÉMIE FRANÇOISE; A. DINAUX; G. DUPLESSIS; Ferdinand-Denis; Giraud, de l'InstITUT; GUICHARD; B. HAUREAU, CONSERVATEUR A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE; J. LAMOUREUX, C. LEBER; LEROUX DE LINCy; P. de Malden; PAUL.In PARIS, DE L'INStitut; J.-F. PaYEN; J. PICHON, PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇOIS; ROUARD; STE-BEUVE, DE L'ACADÉMIE FRANÇoise; Yemeniz, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES FRANÇOIS.

AVEC LE CATALOGUE RAISONNÉ DES LIVRES DE L'Éditeur.

No 17. - MAI.

HUITIÈME SÉRIE.

PARIS,

J. TECHENER, ÉDITEUR,

PLACE DE LA COLONNADE DU LOUVRE, No 20.

1848

Sommaire du numéro 17 du Bulletin du Bibliophile,

8e série.

Pages

MÉLANGES BIBLIOGRAPHIQUES :

Troisième rapport sur le vandalisme, fait à la Convention nationale par Grégoire.

751

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TROISIÈME RAPPORT SUR LE VANDALISME,

Fait à la Convention nationale, au nom du Comité d'instruction publiqué, dans la séance du 24 frimaire, l'an troisième de la République française, une et indivisible;

Par GRÉGOIRE.

Imprimé par ordre de la Convention nationale, et envoyé par son ordre aux autorités constituées.

Citoyens,

Le comité d'instruction publique a, promis de vous rendre compte tous les mois de l'état des monumens; en son nom, jé viens remplir ce devoir.

L'influence salutaire des arts sur l'existence politique et le

(1) Aujourd'hui que les amateurs recherchent avec ardeur les moindres écrits relatifs à la Révolution, nous croyons être agréable à nos lecteurs, en leur donnant ici la réimpression d'un Rapport sur le vandalisme, adressé à la Convention par Grégoire. Cette pièce renferme des détails infi. niment curieux sur les dévastations de toute sorte commises durant les plus mauvais jours de notre histoire.

Bien inspiré, cette fois, par un soudain retour de conscience qui le ramène à des idées généreuses, Grégoire blâme, avec une vigueur extrême, les sauvages excès des Barbares de 93. La lecture seule des procès-verbaux de ces destructions de livres et d'autres objets précieux lui arrache, dit-il, des larmes de sang. Il ne trouve pas d'épithètes assez fortes pour qualifier les misérables qui se sont souillés de tels crimes. Dans son indignation, il lés poursuit au delà de la tombe, et, selon son énergique expression, envoie leur mémoire à l'échafaud. De tels sentimens font, à coup sûr, honneur à l'évêque constitutionnel de Blois. Plût au Ciel que nous n'eussions pas autrement appris à le connoftre! Son nom seroit en estime parmi nous, et la postérité, qui n'oublie rien, n'auroit pas à lui demander un compte terrible de sa froide participation à des condamnations autrement réelles, hélas! que ces exécutions posthumes.

(Note de l'éditeur du BULLETIN.)

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