Slike stranica
PDF
ePub

tournois qui se dépensent en bougies et chandelles, n'est pas le seul avantage de mon économique projet. Vous pouvez remarquer que mon calcul n'embrasse qu'une moitié de l'année ; et que, par les mêmes raisons, on peut épargner beaucoup, même dans les six mois d'hiver, quoique les jours soient plus courts. J'ajoute que l'immense quantité de cire et de suif qui restera après la suppression de la consommation de l'été, rendra la cire et le suif à meilleur marché l'hiver suivant, et pour l'avenir, tant que la réforme que je propose se soutiendra.

Quoique ma découverte puisse procurer de si grands avantages, je ne demande, pour l'avoir communiquée au public avec tant de franchise, ni place, ni pension, ni privilège, ni aucun autre genre de récompense. Je ne veux que l'honneur qui doit m'en revenir, si l'on me rend justice. Je prévois bien que quelques esprits étroits et

jaloux me le disputeront, qu'ils diront que les anciens ont eu cette idée avant moi, et peut-être trouveront-ils quelques passages dans de vieux livres pour appuyer leur prétention. Je ne leur nierai point que les anciens ont connu en effet les heures du lever du soleil; peut-être ont-ils eu, comme nous, des almanachs où ces heures étaient marquées, mais il ne s'ensuit pas de là qu'ils aient su ce que je prétends avoir enseigné le premier, qu'il nous éclaire aussitôt qu'il se lève; c'est là ce que je revendique comme ma découverte. En tout cas, si les anciens ont connu cette vérité, elle a été bien oubliée depuis et pendant long-temps; car elle est certainement ignorée des modernes, ou au moins des habitans de Paris; ce que je prouve par un argument bien simple. On sait que les Parisiens sont un peuple aussi éclairé, aussi judicieux, aussi sage qu'il en existe dans le monde tous, ainsi que moi, ont

un grand goût pour l'économie, et font profession de cette vertu; tous ont de très bonnes raisons pour l'aimer. Or, cela posé, je dis qu'il est impossible qu'un peuple sage, dans de semblables circonstances, eût fait si long-temps usage de la lumière fuligineuse, malsaine et dispendieuse de la bougie et de la chandelle, s'il eût connu, comme je viens de l'apprendre et de l'enseigner, qu'on pouvait s'éclairer pour rien de la belle et pure lumière du soleil.

J'ai l'honneur d'être, etc.

UN ABONNÉ,

L'ART D'AVOIR DES SONGES AGRÉABLES,

Comme une grande partie de notre vie s'emploie à dormir, et que, pendant ce temps--là, nous avons quelquefois des songes agréables et quelquefois des songes fåcheux, il n'est pas sans importance de se procurer les premiers, et d'écarter les autres; car, réels ou imaginaires, la peine est toujours peine, le plaisir toujours plaisir. Si nous pouvons dormir sans rêver, c'est un bien, puisque les songes fâcheux sont écartés; si, pendant notre sommeil, nous pouvons avoir des songes agréables, c'est, comme on le dit en français, autant de gagné, c'est autant d'ajouté au plaisir de la vic.

Pour cela, il est nécessaire, en premier lieu, de mettre beaucoup de soin à conserver sa santé par un exercice convenable et une grande tempérance; car, dans les maladies, l'imagination est troublée, et des idées désagréables, quelquefois même terribles, sont disposées à se présenter. L'exercice doit précéder les repas, et non les suivreimmédiatement. Dans le premier cas, il aide la digestion; et, dans le second, il la gène, à moins qu'il ne soit modéré. Si, après avoir pris de l'exercice, nous mangeons avec ménagement, la digestion est facile et bonne, le corps dispos, l'humeur gaie, et toutes les fonctions animales se font bien. Le sommeil, qui suit, est naturel et tranquille; mais l'indolence, jointe aux excès de la table, occasionne des cauchemars et des terreurs inexprimables; on croit tomber dans des précipices, être assailli par des bêtes féroces, des assassins, des démons, et l'on

« PrethodnaNastavi »