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Puissé-je régner sur mes passions en << maître absolu, devenir plus sage et « meilleur, et marcher doucement vers << ma fin, sans la goutte ni la pierre! » il ajoute :

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Puissé-je envisager mon dernier jour « avec un courage inflexible! et quand je « ne serai plus, puissent les braves gens << dire de moi : Il est mort; le matin à

«

jeun, et gris le soir, il n'a pas laissé après. «<lui son pareil, car il régnait sur ses pas<< sions en maître absolu, etc.! »

Mais à quoi bon nos souhaits? Après tout, les choses arrivent comme elles doivent arriver. J'ai chanté mille fois cette chanson de souhaits dans ma jeunesse, et maintenant, à quatre-vingts ans, j'éprouve ces trois maux, étant attaqué de la goutte, de la pierre, et n'étant pas encore maître de toutes mes passions. Une jeune fille de mon pays, un peu fière, avait souhaité et résolu de n'épouser jamais ni un ministre,

ni un presbytérien, ni un Irlandais, et elle finit par épouser un ministre irlandais presbytérien. Vous voyez que j'ai quelques raisons de souhaiter d'être, dans un autre monde, je ne dis pas aussi bien, mais un peu mieux que je n'ai été dans celui-ci ; et je l'espère; car moi aussi, avec votre poète, j'ai confiance en Dieu. Quand j'observe qu'il y a autant d'économie que de sagesse dans ses œuvres; que l'économie de travail et de matière est démontrée par les modes admirables et diversifiés de propagation par lesquels il a pourvu à ce que le monde se repeuplât de plantes et d'animaux, sans l'embarras de nouvelles créations; démontrée par la réduction naturelle des substances composées à leurs élémens primitifs, susceptibles de reparaître sous de nouvelles combinaisons et prévenant ainsi la nécessité de recréer de la matière nouvelle, puisque la terre, l'eau, l'air et peutêtre le feu, qui, combinés ensemble,

forment du bois, redeviennent de nouveau, quand celui-ci est dissous, air, terre, feu et eau; quand j'observe tous ces faits, je dis que, si rien n'est détruit, et s'il n'y a pas même une goutte d'eau perdue, je ne puis craindre l'anéantissement des âmes, ni croire que Dieu permette la perte journalière de millions d'intelligences existantes, pour avoir à en créer continuellement de nouvelles. Ainsi, comme j'existe dans ce monde, je crois que j'existerai toujours sous une forme, ou sous une autre; et malgré tous les inconvéniens auxquels la vie humaine est assujettie, je n'ai rien à objecter à ce qu'il soit fait une nouvelle édition de la mienne, espérant toutefois que l'on y corrigera les errata de la première.

FIN DU PREMIER VOLUME.

« PrethodnaNastavi »