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à-la- fois spirituels, gais et naïfs, le bon sens exquis de ses observations, et surtout les détails dans lesquels il entre pour exposer le travail qu'il a constamment fait sur lui-même, fournissent un grand nombre de leçons propres à se graver profondément dans les esprits; et quoique sa vie, pendant le période qui nous reste à parcourir, ait été remplie par des occupations plus éclatantes, et placée sur un plus vaste théâtre, on peut douter que les succès brillans de l'homme d'état présentent un intérêt plus vif et une plus utile instruction que les progrès du jeune ouvrier, s'élevant scul, par sa force morale, et par son active industrie, à l'un des rangs les plus élevés parmi les bienfaiteurs de l'humanité et de la civilisation.

Franklin, arrivé à Londres, n'adopta pas la marche des négociateurs ordinaires, et

ne crut point que des intrigues de cabinet ou des causeries diplomatiques pussent suffire pour faire comprendre et pour débattre les intérêts de deux nations. Il commença par étudier l'état de l'opinion publique, et crut nécessaire de faire insérer dans les journaux, sous le nom de son fils, une réponse aux articles dans lesquels les affaires de Pensylvanie étaient représentées sous un faux jour. Dans le cours des négociations, au commencement de 1759, il publia un ouvrage qu'il laissa attribuer à ce même James Ralph, avec lequel il avait fait son premier voyage à Londres. Il était intitulé: Revue historique de la constitution et du gouvernement de la Pensylvanie, depuis son origine, en ce qui concerne les divers points de difficultés qui se sont élevées de temps en temps entre les gouverneurs et l'assemblée de cette colonie, le tout ap

puyé de documens authentiques. Cette publication produisit tout l'effet que son auteur pouvait en attendre: elle frappa vivement l'opinion publique ; et la famille de Penn, sans attendre le jugement du procès, consentit que ses biens fussent soumis aux taxes, pourvu que Franklin, au nom de ses commettans, donnât sa garantie personnelle qu'ils ne seraient point imposés au-delà d'une juste proportion. Lorsqu'on fut informé en Amérique de l'heureuse issue de cette affaire, les colonies de Massachusetts, de Maryland et de Géorgie, le nommèrent leur agent à Londres. Pendant son séjour, il fut reçu membre d'un grand nombre de sociétés savantes; il partageait son temps entre les sciences et les affaires publiques. Ce fut lui qui conseilla l'expédition par laquelle le Canada fut enlevé à la France. Il prit part

ensuite aux discussions qui s'élevèrent à cette occasion, en publiant une brochure intitulée : Des intérêts de laGrande-Bretagne considérée sous le rapport de ses colonies, et de l'acquisition du Canada et de laGuadeloupe.

Dans l'été de 1762, Franklin retourna à Philadelphie et reçut des remercîmens de l'assemblée de Pensylvanie, tant pour s'être fidèlement acquitté de ses devoirs envers la province, que pour avoir rendu des services nombreux et importans à l'Amérique en général, pendant son séjour dans la Grande-Bretagne. Il reprit sa place dans l'assemblée dont il avait, tous les ans, été réélu membre, malgré son absence.

Les débats de l'assemblée avec le gouverneur et les propriétaires semblaient terminés par la transaction sur les taxes; mais de nouvelles querelles ne tardèrent point à renaître. Franklin continua de

prendre une part active à ces débats, et à publier divers pamphlets en faveur des libertés de la colonie. En 1764, les amis des propriétaires parvinrent à empêcher sa réélection à l'assemblée, et à lui faire perdre le siège qu'il y occupait depuis 1747. Mais la majorité n'en étant pas moins res

tée,

, par le résultat général des élections, aux amis de Franklin, il fut de nouveau

nommé agent de Pensylvanie à Londres, où il reçut les pouvoirs de New-Jersey, de Géorgie et de Massachusetts.

Une tentative de la plus haute importance occupait alors le cabinet anglais. Il 'ne s'agissait de rien moins que d'arriver à priver les colonies américaines du privilège qu'elles avaient de se taxer ellesmêmes, et à faire passer au parlement d'Angleterre, où elles n'envoyaient pas de représentans, le droit de les imposer. C'est

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