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fession de fabricant de chandelles et de savon. Le jeune Franklin n'aimait pas ce métier, et montrait un goût décidé pour la marine. Son père, qui se souciait peu de lui voir embrasser ce parti, le conduisit, à douze ans, dans divers ateliers, et le mit, à l'essai, pendant quelques jours, chez un coutelier de ses neveux; mais, trouvant l'apprentissage trop cher, il le fit encore revenir chez lui. Benjamin, passionné pour la lecture, employait à acheter des livres tout l'argent dont il pouvait disposer, et dévorait tous ceux qui lui tombaient sous la main. Parmi les livres qui le frappèrent le plus, il cite les vies de Plutarque. Cet ouvrage est aussi celui que J.-J. Rousseau signale comme ayant produit sur son esprit, dans ses lectures d'enfance, l'impression la plus vive. C'était dans la même année, au même instant peut-être, que ces deux

hommes, dont les esprits étaient de trempe si différente, et qui tous deux devaient tant occuper le monde, faisaient leur propre éducation par la lecture, et se sentaient frappés d'admiration pour le même livre. J.-J. Rousseau, plus jeune de six années, a prétendu qu'il devait à Plutarque son esprit libre et républicain, son caractère indomptable et fier, impatient de toute servitude; mais Rousseau avait, en outre, lu beaucoup de romans, et lui-même leur attribue les notions bizarres et romanesques sur la vie humaine, desquelles il convient avec bonne foi que l'expérience et la réflexion n'ont jamais bien pule guérir. Franklin, au contraire, lisait avec Plutarque des relations de voyages, des écrits de théologie polémique. Il cite particulièrement deux ouvrages, comme ayant influé puissamment sur la direction que prirent ses pen

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sées l'un intitulé Essai sur les Projets, par Foë, auteur de Robinson Crusoé ; l'autre, Essai sur les moyens de faire le bien, par le docteur Mather. Lorsqu'on voit des hommes comme Franklin et Rousseau, après avoir passé leur vie à s'étudier eux-mêmes et à réfléchir sur la morale, chercher dans leurs premières lectures l'explication la plus efficace de leur destinée intellectuelle, quelle leçon on reçoit sur la nécessité de veiller aux lectures de l'enfance, et de ne lui laisser sous la main que des ouvrages propres à développer en elle des sentimens nobles et généreux !

La passion de Franklin pour les livres détermina son père à en faire un imprimeur, quoique ayant déjà un fils qui exerçait à Boston la même profession. A douze ans, donc, Benjamin fut mis en apprentissage, chez son frère James, avec la condition de le

servir jusqu'à vingt-un ans comme apprenti, et de recevoir, seulement pendant la der

nière année, le salaire d'un ouvrier. Son dans sa pro

amour pour la lecture trouva,

fession nouvelle, de nouveaux alimens; il se mit, de plus, à faire des vers, et composa, sur des sujets de circonstances, deux ballades populaires que son frère lui envoya vendre dans la ville. Elles eurent du débit, et ce succès flatta sa vanité; mais son père, homme de sens, le sauva du danger de devenir un mauvais poète, en le critiquan t propos, et en lui faisant remarquer le sort misérable des faiseurs de méchans vers. Ce fut également par l'effet des conseils de son père qu'il éprouva le besoin de se former à écrire en prose. Franklin avait engagé une discussion par écrit avec un de ses amis, sur la question de savoir si une éducation scientifique convient aux femmes.

à

pour

La correspondance tomba entre les mains de son père, qui fit remarquer au jeune imprimeur que s'il avait l'avantage sur son antagoniste, par l'orthographe et par la ponctuation, il n'avait ni la même élégance ni la même clarté d'expression. Franklin prit la résolution de se former un style meilleur. Un volume du Spectateur lui étant tombé sous la main, ce fut cet ouvrage qu'il se donna modèle. Il choisissait un morceau, en faisait un extrait succinct, restait quelques jours sans le relire, puis s'exerçait à le recomposer de son mieux. Il rapprochait ensuite du texte original ce que lui-même avait écrit, et, dans cette comparaison, il puisait des leçons de grammaire et de goût. Quelquefois il brouillait, à dessein, les notes qu'il avait prises, puis, après quelques semaines, s'efforçait de retrouver la suite des idées de l'auteur. Souvent aussi,

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