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dans ce but que, sous le ministère de Georges Grenville, fut porté par le parlement le fameux acte du timbre qui exaspéra au plus haut degré les Américains. Le ministère ayant été changé, une enquête sur cet acte fut faite par la chambre des communes. Franklin fut mandé à la barre, le 3 février 1766, pour donner des renseignemens. La netteté et la précision de ses réponses, l'étendue de ses connaissances, le ton simple, ferme, parfois épigrammatique, avec lequel il savait présenter les vérités les plus sévères, produisirent la sensation la plus vive, et l'acte du timbre fut enfin rapporté, un an après son adoption, sans jamais avoir été mis à exécution. L'interrogatoire de Franklin, a été réimprimé plusieurs fois. C'est une pièce qui appartient à l'histoire.

Le rapport de l'acte du timbre ne chan

gea point le système général de politique adopté par l'Angleterre envers l'Amérique. Le parlement persista à vouloir donner des lois à l'Amérique, et lui imposer des taxes, tandis que les Américains continuèrent à soutenir qu'ils ne devaient relever que du roi et de leurs propres assemblées coloniales, puisqu'ils n'étaient pas représentés dans le parlement La ville de Boston, principalement, se signala par son opposition; et un droit d'importation ayant été décrété en Angleterre sur diverses denrées, lorsqu'elles entreraient en Amérique, la résolution de se passer de ces marchandises fut prise avec enthousiasme et exécutée avec énergie. Le peuple de Boston, exaspéré, jeta à la mer plusieurs cargaisons de thé que le parlement avait frappé d'importation. Cette conduite produisit en Angleterre l'irritation la plus vive. Un bill du

parlement ordonna le blocus du port; la constitution fut changée, les magistrats ré

voqués, et le général Gage envoyé à Boston avec des troupes. Franklin, cependant, faisait à Londres de vains efforts pour calmer les esprits et pour rétablir la paix; il entama inutilement plusieurs négociations avec les ministres; il ne négligeait pas, en même temps, ses moyens favoris de succès, et il s'adressait, par divers pamphlets, à l'opinion publique. Des lettres écrites de Boston par Thomas Hutchinson, gouverneur de la colonie de Massachusetts, et par le lieutenant - gouverneur André Olivier, tombèrent entre ses mains, et il acquit la conviction que la fausseté des rapports qui y étaient contenus, et la perfidie des conseils qu'elles renfermaient, étaient l'une des causes qui contribuaient le plus à envenimer les esprits, et à éloigner toute

idée d'accommodement. Il envoya à Boston les lettres originales, et la suite de cette communication fut une pétition de la province de Massachusetts, qui sollicitait le rappel du gouverneur.

Le ministère anglais pouvait profiter de cette circonstance pour pacifier des différends dont la gravité commençait à inspirer une inquiétude générale. La révocation du gouverneur était une mesure propre à ramener les esprits et à calmer les irritations. Au lieu d'agir ainsi avec adresse et bonne foi, on aima mieux se répandre en outrages contre le révélateur, encore inconnu, de cette correspondance. Les disputes qui s'élevèrent à ce sujet occasionnèrent un duel, et le bruit ayant couru qu'un second duel aurait lieu, Franklin crut de son devoir de déclarer dans les journaux, que lui seul avait obtenu com

munication des lettres et les avait envoyées. en Amérique. Un procès, que l'on s'efforça de rendre scandaleux, fut la conséquence de cette loyale déclaration. Franklin parut devant le conseil privé le 29 janvier 1774, et ne répondit que par un sang-froid imperturbable à toutes les grossières invectives par lesquelles l'avocat Wedderburn se déchaîna contre lui. La pétition de l'assemblée de Massachusetts fut rejetée, et Franklin perdit sa place de maître-général des postes en Amérique.

Tandis que le Gouvernement anglais sc jetait aveuglément dans les voies de rigueur, et semblait prendre à tâche de tout envenimer, l'Amérique entière prenait fait et cause pour Boston. La Virginie résolut de ne plus cultiver le tabac jusqu'à ce qu'on cût fait droit aux plaintes des colonies; le Maryland suivit cet exemple; la

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