<< Son génie entreprenont et organisateur, sa puissance de vie et de volonté, son amour de la gloire, et l'immense force disponible que la Révolution avait mise entre ses mains, ont fait de lui l'être le plus gigantesque des temps modernes. Ce qui rendrait la destinée d'un autre extraordinaire, compte à peine dans la sienne. Sorti de l'obscurité, porté au rang suprême, de simple officier d'artillerie devenu le chef de la plus grande des nations, il a osé concevoir la monarchie universelle, et l'a réalisée un moment. Après avoir obtenu l'empire par ses victoires, il a voulu soumettre l'Europe au moyen de la France, réduire l'Angleterre au moyen de l'Europe, et il a établi le système militaire contre le continent, le blocus contre la Grande-Bretagne. Ce dessein lui a réussi pendant quelques années; et de Lisbonne à Moscou il a assujetti les peuples et les potentats à son mot d'ordre de général et au vaste séquestre qu'il avait prescrit. Mais il a manqué de cette manière à la mission réparatrice du 18 brumaire. En exercant pour son propre compte la puissance qu'il avait reçue, en attaquant la liberté du peuple par ses institutions despotiques, l'indépendance des États par la guerre, il a mécontenté et les opinions et les intérêts du genre humain ; il a excité d'universelles inimitiés; la nation s'est retirée de lui; et après avoir été longtemps victorieux, après avoir planté ses étendards sur toutes les capitales, après avoir, pendant dix années, augmenté son pouvoir et gagné un royaume à chaque bataille, un seul revers a réuni le monde entier contre lui, et il a succombé en prouvant combien de nos jours le despotisme est impossible (1). » XXI. Depuis Napoléon Ier, qui a consommé l'avortement de la Révolution, jusqu'à nos jours, l'histoire de la France offre une période stationnaire ou d'oscillations entre l'anarchie et la rétrogradation, entre les efforts du progrès et les résistances de l'ordre, pendant laquelle s'élaborent les principes qui doivent servir de 1. Révolution française, tome II pages 360-361. base au régime nouveau, à cette régénération sociale si ardemment et si vainement abordée par la partie active de la nation pendant la grande crise, et qui devra caractériser la phase organique de la Révolution, inaugurée par le Positivisme. Cette période stationnaire comprend les règnes de Louis XVIII et de Charles X,de Louis Philippe et de Napoléon III, ainsi que la seconde et la troisième République. Quant au travail philosophique qui doit précéder cette refonte des institutions et des mœurs, en effectuant la reconstruction préalable des opinions, il consiste dans l'établissement d'une nouvelle croyance générale susceptible d'universalité et de fixité par démonstration, et qui n'est autre que la substitution du système entier des sciences, ou de la philosophie positive, à la théologie et à la métaphysique. Cette foi nouvelle implique à son tour l'avènement d'un autre régime d'activité sociale, toute industrielle et pacifique, au lieu du régime militaire, et l'établissement d'une morale positive, d'un système de devoirs publics et privés, susceptible de faire concourir les efforts de la société, des familles et des in dividus, sentiments, pensées et actes, au but que l'Humanité a sans cesse poursuivi depuis qu'elle s'est mise en marche : l'amélioration de sa nature et de sa situation. BIBLIOTHEQUE DE L'ACADÉMIE DES Fonds LACASSAGNE. NOR, MALO PAS ETARIS DE LY FIN. I. II. III. IV. V. VII. X. TABLE DES MATIÈRES - - - - - Nécessité et légitimité de la Révolution Détail des opérations de cette Assemblée La Législative, ses principaux actes.. Une fois instituée, la République avait deux ... Appréciation du 21 janvier 1793.. Ce que fut et ce qu'aurait dû être le |