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JOURNÉES DES 5 ET 6 JUIN 1789. - Situation générale; sommaire historique.

Rapport sur la procédure du Châtelet, par Chabroud.

יגי

Discours de Mirabeau.

Mounier.

Extraits de l'Appel au tribunal de l'opinion publique, par

95*.

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TABLE GÉNÉRALE des vingt volumes de la re série.

Poursin 5-14-32 36178

AVANT-PROPOS.

Il n'y a point d'éloquence délibérative sans débats parlementaires; il n'y a point d'histoire sans représentation nationale.

Les rapports présentés au roi dans son conseil, ces grands travails de cabinet longtemps élaborés, refaits plusieurs fois, et combines de manière qu'ils échappent à l'objection sans respecter la vérité, peuvent sans doute offrir des beautés de style, des vues profondes, des combinaisons ingénieuses; mais on n'y trouve point ces mouvemens qui partent de l'àme, ces aperçus brillans et justes qui naissent dans la discussion, cette abondance de preuves et de faits, enfin cette chaleur, cette vie qui annonce, dans le discours d'un seul, la présence et le secours des inspirations de plusieurs. Il en est de la tribune comme du champ de bataille: ici le pusillanime devient souvent un héros; là un mince discoureur se montre orateur éloquent, parce qu'il vou tout un peuple qui l'écoute.

Et que sont les annales d'un peuple quand elles ne renferment que la biographie des rois, de leurs ministres, de leurs maîtresses ? C'est pour ainsi dire un acte d'accusation sans plaidoyer, sans défense. Les peuples foulés ont poussé des cris: on ne les entend point. Ils n'ont rien approuvé: on les voit complices. Leurs magistrats, corrupteurs ou corrompus, leur ont prêté des sermens qu'ils n'ont point faits. Et cependant on accuse leur éternel dévouement: autant leur demander pourquoi ils ont vécu, pourquoi ils ont été braves. Qu'un peuple soit affligé de

quelque tyran belliqueux, il lui donnera des armées pour fixer les chances de la guerre, parce que le despotisme national est toujours préférable aux chaînes de l'étranger, et que la gloire d'un pays est la plus grande consolation de ses misères. Que si, au contraire, le hasard vient à lui dispenser un chef pacifique et généreux, il s'abandonnera confiant dans les douceurs d'une autorité tutélaire il répugne aux peuples de s'armer contre la vertu. C'est ainsi que la France a traversé les temps de guerre avec éclat, et que les temps de paix ont encore été perdus pour ses institutions; elle est restée des siècles entiers sans exercer cette politique naturelle qui réside dans une inquiétude patriotique, dans les généreux soupçons que provoque l'amour de la liberté.

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Cependant, à une grande et mémorable époque, les Français se sont tout à coup réveillés citoyens. Alors ils ont repris leurs droits avec violence. Mais, privés d'institutions qu'ils pussent faire revivre, de contrat dont ils pussent réclamer l'exécution, ils n'avaient que deux routes à suivre, ou de continuer l'esclavage de leurs pères, ou de recommencer l'histoire des peuples libres. Doit-on s'étonner d'avoir vu des Brutus ou des Gracques quand on a cessé de voir des ilotes? Lorsque les peuples auront des annales qui leur soient propres, ils auront une expérience; et ces annales ne se formeront qu'autant que la voix publique sera entendue: Elle ne peut l'être que dans les Assemblées nationales, dans les discussions parlementaires; car il n'en est pas de ces sortes de combats comme de ceux la force ou le hasard le guerdécident ou que rier vaincu ne laisse que le souvenir de sa honte; l'orateur du peuple reste victorieux, même dans la retraite, s'il a proclamé un principe juste, arraché au pouvoir un secret honteux, et fait briller une vérité consolante. L'histoire a recueilli; la postérité héritera.

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Or admire aujourd'hui, comme un bienfait de la civi

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