Slike stranica
PDF
ePub

de Balkle. On voit dans cette église un portrait de la Vierge, peint sur bois, et tout auprès des ornemens royaux. Les Grecs, qui habitent dans ces contrées, racontent sur cette image des choses étranges et invraisemblables. Anne Comnène place dans ce lieu un monastère d'hommes.

SUR l'Eloge historique et l'Eloge oratoire.

L'AUTEUR éloquent de l'Essai sur les Eloģes

en a donné l'histoire, mais il n'en a pas tracé la poétique. C'étoit pourtant le complément nécessaire de son ouvrage dans le chapitre où il recommande les études auxquelles il faut se préparer pour exceller en ce genre de littérature. Il devoit examiner successivement l'Eloge historique, l'Eloge ora toire et celui qui participe de tous les deux.

Une étude réfléchie des Eloges de Fontenelle, de Condorcet et de Vicq-d'Azyr m'engage à présenter ici quelques vues sur ce sujet.

Tous les Eloges de Fontenelle ont un charme particulier, et qu'on ne peut imiter, sans avoir le tour d'esprit de Fontenelle;

il a le style de sa pensée. On voit bien qu'il s'est longtemps formé sur Montaigne, Descartes et Bayle; mais il s'est approprié le suc qu'il en a tiré. La finesse lui sert à dire beaucoup de choses et à en laisser deviner davantage. Il sait bien pour quel ordre de lecteurs son silence est indiscret: ce qui lui assure un double triomphe. A ce charme de style, qui étoit celui de

sa conversation, il joint la précision et la clarté dans le développement des théories savantes. Il les expose en se jouant, comme s'il vous faisoit part philosophiquement de ses propres découvertes. Vous assistez avec lui à une expérience, vous en tirez tous les résultats, vous croyez résoudre le problême qu'il propose; et vous êtes tour-à-tour avec lui astronome, chimiste, géomètre, etc.

Voilà la cause des progrès que font dans les sciences ceux qui ont un goût vif pour les Eloges de Fontenelle. Lalande m'a assuré plus d'une fois que la lecture de ces Eloges lui avoit inspiré dans sa jeunesse une passion si violente pour l'astronomie, qu'il en avoit perdu le sommeil, et passoit toutes les nuits à observer ou à calculer.

Condorcet lui-même, le digne successeur de Fontenelle dans sa place de secrétaire, à l'Académie des sciences, ne quittoit pas ces Eloges. Il les savoit par coeur, et les relisoit sans cesse, y trouvant toujours un nouvel attrait tant pour le fonds que pour la forme. Aussi ne manque-t-il jamais l'occasion d'en parler, et il en parle avec l'accent de l'enthousiasme (1).

(1) Voyez surtout l'Avertissement des Eloges des 'Académiciens de l'Académie royale des sciences, morts depuis l'an 1666 jusqu'en 1699. Un volume in-12, 1773.

La manière de Condorcet tranche entièrement avec celle de Fontenelle. L'une est légère et piquante, l'autre est grave et austère. Dans Fontenelle, on voit des aperçus précis et lumineux; dans Condorcet, des théories vastes et fécondes. Le premier n'examine que les sciences exactes et naturelles l'autre embrasse encore les sciences morales et politiques dans toute leur étendue. En un mot, la philosophie de Fontenelle est plus simple, celle de Condorcet est plus profonde.

Voilà deux grands modèles à suivre dans l'Eloge historique. Cherchons maintenant quels modèles il faut se proposer dans l'Eloge oratoire.

Thomas offre sans doute de grandes beautés dans ses Eloges; mais, comme ses défauts proviennent de l'exagération, et que rien n'est plus froid que la fausse chaleur, il faut l'admirer avec précaution, et l'imiter dans quelques morceaux vraiment classiques.

Je rappellerai d'abord, dans l'Eloge de Descartes, l'exposition du système de ce philosophe, et surtout la péroraison qui fit pleurer Voltaire à Ferney. Un homme de talent écrivit à Thomas, au sujet de ce morceau sublime: Vous nous envoyez à la gloire comme à l'échafaud.

L'Eloge du Dauphin, par Thomas, respire, Tome III. Juin 1813.

19

T

en plusieurs endroits, une douce sensibilité; mais Diderot s'est récrié éloquemment contre l'emphase des louanges prodiguées à un prince qui ne régnoit pas encore, et qui n'auroit peut-être régné que par les Jésuites (1).

La Harpe a composé des Eloges d'un grand mérite, mais tous écrits dans le genre tempéré. On y distingue des détails heureux, surtout dans les Eloges de Racine et de Fénélon.

Un homme qui lui est bien supérieur, comme philosophe et comme orateur, a débuté dans la carrière de l'éloquence par l'Eloge de Suger, où l'on admire principalement le tableau des amours d'Héloïse et d'Abailard, et le portrait de S. Bernard qui est digne de Montesquieu. Je ne puis me refuser au plaisir de le rapporter ici. << Alors vivoit dans un cloître, au fond « d'un désert, un homme dont les déposi<<< taires du pouvoir suprême devoient ambi«tionner les suffrages autant que ceux d'un « Sénat où d'un peuple législateur. A ce trait <<< seul on doit reconnoître cet abbé de

(1) Voici une anecdote peu connue qui le prouve. Le Dauphin disoit un jour à Louis XV, son père: J'aime tant les Jésuites, que s'ils me prescrivoient de descendre du trône, j'en descendrois. Et s'ils vous

ordonnoient d'y monter, reprit Louis XV?

« PrethodnaNastavi »