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Behring. Rien de plus vrai. Mais, lisez, Monsieur, le Numéro 36 de mon Discours, et vous trouverez la solution de cette difficulté proposée par le Duc d'Almadovar, qui n'en a pas moins cru véritable la Relation de Maldonado. La différence entre l'état actuel du détroit et celui du seizième siècle, peut avoir été causée par un tremblement ou par un abaissement de terre, ou par une élévation de niveau dans les eaux de la mer (qui 'a effectivement eu lieu en plusieurs endroits), ou par toute autre catastrophe. J'ai observé que ces phénomènes ne sont pas rares, surtout dans les pays septentrionaux. J'ai fait voir, par les Cartes d'Urbain Monti et de Gérard de Vera, contemporains de Maldonado, que le détroit d'Anian étoit alors à peu près comme ce dernier l'a dessiné; que les dessins faits ensuite par les Russes et les Amé ricains, y ont aussi beaucoup de rapport; que Cook et Billing, quoiqu'ils ayent fait leurs dessins sur le lieu, et presqu'au même temps, ne sont point d'accord sur la position des îles au milieu du détroit; et qu'enfin Maldonado, pour mieux prouver au Conseil l'importance et la facilité de fermer le de troit aux ennemis, pourroit avoir altéré tant soitpeu son dessin. Parce que le détroit de Magellan, tracé par Pigafetta, ne ressemble pas au détroit de Magellan dessiné par Cook, a-t-on jamais conclu que Pigafetta, n'a pas passé par ce détroit?

« Les forêts de sapins et les belles prairies, dont parle Maldonado, n'existent point au détroit de Behring.» Mais, de ce qu'il n'y a plus de sapins à présent, peut-on conclure qu'il n'y en avoit pas au seizième siécle? L'aspect de la nature change partout, et particulièrement dans les climats septenTome III. Juin 1813.

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trionaux. Lisez, sur cela, le Numéro 15 de mon Discours. Ajoutez à cela qu'il y a des preuves positives pour croire qu'il y avoit près du détroit d'Anian des sapins au temps de Maldonado, car je les trouve dessinés sur la Carte d'Urbain Monti, son contemporain. Voyez la pl. II, Numéro 5. Hearne en a vu près de la mer Glaciale.

«Maldonado ne parle pas des glaces.» — Lisez le Numéro XVII de la Relation, et vous trouverez que Maldonado parle du froid excessif, et des glaces qui couvroient son vaisseau; et si vous lisez le Numéro 37 de mon Discours, vous verrez qu'alors il y avoit moins de glaces qu'à présent; que même à présent les glaces n'y sont pas toujours; et que Maldonado, ayant fait sa navigation dans la mer Glaciale avant le dégel, il ne devoit pas en rencontrer, car les grandes masses de glace qui embarrassent la navigation, sont charriées à la mer par les rivières du nord.

Jusqu'ici on n'a fait que répéter les objections que je me suis faites moi-même; mais on propose en même temps d'autres difficultés que je n'ai point prévues. Telle est, par exemple, l'erreur de Maldonado, qui dit « qu'au détroit d'Anian le plus long jour de l'été est de dix-huit heures et demie; >> tandis que le soleil ne se couche presque pas à soixante-six degrés. Mais il faut observer, que ce navigateur, n'ayant pas été au détroit au temps du solstice d'été, il n'en parle que par théorie toujours dans la supposition que le détroit d'Anian étoit à soixante degrés de latitude boréale; et, quand même il auroit mal calculé, cela prouveroit une erreur, et non une imposture. Mais, à son retour, au temps du solstice, il a bien observé que le soleil ne se

couchoit pas pendant qu'il étoit dans la mer Glaciale; et qu'il se couchoit lorsqu'il fut dans le détroit d'Hudson.

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«Il ne parle pas des ours blancs, ni des baleines, animaux propres à ce climat. »Vous n'ignorez pas certainement, Monsieur, que les navigateurs n'ont vu les ours blancs, que sur les côtes de la mer Glaciale côtes que Maldonado n'a vues que de loin; et par conséquent il ne pouvoit pas rencontrer ces animaux. A l'égard des baleines, vous n'avez qu'à lire le Numéro XXVI de la Relation, et vous y verrez que Maldonado, non-seulement a observé le passage des baleines, mais il a raisonné sur la cause de leur voyage du sud au nord.

On ajoute « qu'il ne parle pas d'autres objets. »

Mais il ne faut pas oublier que nous n'avons point le journal de la navigation de Maldonado, nous ne possédons que son projet avec des observations sur ce qu'il a vu, et ce qui lui est arrivé, sur lesquelles le Conseil des Indes devoit juger de l'utilité et de la facilité de la navigation qu'il proposoit. Le journal étoit probablement sur le tapis ou dans les archives du Conseil, où, selon le Duc d'Almadovar, il est perdu à jamais dans la poussière.

« Maldonado prétend, avoir navigué dans la mer Pacifique jusqu'au cinquante-cinquième degré de latitude boréale; et de là, en parcourant cent vingt milles à l'ouest, avoir atteint la côte de l'Asie, qui, à cette latitude, est éloignée de trois cents milles.

Mais examinons ce que dit Maldonado à ce sujet, et vous verrez, Monsieur, les trois cents milles se réduire à peu près à cent vingt, « Nous naviguâmes, « dit-il, côtoyant l'Amérique, l'espace de cent

« milles, ayant la proue au sud-est (1), jusqu'à ce « que nous nous trouvâmes à cinquante-cinq degrés.»

Donc, partant du détroit, Maldonado n'avoit fait que cent milles, ou à peu près six degrés au sud. Or, le détroit étant à soixante-six degrés, il étoit arrivé à peu près à soixante degrés, et peut-être à soixante-un degrés, car nous ne connoissons pas bien la mesure de ses milles. A cette latitude, la côte d'Asie n'est éloignée de l'Amérique, que de cent vingt milles environ. Pourquoi, dira-t-on, a-t-il écrit qu'il est allé au cinquante-cinquième degré? Parce que, je réponds, il se fioit à l'autorité des géographes. qui ont toujours dessiné le détroit d'Anian à soixante degrés de latitude boréale.

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A toutes ces objections, on ajoute, dit-on, « une preuve démonstrative, de l'imposture de Maldonado; car le gouvernement espagnol ayant tout examiné, a trouvé Maldonado imposteur. Mais comment imaginer qu'un capitaine de vaisseau eût voulu faire une si plate imposture à son gouvernement, et au Con seil qui n'avoit qu'à interroger les matelots pour connoître le mensonge. D'ailleurs, M. le Baron de Humboldt, qui avoit eu, sur le voyage de Maldonado, des renseignemens en Amérique, nous dit qu'au dix-septième siècle (voyez le Numéro 40 de mon Discours), on avoit débattu le projet de passer par le détroit par lequel étoit passé Maldonado; et qu'en 1789, on expédia M. le Marquis de Malaspiną pour le chercher. Auroit-on fait cela, sì,

(1) Dans la traduction française, par une faute de l'imprimeur, il y a sud-ouest au lieu de sud-est; mais, puis qu'il suit côtoyant l'Amérique, il est clair qu'on doit lire sud-est.

au seizième siècle, on avoit reconnu l'imposture de Maldonado?

«Deux frères Cortereal, dit-on, au commencement du seizième siècle ont trouvé le détroit qui est au dessus du Labrador. Ils en ont parlé aux Japonois chez lesquels Frère s'appelle Ani; et ceux-ci l'ont appelé le détroit d'Anian; mais, au lieu d'appliquer ce nom au détroit d'Hudson au nord de la mer Atlantique, ils s'en servirent pour indiquer un détroit qui est au nord du Japon entre la Tartarie et l'île Sagalien: Ensuite on a transporte ce detroit plus au nord, et on en a fait celui par lequel a passé Behring à la moitié du dix-huitième siècle. »

Lisez, Monsieur, les Numéros 47 et 48 de mon Discours, et vous verrez ce qu'il faut croire de ce système. Ce qui m'étonne surtout, c'est qu'on ne se soit pas ressouvenu, qu'il n'y a pas un détroit, mais un golfe ou un cul-de-sac fermé au nord, entre la Tartarie et l'île Sagalien, comme la démontré, par ses recherches, le malheureux Lapeyrouse.

Je me flatte d'avoir prouvé que j'avois donné d'avance la solution de presque toutes ces objections, et d'avoir également démontré le peu de fondement de celles que je n'avois pas prévues.

Agréez, Monsieur, etc.

Charles AMORETTI.

EMPIRE FRANÇAIS.

Les fouilles dans le Forum se continuent avec activité; on vient d'y découvrir cette inscription, » tracée en beaux caractères, sur un marbre qui servoit de base à une statue. Le mot Senatus est le

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