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des faits; je crois être assurément placé mieux que personne pour les connaître. Eh bien, vous voyez avec quelle réserve je m'explique. Et moi aussi, si je voulais prononcer légèrement, je pourrais le faire; j'ai dans les mains des documents qui me permettraient d'apporter des assertions sévères à cette tribune contre les uns et contre les autres. Mais je respecte ma position de ministre, et, dans cette grave affaire, je voudrais qu'on respectât aussi sa position de député, et qu'on ne produisit pas légèrement à la face de la France des faits douteux.

M. ISAMBERT. -Je parle de pièces officielles.

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M. LE PRÉSIDENT DU CONSEIL. Sans doute les Juifs de Damas sont intéressants; je ne le méconnais pas; ils sont intéressants, surtout si l'humanité est violée à leur égard. Mais un agent français qui est seul à Damas, loin de la protection de la France, contre tous les agents étrangers, ne mérite-t-il pas aussi notre protection? Ne mérite-t-il pas que vous hésitiez avant de prononcer sur son compte (très bien!) et avant de dire qu'il s'est rendu coupable? (Mouvements divers.) Permettez, permettez! je crois être ici plus instruit que vous tous sur la vérité eh bien, je le déclare, il y a une insigne témérité à dire que les uns sont innocents et les autres coupables. J'ai lu avec beaucoup de soin les procès-verbaux de la justice turque; on les a traduits; je ne veux pas justifier tous les procédés de cette justice; il est bien évident que la justice turque ne ressemble pas à la

justice française, heureusement pour la justice française. Bien qu'il y ait des procédés que je ne voudrais justifier dans aucun pays, des procédés indignes, cependant il n'y a rien dans ce qu'on a dit, rien qui pût exposer la vie des hommes qui ont été soumis à ces procédés, et, dans la conduite du consul, je ne vois qu'un zèle ardent, légitimé jusqu'à un certain point. par l'énormité du crime, qu'il avait à faire réprimer à l'égard d'un protégé de la France.

Je ne dis pas que je connaisse tous les faits; je ne suis pas aussi téméraire que ceux qui prétendent les connaître tous. Aussi qu'est-ce que je vous demande? De suspendre votre jugement jusqu'à ce qu'une enquête nous ait tout appris.

Vous réclamez au nom des Juifs, et moi je réclame au nom d'un Français qui, jusqu'ici, a rempli tous ses devoirs avec honneur et fidélité. (Très bien! très bien!)

Je n'ai plus qu'un mot à dire, un seul, mais il est important.

Quand j'ai dit tout à l'heure que le consul RattiMenton avait les agents étrangers contre lui, j'aurais dû ajouter un fait qui a aussi son importance: c'est que l'avis du consul anglais est favorable au consul français. Cela m'est revenu de Londres. Il y a donc aussi du côté du consul français des assertions conformes à la sienne.

Il se passe une chose extrêmement honorable pour les Israélites. Lorsque les faits ont été connus, ils se sont émus dans toute l'Europe, et ils ont apporté dans

cette affaire un zèle, une ardeur qui les honore profondément à mes yeux. Qu'ils me permettent de le dire, ils sont plus puissants dans le monde qu'ils ne prétendent l'être; et, à l'heure qu'il est, ils sont en réclamation auprès de toutes les chancelleries étrangères; ils y mettent un zèle extraordinaire, une ardeur dont on ne peut se faire une idée. Il faut du courage à un ministre pour protéger son agent ainsi attaqué. Je crois avoir montré quelque fermeté dans cette affaire, comme c'était mon devoir.

Sachez, Messieurs, je le répète, que, dans toutes les chancelleries, les Israélites sont en instance à l'occasion de ces événements, tandis que notre consul n'a d'appui qu'auprès du ministère des affaires étrangères de France.

Je le déclare à la Chambre, personne n'est plus respectueux que moi des droits de l'humanité, plus indigné que moi contre les tortures qui ont pu être exercées contre ces malheureux. Mais, malgré l'intérêt qu'ils m'inspirent, un agent français qui est dans son droit sera toujours protégé par moi contre toutes les influences, quelles qu'elles soient. (Très bien! très bien !)

C

DISCOURS

SUR LA

COLONISATION DE L'ALGÉRIE

(AMENDEMENT DU GÉNÉRAL BUGEAUD)

PRONONCÉ LE 6 JUIN 1840

A LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS

A l'occasion de la discussion du budget de la guerre pour l'exercice de 1841, le général Bugeaud proposa d'allouer un crédit spécial de 20,000 francs pour subvenir aux dépenses de l'organisation et de l'entretien de colons militaires en Algérie. Après avoir justifié le traité de la Tafna, traité vivement critiqué par M. Thiers dans la discussion du projet de loi des crédits supplémentaires (no 96), le général Bugeaud fit observer que le système d'occupation de l'Algérie, tel qu'il était pratiqué, exigeait dans cette posses sion la présence constante de 50,000 hommes, qu'en cas d'une guerre en Europe ces 50,000 hommes feraient un déficit regrettable dans notre armée, qu'il fallait dès lors préparer leur retour en France sans mettre en péril notre domination en Algérie, et que le meilleur moyen d'y maintenir définitivement cette domination était d'avoir des colons militaires qui, attachés au sol par l'intérêt, le défendraient contre toutes les attaques arabes. Sans doute il fallait aussi encourager la colonisation civile; mais cette colonisation, formée généralement avec la superfétation des grandes

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