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à chaque cas un peu extraordinaire, de se faire entendre les uns aux autres.

La nature les porte donc à prévenir ces sortes d'inconvénients, en ajoutant aux paroles des gestes significatifs. En conséquence, la conversation dans les premiers siècles du monde fut soutenue par un discours entremêlé de gestes, d'images et d'action. L'usage et la coutume, ainsi qu'il est arrivé dans la plupart des autres choses de la vie, changèrent ensuite en ornements ce qui était dû à la nécessité; mais la pratique subsista encore longtemps après que la nécessité eut cessé.

« C'est ce qui arriva singulièrement parmi les Orientaux, dont le caractère s'accommodait naturellement d'une forme de conversation qui exerçait si bien leur vivacité par le mouvement, et la contentait si fort par une représentation perpétuelle d'images sensibles.

« L'Écriture sainte nous fournit des exemples sans nombre de cette sorte de conversation.Quand le faux prophète agite ses cornes de feu pour marquer la déroute entière des Syriens (III Reg. XXII, 2); quand Jérémie cache sa ceinture de lin dans le trou d'une pierre près l'Euphrate (c. xIII); quand il brise un vaisseau de terre à la vue du peuPle ple (c. xIx); quand il met à son cou des liens et des jones (c. xxvII); quand Ezéchiel dessine le siége de Jérusalem sur de la brique (c. Iv); quand il pèse dans une balance les cheveux de sa tête et le poil de sa barbe (c. v); quand il emporte le meubles de sa maison (c. x); quand il joint ensemble deux bâtons pour Juda et pour Israël (c. xxxш); par toutes ces actions les prophètes conversaient en signes avec le peuple qui les entendait à merveille.

« Il ne faut pas traiter d'absurde et de fanatique ce langage d'action des prophètes, car ils parlaient à un peuple grossier qui n'en connaissait pint d'autre. Chez toutes les nations du monde le langage des sons articulés n'a prévalu qu'autant qu'il est devenu plus intelligible pour elles. » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEM ERT, t. XIX, p. 532, article Langage, par M. GOUSSIER et le chevalier de JAUCOURT.)

HUMBOLDT. « Je suis pénétré de la conviction qu'il ne faut pas méconnaître cette force vraiment divine que recèlent les facultés humaines, ce génie créateur des nations, surtout dans l'état primitif où toutes les idées et même les facultés de l'âme empruntent une force plus vive de la nouveauté des impressions où l'homme peut pressentir des combinaisons auxquelles il he serait jamais arrivé par la marche lente et progressive de l'expérience. Ce génie créateur peut franchir les limites qui semblent prescrites au reste des mortels; et s'il est impossible de retracer sa marche, sa présence vivifiante n'en est pas moins manifeste. Plutôt que de renoncer, dans l'explication de l'origine des langues, à l'influence de cette cause puissante et première, et de leur assiguer à toutes une marche uniforme et mé

canique qui les traînerait pas à pas depuís le commencement le plus grossier jusqu'à leur perfectionnement, j'embrasserai l'opinion de ceux qui rapportent l'origine des langues à une révélation immédiate de la divinité. » (Lettre à M. Abel Rémusat sur la nature des formes grammaticales, etc., par A.-G. DE HUMBOLDT; Paris, 1827.)

« On peut conclure dé là, dit-il dans ses Monuments américains, que la ramification ou, pour employer une expression indépendante de tout système, que la multiplicité des langues est un phénomène très-ancien. » Plus bas : « Si les langues ne prouvent que faiblement l'ancienne communication entre les deux mondes, cette communication se manifeste d'une manière indubitable dans les cosmogonies, les monuments, les hiéroglyphes et les institutions des peuples de l'Amérique et de l'Asie. » Et ailleurs: « Cette tradition américaine rappelle le Menou des Hindous, le Noé des Hébreux et la dispersion des Conschites de Singar. »

-«< Ceux qui pensent, dit un savant auteur anonyme, que les langues sont d'institution humaine, et qu'elles doivent leur origine à certaines conventions arbitraires que les hommes ont faites de donner certains noms aux choses, n'ont jamais considéré avec attention ce qu'ils avancent. Car il faut déjà parler et être entendu pour convenir de quelque point arbitraire; il faut que le son formé par un homme soit joint dans l'esprit d'un autre à certaine idée; il faut, en un mot, que le commerce soit établi par la parole, pour attribuer des significations nouvelles à des mots nouveaux. Sans cela les hommes seraient tous muets les uns à l'égard des autres, et n'auraient de commun que les cris généraux qui marquent les passions et les mouvements violents, et qui servent à unir les hommes par l'institution du Créateur, et non par un établissement arbitraire. Depuis même que les langues sont établies, un Arabe ne pourra convenir avec un Allemand d'appeler les choses d'une telle ou telle manière, si l'un des deux n'entend l'autre; et cependant tous les mots de part et d'autre sont trouvés, et il ne s'agit que de les faire accepter à celui qui en ignore le sens. C'est une chose fort simple et fort naturelle que les principes du discours. Mais jamais on ne serait parvenu à les trouver et à les mettre en usage, si Dieu n'avait préparé un langage à l'homme pour lui donner le moyen de s'expliquer par la parole. » (Explication de la Genèse, in-12; Paris, 1732, t. II, p. 347.)

"LAPIDATION (Théolog.) Action de tuer quelqu'un à coups de pierres; terme latinisé de lapis, pierre.

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La lapidation était un supplice fort usité parmi les Hébreux; les rabbins font un grand dénombrement des crimes soumis à cette peine. Ce sont en général tous ceux que la joi condamne au dernier supplice, sans exprimer le genre de la mort; par exemple, l'inceste du fils avec la mère, ou de la mèro avec son fils, ou du fils avec sa belle-mère, ou du père avec sa fille, ou de la fille avec

son pere, ou du père avec sa belle-fille, ou d'un homme qui viole une fille fiancée, ou de la fiancée qui consent à ce violement; ceux qui tombent dans le crime de sodomie ou de bestialité; les idolâtres, les blasphémateurs, les magiciens, les nécromanciens, les violateurs du sabbat, ceux qui offrent leurs enfants à Moloch, ceux qui portent les autres à l'idolâtrie, un fils rebelle à son père et condamné par les juges. Les rabbins disent que quand un homme était condamné à mort, il était mené hors de la ville, ayant devant lui un huissier avec une pique en main, au haut de laquelle était un linge pour se faire remarquer de plus loin, et afin que ceux qui avaient quelque chose à dire pour la justification du coupable le pussent proposer avant qu'on fût allé plus avant. Sí quelqu'un se présentait, tout le monde s'arrêtait, et l'on ramenait le criminel en prison, pour écouter ceux qui voulaient dire quelque chose en sa faveur. S'il ne se présentait personne, on le conduisait au lieu du supplice, on l'exhortait à reconnaître et à confesser sa faute, parce que ceux qui confessent leur faute ont part an siècle futúr. Après cela on le lapidait. Or, la lapidation se faisait de deux sortes, disent les rabbins: la première, lorsqu'on accablait de pierres le coupable, les témoins lui jetaient les premiers la pierre; la seconde, lorsqu'on le menait sur une hauteur escarpée, élevée au moins de la hauteur de deux hommes, d'où l'un des deux témoins le précipitait, et l'autre lui roulait une grosse pierre sur le corps. S'il ne mourait pas de sa chute, on l'achevait à coups de pierres. On voit la pratique de la première façon de lapider dans plus d'un endroit de l'Ecriture; mais on n'a aucun exemple de la seconde : car celui de Jézabel, qui fut jeté à bas de la fenêtre, ne prouve rien du tout.

« Ce que nous avons dit que l'on lapidait ordinairement les criminels hors de la ville ne doit s'entendre que dans les jugements réglés: car, hors ce cas, souvent les Juifs lapidaient où ils se trouvaient; par exemple, lorsque, emportés par leur zèle, ils accablaient de pierres un blasphémateur, un adultère ou un idolâtre. Ainsi lorsqu'on amena à Jésus une femme surprise en adultère, il dit à ses accusateurs, dans le temple où il était avec eux et avec la femme: Que celui d'entre vous qui est innocent lui jette la première pierre. Et une autre fois, les Juifs ayant prétendu qu'il blasphémait, ramassèrent des pierres dans le temple même pour le lapider. Ils en usèrent de même un autre jour, lorsqu'il dit: Moi et mon Père ne sommes qu'un. Dans ces rencontres, ils n'observaient pas les formalités ordinaires, ils suivaient le mouvement de leur vivacité ou de leur emportement; c'est ce qu'ils appelaient le jugement de zèle.

« On assure qu'après qu'un homme avait été lapidé, on attachait son corps à un pieu par les mains jointes ensemble, et qu'on le laissait en cet état jusqu'au coucher du soleil. Alors on le détachait, et on l'enterrait dans la vallée des cadavres, avec le pieu

avec lequel il avait été attaché. Cela ne se pratiquait pas toujours, et on dit qu'on ne le faisait qu'aux blasphémateurs et aux idolâtres; et encore serait-il bien malaisé d'en prouver la pratique par l'Ecriture. » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 608 et 609, article Lapidation.)

« LAPSES (Theol.). C'étaient dans les premiers temps du christianisme, ceux qui retournaient du christianisme au paganisme. On en compte de cinq sortes désignées par ces noms latins, libellatici, mittentes, turificati, sacrificati et blasphemati. On appelait stantes les persévérants dans la foi. Le mot lapses se donnait aux hérétiques et aux pécheurs publics. » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 617, article Lapses.)

LATRIE (terme de théologie). Culte de religion qui n'appartient qu'à Dieu seul.

«Les chrétiens adorent Dieu d'un culte de latrie; ils honorent les saints d'un culte de dulie. On confond quelquefois les termes honorer, adorer.

<< Cette adoration intérieure que nous rendons à Dieu en esprit et en vérité a ses marques extérieures dont la principale est le sacrifice qui ne peut être offert qu'à Dieu seul, parce que le sacrifice est établi pour faire un aveu public et une protestation solennelle de la souveraineté Dieu et de notre dépendance de lui.

« M. Daillé est convenu que les Pères du IV siècle ont reconnu la distinction que nous faisons de latrie et de dulie. » (Encyclopédie de DIDEROT et de D'ALEMBERT, t. XIX, p. 653, article Latrie.)

« LÂVEMENT DES PIEDS (Théol.). Coutume usitée chez les anciens qui la pratiquaient à l'égard de leurs hôtes, et qui est devenue dans le christianisme une cérémonie pieuse.

« Les Orientaux avaient coutume de laver les pieds aux étrangers qui venaient de voyage, parce que pour l'ordinaire on marchait les jambes nues et les pieds seulement garnis d'une sandale. Ainsi Abraham fit laver les pieds aux trois anges (Gen. xvIII, 4). On lava aussi les pieds à Eliézer et à ceux qui l'accompagnaient lorsqu'ils arrivèrent à la maison de Laban, et aux frères de Joseph lorsqu'ils vinrent en Egypte (Gen. xxiv, 32; XLII, 24). Cet office s'exerçait ordinairement par des serviteurs et des esclaves. Abigail témoigne à David qui la demandait en mariage, qu'elle s'estimerait heureuse de laver les pieds aux serviteurs du roi. (I Reg. xxv, 41.)

Jésus-Christ, après la dernière cène qu'il fit avec ses apôtres, voulut leur donner une leçon d'humilité en leur lavant les pieds; et cette action est devenue depuis un acte de piété. Ce que le Sauveur dit en cette occasion à saint Pierre: Si je ne vous lave, vous n'aurez point de part avec moi, a fait croire à plusieurs anciens que le lavement des pieds avait des effets spirituels. Saint Ambroise (lib. De myster., c. 6) témoigne que de son temps on lavait les pieds

aux nouveaux baptisés au sortir du bain sacré, et il semble croire que, comme le baptême efface les péchés actuels, le lavement des pieds qui se donne ensuite, ôte le péché originel, ou du moins diminue la concupiscence. Ideo, dit-il, planta abluitur ut hereditaria peccata tollantur: nostra enim propria per baptismum relaxantur. Il dit la même chose sur le psaume XLVII: Alia est iniquitas nostra, alia calcanei nostri.... inde Dominus discipulis lavit pedes ut lavaret venena serpentis. Mais il explique lui-même sa pensée en ajoutant que ce qui est nettoyé par le lavement des pieds, est plutôt la concupiscence ou l'inclination au péché que le péché même: Inde reor iniquitatem calcanei magis lubricum delinquendi, quam reatum aliquem nostri est delicti.

«L'usage de laver les pieds aux nouveaux baptisés n'était pas particulier à l'Eglise de Milan. On le pratiquait aussi dans d'autres églises d'Italie, des Gaules, d'Espagne et d'Afrique. Le concile d'Elvire le supprima en Espagne par la confiance superstitieuse que le peuple y mettait, et il paraît que dans les autres Eglises on l'a aboli à mesure que la coutume de donner le baptême par iminersion a cessé. Quelques anciens lui ont donné le nom de sacrement, et lui ont attribué la grâce de remettre les péchés véniels; c'est le sentiment de saint Bernard et d'Eunalde, abbé de Bonneval. Saint Augustin croit que cette cérémonie, pratiquée avec foi, peut effacer les péchés véniels; et un ancien auteur, dont les sermons sont imprimés dans l'appendice du Ve vol. des ouvrages de ce Père, soutient que le lavement des pieds peut remettre les péchés mortels. Cette dernière opinion n'a nul fondement dans l'Ecriture. Quant au nom de sacrement donné à cette cérémonie par saint Bernard et d'autres, on l'explique d'un sacrement improprement dit, du signe d'une chose sainte, c'est-à-dire de l'humilité, mais auquel Jésus-Christ n'a point attaché de grâce sanctifiante comme aux autres sacrements.

« Les Syriens célèbrent la fête du lavement des pieds le jour du jeudi-saint. Les Grecs font le même jour le sacré mystère, ou le sacré lavement. Dans l'église latine, les évêques, les abbés, les curés dans quelques diocèses, les princes mêmes lavent ce jour-là les pieds à douze pauvres qu'ils servent à table, ou auxquels ils font des aumônes. On fait aussi le même jour la cérémonie du lavement des autels, en répandant de l'eau et du vin sur la pierre consacrée, et en récitant quelques prières et oraisons.» (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 667 et 668, article Lavement.)

« LECTEUR DANS L'ÉGLISE ROMAINE. (Theol.) Clercs revêtus d'un des quatre ordres mineurs.

« Les lecteurs étaient anciennement et en commençant les plus jeunes des enfants qui entraient dans le clergé. Ils servaient de secrétaires aux évêques et aux prêtres, et s'instruisaient en écrivant ou en lisant sous

eux on formait ainsi ceux qui étaient plus propres à l'étude et qui pouvaient devenir prêtres. Il y en avait toutefois qui demeuraient lecteurs toute leur vie. La fonction de lecteurs a toujours été nécessaire dans l'Église, puisque l'on a toujours lu les Écritures de l'Ancien et du Nouveau Testament, soit à la messe, soit aux autres offices, principalement de la nuit. On lisait aussi les lettres des autres évêques, des actes des martyrs, ensuite des homélies des Pères, comme on le pratique encore. Les lecteurs étaient chargés de la garde des livres sacrés, ce qui les exposait fort pendant les persécutions. La formule de leur ordination marque qu'ils doivent lire pour celui qui prêche, et chanter les leçons, bénir le pain et les fruits nouveaux. L'évêque les exhorte à lire fidèlement et à pratiquer ce qu'ils lisent, et les met au rang de ceux qui administrent la parole de Dieu. La fonction de chanter les leçons, qui était autrefois affectée aux lecteurs, se fait aujourd'hui indifféremment par toutes sortes de clercs, même par des prêtres. FLEURY, Instit, au droit ecclés., tomel", part 1, chap. 6, page 6 et suiv.

« Il paraît par le concile de Chalcédoine qu'il y avait dans quelques Eglises un archilecteur, comme il y a eu un archi-acolyte, un archidiacre, un archiprêtre, etc. Le septième concile général permet aux abbés qui sont prêtres et qui ont été bénis par l'évêque d'imposer les mains à quelques-uns de leurs religieux pour les faire lecteurs.

«Selon l'auteur du supplément de Moréri, la charge de lecteurs n'a été établie que dans le siècle. M. Cotelier dit que Tertullien est le premier qui fasse mention des lecteurs. M. Basnage croit qu'avant que cet emploi eût lieu, l'Église chrétienne suivait dans la lecture des divines Écritures la méthode de la Synagogue, où, le jour du sabbat, un sacrificateur, un lévite et cinq d'entre le peuple, choisis par le président de l'assemblée, faisaient cette lecture; mais Bingham, dans ses Antiquités de l'Eglise, livre п, page 28 et suiv., remarque qu'il ne paraît pas qu'il y ait eu aucune Église, excepté celle d'Alexandrie, où l'on ait permis aux laïques de lire l'Écriture sainte en public: cette permission était accordée même aux catéchumènes dans cette Église. Son sentiment est que tantôt les diacres, tantôt les prêtres et quelquefois les évêques s'acquittaient de cette fonction.

«Dans l'Église grecque, les lecteurs étaient ordonnés par l'imposition des mains; mais, suivant Habert, cette cérémonie n'avait pas lieu dans l'Église romaine. Le quatrième concile de Carthage ordonne que l'évêque mettra la Bible entre les mains du lecteur en présence du peuple, en lui disant: Recevez ce livre, et soyez lecteur de la parole de Dieu : si vous remplissez fidèlement votre emploi, vous aurez part avec ceux qui administrent la parole de Dieu.

« C'est à l'ambon et sur le pupitre que la lecture se faisait; de là ces expressions de saint Cyprien, super pulpitum imponi, ad pulpitum venire. Des personnes de considération

sefaisaient honneur de remplir cette fonction. Témoin Julien, depuis empereur, et son frère Callus, qui furent ordonnés lecteurs dans Téglise de Nicomédie. Par la Novelle 123 de Justinien, il fut défendu de choisir pour lecteur des personnes au-dessous de dix-huit ans. Mais avant ce règlement, on avait vu cet emploi rempli par des enfants de sept à huit ans : ce qui venait de ce que les parents ayant consacré de bonne heure leurs enfants à l'Église, on voulait par là les mettre en état de se rendre capables des fonctions les plus difficiles du sacré ministère.» (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, tome XIX, p. 714 et 715, article Lecteur.)

LECTURES (CHOIX DE). -- « Je vous invite, dit Voltaire, à ne lire que les ouvrages qui sont depuis longtemps en possession des suffrages du public, et dont la réputation n'est point équivoque. Il y en a peu, mais on profite bien davantage en les lisant, qu'avec tous ces mauvais petits livres dont nous sommes inondés.» (OEuvres de Voltaire, édition de Kehl, in-12, tome LXXII, page 336.)

Je vois avec douleur qu'on a une bibliothèque nombreuse contre la religion qu'on devrait respecter. Vous savez que je ne l'ai jamais attaquée, et que je la crois comme vous nécessaire.» (Ibid., LXXIX, page 16.) Mes chagrins redoublent par la quantité incroyable d'écrits contre la religion chrétienne, qui se succèdent aussi rapidement que les gazettes et les journaux. On a la barbarie de m'imputer à mon âge une partie de ees extravagances. » ( Ibid., tome LXXIX, page 212.)

LEGION FULMINANTE, qui délivra l'armée romaine cernée et prête à périr de soif, en obtenant par ses prières qu'un orage, qui éclata tout à coup, fournît aux Romains de quoi se désaltérer et lançât la foudre sur l'armée ennemie. Marc-Aurèle attesta luimême ce prodige par une lettre qu'il écrivit au sénat, et c'est en témoignage de cette délivrance qu'il donna le nom de fulminante ou foudroyante à cette légion, alors appelée légion Mélitine et qui était tout entière composée de soldats chrétiens.

Le même fait est rapporté par Dion Cassius, par Jules Capitolin, par le poëte Claudien, et par Themistius, auteurs païens. Il est attesté d'ailleurs par le bas-relief de la colonne d'Antonin, qui subsiste encore, où l'on voit la figure de Jupiter pluvieux, qui, d'un côté, fait tomber la pluie sur les soldats romains, et de l'autre lance la foudre sur leurs ennemis. Cet événement fut constamment regardé come un miracle, mais au lieu que les chrétiens l'attribuèrent aux prières des soldats de leur religion, les païens en firent honneur, les uns à quelques magiciens qui étaient dans l'armée de Marc-Aurèle, les autres à ce prince lui-même, et à la protection que les dieux lui accordaient.

La question est de savoir ce qu'en a pensé cet empereur, et s'il a véritablement reconnu que c'était un effet de la prière des chrétiens qui étaient dans son armée. Or, Tertullien cite la lettre que Marc-Aurèle en écrivit au

sénat, et la manière dont il en parte témoigne qu'il l'avait vu. Saint Jérôme, traduisant la Chronique d'Eusèbe, dit positivement que cette lettre existait encore. Tertullien ajoute pour preuve la défense que fit ce prince, sous peine de mort, d'accuser les chrétiens, et de les tourmenter pour leur religion. Il faut donc que dans cette lettre Marc-Aurèle leur ait attribué le prodige en question, autrement elle n'aurait servi de rien pour prouver que ç'avait été un effet de leurs prières.

Nous convenons que la lettre authentique et originale de cet empereur ne subsiste plus; celle que l'on trouve à la suite de la première apologie de saint Justin, no 74, est une pièce supposée, elle n'a été faite qu'après le règne de Justinien; mais loin de rien prouver contre l'existence de la vraie lettre, elle l'a supposée plutôt l'auteur qui l'a forgée a cru pouvoir suppléer de génie à celle qui était perdue; il a eu tort, et il a mal réussi; elle est évidemment différente de celle dont parlent Tertullien et saint Jérôme.

LETTRES. « Les lettres ni la philosophie dit Voltaire, n'ont rien pu contre nos égarements et nos vices. »

a LÉVI qui est liée (Hist. sacrée). Troisième fils de Jacob et de Lia, naquit en Mésopotamie, l'an du monde 2248. C'est lui qui, avec son frère Siméon, pour venger l'injure faite à Dina, passa au fil de l'épée tous les habitants de Sichem. Jacob en témoigna un déplaisir extrême, et prédit au lit de la mort, qu'en punition de cette cruauté, la famille de Levi serait divisée, et n'aurait point de portion fixe au partage de la terre promise. En effet, Lévi fut dispersé dans Israël, et n'eut pour partage que quelques villes qui lui furent assignées dans le lot des autres tribus. Lévi descendit en Egypte avec son père, ayant déjà ses trois fils, Gerson, Gaath et Marari, dont le second eut pour fils Amram, de qui naquirent Moïse, Aaron et Marie. Il y mourut, âgé de cent trente-sept ans. Sa famille fut toute consacrée au service de Dieu, et c'est de lui que les prêtres et les lévites tirent leur origine (Gen. XXIX, 34, 49). » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 927, article Lévi.)

« LEVIATHAN (Hist. nat.). Nom que les Hébreux ont donné aux animaux cétacés, tels que les baleines. » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 928, article Léviathan.)

« LÉVITE (Théol.). Prêtre ou sacrificateur hébreu, ainsi nommé parce qu'il était de la tribu de Lévi.

« Ce mot vient du grec Levins dont la racine est le nom de Lévi, chef de la tribu de ce nom, dont étaient les prêtres de l'ancienne loi. Ce nom fut donné à ce patriar che par sa mère Lia, du verbe hébreu lavah, qui signifie être lié, être uni, parce que Lia espéra que la naissance de ce fils lui attācherait son mari Jacob.

« Les lévites étaient chez les Juifs un ordre inférieur aux prêtres, et répondaient à peu près à nos diacres.

« Ils n'avaient point de terres en propre, mais ils vivaient des offrandes que l'on faisait à Dieu. Ils étaient répandus dans toutes les tribus, qui chacune avaient donné quelques-unes de leurs villes aux lévites, avec quelques campagnes aux environs pour faire paître leurs troupeaux.

«Par le dénombrement que Salomon fit des lévites, depuis l'âge de vingt ans, il en trouva trente-huit mille capables de servir. Il en destina vingt-quatre mille au ministère journalier sous les prêtres, six mille pour ètre juges inférieures dans les villes, et décider les choses qui touchaient la religion, et qui n'étaient pas de grande conséquence; quatre mille pour être portiers et avoir soin des richesses du temple, et le reste pour faire l'office des chantres. »> (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 931, article Lévite.)

« LÉVITIQUE (Theol.). C'est le troisième des cinq livres de Moïse, il est appelé le Lévitique, parce qu'il est traité principalement des cérémonies et de la manière dont Dieu voulait que son peuple le servit par le ministère des sacrificateurs et des lévites. » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 931, article Lévitique.)

« LEVITIQUES (Histoire ecclés.). Branche des gnostiques et des nicolaites. Ils parurent dans les premiers siècles de l'Eglise. Saint Epiphane les nomme.» (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 931, article Lévitiques.)

« LIBELLATIQUES (Théol.). Dans la persécution de Décius, il y eut des chrétiens qui, pour n'être point obligés de renier la foi et de sacrifier aux dieux en public, selon les édits de l'empereur, allaient trouver les magistrats, renonçaient à la foi en particulier, et obtenaient d'eux par grâce ou à force d'argent, des certificats par lesquels on leur donnait acte de leur obéissance aux ordres de l'empereur, et on défendait de les inquiéter davantage sur le fait de la religion.

« Ces certificats se nommaient en latin libelli, libelles, d'où l'on fit les noms de libellatiques.

«Les centuriateurs prétendent cependant que l'on appelait libellàtiques ceux qui donnaient de l'argent aux magistrats pour n'être point inquiétés sur la religion, et n'être point obligés de renoncer au christianisme.

Les libellatiques, selon M. Tillemont, étaient ceux qui, sachant qu'il était défendu de sacrifier, allaient trouver les magistrats, ou y envoyaient seulement, et leur témoignaient qu'ils étaient chrétiens, qu'il ne leur était pas permis de sacrifier ni d'approcher des autels du diable; qu'ils les priaient de recevoir d'eux de l'argent, et de les exempter de faire ce qui leur était défendu. Ils recevaient ensuite du magistrat, ou lui donnaient un billet qui portait qu'ils avaient renoncé à Jésus-Christ et ju'ils avaient sacrifié aux idoles, quoiqu'ils n'en eussent rien fait, et ces billets se lisaient publiquement.

« Ce crime, quoique caché, ne laissait pas que d'être très-grave. Aussi l'Eglise d'Afrique ne recevait à la communion ceux qui y étaient tombés, qu'après une longue pénitence: la rigueur des satisfactions qu'elle exigeait, engagea les libellatiques à s'adresser aux confesseurs et aux martyrs qui étaient en prison, ou qui allaient à la mort, pour obtenir, par leur intercession, la relaxation des peines canoniques qui leur restaient à subir ce qui s'appelait demander la paix. L'abus qu'on fit de ces dons de la paix causa un schisme dans l'Eglise de Carthage, du temps de saint Cyprien; ce saint docteur s'étant élevé avec autant de force que d'éloquence contre cette facilité à remettre de telles prévarications, comme on le peut voir dans ses épîtres 31, 52 et 68, et dans son livre De lapsis Le onzième canon du concile de Nicée regarde en particulier les libellatiques. » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XIX, p. 951 et 952, article Libellatiques.) LIBERTÉ « Les lois que Dieu a données à Adam, dit Bayle, ont été accompagnées de promesses et de menaces: cela suppose clairement qu'Adam pouvait obéir et désobéir... Je n'en demande pas davantage pour être assuré qu'il est possible que Dieu donne à l'homme la liberté d'indifférence. S'il ne l'avait pas donnée à Adam, tous nos systèmes de religion tomberaient par terre; d'où je conclus qu'il la lui donna.» (BAYLE, Dictionnaire, art. Synergistes.)

« N'est-il pas sûr que l'on enseignait dans le système d'Epicure que l'homme agit librement, je veux dire avec cette espèce de liberté qui fait qu'une action est méritoire ou déméritoire? A quoi, selon Epicure, non plus que selon le Pape qui a condamné les propositions de Jansénius, il ne suffit pas qu'elle soit faite sans contrainte; car il était visible à tout philosophe païen que si une force majeure eût poussé invinciblement l'âme humaine à une action, en lui imprimant l'acte de vouloir, cette spontanéité n'eût pas pu suffire à mettre un homme en état d'être justement loué ou blâmé. » (BAYLE, Continuation des Pensées diverses, t. IV.)

« Quiconque a une juste idée de la justice et de la miséricorde de Dieu ne croira jamais qu'il punisse les fautes qu'il n'a pas été possible à l'homme d'éviter.» (BAYLE, ibid., t. II, p. 414.)

« Il y a dans l'homme un principe qui n'est pas corporel... Il y a dans l'homme une âme, qui est la substance distincte du corps et plus parfaite que le corps, puisque c'est elle qui rend l'homme raisonnable... L'âme de l'homme a été créée dans l'ordre, aussi bien que les autres choses, par un être infiniment parfait; et si elle n'y est plus, c'est parce qu'abusant de sa liberté, elle est tombée dans le désordre. » (BAYLE.)

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