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assure que nul de ces hommes, que j'avais conviés, ne goûtera de mon souper (Luc. XIV, 16-25).

<< Et Matthieu rapporte autrement ce fait, en avouant que c'est une parabole. Voici son récit Le royaume des cieux est semblable à un roi qui, voulant faire les noces de son fils, envoya ses serviteurs pour appeler aux noces ceux qui étaient conviés; mais ils refusèrent d'y venir. Il envoya encore d'autres serviteurs, avec ordre de dire de su part aux conviés : l'ai préparé mon diner, j'ai fait tuer mes bœufs et tout ce que j'avais fait engraisser ; tout est prêt, renez aux noces. Mais eux, ne s'en meltant point en peine, s'en allèrent, l'un à sa maison des champs et l'autre à son négoce. Les autres se saisirent de ses serviteurs et les

tuèrent, après leur avoir fait plusieurs outrages. Le roi, l'ayant appris, en fut ému de colère; et ayant envoyé ses armées, il extermina ces meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs: Le festin des noces est tout prêt; mais ceux qui y avaient été appelés n'en ont pas été dignes. Allez donc dans les carrefours, et appelez aux noces tous ceux que vous trouverez. Ses serriteurs, s'en allant alors par les rues, assemblèrent tous ceux qu'ils trouvèrent, bons et méchants; et la salle des noces fut remplie de personnes qui se mirent à table. Le roi entra ensuite pour voir ceux qui étaient à table, et y ayant aperçu un homme qui n'était point revetu de la robe nuptiale, il lui dit: Mon ami, comment êtes-vous entré ici sans avoir la robe nuptiale? Et cet homme demeura muet. Alors le roi dit à ses gens: Liez-lui les mains et les pieds, et jetez-le dans les ténèbres extérieures; c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents. Car il y en abeaucoup d'appelés, mais peu d'élus (Matth. XXII, 2-14).

« Si Jésus expliquait ces deux paraboles (qui n'en font qu'une), comme il a expliqué celle du Semeur, ne dirait-il pas ?

« L'homme, ou le père de famille ou le roi, qui invite à un grand souper, c'est celui qui prêche la parole de Dieu et qui propage la doctrine de la fraternité, ou plutôt c'est Dieu lui-même, appelant tous les hommes dans son royaume et les invitant au grand banquet fraternel.

a Le grand souper, c'est en effet le grand banquet de l'humanité fille de Dieu, enfin réunie pour toujours sous son règne.

« Les serviteurs sont les apôtres, les disciples, les prédicateurs, les propagandistes. « Les noces indiquent la maturité de l'humanité et sou union avec Dieu par la prati. que de la fraternité.

Les conviés sont tous les hommes, appelés ensemble dans le royaume de Dieu..... a Ceux qui outragent et tuent les servi

teurs sont les puissants qui poussent l'horreur de la propagande et du progrès jusqu'à la persécution et à la violence.

Les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux, c'est le peuple accablé de misère, et dont le cœur est plus ouvert à la doctrine de la fraternité.

« Les places, les rues, les carrefours, désignent le peuple des villes, qui ne peut guère se réunir que sur les places et dans les rues, et surtout dans les carrefours. »> (Le vrai christianisme suivant Jésus-Christ.)

RUTH (LIVRE DE). — «Nom d'un des livres canoniques de l'Ancien Testament, ainsi appelé, parce qu'il contient l'histoire de Ruth, femme moabite, qui, après la mort de Mahalon, son premier mari, ayant suivi Noémi, sa belle-mère, à Bethleem, patrie de celle-ci, y devint l'épouse d'un riche Israélite nommé Booz, qui fut bisaïeul du roi David..

« Ce livre est placé dans les Bibles entre les livres des Juges et le premier livre des Rois, comme étant une suite du premier et unc introduction au second. Saint Jérôme (Prolog. Gal.) nous apprend que les Juifs le joignaient au livre des Juges, parce que T'histoire qu'il renferme arriva au temps d'un des juges d'Israël, et plusieurs anciens Pères, par la même raison, ne font qu'un livre des Juges et de Ruth. Mais les Juifs modernes, daus leurs Bibles, placent ordinairement après le Pentateuque les cinq mégilloth, qui sont: 1° le Cantique des cantiques; 2° Ruth; 3° les Lamentations de Jérémie; 4 l'Ecclésiaste; 5° Esther. Quelquefois le livre de Ruth est mis le premier des cinq, quelquefois le second, et quelquefois le cinquième.

« Le but de l'auteur de ce livre est do nous faire connaître la généalogie de David, et il y a toute apparence que c'est le même Rois, lequel ne pouvaut pas commodément auteur qui a composé le premier livre des placer cette généalogie de David sans trop déranger son récit, a mieux aimé la donner à part. L'écrivain remarque à la tête de cet ouvrage, que l'histoire qu'il va raconter arriva au temps que les juges gouvernaient : ils ne gouvernaient donc plus du temps qu'il écrivait; de plus il parle de David à la fin de son livre: il l'a donc écrit au plus tôt sous le règne de David. Le P. Calmet, de qui nous empruntons cet article, remarque d'ailleurs deux manières de parler, qui ne se trouvent que dans les livres des Rois; la première: Hæc faciat mihi Deus et hæc addat, si, etc., et la seconde, je vous ai découvert l'oreille, pour signifier, je vous ai dit. Il ajoute que la canonicité du livre de Ruth n'est point contestée. CALMET, Dict. de la Bible, tome III, page 400.» (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, tome XXIX, page 549 et 550, article Ruth.)

DICTION. DES APOLOGISTES INV. II.

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SABA, repos. (Histoire sacrée.) « Ce mot désigne dans l'Ecriture quatre différentes personnes, dont deux sont de la race de Cham, et deux de celle de Sem. 1° Saba, fils de Chus, qui peupla l'ile de Saba, conune depuis sous le nom de Méroë (Gen. x, 7). C'est de lui que sont descendus lès Sabéens, dont il est parlé dans Isaïe, XLIII, 3: J'ai livré au lieu de vous, l'Egypte, l'Ethiopie et Saba, pour être comme votre rançon. 2° Le tils de Jecsan, et petit-fils d'Abraham, dont les descendants habitèrent à l'entrée de l'Arabie heureuse, près des Nahathéens (Gen. xxv, 3). 3o Saba, fils de Rhegma et petit-fils de Chus, qui s'empara de cette partie de l'Arabie heureuse qui est voisine du golfe Persique (I Par. 1, 19.) 4° Le fils de Jectan, petit-fils d'Héber, que l'on met encore dans l'Arabie heureuse vers la mer Rouge. Saba se prend pour l'Arabie heureuse tout entière.

« La reine de Saba, ayant ouï parler de la grande sagesse de Salomon, vint elle-même, pour en faire l'expérience, entendre la vérité de sa bouche, lui proposer ses doutes, et s'instruire par ses lumières (III Reg. x, 1). Cette princesse rendit visite à Salomon, et lui proposa tout ce qu'elle avait dans le cœur. Le roi répondit à toutes ses questions et éclaircit ses difficultés, et la reine, voyant l'étendue de sa sagesse, la magnificence de sa cour et le bel ordre qui y régnait, ne pouvait revenir de son étonnement. Je ne voulais pas croire, lui dit-elle, ce qu'on me rapportait de votre sagesse, mais ce que je vois aujourd hui de mes propres yeux passe tout ce que la renommée en publie. Cette princesse, après avoir fait à Salomon de magnifiques présents, et en avoir reçu de ce prince, prit congé de lui et retourna dans ses Etats. Le Sauveur dans l'Evangile, se sert de l'exemple de cette reine contre les docteurs de la Loi et les pharisiens qui refusaient d'écouter sa parole (Luc. x1, 31). Cette reine, sur le bruit de la sagesse de Salomon, entreprit un long voyage pour écouter les paroles qui sortaient de sa bouche, et les pharisiens qui avaient au milieu d'eux celui dont Salomon n'était que l'ombre et la figure, qui le voyaient de leurs yeux, qui étaient témoins de ses miracles, qu'il prévenait lui-même par les invitations les plus engageantes, s'obstinaient à ne vouloir point l'écouter. Les sentiments sont partagés sur le pays d'où vint cette reine. Quelques-uns prétendent qu'elle régnait en Arabie et d'autres en Ethiopie. Ceux qui suivent ce dernier sentiment disent que Saba est l'ancien nom de la ville do Méroë, ainsi nommée de la sœur de Cambyse; que l'ile de Méroë est quelquefois comprise dans l'Ethiopie, ou elle est au midi de la Palestine, et que l'eunuque baptisé par Philippe était officier d'une princesse du même pays. Ceux qui la font venir d'Arabie,

S

outre plusieurs raisons qu'ils apportent de leur sentiment, se fondent sur ce que les présents d'or, d'argent, d'aromates, de pierres précieuses, que fit cette princesse à Salomon, se trouvent plus facilement dans l'Arabie que dans l'île de Méroë.» (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, tome XXVIH, article Saba, page 563, 564.)

SABBAT. Voyez DIMANCHE. « C'est, parmi les Juifs, le septième jour de la semaine qu'ils solennisent en mémoire de re que Dieu, après avoir créé le monde en six jours, se reposa le septième.

« Ce mot est purement hébreu, et signifie cessation ou repos. Philon le nom me τ xóσμoυ yevieux, le jour de la naissance du monde. Quelques-uns prétendent que, dès le premier temps de la création, Dieu com manda aux hommes d'observer le jour de sabbat, parce qu'il est dit dans la Genèse, ch XI, 2 et 3, que Dieu sanctifia le jour au quel il se reposa, et qu'il le bénit. C'est le sentiment de Philon, de saint Clément d'Alexandrie et de quelques rabbins, mais la plupart des Pères pensent que cette sanclif cation et cette bénédiction dout parle Moisen'étaient que la destination que Dieu t alors du septième jour, pour être dans la suite sanctifié par son peuple. On ne voit pas en effet que les patriarches l'aient ob servé, ni que Dieu ait eu dessein de les y assujettir.

<«< Mais il en fit un précepte exprès et formelaux Hébreux, sous peine de mort, comme on le voit dans l'Exode, xx et xx1; au-si l'observèrent-ils exactement comme un jour consacré particulièrement au culte de Dieu, en s'abstenant de toute œuvre servile. On dit même qu'ils portaient le scrupule à cet égard jusqu'à penser qu'il ne leur était pas permis de se défendre ce jour-là s'ils étaient atiaqués, et à se laisser égorger plutôt que de combattre? On voit dans l'Evangile que les pharisiens en avaient encore de plas mal fondés. Le sabbat commençait le vendredi au soir, suivant l'usage des Juifs, qui célèbrent leurs fêtes d'un soir à l'autre. Les rabbins ont marqué exactement à ceux-ci tout ce qui leur est défendu de faire le jour du sabbat, ce qu'ils réduisent à trenteneuf chefs, qui ont chacun leurs dépen

dances

....

Les auteurs profanes, qui ont voulu parler de l'origine du sabbat, n'ont fait que montrer combien peu ils étaient instruits de ce qui concernait les Juifs. Tacile, par exemple, a cru qu'ils chômaient le sabbat en l'honneur de Saturne, à qui le samedi étail consacré chez les païens. (TACITE, Hist. liv... Piutarque au contraire (Sympos., liv. I) avance qu'ils le célébraient en l'honneur de Bacchus, qui est nommé Sabos, parce que, dans les fêtes de ce dieu, on criait Sabbo

Appion le grammairien soutenait que les Juifs célébraient le sabbat en mémoire de ce qu'ils avaient été guéris d'une maladie honteuse, nommée en Egypte sabboni. Enfin Perse et Pétrone reprochent aux Juifs de jeûner le jour du sabbat. Or, il est certain que le jeune leur était défendu ce jour là. (CALMET. Dict. de la Bible, t. III, lett. S, p. 407.)

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Le sabbat était institué sur un motif aussi simple que légitime en mémoire de la création du monde, et pour en glorifier l'auteur. Les Chrétiens ont subsitué au sabbat le dimanche, en mémoire de la résurrection de Jésus-Christ.

Sabbat se prend encore en différents sens dans l'Ecriture sainte, 1° simplement pour le repos et quelquefois pour la félicité éternelle (Hebr. x, 9; iv, 4); 2° pour toutes les fêtes des Juifs: Sabbatha mea custodite (Levil. XIX); gardez mes fêtes, c'est-à-dire la fête de Pâques, de la Pentecôte, des Tabernacles, etc. 3 Sabbatum se prend aussi pour toute la semaine Jejuno bis in sabbato:je jeûne deux fois la semaine, dit le pharisien superbe, en saint Luc, xvi. 4° Una sabbati, le premier jour de la semaine (Joan. xx, 1; CALMET, Dict. de la Bible, t. II, lettre S, p. 403. (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XXVIII, p. 567 et 568, article Sabbat.)

ENCYCLOPÉDIE nouvelle. -« Moïse était plus habile économiste que nos utilitaires. Il savait que la tendance naturelle des possesseurs des biens de ce monde est d'abuser de leur supériorité pour surcharger de plus en plus les âmes réduites à vivre de travail. C'est pour mettre une limite à cette exploitation du pauvre par le riche qu'il institua le sabbat. « Vous ne ferez aucun travail ce jour-là, dit le Deutéronome,ni vous, ni vos ⚫ enfants, ni vos serviteurs, ni vos servantes, « ni votre bétail, ui l'étranger qui se trouve • parmi vous, afin qu'ils se reposent aussi a bien que vous; souvenez-vous que vous avez ◄ vous-mêmes servi en Egypte, et que Dieu « Vous en a tirés par sa puissance. C'est pour • cela qu'il vous ordonne le jour du repos. » (Encyclopédie nouvelle, t. V, p. 285, article Fêtes.)

SACERDOCE. Voyez ORDRE, PRETRISE, etc. Julien l'Apostat trace le tableau suivant des devoirs du prêtre :

Mener une vie irréprochable, pratiquer la vertu, s'acquitter dignement des fonctions du ministère, c'est ce que la Divinité exige des prêtres.

« On ne doit élever au sacerdoce que les gens de bien de chaque ville; et, dans ce choix, on ne doit avoir égard ni à la naissance ni aux richesses. Il ne faut chercher que les qualités essentielles, qui sont l'amour de Dieu et celui des hommes. On connaîtra que celui qu'on veut choisir aime Dieu, s'il exprime ce même amour à ceux qui l'environnent; il aime les hommes, s'il tâche de faire du bien à tous, s'il donne gaiement dans son indigence mêine.

« La vie d'un prêtre doit être une instruction continuelle et la preuve de ce qu'il en

seigne. C'est peu pour lui de s'abstenir des actions honteuses; sa langue et ses oreilles doivent être en garde contre ce qui alarme la pudeur; il doit bannir toute raillerie indécente et tout discours libertin, s'interdire le cabaret et les spectacles, et fermer la porte aux danseurs et aux pantomimes. La seule étude qui convienne à son état est la philosophie, non celle des épicuriens et des pyrrhoniens, mais celle qui apprend à connaître Dieu et sa providence. Il peut encore lire l'histoire, mais nullement ces fictions dangereuses qui roulent sur des intrigues

d'amour.

Un homme consacré à Dieu ne peut trop veiller sur ses pensées; il est obligé d'apprendre les divers cantiques, de prier plusieurs fois le jour en public et en particulier, de méditer la sagesse, et de vivre avec une pureté digne du culte divin.

« Les prêtres peuvent paraître dans! places publiques, mais rarement; voir les magistrats, mais pour parler en faveur des malheureux. Qu'ils aient soin surtout d'instruire les peuples sur l'obligation de faire l'aumône. Les prêtres indignes doivent être déposés; mais tant qu'ils sont en place, il faut les respecter, quels qu'ils soient. »

Les protestants, même dans les temps de leur lutte la plus acharnée contre l'Eglise, ont toujours reconnu la légitimité du sacerdoce catholique, témoin les aveux suivants :

JEAN CROCIUS. — « Le véritable sacerdoce demeure en l'Eglise du Pape... Après, il est certain que les ordres sont conservés en l'Eglise romaine; Luther a été ordonné en l'Eglise romaine, pareillement Zwingle, Bucer et les autres. » (Anti Becan, controverse 12, sect. 5.)

AMIRAULT. - « Les moines prêcheurs ne sont pas absolument sans vocation, quand fls sont autorisés du consentement du peuple et de la mission de l'évêque.

Les évêques sont donc les véritables pasteurs des âmes, puisqu'ils peuvent donner mission capable de rendre légitime la vocation de ceux qui prêchent. » De la vocation des pasteurs, p. 343.)

« Ajoutez à cela que nous tenons pour nuls les sacrements qui sont administrés par ceux qui n'ont aucune charge publique en l'Eglise, ét néanmoins nous croyons que le baptême que les prêtres de l'Eglise romaine administrent est bon et valide jusqu'à ce point, qu'il ne se doit pas rejeter, d'où il s'ensuit nécessairement que nous tenons que la vocation d'administrer les sacrements n'est pas absolumet ruinée en cette Eglise. Or, qui a la vocation d'administrer les sacrements a, selon nous, la mission à toutes les autres fonctions du saint ministère. » (De la vocation des pasteurs, p. 271.)

Benjamin CONSTANT. « L'absence du pouvoir sacerdotal 'implique point, dans notre pensée, l'absence de tout sacerdoce. Nous sommes loin de nous opposer à ce que des hommes, plus intimement pénétrés, occupés plus habituellement des vérités que le sentiment religieux révèle, se chargent spécia

lement de répandre ces vérités et de les rendre claires et fécondes. C'est le monopole qui nous paraît un fléau. Nous reconnaissons surtout dans le christianisme, qui ne consiste pas seulement en rites extérieurs, mais qui a sur les religions de l'antiquité cet avantage, qu'il établit entre Dieu et l'homme des rapports de morale aussi bien que de culte, l'utilité d'un ministère d'amour et de paix. Si nous voulions prouver cette utilité par des exemples, nous les prendrions indistinctement, et dans la communion qui est la nôtre, et dans les autres communions chrétiennes. Si nous admirons dans nos pasteurs leur vie si pure, leur zèle si fervent, leur courage 'si calme, nous révérons aussi les vertus des Fénelon et des Vincent de Paule. Nous rendons justice à ceux qui, n'importe dans quelle croyance, se dévouent à la plus belle des causes, à celle qui distingue J'homme de la brute, et qui unit la terre au -ciel. »

SACREMENT. Voy. le titre particulier de chacun des sacrements.

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MONTAIGNE. « Jésus-Christ a laissé à son Eglise ses ordonnances et la forme par laquelle il nous donne le bien-estre, la grace et le salut et d'autant que ce sont choses invisibles, inouïbles et spirituelles comme l'ame, il en a prescript d'aultres exterieures, corporelles, sensibles et visibles, esquelles et par lesquelles nous receussions l'effect de sa gueríson, choses qui ont quelque ressemblance a sa grace, qui est nostre santé, et qui la signifient et représentent en quelque façon ce sont comme des instruments exterieurs et corporels par lesquels il infonde en nous ses faveurs, a ce que cette sienne Jiberalité ne soit totalement occulte, et qu'elle se mette en evidence par ces formes publiques et apparentes, ainsi par un signe ou imaige. Afin que l'homme pust cognoistre quel est ce qu'il reçoit d'invisible en l'ame, Jésus-Christ a ordonné des choses propres a les lui decouvrir et manifester, et a ordonné encore certains moïens et façons de les luy appliquer extérieurement et au corps, afin qu'il jugeast par là, et connust que son rédempteur en œuvre tout autant intérieurement est en son âme.....

Tout ainsy qu'autrefois Dieu proposa à l'homme, garni de son bien-estre, la deffense d'une chose corporelle et visible, pour acquérir son très-bien-estre et comme il fut lors ordonné que l'homme obeissant à cette prohibition qui lui avait esté faicte par Dieu de ne toucher a l'arbre du bien et du mal, acqueroit la consommation et accomplissement de son estre, aussy a cette heure recevant par obedience certaines choses corporelles, qui nous sont ordonnées, nous recouvrons nostre bien-estre et la grâce de notre Sauveur. (Théologie naturelle de RAYMOND DE SEBONDE, profession de foi de Montaigne et traduite par lui, chap. 281.)

« Nous pouvons voir comme la chrestienté et l'Eglise de Jésus-Christ est armée d'armes nvisibles et de médicaments spirituels, si

bien a poinct que rien ne luy manque, et que tout son bien et son thrésor consiste en ces sacrements, et sa vraie occupation et exercice en leur usaige. L'Eglise et la chrestienté contient en soy toute la vertu de Jésus-Christ par le moïen de ses très-sacrés sacrements: ainsy elle est très-pleine et très-abondante en richesses spirituelles; tous les aultres biens qui sont en elles ne sont qu'accidents et accessoires, ce ne sont qu'appuis et ornements des sacrements, ses vrais biens et solides. » (Théologie naturelle, chap. 321).

LEIBNITZ.

« Après avoir terminé aussi brièvement qu'il était possible ce qui concerne le culte général, il faut s'occuper des sacrements, comme d'une partie spéciale et distincte du culte et des rites sacrés institués par le Christ, avec la promesse de la grâce. On n'entend pas parler ici de la promesse faile à ceux qui sont réunis au nom du Seigneur, quand même elle n'aurait pas été faite, elle se comprendrait assez d'elle-même, puisque toute religion demande que Dieu soit honoré dans l'assemblée des hommes. Sous le nom de sacrements, nous entendons quelques institutions spéciales, et quoiqu'il ne faille pas beaucoup disputer des nouis, cependant puisque la dénomination de sacrements a été reçue dans l'Eglise, on doit la considérer non pas selon le caprice des particuliers, mais d'après l'usage général. On appelle donc aujourd'hui dans l'Eglise sacrement un rite auquel Dieu a ajouté une promesse particulière de la grâce. Quelques-uns veulent de plus que ce rite existe expressément ou soit suffisamment exprimé dans l'Ecriture sainte; mais il est constant que l'on peut et que l'on doit suppléer par la tradition de la parole de Dieu, ce qui n'est pas écrit: ils veulent encore qu'il y ait un élément corporel et visible; mais cela ne paraît pas nécessaire. Quelques-uns restreignent la grâce à la justification et à la rémission des péchés, et ne suivent en cela que leurs idées particulières.

« Les rites sacrés, tels que nous les avons définis, sont au nombre de sept: le baptême, la confirmation, l'eucharistie, la pénitenc, l'extrême-onction, l'ordre et le mariage. Dans le baptême, le rite est l'ablution par l'eau au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit; la grâce est la purification de l'âme, le don de la foi et de la pénitence, et par conséque.. la rémission des péchés et la régénératio Dans la confirmation, le rite est l'onction; l'effet de la grâce est indiqué par le not même de confirmation. Dans l'Eucharistie, le rite consiste dans les symboles employés selon le mode qui a été prescrit; la grâce est la nutrition de l'âme ou l'augmentation de la charité. Dans la pénitence, le rite est la confession et l'absolution; la grâce est la rémission des péchés. Dans l'onction des infirmes, le rite est indiqué par sa dénomi nation; la grâce consiste à soutenir les forces durant la maladie, et surtout à fortifier l'âme contre les tentations lorsque la vie est en danger. Dans l'ordre, le rité est l'imposition

des mains, et de plus tout ce qui appartient à l'administration de ce sacrement; la grâce est le pouvoir spirituel couféré à celui qui est ordonné de célébrer le sacrifice perpétuel, de remettre ou de retenir les péchés. Dans le mariage enfin, le rite est là déclaration légitime du consentement; la grâce est la bénédiction divine, à laquelle se joint le lien du mariage, comme effet spirituel.

sat d'avoir l'intention nécessaire, quoiqu'il n'y ait point de sacrement, le souverain prêtre suppléerait son effet, comme le donne très-bien à entendre saint Thomas; saint Augustin, dans son livre du baptême, favorise le même sentiment. L'impiété du ministre n'empêche pas l'existence du sacrement, si les autres conditions essentielles s'y rencontrent.

« Parmi les sacrements, quelques-uns sont « Quelques scolastiques disputent beaunécessaires au salut, tellement que sans eux, coup sur le caractère ou sur le signe indéet sans le vœu exprès ou virtuel de les rece- lébile imprimé dans l'âme de celui qui voir, personne ne peut être sauvé; car celui reçoit les sacrements de baptême, de conqui les méprise comumet, par cela même, un firmation ou d'ordre; mais la chose est péché mortel. Supposons que quelqu'un claire, si l'on réfléchit seulement que celui fasse un acte de contrition, il obtient certai- qui a reçu ce sacrement a reçu en même nement la rémission de ses péchés sans le temps une certaine qualité permanente, qui sacrement, quand même il ne penserait pas ne peut être réitérée d'une manière valide expressément à trouver un prêtre aussitôt et légitime. Ces qualités se trouvent aussi qu'il le pourra, et qu'il n'en ait que le désir dans le droit civil. Personne ne peut acquévirtuel. Car dans l'amour de Dieu se trou- rir ce qui est à lui, et celui qui partage soventvirtuellement renfermées la soumission lidairement le domaine d'une chose ne peut et la volonté de faire ce que Dieu a ordonné en devenir plus maître qu'il n'est. Que s'il et établi; mais si quelqu'un, au moment ne pouvait absolument s'aliéner en tout ou qu'il s'excite à la contrition, pensant à la en partie, c'est parce que quelque loi peutnécessité de la confession, n'avait pas l'in-être s'y opposerait; l'on sait que les devoirs tention de chercher un prêtre dès qu'il le pourrait, il n'a point eu réellement la contrition, et si, après une contrition parfaite il lui arrive de penser à un prêtre, et qu'il n'ait pas l'intention de se rendre près de lui, il tombe dans un nouveau péché mortel, et il a perdu le fruit de sa contrition.

« Le ministre du sacrement est tantôt l'évêque, comme dans les sacrements de l'ordre et de la confirmation; tantôt le prêtre, comme dans le sacrement de l'eucharistie, de la pénitence et de l'extrême-onction; tantôt tout fidèle, comme dans le sacrement du baptême et du mariage, et il faut admettre qu'ils sont établis de droit divin ministres ordinaires, tellement que sans eux l'acte est nul. Quelquefois cependant il parait que le même droit divin permet de ne pas employer le ministre ordinaire, soit par dispense de l'Eglise, soit par nécessité; on peut en effet dispenser de beaucoup de choses qui sont de droit divin positif; ce qui arrive lorsque l'Eglise le permet ainsi, ou dans d'autres eirconstances, tel qu'on le voit dans les empêchements de mariage, dans la communion sous une seule espèce, et dans le divorce et la polygamie, qui étaient permis dans l'Ancien Testament et dans d'autres choses de ce genre. Non-seulement les anciens ont varié, mais le concile de Trente distingue en quelques endroits le ministre ordinaire d'un autre. Le plus sûr est de ne pas s'éloigner facilement du ministre ordinaire.

«On demande dans le ministre l'intention de faire ce que fait l'Eglise; car s'il est constant qu'il n'a fait l'action que par moquerie et en se jouant, il parait qu'il n'y aura pas eu de baptême ou d'absolution. Ainsi, lors même que celui qui baptise ou qui absout serait athée, et ne croirait à aucun des effets du baptême, il peut toutefois avoir la volonté de baptiser, ce qui suffit. Cependant s'il arrivait qu'un mauvais prêtre refu

de la couronne, et dans quelques pays le domaine, sont inaliénables, ce qui nous montre quelque chose de semblable à un caractère qu'on ne peut réitérer validement, et par cela même que l'action réitérée du sacrement est nulle et sans effet. Or, elle devient aussi illégitime ou prohibée, car c'est un sacrilége, ou certainement un crime grave, de donner sciemment un sacrement sans effet. Or, par le baptême, on devient chrétien; par la confirmation, on s'attache à la milice chrétienne par un nouveau serment plus étendu, si l'on peut s'exprimer ainsi; par la réception de l'ordre, on devient ministre de l'Eglise, et ces qualités sont assurément permanentes.

« Il nous reste à expliquer ce qu'il faut penser de l'efficace des sacrements ex opere operato: ce qui est arrivé par rapport au caractère se rencontre encore ici les scolastiques, en introduisant une dénomination inusitée, ont exposé aux arguties et rendu suspecte de nouveauté une chose qui, considérée en elle-même, est manifeste et palpable. En effet, si les sacrements n'avaient d'effet que ex opere operantis, et non ex opere operato, il n'y aurait réellement aucune grace attachée spécialement à ces rites: ce serait simplement des cérémonies, commandées peut-être, et que l'on ne pourrait omettre sans crime; mais sans efficacité en elles-mêmes, parce que tout ce qu'il y aurait de bon pourrait avoir lieu sans elles (à moins d'une prohibition expresse) par la force des promesses générales en faveur de ceux qui ont la foi et la charité. Mais comme, dans le droit civil romain, il n'y avait d'obligation dans un engagement verbal, et d'action pour ce qui avait été stipulé, que lorsqu'on s'était servi d'une certaine formule pour proposer et pour accepter, de sorte que l'on pouvait dire que l'efficace du rite consistait in opere operato

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