Slike stranica
PDF
ePub

les commencements de cette vie ont été vrai ment saints; mais elle donne naissance à un abus. Il avait été sagement mis en principe que la fonction de prier, était une fonction très-importante dans l'Eglise et conséquemment l'Eglise avait trouvé bon qu'il y eût des sociétés de fidèles qui adressassent sans cesse au Seigneur de ferventes prières pour la prospérité commune; mais cet établissement, tout sage qu'il était, pouvait facilement donner lieu à l'abus dont nous parlons. Encore une fois, nous ne prétendons point blåmer tout l'institut monastique, nous ne voulons que réprimer certains esprits, certains membres de cet institut, qui s'élèvent et s'enorgueillissent, comme s'il ne pouvait rien exister de plus parfait. Dans cette vue, nous observons qu'Enoch, dont il est dit dans l'Ecriture qu'il marcha avec le Seigneur, prophétisa, ainsi que témoigne l'apotre saint Jude; et il a enrichi l'Eglise de sa prophétie. Jean-Baptiste que quelques-uns regardent comme le premier auteur de la vie monastique, a rempli différents ministères, puisqu'il a prophétisé et qu'il a baptisé: mais quant à ces personnages qui s'occupent toujours de Dieu et jamais du prochain, que répondraient-ils à cette interrogation? Si vous êtes justes, que donnerezVous donc à Dieu, et que recevra-t il de votre main? Si juste egeris, quid donabis Deo aut quid de manu tua accepiel?

« J'en reviens donc à dire que les œuvres propres à discerner les hypocrites d'avec Ceux qui ne le sont pas, ce sont les œuvres de miséricorde mais il en est tout autrement des hérétiques. Les hypocrites couvrent d'une apparence de sainteté à l'égard de Dieu, leurs torts à l'égard des hommes; les hérétiques, au contraire, à la faveur dé quelques devoirs moraux qu'ils remplissent à l'égard des hommes, couvrent et insinuent leurs blasphèmes contre Dieu. » (Meditationes sacræ, t. II, p. 400.)

MISSION, a en theologie, et en parlant des trois personnes de la sainte Trinité, signifie la procession, ou la destination d'une personne par une autre pour quelque effet temporel.

Cette mission suppose nécessairement deux rapports, l'un à la personne qui envoie une autre, et le second à la chose que doit opérer la personne envoyée. Le premier de cis rapports marque l'origine; le second tombe sur l'effet particulier pour lequel la personne est envoyée.

Ainsi la mission dans les personnes divines est éternelle quant à l'origine, et temLorelle quant à l'effet. Par exemple, JésusChrist avait été destiné de toute éternité à être envoyé pour racheter le genre humain; mais cette mission, l'exécution de ce décret n'a eu lieu que dans le temps, comme le dit saint Paul (Galat. Iv, 4) : At ubi venit plenitudo temporis, misit Deus Filium suum, etc., et ce que saint Jean dit du Saint-Esprit : Nondum erat Spiritus datus, quia Jesus nondum erat glorificatus.

La mission, dans les personnes divines

est quelque chose de rationel propre à certaines personnes, et qui n'est pas commune à toute la Trinité. Car, si on la prend activement, elle est propre à la personne qui envoie; si on la prend passivement, elle est propre à la personne qui est envoyée.

« Les personnes ne sont envoyées que par celles dont elles procèdent; car envoyer suppose quelque autorité improprement dite quant aux personnes divines; or il n'y a point entre elles d'autre autorité que celle qui est fondée sur l'origine par laquelle une personne est le principe d'une autre. Ainsi comme le Père est sans principe, il n'est point envoyé; mais comme il est le principe du Fils, il envoie le Fils; et le Père et le Fils, en tant que principe du Saint-Esprit : mais le Saint-Esprit n'étant point le principe d'une autre personne, ne donne point de mission; ou, pour parler le langage des théologiens: Pater mittit et non millitur. Filius mittitur et mittit. Spiritus sanctus mittitur et non mittit. Car ce que l'on dit dans Isaïe, Spiritus Domini misit me, eo quod ad annuntiandum misit me, ne doit s'entendre que de Jésus-Christ en tant qu'homme et non en tant que personne divine, puisqu'à ce dernier égard, il ne procède en aucune manière du Saint-Esprit.

« Les théologiens distinguent deux espèces de mission passive dans les personnes divines, l'une visible, telle qu'a été celle de Jésus-Christ dans l'Incarnation, et celle du Saint-Esprit lorsqu'il descendit sur les apôtres en forme de langues de feu; et l'autre invisible, comme quand il est dit de la sagesse, Mitte illam de cælis sanctis, et du SaintEsprit dans l'Epître aux Galates, Misit Deus spiritum Filii sui in corda vestra....

« Mission en théologie, signifie le pouvoir ou la commission donnée à quelqu'un de prêcher l'Evangile.

« Jésus-Christ donna mission à ses disciples en ces termes: Allez et enseignez loutes les nations.

« On reproche aux protestants que leur ministres n'ont pas de mission, n'étant autorisés dans l'exercice de leur ministère, ni par une succession continue depuis les apôtres, ni par des miracles, ni par aucune preuve extraordinaire de vocation....

« Mission se dit aussi des établissements et des exercices de gens zélés pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, qui vont prêcher l'Evangile dans des pays éloignés et parmi des infidèles.

«li y a des missions aux Indes orientales et occidentales. Les Dominicains, les Franciscains et les religieux de Saint Augustin en ont au Levant, dans l'Amérique et ailleurs.

« Les Jésuites avaient aussi des missions dans la Chine et dans toutes les autres parties de la terre où ils avaient pu pénétrer.

« Mission est aussi .e nom d'une congrégation de plusieurs prêtres séculiers, instituée par saint Vincent de Paul, approuvée et confirmée par le Pape Urbain VIII en 1626..

sous le titre de Prêtres de la congrégation de la mission. Ils s'appliquent à l'instruction du menu peuple de la campagne; et à cet effet, les prêtres qui la composent, s'obligent à ne prêcher, ni administrer les sacrements dans aucune des villes où il y a siége episcopal ou présidial. Ils sont établis dans la plupart des provinces du royaume, et ont des maisons en Italie, en Allemagne et en Pologne. Ils ont à Paris un séminaire qu'on nomme de Saint-Firmin ou des Bons-Enfants, et sont chargés dans plusieurs diocèses de la direction des séminaires. On les appelle aussi Lazaristes ou Prêtres de Saint-Lazare. »> (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XXI, p. 943 à 944, article Mission.)

MISSIONNAIRES (Théol.) — « Ecclésiastique séculier ou régulier envoyé par le Pape ou par les évêques, pour travailler soit à l'instruction des orthodoxes, soit à la conviction des hérétiques, ou à la réunion des schismatiques, soit à la conversion des infidèles.

«y a plusieurs ordres religieux employés aux missions dans le Levant, les Indes, l'Amérique, entre autres les Carmes, les Capucins, et à Paris un séminaire d'ecclésiastiques pour les missions étrangères. On donne aussi le nom de missionnaires aux prêtres de Saint-Lazare.» (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XXI, p. 944 article Missionnaires.)

BARROW. Les martyrs du Japon sont aussi glorifiés par un protestant anglais Barrow, dans son histoire des Découvertes des Européens dans les Indes.

« Les Portugais qui avaient découvert le Japon en 1543, y avaient formé des établissements considérables. La religion chrétienne y faisait le plus grand progrès, et près du tiers de l'empire était soumis à la foi catholique, mais Taïco, craignant que ces étrangers ne se rendissent enfin maîtres de tout le pays, résolut de chasser tous les chrétiens du Japon. Il découvrit, ou feignit d'avoir découvert une conspiration contre l'Etat, et excité par les prêtres des idoles, qui voyaient de jour en jour diminuer leur crédit, il forma le projet de les écarter tous de son empire. La mort l'arrêta dans l'exécution; il fut mis au nombre des dieux, et ses successeurs suivirent les mêmes vues. On donna ordre aux Portugais, au clergé catholique et aux Japonais qui avaient contracté des mariages avec eux, de sortir de l'empire, sous peine d'être crucifiés, et à tous les autres qui avaient embrassé la foi chrétienne, d'y renoncer dans un temps limité, sous peine du même supplice. Les ténèbres étaient dissipées, et la raison, perfectionnée, par les lumières de l'Evangile, ne laissait plus d'entrée aux absurdités de l'idolâtrie la persécution devint furieuse, et faute d'autres arguments pour convaincre les nouveaux convertis, on employa les épées, les haches, les croix et les flammes. Animés par l'exemple des missionnaires, ils scellèrent leur foi par l'effusion de leur sang, et donnèrent des preuves si éclatantes de courage et de constance, que leurs bar

bares ennemis ne purent leur refuser leur admiration. Cette cruelle persécution, plus longue qu'aucune autre dont l'histoire. fasse mention, dura près de quarante ans. » Encyclopédie nouvelle. « Si dans les premiers temps de la découverte de l'Amérique, la destruction des habitants de cette contrée ne fut pas complète, il faut moins l'attribuer à la pitié ou à la lassitude des bourreaux qu'aux généreux efforts des religieux qui passèrent sur les lieux dès le second voyage de Colomb, en 1493... Pendant tout le xvi siècle et même une partie du XVII", l'esprit religieux enfanta de sublimes dévouements en Amérique, et le sang de nombreux martyrs arrosa ses forêts et ses déserts. Aujourd'hui encore... les Indiens sont plus heureux sous l'administration des missionnaires actuels que sous celle de l'autorité civile. » (Encyclopédie nouvelle, t. I, p. 439, art. Amérique, par T. Lacordaire.)

Le Siècle (journal).« Il faut que nous le disions ici, parce que c'est la vérité, la plupart des Français qui ont parcouru, soit les montagnes du Liban, soit les autres provinces de l'empire ture, nous ont assuré que l'influence de quelques pauvres missionnaires qui y sont dispersés, nous avait fait des amis plus nombreux et plus dévoués au sein des populations chrétiennes que tous les agents que nous entretenons à grands frais. >>

MISSIONNAIRE8 (Histoire ecclés.). — « Les missionnaires de M. Grignon de Monfort sont des prêtres séculiers, n'importe de quel diocèse, qui vivent ensemble sans pourtant avoir aucuns fonds que le secours de la Providence, qui à la demande des curés et sous l'approbation de MM. les évêques, vont faire des missions dans les paroisses; ils ont été établis par le sieur Grignon de Montfort, missionnaire apostolique, décédé à SaintLaurent-sur-Sayvre, en bas-Poitou, en 1716. Ce digne missionnaire s'était consacré à l'instruction des peuples, surtout de la campagne, où il allait leur faire des missions; il s'associa plusieurs autres prêtres qui travaillaient avec lui; ces prêtres forment une espèce de petite communauté, dont M. de Montfort a été le patriarche et le premier supérieur; après sa mort, et celle du supérieur en exercice, un d'eux nommé à la pluralité des voix, est élu supérieur, et à vie. Leur résidence particulière, hors le temps des missions, est à Saint-Laurent-sur-Sayvre, en bas-Poitou; ils sont habillés comme les prêtres ordinaires, si ce n'est qu'ils n'ont point de parements aux manches de leurs soutanes, ne portent point de calottes sur leurs têtes, et leurs rabats sont sans apprêt. Le supérieur de ces missionnaires, l'est aussi des filles de la Sagesse, instituées par ledit sieur de Montfort. »> (Encyclopédie de DIDEROT et de D'ALEMBERT, t. XXI, p. 144 et 145, article Missionnaire.)

MISSIONS. Ecoutons d'abord les aveux des protestants eux-mêmes sur la différence si capitale qui existe entre les missions catholiques et les missions protestantes :

-Les protestants attribuent à l'Ecriture une trop grande puissance; ils s'imaginent qu'elle pénètre dans les cœurs comme la jarole parlée; aussi croient-ils tout faire. jour le christianisme, en répandant la Bible Seule dans les contrées les plus diverses. Sur ce point, nous sommes bien en arrière des catholiques. L'Eglise catholique a envoyé des prêtres qui, comme les apôtres du Christ, annoncent à haute voix aux païens la parole de Dieu. (DEMERKUNGEN, Eine Protestantens in Preussen, etc.; 1834, p. 32.)

- Dans leur pieux enthousiasme, ces fideles serviteurs de Rome se risquèrent dans les forêts inhospitalières de la vieille Allemagne, s'aventurèrent dans la Grande-Bretagne et pénétrèrent jusqu'aux froides régions du Nord habitées par les Goths. » (D. G. FON EKENDAHL, Gerchichte des Schewedischen Volks und Reichs, t. 1", 1827, p. 342.) - Ils ont parcouru des zônes étrangères, portant dans leurs mains la croix et l'Evangile et annonçant partout la paix du Seigneur et ses promesses divines; nous les avons vus au milieu des peuplades sauvages, pentrer témérairement dans les cabanes d'anthropophages, pour dompter les plus indomptables, et les conquérir au royaume des cieux. Bravant la misère, la faim, le froid, is errent à travers des contrées inhospitaHères pour faire des Chrétiens, ils se frayent aver la hache un chemin dans les forêts les plus impénétrables pour proclamer sur toute la terre la parole de paix. Beaucoup d'entre eur succombent dans le chemin ; d'autres sont déchirés par des animaux féroces. Mais d'autres aussi triomphent, domptent et ramènent à Dieu des milliers de barbares et passent éloignés de leur patrie terrestre dans la patrie du ciel, sans être pleurés par leurs disciples sans nombre. Des peuples tout entiers de chrétiens ont été formés ainsi, par la seule parole des missionnaires. Nous, Dous avons des sociétés bibliques, et nous envoyons des Bibles en immense quantité dans toutes les parties du monde, afin de répandre le christianisme. Cette mission de livres est sans doute bien plus commode que la mission des prêtres, mais aussi quel en est le sucrés?

Je n'ai point encore entendu parler d'un peuple converti par la Bible; mais il est notoire que des peuples incivilisés ont accepté nos bibles avec beaucoup d'empressement, pour les envoyer immédiatement après dans les pays voisins, où on leur donne en échange des couteaux de poches et de l'eau-de-vie.» (BEMERKUNGEN, Eines Protestantens in Preussen, etc.; 1824, p. 32.)

-Les bibles protestantes traduites en chinois par Morisson, et envoyées en Chine, y furent publiquement vendues à l'enchère, et en grande partie achetées par les cordonniers, qui s'en servirent pour doubler leurs pantouffles.» (Nouveau journal asiatique, 1838, t. III, p. 40.)

N'est-ce pas là la preuve la plus éclatante que la lettre, alors même qu'elle est

l'image fidèle de la parole divine, est toujours morte, à moins d'être animée, vivifiée par la parole du missionnaire? En vérité, pour ma part, je ne tiens pas beaucoup aux sociétés bibliques, et je leur préférerais, quand il s'agit de la propagation du christianisme, les sociétés bibliques vivantes des Jésuites. Nous avons, il est vrai aussi, nos établissements de missions; mais le protestantisme, quand il veut convaincre de la vérité de ses doctrines, est bien moins propre à conquérir au christianisme les peuples sauvages et incivilisés que le catholique qui leur présente les miracles des sacrements, s'adresse à leur imagination, et en établissant une souveraineté sacerdotale visible, rend ces conquêtes spirituelles plus stables. De cette manière aussi, le catholicisme correspond mieux aux besoins de l'homme à l'état naturel, c'est-à-dire à l'obéissance «< (Bemerkungen, Eines Proteslantens in Preussen, etc.)

« Nous devons savoir gré à l'Eglise. catholique d'avoir créé des établissements si multipliés pour la propagation du christianisme. C'est elle aussi qui fonda avec bonheur beaucoup de colonies. » (PLARRET WILH BUSCH, Hurzgefasste Geschichte christl. Kirche; 2 édition.)

« Un missionnaire protestant, Widemann, demandait en 1736 à un paysan s'il était chrétien. « Comment chrétien? répondit le paysan, pas chrétien, mais luthérien.

Qu'est-ce qu'un luthérien ? demanda ensuite Widemann. -- Je ne le sais pas, dit le paysan. Et qu'est-ce donc qu'un chrétien reprit Widemann. Je ne sais pas non plus. » fut la réponse du paysan. » (Homilet. liturg. corespondenzblatt, n. 32.)

-« A l'île de Ceylan, la religion catholique avait d'abord été répandue par saint François Xavier; elle est tombée ensuite sous le pouvoir des Hollandais; les habitants. furent forcés de se convertir au calvinisme. Néanmoins c'est une chose connue de tout le monde que, dans les dernières années (depuis la liberté religieuse accordée sous le règne britannique), plus de cinquante mille protestants ont passé à l'Eglise catholique.» (British Critic. Jan. 1828, p. 215.)

«En considérant attentivement l'Eglise catholique, on est forcé de convenir que tout en ne perdant pas de vue son but principal, qui est de maintenir dans toute sa pureté la foi de ses membres, elle exerce une grande influence sur la civilisation de l'Asie, et qu'elle contribue à chasser les ténèbres du paganisme.» (BUCHANAN, Mémoires, etc., p. 12, 13.)

-

«En examinant les divers établisse-ments de l'île de Ceylan et l'influence qu'ils.. ont eue sur les mœurs des habitants, j'ai souvent remarqué avec plaisir le zèle pieux des ecclésiastiques catholiques et la conduite véritablement exemplaire des membres de leur Eglise. On s'aperçoit aussi dans les provinces de l'effet qu'y produisirent leurs efforts : car il résulta de l'enquête faite en 1806, par le tribunal suprême, que pas un individu

de la religion catholique ne s est rendu coupable du moindre délit pendant toute la durée de cette longue enquête. » (RITTER ALEX. JOHNSTON, Juge suprême du gouvernement brit. à l'ile de Ceylan; Discours du 12 février 1809.)

« Aux fles Philippines, il y a beaucoup d'indigènes qui ont adopté la religion catholique, on y compte quatre mille deux cents paroisses. Le clergé y jouit de l'estime de toutes les classes de la société, car il a rendu de plus grands services que le gouvernement à la civilisation du pays.» (HORSCHEL MANN.)

« Les divers ordres religieux travaillent avec persévérance à répandre les bienfaits de la foi catholique parmi les païens et les sauvages de ces iles, dont la population est évaluée à trois millions d'ânie. Aussi tout porte à croire que leurs efforts y sont et seront encore plus couronnés de succès. S'il faut ajouter foi aux récits de ces missionnaires zélés et probes, le ciel aurait fait des miracles en leur faveur. » (Docteur PRITCHARD, Researches into the Physical history of mankind; 2° édition; Loudon, 1826, vol. I, p. 455.)

-«Il y a de quoi s'étonner de la manière dont l'ordre des Jésuites s'est pris pour pénétrer chez la nation des Araucanos, implacables ennemis des Espagnols; une vie sainte, une conduite exemplaire, jointes à des connaissances en médecine, à des manières affables et amicales, peuvent seules expliquer des succès refusés à tous les autres Européens.» (Alex. CALDELEUGH, Reisen in Süd-America Wahrend der Jahre, 1820 et 1821; W. imar, 1826.)

- L'esprit de secte porte les missionnaires protestants, qui sont envoyés chez les peuples idolâtres, à détruire au lieu de fonder; car l'un les fait baptistes, l'autre inéthodistes, le troisième hernutes, le quatrième quakers, le cinquième calvinistes, le sixième luthériens, le septième leur fait apprendre par cœur les 39 articles de l'Eglise anglicane. » (AUSSERUNG, Eines schewerstændigen Mannes gegen niemeyer, t. I, p. 402.)

[ocr errors]

« Ainsi nous trouvons dans chaque petit état une autre image de l'Eglise, une autre constitution, un service bien différent; et la caricature de l'Eglise qui doit être une, comme notre Seigneur est un avec son Père, se présente vivante et palpable à nos regards.» (Die christiche idee der Kirch, t. 1, p. 58.)

Recueillons maintenant les témoignages des protestants sur le caractère si admirable et si sublime, sur les effets si prodigieux des missions catholiques en Asie, au Japon, à la Chine, dans l'Océanie, en Afrique et en Amérique comme en Europe:

SCHROCKH. «Les ouvriers que saint François Xavier avait distribués dans l'Inde et Je Japon, continuèrent à cultiver avec succès le sol préparé par ses so.ns. Souvent, il est vrai, ils furent troublés d'une manière cruelle dans leurs saintes fonctions.

Mais ces troubles heureusement, ne furent jamais de longue durée. Les Jésuites qui étaient restés au Japon, et qui de temps à autre recevaient des renforts de l'Europe, ayant appris la langue, continuèrent avec tant de succès l'œuvre du grand apôtre, qu'ils admirent même dans leur ordre des indigènes. Des écoles et des églises furent fondées dans la capitale de Macao. A la grande joie du Pape Grégoire XIII, on vit arriver, en 1585, à Rome, une députation de trois ambassadeurs Japonais, qui venaient pour exprimer au Pape les sentiments de respect et d'obéissance de leurs maîtres. Ces ambassadeurs n'étaient pas de retour dans leur patrie, lorsqu'une cruelle persécution y effraya les chrétiens, en 1587. « Déjà, écrit le

jésuite Poussin, on avait l'espérance de << voir bientôt l'empire se convertir au «< christianisme. Il y avait plus de deux « cents mille chrétiens, et parmi eux, des << rois, des nobles et des généraux. Mais les « désordres d'Européens venus au Japon « commencèrent à donner au roi une mau«vaise idée de leur religion. » Ajoutons que beaucoup de femmes chrétiennes n'avaient pas voulu s'abandonner aux désirs d'un roi voluptueux. Le Japon contenait deux cent cinquante églises chrétiennes; on en brûla soixante-dix, puis vinrent les persécutions. Le célèbre médecin allemand Kaempfer qui, cent ans plus tard, tit le voyage au Japon, assure que dans la seule année 1590, on y mit à mort plus de vingt mille chrétiens, mais que, néanmoins, l'année suivante compta pius de douze mille conversions. >>

« En Afrique, des prêtres catholiques tentèrent au xvi siècle de ramener dans le giron de l'Eglise les chrétiens schismatiques. Il y en avait dans l'Abyssinie. C'est au prétre portugais François Alvarez, qui y arriva en 1520, que nous devons les premières notions précises de cet empire, connu parmi les anciens sous le nom d'Ethiopie. Ces notions se trouvent dans le récit de ses voyages, publié en 1540. Alvarez arriva à Rome en 1533, porteur de lettres de David, empereur d'Abyssinie. Ce prince fit nommer patriarche l'espagnol Verdumez. C'est Alvarez lui-même qui, dans les derniers moments de sa vie, sacra son successeur. Verdumez n'accepta la dignité d'évêque que sous la condition que sa nomination serait confirmée par le Pape. C'est ce qui arriva effectivement quand Verdumez se présenta devant sa Sainteté. Paul III lui conféra le patriarcat d'Alexandrie et l'évêché d'Abyssinie. En 1594, il arriva à Rome une ambassade de Gabriel, patriarche copte d'Alexandrie. Elle apportait une lettre du patriarche à Clément Vill, pleine de termes de respect et de soumission. Il y était question de plusieurs ambassadeurs du siége apostoJique qui avaient été envoyés aux prédécesseurs du patriarche. Cette lettre exprimait formellement l'adhésion du patriarche à la foi de l'Eglise romaine.

༥ Outre les missions célèbres dans

l'Inde, au Japon et en Chine, les prêtres catholiques en établirent aussi dans l'Asie, par exemple, dans les iles Philippines. Deux autres missions, fondées dans le sud de l'Amérique, méritent notre attention. En 1549, sit jésuites, avant à leur tête Emmanuel Robrega, s'embarquèrent our le Brésil. Ils furent à lutter contre de grands obstacles dans leur pieuse entreprise : iis avaient affire à une nation barbare, anthropophage, qui transportait ses cabanes d'un endroit à l'autre, et parlait une langue qui leur était entièrement inconnue. Ne pouvant rien ga gner sur les adultes, ils surent, à force de zele, obtenir qu'on leur donnât l'éducation des enfants. Ces enfants contribuèrent, dans la suite, puissamment à l'œuvre de l'Evangile. Nos missionnaires surent aussi déterminer un grand nombre d'indigènes à re noncer à leur vie nomade, vagabonde, à se fixer dans le pays et à adoucir leurs mœurs feroces.

« Ea 1551, l'œuvre évangélique était assez avancée pour qu'on fondat un évêché à SanSalvador, la tribu catholique grandit bientôt à vue d'œil. La conversion des Brésiliens

n'était pas facile, malgré les miracles qui seraient venus, d'après ce qu'on a dit, au secours des Jésuites. » (SCHROCKI.)

HENKE. — « En Chine, le jésuite Matthieu Ricci répandit rapidement la foi catholique, grâce à son savoir et à sa prudence. C'était un homme habile, modeste, et doué d'une gran de perspicacité. Il avait appris les mathé matiques sous le célèbre jésuite Clavius, à Rome; et comme cette science est fort en estime chez les Chinois, il lui fut facile de s'ouvrir un accès auprès des grands de l'empire. Il ne suivit pas la marche ordinaire des Lissionnaires; il passa sept années entières parmi les bonzes, et apprit d'eux la langue nationale, puis il prit le costume de savant chinois. Il avait composé divers traités sur la doctrine catholique. Bientôt il reçut des visites fréquentes des hommes les plus distingués du pays; ses leçons plurent, et, scCondé par les efforts de ses compagnons, il fonda une tribu chrétienne. Après vingt ans de peines et de travaux, il parvint à être introduit auprès de l'empereur lui-même. A partir de cette époque, les conversions devinrent plus fréquentes. Par tout l'empire on éditia des églises en grand nombre. L'an des mandarins les plus distingués, Siu et sa petite fille Candida, se firent remarquer entre tous les nouveaux convertis, par leur zele à répandre, dans leur patrie, la croyance qu'ils avaient embrassée. Candida convertit son époux, fit båtir trente églises dans la province où elle vivait, et traduire en chinois plus de cent trente écrits religieux, ainsi que des commentaires sur la Bible et la Somme de saint Thomas. Toutes ces tra ductions furent imprimées à ses frais. Grâce à ses soins, une foule d'enfants qui, d'après les coutumes chinoises, auraient été exposés par leurs parents indigents, furent sauvés et élevés convenablement. Après la mort de

Ricci, elle maintint la mission dāns un état de prospérité admirable.

MENZEL. — « Par leurs apôtres et leurs martyrs, les Jésuites conquirent, à l'Eglise catholique, au delà des mers, plus de partisans qu'elle n'en avait perdu en deçà. » (MENZEL, I C., t. IV, p. 61.)

CALDELEUGH. & Ici (dans le collège des — « İci Jésuites, à Cordoue), je rappelais à ma mémoire tous les événements des temps passés, je pensais aux missionnaires heureux qui avaient traversé le seuil de cette porte, je pensais à cette puissance surnaturelle qui avait pu ramener å la raison tant de nations sauvages, leur communiquer la lumière de l'Evangile et leur faire connaître les douceurs de la vie domestique, qui leur étaient étrangères jusqu'alors. Dans une petite chambre, au fond de l'édifice, se trouvait l'unique presse qui ait existé dans cette partie du monde. Après l'expulsion des Jésuites, elle y resta oubliée pendant bien des la révolution; c'est à cette époque qu'on années encore, jusqu'au commencement de s'en empara à Buenos-Ayres, et qu'on la fit servir à imprimer des décrets de proscripduquel on communiquait au monde civilisé tion. Naguère c'était l'instrument à l'aide

la langue des sauvages, et d'autres connaissances utiles qu'on avait acquises au prix de bien des sacritices, et souvent même au péril de la vie. »CALDELECGH, (Reisen in SiidAmerica Warend der Jahre, 1820, 1821; Wemar, 1826.

Léopold RANKE. « Tout en considérant ces brillants progrès du catholicisme en Europe, dirigeons aussi nos regards vers ces contrées plus éloignées, au milieu desquelles il avait du pénétrer et s'étendre par la force des mêmes impulsions. La première pensée qui amena les découvertes et les conquêtes des Espagnols et des Portugais renfermait un élément religieux; il les suivit et les anima toujours dans leurs expéditons, et se manifesta avec une irrésistible énergie à l'orient et à l'occident des royaumes conquis. Au commencement du XVII siècle, le majestueux édifice de l'Eglise catholique se trouvait complétement élevé dans l'Amérique méridionale. Il y avait cinq archevêchés, vingt-sept évêchés, quatre cents couvents, et des paroisses innombrables. Des cathédrales magnifiques furent construites; la plus belle peut-être était à Los Angeles. Les Jésuites enseignaient la grammaire et les arts libéraux; un séminaire avait été ajouté à leur collége de SanIldefonso, à Mexico. Toutes les parties de la théologie étaient enseignées dans les universités de Mexico et de Lima. Les Américains d'origine européenne se distingualent par une sagacité particulière; ils regrettaient seulement de se voir trop éloignés de la faveur royale pour pouvoir être récompensés selon leur mérité. Les ordres mendiants commencèrent à propager avec succès le christianisme sur le continent de l'Amérique méridionale. La conquête s'était transformée cn mission, la mission était devenue civili

« PrethodnaNastavi »