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bête farouche, il recouvra la raison, et le premier usage qu'il en fit fut de bénir et de glorifier le Très-Haut, qu'il avait si longtemps méconnu. I reprit sa première dignité et continua de régner avec le même éclat qu'auparavant. Alors il publia, dans toute l'étendue de sa domination, les merveilles étonnantes que Dieu venait de faire en sa personne, et il en termina le récit par ces paroles: Maintenant donc je loue le roi du ciel, et je publie hautement sa grandeur et sa gloire, parce que toutes ses œuvres sunt selon la vérité, que ses voies sont pleines de justice, et qu'il peut, quand il lui plaît, humilier les superbes. Ce prince mourut sur la fin de la même année, après avoir régné quarantetrois ans depuis la mort de son père Nabopolassar, qui l'avait associé à l'empire deux ans auparavant. Il y a plusieurs sentiments sur la métamorphose de Nabuchodonosor, dont le plus suivi est que ce prince s'imaginant fortement être devenu bête, broutait l'herbe, semblait frapper des cornes, laissait croitre ses cheveux et ses ongles, et imitait à l'extérieur toutes les actions d'une bete. Ce changement, qui probablement n'avait lieu que dans son cerveau altéré ou dans son imagination échauffée, était un efet de la lycanthropie, maladie dans laquelle l'homme se persuade qu'il est changé en loup, en chien ou en autre animal. » Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT tome XXII, art. Nabuchodonosor, pages 138, 139, 140, 141.)

Palestine, peu éloignée de Capharnaum, et où Jésus-Christ ressuscita le fils d'une veuve, dans le temps qu'on le portait en terre. Luc. chap. vu, v. 11. Naïm était entre Endor et Thæbor, à 12 stades de ce dernier endroit. » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, tom. XXII, pag. 148 et 149, art. Naim, par le chevalier de Jaucourt.)

NATHAN, qui donne (Histoire sacrée). « 1° Fils de David, qui fut père de Nathasta. 2 Le prophète qui parut dans Israël du temps de David, qui déclara à ce prince qu'il ne bâtirait point de temple au Seigneur, et que cet honneur était réservé à son fils Salomon. Ce même prophète reçut ordre de Dieu d'aller trouver David, après le meurtre d'Urie, pour lui reprocher son crime et l'adultère qui y avait donné lieu. Nathan lui rappela son crime sous une image empruntée, en racontant à ce prince l'histoire feinte d'un homme riche qui, ayant plusieurs brebis, avait enlevé de force celle d'un homme pauvre qui n'en avait qu'une. David ayant entendu le récit de Nathan, lui répondit: L'homme qui a fait cette action est digne de mort; il rendra la brebis ́au quadruple. C'est vousmême qui êtes cet homme, répliqua Nathan ; vous avez ravi la femme d'Urie Héthéen, vous l'avez prise pour vous, et vous l'avez luiméme fait périr par l'épée des enfants d'Ammon. Le prophète ajouta ensuite le récit des maux que Dieu allait faire fondre sur la maison de David en punition de son crime;

NADAB (Histoire sacrée). — « Fils de Jé-il lui dit qu'il prendrait ses femmes à ses roboam, premier roi d'Israël, qui ayant succédé à son père au royaume des dix tribus, ne régna que deux ans, et fut assassiné pendant qu'il était occupé au siége de Gebbethon, par Baasa, fils d'Ahia, de la tribu d'Issachar, qui usurpa le royaume. Nadab ne fut pas meilleur que son père, il imita ses impiétés et ses crimes, aussi fat-il le dernier de sa famille qui occupa le trône, comme l'avait prédit le prophète Abdias; Baasa extermina toute la race de Jéroboam et jeta leurs corps à la voirie. Il y a eu un troisième Nadab, fils de Siméi.» Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, tome XXII, page 142, article Nadab.)

NAHUM (Histoire ecclésiastique). — « Le septième des petits prophètes dans l'ordre des livres saints. Il paraît avoir prophétisé sous Ezéchias, lorsque Sennacherib portait dans la Judée la désolation et l'effroi. Ses prédications, dirigées uniquement contre les Assyriens, auxquels il dénonce une enlière destruction, semées, selon le goût oriental, de figures et d'emblèmes, servaient à consoler les Juifs des maux qu'ils souffraient par la vue de ceux qui devaient fondre sur leurs ennemis. Elles furent accomplies dans le temps où Cyaxare et Nabucadnetzar, réunissant leurs forces, firent tomber la superbe Ninive, et égalèrent enfin les vainqueurs aux vaincus. » (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, t. XXII, pige 148, art. Nahum.).

NAIM (Geographic sacrée). — « Ville de la « Ville de la

yeux, qu'il les donnerait à un autre qui, dormirait avec elles aux yeux du soleil et de tout Israël; c'est ce qu'exécuta Absalon, fils de David, l'instrument dont Dieu se servit pour punir les péchés du père. Nathan contribua beaucoup à rendre inutile la brigue d'Adonias, qui voulait se faire déclarer roi, et à faire sacrer Salomon. L'Ecriture ne nous apprend ni le temps, ni la manière dont il mourut. On croit qu'il a eu part à l'histoire des deux premiers livres des Rois, avec Gad et Samuel. On prétend même qu'il avait écrit l'histoire particulière de David et de Salomon. Il y a eu quelques autres personnes de ce nom moins considérables.

« Ce prophète offre aux ministres du Seigneur un modèle admirable de la manière dont ils doivent dire la vérité aux grands: c'est de la leur présenter avec une sainte liberté, laquelle n'exclut point les sages ménagements qui, sans l'affaiblir, lui ôtent ce qu'elle aurait de dur pour des oreilles peu accoutumées à l'entendre. Nathan, pour ménager la délicatesse du roi, évite de lui représenter directement sa faute, il emprunte une image qui force David de prononcer lui-même son arrêt ; mais à peine David s'est-il condamné, que le prophète reprenant le ton et le langage d'un ministre du Seigneur, lui découvre l'énormité de ses crimes, et lui annonce les châtiments que la justice divine lui prépare. » (Encyclopédie de DIDEROT el D'ALEMBERT, t. XXII, p. 220, article Nathan.)

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pourquoi l'on trouve dans les fastes des anciens natalis solis pour la fête du soleil.

NATHINEENS (Théologie). « Ce mot vient de l'hébreu nathan, qui signifie donner. Les nathinéens, ou néthinéens étaient des serviteurs qui avaient été donnés et voués au service du tabernacle et du temple chez les Juifs, pour les emplois les plus pénibles et les plus bas, comme de porter le bois et l'eau.

« On donna d'abord les Gabaonites pour remplir ces fonctions (Josue 1x, 27). Dans la suite, on assujettit aux mêmes charges ceux des Chananéens qui se rendirent, et auxquels on accorda la vie. On lit dans Esdras (vi, 20) que les nathinéens étaient les esclaves voués par David et par les princes, pour le ministère du temple, et ailleurs, qu'ils étaient des esclaves donnés par Salomon. En effet, on voit dans les livres des Rois, que ce prince avait assujetti les restes des Chananéens, et les avait contraints à diverses fonctions de serviteurs, et il y a toute apparence qu'il en donna un nombre aux prêtres et aux lévites pour leur servir dans le temple. Les nathinéens furent emmenés en captivité avec la tribu de Juda, et il y en avait un grand nombre vers les portes Caspiennes, d'où Esdras en ramena quelques-uns au retour de la captivité; ils demeurèrent dans les villes qui leur furent assignées; il y en eut aussi dans Jérusalem qui occupèrent le quartier d'Ophel. Le nombre de ceux qui revinrent avec Esdras et Nébémie ne se montant à guère plus de 600, et ne suffisant pas pour remplir les charges qui leur étaient imposées, on institua dans la suite une fête nommée Xylophorie, dans laquelle le peuple portait en solennité du bois au temple, pour l'entretien du feu de l'autel des holocaustes.» (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, tome XXII, page 220 et 221, article Nathinéens.)

NATIVITÉ (Theol.), nativitas, natalis dies, natalitium. - « Expressions qui sont principalement d'usage en style de calendrier ecclésiastique, et quand on parle des saints, comme la nativité de la sainte Vierge, la Nativité de saint Jean-Baptiste, etc. Quand on dit simplement la Nativité, on entend le jour de la naissance de Notre-Seigneur, ou la fête de Noël.

« On eroit communément que c'est le Pape Thélesphore qui a ordonné que la fête de la Nativité se célébrerait le 23 décembre. Jean, archevêque de Nice, dans une lettre sur la Nativité de Jésus-Christ, rapporte qu'à la prière de saint Cyrille de Jérusalem, le Pape Jules I tit faire des recherches trèsexactes sur le jour de la Nativité de NotreSeigneur, et qu'ayant trouvé qu'elle était arrivée le 25 décembre, on commença dès lors à célébrer cette fête ce jour-là.

Les mots natalis dies, natalitium, étaient autrefois usités parmi les Romains, pour signifier la fête que l'on célébrait le jour de l'anniversaire de la naissance d'un empereur; depuis ce temps, on les a étendus peu à peu à signifier toutes sortes de fêtes; c'est

« Quelques au'eurs pensent que les premiers Chrétiens, trouvant ces expressions consacrées par l'usage pour signifier une fête, les employèrent aussi dans le même temps, et que c'est pour cela qu'on trouve dans les anciens martyrologes, natalis calicis, pour dire le jeudi saint, ou la fête de l'institution de l'Eucharistie, natalis cathedræ, pour la fête de la Chaire de saint Pierre; natalis ou natalitium ecclesiæ N. pour la fête de la dédicace de telle ou telle église. Mais outre qu'on n'a pas des preuves bien certaines de cette opinion, il est probable que comme la naissance, natalitium, se prend communément pour le commencement de la vie de l'homme, les chrétiens employèrent le même terme par analogie pour exprimer l'anniversaire du commencement ou de l'institution de telle ou telle cérémonie religieuse.

«NATIVITÉ DE LA SAINTE VIERGE.- Fête que l'Eglise romaine célèbre tous les ans en l'honneur de la naissance de la sainte Vierge Marie, mère du Sauveur, le 8 septembre. Cette fête n'est pas à beaucoup près si ancienne que celle de la Nativité de JésusChrist et de saint Jean. Le pape Sergius 1", qui fut élevé sur le Saint-Siége en 687, est le premier qui ait mis la Nativité au nombre des fêtes de la sainte Vierge, car le natalitium de la bienheureuse Vierge Marie, que l'on célébrait auparavant en hiver, était la fête de son assomption. On trouve, depuis, la fète de la Vierge Marie au 7 de septembre, dans les martyrologes et dans le Sacramen taire de saint Grégoire. Elle n'a été établie en France que sous le règne de Louis le Débonnaire, et elle a été depuis insérée dans les martyrologes de Florus, d'Adon et d'Usuard; Gautier, évêque d'Orléans, l'introduisit dans son diocèse, et Paschase Rathert en parle dans son livre De la virginité de Marie. Ainsi, ceux qui disent qu'elle n'a été établie que dans le 1x siècle, se sont trompés. Cependant cette fète n'a été chômée en France et en Allemagne que dans le x siècle. Mais saint Fulbert l'établit à Chartres dès le 1x siècle. Les Grecs et les Orientaux n'ont commencé à la célébrer que dans le XII siècle; mais ils le font avec beaucoup de solennité. (BAILLET, Vie des saints.) »

«NATIVITÉ DE SAINT JEAN-BAPTISTE. - Fête que l'Eglise romaine célèbre tous les ans en mémoire de la naissance de saint Jean, tils de Zacharie et de sainte Elisabeth, et précurseur de Jésus-Christ, le 24 de juin, avec un office solennel et octave. L'institution de cette fête est très-ancienne dans l'Eglise. Elle était déjà établie au 24 juin du temps de saint Augustin, qui a fait sept sermons pour cette solennité. Le concile d'Agde, tenu en 506, la met au rang des fêtes les plus cé lèbres. Ha été un temps qu'on y célébra trois messes, comme on fait encore à Noël. On a aussi autrefois célébré la fête de la conception de saint Jean-Baptiste au 24 sep tembre. C'est la coutume, en France, la veille de cette fèle, dans toutes les paroisses, que

le clergé aille processionnellement allumer un feu en signe de réjouissance; on dit même que les musulmans ont la mémoire de sait Jean en telle vénération, qu'ils la célèbrent aussi par diverses marques de joie.» (Encyclopédie de DIDEROT et D'ALEMBERT, 1. XXII, p. 222 et 225, article Nativité.) NATURE. MONTAIGNE: « De l'eschelle de nature par laquelle l'homme monte à la cognoissance de soy et de son Createur. « Par l'inclination naturelle des hommes, ils sont continuellement en cherche de l'évidence de la verité et de la certitude, et ne se peuvent assouvir ny contenter qu'ils ne s'en soient approchés jusques au dernier poinct de leur puissance. Or, il y a des degrés en la certifade et en la preuve, qui font les unes preuves plus fortes, les autres plus foibles, quelque certitude plus grande, quelque autre moindre. L'autorité de la preuve et la force de la certitude s'engendrent de la force et autorité des temoins et des temoignages, desquels la verité depend : et de la vient que d'aultant que les temoins se trouvent plus veri'ables, apparents et indubitables, d'autant y a-t-il plus de certitude en ce qu'ils prouvent. Et s'ils sont tels que leurs temoignages, par leur evidence, ne puissent tomber en nul doute, tout ce qu'ils verifieront nous sera tres-certain, tres-evident et tresmanifeste. Ainsy d'aultant que les temoins sont plus estrangiers et plus eloignés de la chose de laquelle on double, d'aultant fontils moins de foy et de creance; et plus ils sont voisins, plus ils apportent avec eux de certitude. Mais il n'y a rien de plus familier, plus interieur et plus propre à chacun que soy mesme a soy: il s'ensuit donc que tout ce qui est verifié de quelque chose par ellemesme et par sa nature, reste tres-bien verifié. Puisque nulle chose créée n'est plus Voisine à l'homme que l'homme mesme a soy, tout ce qui se prouvera de luy par luyniesme, par sa nature et par ce qu'il sçait certainement, de tout cela demeurera-t-il fres-assuré et tres-eclairci; car en ce poinct consiste la plus commode certitude et la plus asseurée creance qui se puisse faire, ou trer de la preuve. Voila pourquoy l'homme et sa nature doivent servir de moyen, d'ar gument et de temoignaige, pour prouver toute chose de l'homme, pour prouver tout ce qui concerne son salut, son bonheur, son malheur, son mal et son bien; aultrement il n'en sera jamais assez certain. Qu'il commence done a se connoistre soy-mesme et sa nature s'il veut verifier quelque chose de soy; mais il est hors de soy, eloigné de soy d'une extreme distance, absent de sa maison propre qu'il ne vit oncques, ignorant sa valeur, mecognoissant soy-mesme, s'eschangeant pour chose de neant, pour une courte joie, pour un legier plaisir, pour le peché. S'il se veut donc recognoistre son ancien prix, sa nature, sa beauté premiere, qu'il revienne a soy et rentre chez soy; et pour ce faire, veu qu'il a oublié son domicile, il est ne essaire que par le moyen d'aultres choses on le rameune et reconduise chez lui. Il luy

faut une eschelle pour l'aider à se remonter à soy et à se ravoir. Les pas qu'il fera, les cschelons qu'il enjambera, ce seront autant de notices qu'il acquerra de sa nature. Toute coguoissance se prend par argument des choses que nous sçavons premierement et le mieux, à celles qui nous sont inconnues; et par ce qui nous est evidemment notoire, nous montons à l'intelligence de ce que nous ignorons. Aussi, nous entendons premierement les choses plus petites et plus basses, et après, les plus grandes et les plus clevées: d'où il advient que l'homme, comme estant la plus excellente et la plus digne chose de ce monde, cognoist toutes aultres choses avant qu'il se cognoisse lui-mesme. Or, afin qu'ainsy hors de luy, comme il l'est, et si ignorant, il puisse estre ramené a soy et instruict de sa nature, on lui presente cette belle université des choses et des creatures comme une droicte voie et ferme eschelle, ayant des marches tres-asseurées, par ou il puisse arriver a son naturel domicile et se remonter a la vraie cognoissance de sa nature. Pour cet effet, tout y est diversifié par un bel ordre de rangs de tres-juste proportion. Les choses y sont, les unes basses, les autres haultes; celles-cy parfaictes, celles-la imparfaictes; quelques-unes y sont entièrement viles, et quelques autres d'un prix inestimable; pour accommoder ses pas et pour s'acheminer contre mont jusques à soy de degré en degré, a la mode d'une eschelle, de laquelle s'il veut se servir, voicy commo il iui en convient user, voicy le train qu'il luy faut tenir pour parvenir à sa cognoissance. Premiereinent qu'il considère la vadeur de chaque chose en soy; et puis la generale police de cet univers, distribué en differentes dignités et divers rangs de creatures. Cela faict, il luy faudra comparer l'homme qui en est la plus cole et premiere partie, à toutes les autres, et les comparer en double façon : tantost regardant en quoy il convient, tantost en quoy il differe d'avec elles. De cette ressemblance ou dis semblance, s'engendrera en luy l'intelligence qu'il cherche de soy, et qui plus est, celle de Dieu, son createur immortel: car par la voie des choses inferieures, il s'acheminera jusques à l'homme, et tout d'un fil, il enjambera de l'homme jusques à Dieu. Il est impossible d'arriver par ailleurs a cette double cognoissance. Ce sont deux montées et deux traictés à faire l'une par les choses, qui sont au-dessous de l'homme jusques à luy; et la seconde, de luy jusques à son createur. Quant à la premiere, il y a une grande diversité et distinction de degrés aux choses de ce monde; desquels, fermes et immobiles comme ils sont, est bastie l'eschelle de nature. Il nous les faut nombrer et peser chacun à part soy. La generalité est reduicte à quatre marches, encore qu'il y ait sous chacune d'elles divers ordres particuliers et diverses especes. Ces quatre se rangent ainsy: tout ce qui est, ou il a l'estre seulement saus vie, sans sentiment, sans intelligence, sans jugement, sans libre volonté; ou bien il a

:

toutes especes de bestes, soit en terre, en l'air ou en l'eau. Et voyez combien il y a de façons de bestes terrestres, combien de differences et de diversités de forme et de valeur entre elles; combien entre les oiseaux et les poissons; tous les animaux sont triplement departis et diversitiés entre eux. Les uns n'ont que l'attouchement sans memoire et sans ouie; comme toutes ces coquilles, et ces petites bestes qui sont attachées aux arbres et aux racines. Ce premier rang est le plus bas et le plus vil: les aultres ont l'attouchement et la memoire sans l'ouïe, comme la fourmi. D'aultres plus parfaicts, ont l'attouchement, la memoire et l'ouïe, comme chiens, chevaux et semblables. D'en trouver une quatrieme espece de tels qui eussent l'ouïe sans memcire, il ne se peut faire, parce que tout partout ou l'ouïe se trouve, la memoire qui le suit s'y trouve aussy. Les animaux de la premiere façon, d'autant qu'ils n'ont point de memoire, n'ont point aussy de prudence; et d'aultant qu'ils n'ont point d'ouïe, sont incapables de lout apprentissage; davantage ils sont privés du mouvement de lieu a l'aultre, attendu que sans memoire, nulle beste ne se peut ainsy mouvoir. Ceux de la seconde, a cause de la memoire, ont mouvement de place en place, et si, peuvent avoir de la prudence, comme nous disons des fourmis, lorsque nous leur voyons faire provision de grains; mais à faute d'ouïe, ils sont incapables d'estre instruicts. Quant à ceux de la troisieme, par ce qu'ils ont le souvenir et l'ouïr, ils sont disciplinables en quelque façon, comme les chiens et les oiseaux. Toutes ces trois especes sont comprises, comme ayant sentiment, sous le tiers ordre general. Il est vrai que la premiere, pour estre plus voisine des plantes, est aussy la moins honorable. La seconde est plus noble, pour en estre eloignée, et la tierce à mesme mesure. Voila quant au troisieme ordre. Sous le quatrieme sont les choses qui ont estre, vivre, sentir, entendre, juger, vouloir et ne vouloir à leur fantaisie, c'est-à-dire, le liberal arbitre. Icy sont les hommes, desquels la nature est si accomplie, qu'il est impossible d'y rien trouver à redire et d'y rien adjouter, attendu qu'il n'y a rien en perfection et en dignité au-dessus du liberal arbitre, ni rang auquel l'homme puisse monter au dela. Or, parce qu'ils sont raisonnables, ils ont aussy l'intelligence, le jugement, la ratiocination; sont suffisants pour concevoir par expérience et par art; sont capables de science et de doctrine, ce que ne sont pas les autres animaux. Et parce qu'ils ont naturellement le libre arbitre, ils peuvent vouloir et ne vouloir pas, consentir et choisir d'eux-mesmes, librement et sans contrainte, ce qui defaut aussi aux bestes. Il se traitera ailleurs plus au long de cequatrieme ordre. Ainsy voila notre eschelle de nature depechée avec ses marches, de laquelle le premier effect, fondement de tout le reste de cette doctrine, consiste a le cocevoir el planter en nos entendemens, telle que reellement elle est.» (Théologie naturelle

l'estre et le vivre seulement, et rien du reste; ou bien il est, il vit, il sent et c'est tout; ou bien, il entend et veut, a sa liberté. Ainsi ces quatre choses, estre, vivre, sentir et entendre comprennent tout, et rien n'est au dela; car sous l'intelligence est aussi logé le jugement et la liberté de vouloir. Ce premier ordre de choses qui n'ont que l'estre, contient une grande multitude d'especes, lesquelles, bien pareilles et semblables en cela, reçoivent toutefois sous cet estre seulement, beaucoup de difference d'autant que J'estre de l'une est plus noble que celuy de F'autre, et qu'elles ont leurs vertus et leurs operations plus ou moins excellentes. La sont les quatre elements, chacun garny de sa particuliere nature, et si ont des rangs entre eux. La terre est la plus abaissée et de moindre prix, l'eau est plus noble que la terre, l'air encore plus noble que l'eau, et au feu est reservé le dernier honneur. Il les faudra considerer chacun à part soy, tout vulgairement, pour voir ce qu'il y a de propre et de particulier. La sont aussi toutes choses qui s'engendrent dans le ventre de la terre, comme les mineraux et les metaux, qui sont dissemblables en prix. L'argent vif, le plomb, le fer, le cuivre, l'or, l'argent et l'etain: T'azur y est aussy, qui excede tout metal en valeur le soufre, le salpestre, le sel gemme et l'alun; toutes choses de grande efficace. Les pierres en sont, et les pierres precieuses precieuses non par leur grandeur, mais par leurs proprietés singulieres; l'escarboucle, le hyacinthe, l'emeraude, le christal et aultres. Le ciel est encore en cet ordre, et tous les corps celestes, planetes et estoiles, comme aussi toutes choses faictes par art, car de celles-la, nulle ne peut avoir que L'estre. La seconde marche de nostre eschelle comprend toutes choses, qui ont l'estre et le vivre seulement et dit-on qu'eltes ont vie, d'autant que de soy elles se mouvent contre mont, contre bas, devant, derriere, a dextre et a senestre. La sont toutes Les plantes et les herbes qui vivent, d'autant qu'elles ont ce mouvement par elles-mesines. Nous les voyons croistre en hauteur et en grosseur, et tirer de la terre leur nourriture, par laquelle continuellement elles s'augmentent, s'entretiennent, engendrent de la semence et du fruict, se nourrissent; cette generation et augmentation par leur vertu propre faict e nous leur attribuons la vie et cela n'est aux elements que par similitude. Ce rang souffre une sous-distinction des arbres et des herbes. Les arbres sont plus nobles, et les herbes le sont moins. Des arbres il en est un million d'especes, differentes en quaKtés, en vertu et en estimation ne plus, ne moins y a-t-il un infini nombre de sortes d'herbes, desquelles l'une n'est pas l'aultre, et a chacune sa particuliere nature et efficace. En l'ordre troisieme, loge tout ce qui a estre, vie et sentiment. Le sentiment comprend sous soy le voir, l'ouïr, le gouster, le fleurer et le toucher, avec toutes les operations que nous voyons aux animaux plus qu'aux plantes. A ce rang faut-il atribuer

de RAYMOND DE SEBONDE, traduite par Montaigne, et donnée par lui comme sa propre profession de foi, chap. 1.)

BAYLE réfute en ces terines ceux qui font de la nature la règle de toute vérité et de toute vertu, en montrant que la nature n'est autre chose que les appétits et les instincts du corps et de l'égoïsme humain :

Qu'est-ce, je vous prie, que la voix de la nature? Quels sont ses sermons? Qu'il faut bien manger et bien boire, bien jouir de tous les plaisirs des sens, préférer ses intérêts à ceux d'autrui, s'accommoder de tout ce qu'on trouve à sa bienséance, faire plutôt une injure que de la souffrir, se bien venger. Il ne faut pas prétendre que le commerce d's méchants est ce qui inspire ces passions, elles paraissent nou-seulement dans les bêtes, qui ne font que suivre les instincts de la nature, mais aussi dans les enfants; elles sont antérieures à la mauvaise éducation, et si l'art ne corrigeait la nature, il n'y aurait rien de plus corrompu que l'âme humaine, rien en quoi les hommes se ressemblassent davantage, par un consentement unanime, qu'en ceci : C'est qu'il faut donner au corps tout ce qu'il souhaite, et satisfaire l'ambition, la jalousie, l'avarice et le désir de vengeance autant qu'on le peut. »>

Tout le bien qui se voit parmi les hommes vient de la peine qu'on a prise d'arra. cher les mauvaises herbes et d'en semer d'autres; c'est un fruit de culture que l'instruction, la réflexion, la philosophie, la religion produisent. » (Cont. des Pens. div., L. III.)

• Notre nature humaine est un fonds gâté et corrompu, et une terre maudite; car quels sont les fruits qui en sortent, les uns plus lo, les autres plus tard? La gourmandise, l'orgueil, la colère, l'avarice (c'est-à-dire Tavidité des présents et le soin de les garder), la jalousie, le mensonge, le desir de la Vengeance, la luxure. Ce n'est point l'éducaton qui fait pousser ces germes, ils la devancent presque tous, et i's se font jour au travers des grands obstacles qu'elle leur op pose. (Cont. des Pens. div., i. III.)

L'esprit des enfants n'est pas mieux conditionné que leur cœur ils ne jugent des choses que selon le témoignage des sens; ils n'examinent rien, ils avalent les erreurs sans aucune défiance.... Les ténèbres obscurcissent l'entendement, la malice déprave la volonté.... On n'est honnête homme et bien éclairé qu'autant qu'on a pu guérir les maladies naturelles de l'âme et leurs suites. Ceux qui élèvent des enfants trouvent toujours quelques vices à corriger; et si par les menaces, par les promesses et par de bonnes instructions, on ne réparait les défauts de la nature, tous les enfants deviendraient des garnements, et incapables de rien valuir de Toute leur vie.» (Bayle.)

« C'est ordinairement par là que l'on commence à les instruire, dès qu'ils (les enfants) sont capables de distinguer quelques sons et de les bégayer. Cette coutume est

très-louable. » (Cont. des Pensées diverses, t. III.)

« (Á l'école des animaux), j'apprendrais à soumettre le droit à la force: un dogue plus fort qu'un autre ne se fait pas scrupule de lui enlever sa portion. Qu'y a-t-il de plus ordinaire que de voir des chiens qui s'entrebattent? les poulets ne s'entrebattent-ils point à la vue de leur commune mère? Les coqs ne s'acharnent-ils pas si furieusement l'un contre l'autre, qu'il n'y a quelquefois que la mort de l'un des combattants qui fasse cesser le combat? Les pigeons, le symbole de la débonnaireté, n'en viennent-ils pas souvent aux coups? Quoi de plus furieux que le combat des taureaux ? N'apprendrai-je pas à l'école où vous m'envoyez, la barbarie la plus dénaturée? n'y appren drai-je pas à m'accommoder de tout ce qui sera à ma portée, pour faire mes provisions commie la fourmi? » (Dictionnaire, art. Barbe.)

« Ceci soit dit pour montrer à combien d'égarements la raison humaine est sujette... Voilà comment les cyniques s'en servaient pour justifier leur abominable impudence. » (Dictionnaire, art. Hipparchie.)

VOLTAIRE montre ainsi que tout est énigme dans la nature et que la révélation seule de Dieu peut tout nous expliquer : La nature est muelle, on l'interroge en vain ; On a besoin d'un Dien qui parle au genre humain, Il n'appartient qu'a lui d'expliquer son ouvrage, De consoler le faible, et d'éclairer le sage, L'homme au doute, à l'erreur abandonné sans lui, Cherche en vain des roseaux qui lui servent d'appui.

OEuvres de Voltaire, édition de Kehl, in-12, publiée par Beaumarchais, t. XII, p. 155). Dialogue entre un philosophe et la nature. « Le philosophe. — Qui es-tu, nature? je vis dans toi; il y a cinquante ans que je te cherche, et je n'ai pu te trouver encore. Les Egyptiens me firent le même reproche. Ils m'appelaient Isis; ils me mirent un grand voile sur la tête, et ils dirent que personnne ne pouvait le lever.

a La nature.

m'adresse à toi. J'ai bien pu mesurer quela Le philosophe. C'est ce qui fait que je ques-uns de tes globes, connaître leurs routes, assigner les lois du mouvement; mais je n'ai pu savoir qui tu es. Es-tu agissante? es-tu passive? de grâce, dis-moi le mot de ton énigme?

« La nature. Je suis le grand tout, jo n'en sais pas davantage. Je ne suis pas inathématicienne, et tout est arrangé chez moi selon les lois mathématiques; devine si tu peux comment tout cela s'est fait.

« Le philosophe. Certainement, puisque tu ne sais pas les mathématiques et que tes lois sont de la plus profonde géométrie, il faut qu'il y ait un éternel géomètre qui te dirige, une intelligence suprême qui préside à tes opérations.

« La nature. — Tu as raison. Je suis eau, terre, feu, atmosphère, métal, minéral, pierre, végétal, animal. Je sens bien qu'il y à dans moi une puissance invincible que je ne puis connaître. Pourquoi voudrais-tu, toi,

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