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« La croix de l'ordre se porte au collier, comme les anciens insignes de chevalerie qui s'attachaient sur le manteau. Un large médaillon d'or représente l'Annonciation de la Vierge, avec les lettres F. E. R. T. Doit-on voir dans cet ornement un emblème analogue à celui de la Toison-d'Or et rappelant le bracelet de cheveux offert par une dame qu'il aimait, ou une allusion aux liens qui unissaient Marie à Jésus? On n'est pas mieux fixé sur le sens des quatre lettres gravées sur le médaillon. Les uns les lisent telles qu'elles se présentent et y trouvent la fière devise de la maison de Sayoie FERT. Les autres les traduisent par ces mots français. FRAPPEZ, ENTREZ, ROMPEZ TOUT. D'autres enfin y voient une allusion aux conquêtes de la maison de Savoie en Palestine. Dans cette opinion, les quatre lettres se traduisent par : Fortitudo Ejus Rhodum Tenuit. »

:

M. Nadault de Buffon croit cette dernière opinion la mieux fondée. A mon avis, elle ne repose pas sur des bases plus certaines que les autres, puisqu'on trouve la devise en question sur des monnaies de Louis de Savoie, mort en 1301, et même de Thomas de Savoie, mort en 1233 (Voyez Moréri, Larousse, etc.).

Je n'ai pas sous les yeux le numéro de la Bourgogne, où a paru le travail de M. Nadault de Buffon. La citation qui précède est empruntée à la Chronique universelle. (Rouen). F. BOISSIN.

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Voltaire représenté (VI, 70). — M. Arsène Houssaye serait sans doute plus à même que qui que ce soit de répondre d'une manière satisfaisante à cette question. En attendant, permettez-moi d'indiquer quelques-uns de ces portraits, dont j'ai les gravures. 1o Voltaire à vingt-quatre ans. N. de Largillières pinx. 2o Un peu plus âgé, Dupont del. Hopwood Sculp. 30 Age moyen, De la Tour pinx. 1736, gravé par E. Fricquet, 1762. 4° Son buste, dessiné par J.-M. Moreau, le jeune, d'après Houdon, gravé par Alex. Tardieu_1784. 5o Médaillon en profil, tête chauve. Engraved by Worthington, the head from a bust by Houdon, the vignette by Stothard. 60 Voltaire âgé, en pied, pelisse et bonnet fourrés. Engraved after a picture in the possession of Her Grace the Duchess of Northumberland, Jas Taylor sculp. 7° « L'Homme immortel », dessiné le jour de son couronnement, à la représentation d'Irène. ...........nder pinx (le commencement du nom du graveur n'est pas marqué).

148 Voltaire debout, de profil, appuyé sur sa canne, le tricorne sous le bras; une couronne de laurier sur son épaisse perruque et un cercle d'étoiles au-dessus de sa tête. 8° Voltaire couronné par Mile Clairon (?) en reine de théâtre, Degrais del. Dupin sculp. 9° J'ai acheté, au château de Ferney, en 1836, du vieux custode, une eau-forte d'Hubert, je crois, représentant Voltaire, à table, avec quelques amis, Diderot, l'abbé Maury, d'Alembert, et disant à celui-ci : « Je vous présente le père Adam, mais ce « n'est pas le premier homme du monde.»> Il y en avait une autre encore plus originale un sujet hippique, où le vieux philosophe faisait jouer un singulier rôle à sa vieille bonne. 10° J'ai une série de têtes du même, sur une même feuille, dans toutes les poses et toutes les coiffures, gravées à l'eau-forte en 1780. 11° Le déjeuner de Ferney. Voltaire dans son lit, tenant la main de sa grosse nièce Mme Denis; près d'elle est assis un homme à figure réjouie; debout derrière lui est, je suppose, le père Adam, et derrière Voltaire, la marquise de Villette << belle et bonne. » Fait d'après nature par Denon, à Ferney, le 4 juillet 1775 (le jour où fut signée la célèbre Déclaration de l'Indépendance en Amérique, gravé par Née et Masquelier, même année. Dans le fond on voit la gravure bien connue de la famille Calas par Carmontelle, 12o Une autre bonne eau-forte. Paris, 1778. Voltaire debout, à peu près la même pose que le no 7. Paysage dans le fond. 13o Une lithographie par Coteau, d'après Hubert, peint à Ferney d'après nature. Voltaire a les mains jointes, et un bonnet sur la tête. 14o Triomphe de Voltaire le 11 juillet 1791. Prieur inv. et del. Berthault sculp. 150 Réception de Voltaire aux Champs Elysées. J'ignore où sont les originaux de ces différents portraits. P. A. L.

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Inscriptions singulières (VI, 71). me semble facile de se rendre compte de la raison pour laquelle a été gravée à rebours l'inscription: Grande route de Versailles à Paris. Si elle avait été gravée dans le sens ordinaire, elle aurait induit en erreur celui qui la lisait, et l'aurait envoyé de Paris à Versailles, à moins qu'une de ces mains grotesques des peintres en bâtiments, que l'on voit sur tant de murs, eût rectifié l'erreur. Or, pour qui sont faites les inscriptions, sinon pour ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit? L'inscription retournée donne le vrai sens de la route. Etait-ce malice ou naïveté? Je l'ignore; mais cela me fait penser à cette jolie inscription: Il y a ici des piéges à loups. Ceux qui ne savent pas lire se feront lire l'inscription pour éviter les piéges. Si l'inscription dont il s'agit eût été tournée comme il faut pour être lue facilement, il aurait fallu ajouter: Ceux qui ne con

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(et voilà pourquoi les savants y faisaient fausse route), celle de notre fontaine intermittente était également intermittente et disposée sur la pierre de façon à tromper les yeux. Mais imprimée comme nous la donne la question, il est trop facile de lire: Le mauvais tems me fait cracher. Quant à l'inscription de Sèvres, ce n'en était plus une, et la pierre où elle se trouvait, enlevée de sa première place, avait sans nul doute été employée dans cette nouvelle construction comme pierre tout simplement, et non plus comme indication de viabilité.

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rante jours plus tard. Et C'est aujourd'hui la Saint-Gervais, il pleuvra quarante jours après.

C'est à cette malencontreuse prédiction que le parieur, cité dans la note du Régiment de la Calotte, a dû de perdre son pari.

Quant à l'invention du parapluie tel que nous le connaissons, elle n'offre de moderne que l'ingénieux mécanisme employé pour fermer le parapluie; mais il est évident que ce mécanisme a été appliqué au parasol aussi bien qu'au parapluie, tel qu'il a été inventé. E. G. P.

- Quelques traditions locales me feraient croire que saint Médard et saint Gervais ont joui des mêmes priviléges, de temps immémorial. J'ai souvent entendu répéter par le peuple, dans la basse Saintonge, ces deux dictons: « Quand il pleut le jour de la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard.» « Quand il pleut le jour de la Saint-Gervais, il pleut quarante jours après. » — Pour les Saintongeois, faiseurs de sel (sauniers), ces deux saints ont la même puissance et jouissent de la même défaveur; leur influence se faisant sentir juste au moment où les marais salants sont en pleine activité, on se passe très-volontiers de leurs douches rafraîchissantes. D. CHARRUAUD.

Dans

La mort de Voltaire (VI, 74). le Dictionnaire de Noël et Chapsal, je trouve, au mot cacophonie : « Le peuple dit « abusivement cacaphonie. Rencontre de << mots qui sonnent mal à l'oreille, »> comme le nauséabond récit imprimé à Porentruy, en 1781. Comment peut-on supposer un instant que le célèbre Dr Tronchin, l'ami de Voltaire, aurait eu si peu le sentiment des convenances, et si peu souci des nerfs olfactifs de l'illustre malade, et des siens propres, pour laisser à sa portée le vase contenant ses humanités? Et aller le raconter ensuite! P. A. L.

Je regrette vivement de n'avoir pas sous la main tous les textes pouvant établir que Voltaire n'a pas fait, avant de mourir, ce que d'infâmes calomnies lui attribuent. J'aurais pu aller à la Bibliothèque Impériale, consulter: Mon séjour auprès de Voltaire, par Colini; les Mémoires sur Voltaire, par Longchamps et Wagnier, ses secrétaires; la Vie de Voltaire, par Ćondorcet, qui sont les sources fondamentales. Mais je crois pouvoir affirmer, m'étant spécialement occupé de Voltaire pendant un certain temps, qu'il n'y a pas un mot de vrai dans la dégoûtante histoire que l'on a inventée; et je dirai plus, cette invention fût-elle vraie, neprouverait absolument rien contre Voltaire, mais seulement contre la faiblesse humaine en général, car

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il n'aurait pu faire cela, qu'en ayant absolument perdu connaissance.

Ce qu'il y a de certain, c'est que le 26 mai 1778, quatre jours avant sa mort, le défenseur des Calas, des Sirven et des La Barre, écrivait au comte de Lally-Tollendal le billet suivant (ce fut le dernier) :

« Le mourant ressuscite en apprenant «< cette grande nouvelle; il embrasse bien « tendrement M. de Lally; il voit que le << roi est le défenseur de la justice: il mourra

<< content. »>

C'était le dernier des opprimés que vengea Voltaire. Après avoir toute sa vie combattu contre l'intolérance, la superstition et le fanatisme, il pouvait, négligeant ses œuvres immenses, monument éternel de bon sens et de beau langage, répéter le vers touchant qu'il avait écrit précédem

ment:

J'ai fait un peu de bien, c'est mon meilleur ou[vrage.

EDGAR JOUBert.

L'abbé Chatel et l'Eglise française (VI, 76). — D'après la Biographie du Clergé contemporain, par un solitaire (dont,_par parenthèse, le nom m'est inconnu), Ferdinand-François Chatel naquit à Gannat (Allier), le 9 janvier 1795, de François Chatel, dit Charroux, cultivateur, et de Marie Mosnier. Il fit ses premières études au petit séminaire et ses humanités au lycée de Montferrand (sic). Admis ensuite au grand séminaire que dirigeaient alors les Sulpiciens, il reçut la prêtrise en 1818 et devint successivement vicaire de NotreDame de Moulins, curé de Monéty-surLoire, aumônier au 20o de ligne, puis au 2o des grenadiers à cheval de la garde royale. Ce fut là que le trouva la révolution de Juillet. Depuis 1823, il avait prêché, non sans un certain éclat, dans plusieurs églises de Paris. Mais il avait émis des idées hardies, soit dans la chaire, soit dans le journal ie Réformateur, écho de la religion et du siècle, qui avait été fondé en juin 1830. Après avoir refusé la place d'aumônier de Saint-Cyr, il fit un appel aux prêtres mécontents et en réunit plusieurs chez lui, rue des Sept-Voies, no 18. Au bout de six mois, il s'installa avec ses prosélytes dans la rue de la Sourdière; puis, en juin 1831, dans la salle Lebrun, rue de Cléry, et enfin, au mois de novembre suivant, rue du Faubourg-Saint-Martin, où il était encore en 1842. Nommé évêque-primat par le peuple et le clergé réunis, il fut sacré une première fois, dit-on, par M. Poulard, ancien évêque constitutionnel, et plus tard, en mars 1831, par M. Bernard-Raymond Fabré-Palaprat, maître des Templiers. La hiérarchie se composait, en outre : 1o d'évêques coadjuteurs; 2o de vicaires primatiaux; 3o de vicaires-généraux; 4° de curés; 5o de prêtres; 6o de vicaires; 7o de

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sous-diacres; 8o de minorés; 9o de tonsurés. Parmi les principaux coopérateurs du primat, la Biographie cite MM. Bandelier, de Tascher, Auzou qui fit schisme avec lui, Laverdet, ancien bouquiniste, Normant, Robert, Bonnet, Lerousseau, Sandron, etc. Des temples s'élevèrent bientôt place Sorbonne, à Montrouge, Nantes, Limoges, Chaumont, Epernay, Rennes, Rouen, etc., etc. Le symbole de la nouvelle Eglise, qui comprenait douze articles, différait de celui de l'ancienne Eglise catholique, ainsi que l'abbé Chatel avait pris soin de l'expliquer lui-même, en six points principaux, quant aux dogmes; l'Eglise française: 1° croyant à l'unité de Dieu avec la trinité d'attributs, et non à un Dieu triple en personnes; 2o honorant JésusChrist comme un homme prodigieux, mais non comme un Dieu; 3° rejetant l'éternité des peines; 4o ne voyant que des symboles dans les sacrements et non des mystères; 5o ne croyant pas à la présence réelle dans l'eucharistie; 6° niant l'infaillibilité du pape, etc.; et en trois points, quant à la discipline: 1o le culte se faisant en langue vulgaire; 2o le maigre et l'abstinence étant supprimés, les dispenses de temps et de parenté pour les mariages abolies, la sépulture ecclésiastique donnée à tous; 3o les prêtres pouvant se marier. Du reste, il y avait un sanctuaire, un autel, des cierges, un tabernacle, une sorte de messe « où l'on offrait à Dieu le pain qui vient de Dieu;» et enfin un sermon. Le culte était gratuit, en ce sens que l'on n'exigeait rien de ceux qui ne pouvaient payer les baptêmes, mariages et enterrements; mais il y avait des quêtes, comme dans nos églises. Le primat avait aussi emprunté au culte catholique la soutane violette, la mozette, le rochet, la croix pectorale, la crosse et l'anneau; un siége d'honneur, mais sans la mitre. Iĺ y avait des fêtes consacrées à la jeunesse, au grand Napoléon, etc. Les chants se faisaient en vers, dans le genre de ceuxci, par exemple :

Que du Dieu tout-puissant la bénédiction,
De vos cœurs écartant la sombre affliction,
A chaque instant du jour, sur vos fils et vos filles,
Vos frères, vos amis, vos parents, vos familles,
Descende, en répandant ses célestes bienfaits,
Et, pour votre bonheur, y demeure à jamais!

A ces détails, j'ajouterai un souvenir personnel. Je me rappelle avoir vu, sous la République, l'abbé Chatel traduit en cour d'assises, à Paris, pour outrage à la morale. Il s'agissait, je crois, d'un discours, dans lequel il avait soutenu qu'il fallait réhabiliter la chair. Il fut condamné, sur le réquisitoire de M. l'avocat-général Suin, à quelque chose comme deux années d'emprisonnement. C'était alors un bel homme, d'environ cinquante-cinq ans, ayant les cheveux tout blancs, mais trèsabondants, le teint coloré, le nez aquilin,

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-Je possède un Nouvel Eucologe à l'usage de l'Eglise catholique française, imprimé par Prevot, rue Bourbon-Villeneuve, 63, en 1835-1836; c'est une deuxième édition, revue et corrigée, qui a été tirée à cinq mille exemplaires. De plus, elle est enrichie du portrait de l'abbé Chatel, en costume ecclésiastique ordinaire. L'approbation diffère un peu de celle qui est citée par A. B. D.; ainsi, le seul fondateur de I'Eglise catholique française s'intitule évêque-primat par « le vœu de ses frères. » Enfin, cet imprimatur est contre-signé par Pierre-Goulvin-Marie Normand, vicaire primatial, et Antoine Leloup, prosecrétaire.

J'ajoute que je tiens ce petit volume à la disposition d'A. B. D. P. Q.

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L'arrière-ban de Nancy (VI, 78). M. E. M. trouvera résumé tout ce qui concerne le ban et l'arrière-ban dans le Dictionnaire de biographie et d'histoire de Dezobry et Bachelet, au mot ban, dans le corps du Dictionnaire, et au même mot, dans le Supplément, à la fin du 2e volume, 5e édition. Paris, 1869. La note sur le passage de Georges Dandin pourrait être ainsi faite : « Ban et arrière-ban signifient la réunion des vassaux et arrièrevassaux convoqués par le suzerain pour marcher contre l'ennemi. Le ban s'appli

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que aux fiefs relevant directement du suzerain, et l'arrière-ban aux arrière-fiefs. » D. E.

Le Tableau du nouveau Palais-Royal »> (VI, 79).. Cet ouvrage est attribué à Mayeur de Saint-Paul, ainsi que le suivant les Variétés amusantes, ou les Ribauds du Palais-Royal, comédie en trois actes et en prose, par Monvel le Sodomite. Paris, aux Variétés amusantes, 1791, in-12 de 84 pages, 3 fig. HIPP. BONNARDOT.

Personnages publics (VI, 81).- L'anecdote contée par M. de La Fizelière a été versifiée par le poëte allemand Wilhelm Müller (1794-1827). L'épitaphe forme, dans la poésie, les deux vers suivants :

Propter nimium Est Est
Dominus mortuus est.

Cette même poésie a été traduite en vers français par Paul de Lacour (« Bouquet de lieder, choix de ballades, chansons et légendes, traduites des poëtes et l'Allemagne contemporaine. » Paris, Berger-Levrault, 1856, in-12). P. RISTELHUBER.

Dérogation à la noblesse (VI, 116). Les lois et ordonnances ne défendaient aux gentilshommes que le trafic en détail avec l'exercice des arts mécaniques et l'exploitation des fermes d'autrui. La contravention à ces lois n'entraînait même que la privation des priviléges attachés à la noblesse, sans une entière extinction de la qualité de noble.

La coutume de Bretagne et les priviléges de la ville de Lyon rendaient compatibles la noblesse et le négoce. Les édits des mois de mai et d'août 1664 ordonnent que toutes les personnes de quelque qualité et condition qu'elles soient, pourront, sans déroger, participer au commerce des compagnies des Indes-Orientales et Occidentales. Louis XIV (Colbert) rendit un édit, en août 1669, déclarant que le commerce de mer ne déroge point à la noblesse. C. P. V.

On répète souvent, mais à tort, qu'avant 1789, l'exercice du commerce emportait dérogation à la noblesse. Il avait cessé d'en être ainsi pour tout commerce en gros, sans distinction, depuis cent vingt ans, c'est-à-dire à partir du mois d'août 1669. A cette date, Colbert, le ministre le plus essentiellement bourgeois et réformateur qu'ait eu la monarchie, a inspiré à son maître Louis XIV une de ses plus sages ordonnances. On y lit, dans le préambule, ces paroles extrêmement remarquables pour l'époque, que « le commerce, et par

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ticulièrement celui qui se fait sur mer, est la source féconde qui apporte l'abondance dans les Etats et la répand sur les sujets, à proportion de leur industrie et de leur travail, et qu'il n'y a point de moyen pour conquérir du bien, qui soit plus innocent et plus légitime. » Il y est dit encore que les lois et ordonnances du royaume n'ont proprement défendu aux gentilshommes que le commerce en détail. Déjà, en effet, Richelieu, nommé surintendant du commerce et de la marine, avait eu l'heureuse idée d'engager les nobles à faire le commerce maritime, en déclarant, dans l'ordonnance de 1629, que ce commerce n'entraînait contre eux aucune dérogeance. Le préjugé étant resté plus fort que cette déclaration, Colbert s'empressa de la renouveler, à la date du 5 décembre 1664, permettant à tous gentilshommes de s'adonner au commerce de mer, ou d'y prendre part. C'était là un moyen fort intelligent de tourner le préjugé, le commerce maritime d'alors présentant une partie des dangers de la guerre, réputée dans les idées du temps la seule occupation honorable qui pût convenir à de parfaits gentilshommes de race. La déclaration de 1664 conduisit ainsi logiquement à l'édit du mois d'août 1669, qui, pour la première fois dans la législation française, réhabilita, en termes suffisamment transparents, l'exercice de tout commerce en gros, maritime ou autre. L'idée contenue en germe dans cet édit de 1669 fut enfin appliquée, d'une façon tout à fait formelle, à toute nature de commerce, par un texte positif, c'est-à-dire par un troisième édit de Louis XIV, donné à Versailles en décembre 1701. Cet édit fut la dernière réglementation de la matière jusqu'en 1789. L'article 1er de l'édit porte : « Voulons et nous plaît que tous nos sujets nobles par extraction, par charges ou autrement, excepté ceux qui sont actuellement revêtus de charges de magistrature, puissent faire librement toute sorte de commerce en gros, tant au dedans qu'au dehors du royaume, pour leur compte ou par commission, sans déroger à leur noblesse.» Ainsi se trouva définitivement accomplie par la loi, sinon par les mœurs de la noblesse, qui y restaient réfractaires, une révolution rationnelle et féconde pour l'avenir. Ce qui vient d'être dit et rappelé se trouve pleinement concorder avec le fait particulier qui est signalé par M. Francisque Mège. L'écuyer dont il parle, était, comme il le constate, un fabricant de papier, et non pas un simple marchand détaillant.-Quant à la distinction entre le marchand grossier, comme on disait alors, et le marchand en détail, elle était tracée nettement par l'article 4 de ce même édit, où l'on lisait : « Seront censés et réputés marchands et négociants en gros, tous ceux qui feront leur com

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merce en magasin, vendant leurs marchandises par balles, caisses ou pièces entières, et qui n'auront point de boutiques ouvertes, ni aucun étalage ou enseignement à leurs portes et maisons. >> (Villa Saïd.) EUG. PARINGault.

Sergent-major (VI, 118). En espagnol, sergent-major, sous-officier supérieur au sergent, quoique de même grade, se dit primero sargento, premier sergent, sergent de première classe. Sargento mayor veut dire major, ce que nous appelons gros-major. Remarquez que, dans la phrase citée, on met partout les b pour les v, les v pour les b, ce qui est précisément le cachet de la prononciation espagnole. Je lis dans le Dictionnaire de Trévoux : « On appelait autrefois sergentmajor d'un régiment, d'une place, ce qu'on appelle aujourd'hui simplement major. » (Versailles.) R. DE S.

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Epitaphe du tombeau de Dante (VI, 119). Misson, dont la Relation était fort estimée en son temps (son voyage est de 1687-1688, et son livre de 1691), donne ainsi cette épitaphe :

Jura Monarchiæ, superos, Phlegetonta, lacusque
Lustrando cecini, voluerunt Fata quousque.
Sed quia pars cessit melioribus hospita castris,
Factoremque suum petiit felicior astris :
Hic claudor Dantes, patriis extorris ab oris,
Quem genuit parvi Florentia mater amoris.

La leçon pravi doit être une mauvaise plaisantérie de Grosley. Mais, puisqu'il la donnait comme une épigramme vénitienne, c'est donc qu'il ne croyait pas l'épitaphe de la main même du Dante, et qu'il l'attribuait sans doute au célèbre Bembo, qui est celui qui fit construire le tombeau du Dante, du moins le tombeau qu'avaient vu Misson et Grosley. O. D.

Le combat de la barrière Clichy (VI,119). - Je ne puis invoquer un souvenir personnel : « Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né? » Mais j'ai beaucoup connu M. Dupaty, qui est représenté, dans le tableau d'Horace Vernet, parlant au maréchal Moncey, et il m'a souvent affirmé qu'en effet le maréchal était à Clichy, et que, comme capitaine dans la garde nationale, il avait reçu ses ordres. Quant au rôle de la garde nationale dans la défense de Paris, il a été plus actif que ne le pense M. Fréd. Lock. Mon père s'était porté à l'une des barrières où l'on se battait, fort loin de la rue Saint-Honoré qu'il habitait, et comme il n'était pàs rentré pendant deux jours et deux nuits, ma mère, alors en couches, était restée dans de mortelles frayeurs. Enfin, mon père étant revenu,

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