Slike stranica
PDF
ePub

nateur général des bâtimens du roi, il voyagea en Italie, et s'y fit accompagner par l'architecte Soufflot, le graveur Cochin et l'abbé le Blanc. De retour de ce voyage,

[ocr errors]

dance des bâtimens. Alors il aug-
menta les prix des tableaux d'his-
toire à l'académie de peinture,
fixa une
somme annuelle pour
faire sculpter les statues des
grands hommes français, régé-
néra l'architecture publique, et
fit venir Soufilot de Lyon pour
Jui confier la construction de
Sainte-Geneviève. En 1755
Marigny reçut le cordon bleu et
fut nommé secrétaire de l'ordre.
Il voulut achever le Louvre ;
mais les depenses nécessaires
pour la guerre ne le lui permirent
pas. La seule construction qu'il y
put faire, c'est le guichet qui
porte son nom. Dégoûté des tra-
casseries que
lui suscita l'abbé
Terray, il se retira, en 1773, dans
une de ses terres où il mourut
en 1781.

[ocr errors]

détails; je fus même le confident de son amour. Elle m'avouoit qu'elle avoit toujours eu un secret pressentiment qu'elle seroit aimée du roi, et qu'elle s'étoit il obtint la surinten-sentie une violente inclination pour lui, sans la trop démêler. Cette idée, qui auroit pu pa roître chimérique dans sa situation, étoit fondée sur ce qu'on l'avoit souvent menée aux chasses que faisoit le roi dans la forêt de Senar. Tournehem, l'amant de sa mère, avoit une maison de campagne dans le voisinage. Ou promenoit madame d'Etiole dans une jolie calèche; le roi la remarquoit et lui envoyoit souvent des chevreuils. La mère ne cessoit de lui dire qu'elle étoit plus jolie que madame de Châteauroux, et le bon homme Tournehem s'écrioit souvent : « Il faut avouer que la fille de madame Poisson est un morceau de roi. » Leur ambition fut bientôt satisfaite; Louis XV en devint amoureux; et elle fut créée marquise de Pompadour, en 1745, et jouit IX. POISSON (Jeanne-An- aussitôt d'un grand crédit. Elle toinette Poisson, marquise de en usa pour favoriser les beaux Pompadour), sœur du précé-arts qu'elle avoit cultivés dès son dent, née en 1720, succéda, auprès de Louis XV, à la faveur de madame de Châteauroux. Elle étoit fille d'une femme entretenue et d'un cultivateur de la Fertésous-Jouare, qui avoit amassé quelque chose à vendre du blè aux entrepreneurs des vivres. Cet homme étoit alors en fuite, ayant été condamné pour quelque malversation. On avoit marié sa fille au sous-fermier le Normand Tournehem, qui entretenoit la mère. La fille étoit bien élevée, sage, aimable, remplie de graces et de talens, née avec du bon sens et un bon cœur. « Je la connois asşez, dit Voltaire dans ses Mémoires qui nous fournissent ces

2

enfance. Plusieurs gens de lettres et divers artistes lui durent des pensions ou des places. Elle s'étoit formé un des beaux cabinets de Paris, en livres, en peintures, en curiosités; elle eut le mérite de faire exécuter un projet utile; celui de l'établissement de l'école militaire, dont Paris du Verney étoit l'auteur. Après avoir joui pendant 18 années, de la faveur du prince, madame de Pompadour mourut, en 1764, à l'âge de 44 ans. On prétendit dans le temps que le poison avoit abrégé ses jours; mais on ne peut appuyer cette opinion que sur des conjectures. Louis XV, prince d'un caractère assez apathique,

parut peu sensible à sa perte. | Mais il dissimule ses défauts et Le jour même où elle attendoit sa ses fautes. III. Suite de 63 esdernière heure, le curé de la Ma- tampes (et le frontispice), gradeleine, dont elle étoit parois-vées d'après les pierres en creux sienne, vint la voir. Comme il pre-gravées par Guay, petit in-folio noit congé d'elle, « Un moment, fort rare, n'ayant été tiré qu'à un monsieur le curé, lui dit la mar- très-petit nombre d'exemplaires quise, nous nous en irons en- pour faire des préseus. L'édition semble. Madame de Vaucluse de 1782, in-4°, n'est point rea publiée, après sa mort, I. Ses cherchée. Au reste, mademoiMémoires, deux volumes in-8°, selle Poisson n'avoit rien de comLiége, 1765. Dans ce livre, on la mun avec l'ancienne famille de fait l'arbitre de la guerre et de la Pompadour dont elle prit le paix, et le seul mobile de la disnom pour faire oublier le sien grace ou de la faveur des minis- et celui de son mari. La maitres et des généraux. Les gens son de Pompadour en Limousin, instruits savent que son pouvoir éteinte en 1722, remontoit au 12a ne fut pas d'abord si absolu, siecle. Nous avons divers Méqu'elle n'éprouvât des contradic-moires historiques relatifs à mations de la part de la famille dame de Pompadour. Les preroyale, et même de certains mi-miers, publiés sous la monarnistres. Il est vrai qu'elle tâchachie, finissent avant les circonsensuite de ne mettre en place que tances désastreuses du règne ceux dont elle étoit sûre, et d'é- Louis XV qu'ils semblent n'oser carter tous ceux qui lui déplai- effleurer. Les autres Mémoires en soient. Au déclin de sa beauté, un vol. in-8°, avec figures histoelle se rendit plus importante que ques ont été publiés par M. Soujamais. Flattée d'un billet que lui lavie, en 1802, et sont sortis du avoit écrit l'impératrice Marie- porte-feuille de la maréchale Thérèse, elle décida la malheu- d'Estrées, où ils étoient conserreuse guerre de 1756, s'opposa vés. Ils ne sont pas favorables à tant qu'elle pui à la paix, fit la mémoire de la favorite, qui exiler le cardinal de Bernis qui avoit fait destituer du commanvouloit cette paix si nécessaire, dement des armées d'Allemagne le remplaça par le duc de Choi- le maréchal d'Estrées, au moment seul, et eut part à toutes les de ses triomphes. Mais ils rendent fautes de nos armées, en favo-hommage à ses talens et à ses risant des généraux incapables. Ne pouvant plus être maîtresse du roi, elle voulut jouer le rôle de premier ministre, et la France ne s'en trouva pas mieux. II. Des Lettres, trois brochures in-8°; beaucoup mieux écrites que ses Mémoires, mais qui ne sont pas plus d'elle que ce dernier ouvrage. L'auteur des Lettres l'a peinte empressée pour ses amis, généreuse envers les gens de lettres, et ennuyée ou malheureuse au sein de la grandeur.

succès dans les arts. Il y a même dans ces ouvrages une suite d'estampes historiques relatives au règne de Louis XV, calquées sur les estampes originales gravées par madame de Pompadour ellemême, qui amusoit son amant de ces bagatelles.

X. POISSON, V. BOURVALAIS. + POISSONNIER (PierreIsaac), né à Dijon, le 5 juillet 1720, étudia la médecine el fut nommé, en 1746, professeur de

saller l'eau de la mer, mériteroient encore plus d'éloges, si cette expérience étoit moins dis

I. POITIERS, Voy. PIERRE de..

n° xix.

II. POITIERS (DIANE de), duchesse de Valentinois, née le. 31 mars 1500, étoit fille de Jean de Poitiers, comte de Saint-Vallier, d'une famille illustre et ancienne du Dauphiné. Elle reçut de la nature les charmes de la figure et ceux de l'esprit. Elle fut d'abord fille d'honneur de la reine Claude, et se servit de son crédit utilement pour sa famille. Son père, convaincu d'avoir favorisé. la fuite du connétable de Bourbon, fut condamné, le 16 janvier 1523, à avoir la tête tranchée. L'arrêt alloit être exécuté, lorsque. sa fille alla, dit-on, se jeter aux

la faculté de Paris. Ce fut un des premiers qui ouvrit un cours de chimie dans la capitale. En 1758 il fut envoyé par le gouverne-pendieuse et plus facile. ment à l'impératrice de Russie, Elizabeth, qui l'avoit demandé à la cour de France, pour veiller sur sa santé. Pendant son séjour à Pétersbourg, il s'occupa beaucoup de l'expérience sur la congélation du mercure; de retour én France, on lui donna les titres et les récompenses qu'il méritoit. Associé libre de l'académie des sciences, premier médecin des armées, inspecteur général de la médecine dans les colonies, il tre le traitement de ces aces, une pension de Poissonnier, penvolution, fut enfermé prison de Saint-Lazare toute sa famille, et rendu à la liberté après la chûte de Rohespierre. Il mourut le... sep-genoux de François Ier, et obtint, tembre, 1797, à l'âge de 79 ans. par ses larmes et sur-tout par ses es ouvrages sont, I. Les tomes attraits, la grace du coupable ; 5 et 6 d Cours de chirurgie, mais il est plus probable que cette cieté par Col de Villars. Ils ren- grace fut accordée aux prières du ferment un bon traité des frac- comte de Maulevrier, grand sétares et luxations, 1749, in-8°. néchal de Norma, et des au. Essai sur le moyen de dessa- tres parens et au de Saint-Valler l'eau de la mer, 1763. Ce lier. C'est du moins ai que oyen réussit d'après les expé- s'exprime François I, ď s des riences qui furent faites. III. lettres de rémission our comFraité dès fièvres de Saint-Do- mutation de peine. Voltaire dit, mingue, 1763, in-8°. IV. Autre dans son Histoire du Parlement de s la maladie et la nourriture Paris, que François Ier, selon la des gens de mer, 1780, deux tradition, ne sauva la vie au père vol. in-8°. V. Abrégé d'Anato-que pour jouir de Diane, sa fille; mie, à l'usage des élèves en chi- et que cette tradition seroit plus rurgie dans les écoles de la ma- vraisemblable, si Diane n'avoit rine, Paris, 1783, deux vol. in- pas été alors un enfant de 14 ans, 12. Sa première Thèse, soute- qui n'avoit pas encore paru à la nne en 1745, eut pour but de cour. Cet historien se trompe sur prouver que l'usage du cidre, ces deux faits. Diane avoit 23 plus que celui du vin, étoit avan- ans, et elle étoit déjà connue à ageux aux personnes maigres. la cour sous le nom de la Grande Cette opinion fut vivement com- Sénéchale. Quoi qu'il en soit, la attue par plusieurs médecins. Ses peur fit sur l'esprit de Saint-Val

[ocr errors]

ne telle révolution, qu'en

:

homme un

sa naissance. Henri II ayant voulu reconnoitre une fille qu'il avoit eue d'elle, Diane lui répondit: : J'étois née pour avoir des enfans légitimes de vous. J'ai été votre maîtresse, parce que je vous aimois: je ne souffrirai pas qu'un arrêt me déclare votre coucubine. » Le règne de Henri II fut celui de Diane; mais ce prince fut à l'extrem courtisans qui l'avoie temps adorée, lui tourn dos suivant l'usage. Catherin Médicis lui envoya ordre de ren dre les pierreries de la couronne, et de se retirer dans un de ses châteaux. « Le roi est-il mort? demanda-t-elle à celui qui étoit chargé de cette commission.

une nuit les cheveux lui blanchi- [ n'usa jamais d'auc ine pommade. rent. (Voyez un pareil exemple, Eveillée tous les matins à six article I. GUARINI). I tomba heures, elle montoit souvent à même dans une fievre violente, cheval, faisoit une ou deux lieues, dont il ne put jamais guérir, et venoit se remettre dans son lit, après que le roi lui ent accordé où elle lisoit jusqu'à midi. Tout son pardon c'est de là qu'est vepeu distingué dans nu le proverbe de la Fiere de les lettres pouvoit compter sur Saint-Vallier. Diane sa fille avoit sa protection. Sa fierté répondoit été mariée en 1514, à Louis de Brezé, grand-sénéchal de Normandie, dont elle eut denx filles: l'une mariée au duc de Bouillou, l'autre au duc d'Aumale. Brezé étant mort en 1531, sa venve conserva le nom de Grande Sénéchale qu'elle avoit porté du vivant de son époux. Elle avoit aumoins quarante ans, lorsque le roi Henri II, qui n'en avoit que dix-huit, en devint éperdument amoureux ; et quoiqu'agée de près de soixante à la mort de ce prince, elle avoit toujours conservé le même empire sur son cœur. Henri perdit dans le commerce de Diane la rudesse et la férocité que le maniement des armes et les autres exercices violens auxquels il étoit fort adonné, Non, Madame, répondit cen'eussent pu maner de lui faire lui-ci; mais il ne passera pas la contracter. Il y unc affabi- journée. Hé bien, répliqua-tlité, un égalité d'ame et une elle, je n'ai donc point encore de douceur caractère, qui ne se maître, et je veux que mes ennedémentir dans aucun instant mis sachent que quand ce prince de sa vie. Mais sans doute il y ne sera plus, je ne les crains puisa aussi cet esprit de dissipa- point. Si j'ai le malheur de lui hion, ce goût de faste et de re- survivre long-temps, mon cœur présentation " et cette aveugle sera trop occupé de la douleur prodigalité qui ruinerent les fi- de sa perte. pour que je puisse hances et préparèrent les mal-être sensible aux chagrins qu'on heurs des règnes suivans; et dans voudra me douner. » Dès que le ce seus on peut assurer, dit Gar- rei eut expiré, elle se retira en nier, que les avantages d'une pa- 1559 dans sa belle maison d'Areille éducation n'en compense- net, où elle mourut le 26 avril rent point les inconvéniens. Les 1566. Ce fut Henri II qui, en graces et la beauté de Diane fu- 1552, fit reconstruire pour sa rent à l'épreuve du temps. Elle maîtresse, le beau château d'Ane fut jamais malade; dans le net; il chargea Philibert de Lorplus grand froid elle se lavoit le me, son architecte, de cette consvisage avec de l'eau de pluie ; el truction. Tout ce que le génie de

[ocr errors]

l'art peut produire de beau et de galant, l'artiste sut l'employer à propos dans son plan, daus son élévation comme dans sa décoration intérieure. C'est dans ce lieu de délices, consacré aux plaisirs, que la duchesse de Valentinois faisoit sa résidence habituelle. Les principales façades de ce beau monument d'architecture ayant été démolies dans la révolution, elles ont été conservées par M. Alexandre Lenoir, qui les a fait transporter à Paris, et restaurer dans la principale cour du Musée des monumens français. On lit encore sur la face principale de l'édifice, l'inscription suivante, que Diane avoit fait dorer sur un marbre noir :

Brazoo hæc statuit pergrata Diana marito:
Ut diuturna sui sint monumenta viri.

[ocr errors]

sa

ap

ment comme elle avoit jamais fait; mais le cheval tomba et glissa sous elle. Il auroit semblé que telle rupture et les maux qu'elle endura, auroient dû changer sa belle face; point du tout; beauté, sa grace et sa belle parence étoient toutes pareilles qu'elles avoient toujours été. C'est dommage que la terre couvre un si beau corps; elle étoit fort débonnaire, charitable et aumônière. Il faut que le peuple de France prie Dieu qu'il ne vienne jamais favorite de roi plus mauvaise que celle-là, niˇplus malfaisante... » Brantôme ajoute:

[ocr errors]

Qu'elle étoit fort bonne catholique, et haïssoit fort ceux de la religion. Voilà pourquoi ils l'ont fort haïe et médit d'elle. » On voit ici l'une des sources des satires répandues contre Heuri II et ceux qui l'approchoient. En avouant leurs écarts véritables, il faut mettre à part les calom

famille de Saint-Vallier étoit
une branche cadette de la mai-
son des Poitiers, comtes de Va-
lentinois: comté dont elle n'hé-
rita point, mais que Henri II
donna à Diane pendant sa vie.
Les historiens s'accordent à dire
que
Diane de Poitiers avoit reçu
de la nature les charmes de la fi-
gure et ceux de l'esprit. Voici
une pièce de vers qu'elle fit pour
Henri II, qui pourra donner une
idée de la tournure de son esprit;
cette pièce agréable, extraite des
manuscrits de la bibliothèque
impériale, n'a été imprimée que
dans la description du musée,
par M. Alexandre Lenoir, à l'ar-
ticle Diane de Poitiers.

On voit, dans le même Musée, le beau mausolée en marbre et richement orné, que Louise denies de leurs adversaires. La Brezé avoit élevé à sa mère, dans la chapelle du château d'Anet. Elle est, à ce que nous croyons, la seule maîtresse pour qui l'on ait frappé des médailles. On en voit une où elle est représentée foulant aux pieds l'amour, avec ces mots : J'ai vaincu le vainqueur de tous; Omnium victorem vici. Les calvinistes qui ne l'aimoient pas, ont mis Clément Marot au nombre de ses amans favorisés, et lui ont reproché de s'être enrichie aux dépens du peuple. Brantôme la peint d'une manière plus favorable. « Je la vis, dit cet auteur, six mois avant sa mort, si belle encore, que je ne sache cœur de rocher, qui ne s'en fût ému, quoique quelque temps auparavant elle se fût rompu une jambe sur le pavé d'Orléans, allant et se tenant à cheval aussi dextrement et disposte- Me rejetoir, à tant, que ma mantille

Voicy vraisment, qu'Amour un beau matin,
S'envint m'offrir fourette très gentille,
Là, se prit-il, à ourner vostre teint
Et vistement violiers et jonquille

« PrethodnaNastavi »