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piédestal qu'on n'y lût l'inscrip tion: Ex munificentia Pii Sexti. Ce pape avoit fait placer des feuilles de figuier sur toutes les statues; on devine où. De mauvais plaisans avoient inscrit sur grand nombre de ces feuilles la même inscription. Braschi, jaloux d'étendre les progrès du commerce, fit réparer le port d'Ancone, et construire le beau fanal qui y manquoit. Le desséche

sur-tout le but des efforts de son administration; et si ce dessé chement n'a pas été terminé, le

Parvenu au cardinalat sous Ganganelli, il devint bientôt après son successeur. Le conclave s'ouvrit le 5 octobre 1774; la France favorisoit l'élection de Pallavicini mais celui-ci ayant annoncé qu'il refuseroit le pontificat, et ayant désigné à sa place le cardinal Braschi, tous les suffrages se réunirent en faveur de ce dernier, le 14 février 1775. Au moment de son élection, il fondit en larmes et s'écria: «Oment des marais Pontins devint mes amis ! votre conclave est terminé, et c'est mon malheur peutêtre qui commence. Ces mots furent une prédiction. Son pon-projet n'en fut pas moins grand. tificat en effet fut l'un des plus Ces marais occupent toute la longs qu'offre l'histoire de l'E- vallée qui s'étend des Appennins glise, mais aussi l'un des plus à la mer; ils commencent au port malheureux. Il prit à son avé- d'Astura couvrent la côte de nement le nom de Pie VI, et Terracine, et s'étendent jusqu'au justifia l'adage: royaume de Naples. Rendre ce vaste territoire à l'agriculture, semper sub sextis perdita Roma fuit. et le purger des vapeurs pestilenLes premiers actes de l'autorité tielles, avoit été l'objet des tradu nouveau pape furent de disvaux du censeur Appius Claudius, tribuer des aumônes, de répri- lequel y avoit fait élever la voie mander le gouverneur de Rome célèbre qui porte son nom; de qui n'avoit pas arrêté divers dé- l'empereur Auguste, qui y fit sordres, de supprimer pour qua- creuser un large canal ; des papes rante mille écus romains de pen- Boniface VIII, Martin V, Léon X sions onéreuses au trésor public, et Sixte-Quint. Pie VI marcha sur de faire rendre un compte sé- leurs traces; il fit pratiquer une vère au préfet de l'annone, ac- route sûre, réparer l'ancien aquecusé de dilapidation, de complé- duc de Terracine, dégager la voie ter au Vatican un Muséum com- Appienne du limon sous lequel mencé par son prédécesseur, et elle avoit disparu, creuser le caconsacré à recueillir les monu- nal de Sogliano; il consacra mens, les vases, les statues et toutes ses épargnes à cette entremédailles que les fouilles décou-prise. Chaque année, il se plut vroient dans les états de l'église. On commença, en 1783, à en publier les gravures et la description; et cet ouvrage contient 6 vol. in-folio. Le comte Gorani a écrit que Pie VI étoit vain. Le musée du Vatican étoit d'abord appelé Clémentin, et ensuite Pio-Clémentin; on n'y faisoit pas un pas, on n'y voyoit pas un

à visiter les ouvrages,
et à les
ranimer par sa présence. Il est
bien à désirer que le fruit de ses
peines, de sa dépense et de ses
soins ne soit point perdu pour
l'avenir. Aussi le gouvernement
français, en élevant Rome à la
place de seconde ville de l'em-
pire, s'est-il occupé de suite au
desséchement de ces marais,

qui

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des autres souverains; et en temporisant il parvint à empêcher à cet égard toute innovation. Les mêmes ménagemens n'eurent pas le même succès auprès de Joseph II. Celui-ci renversoit successivement dans ses états l'ancienne discipline ecclésiastique; il plaçoit les ordres monastiques sous l'autorité im

levoit à la juridiction papale ; il faisoit dresser l'état des revenus du clergé, et annonçoit le dessein formel de suivre ses projets avec activité. Dans cette occurrence, Pie VI, ne se fiant point à de lentes négociations, prit le parti d'aller lui-même à Vienne conférer sur ses propres intérêts avec le chef de l'empire. Après avoir remis le gouvernement de Rome au cardinal Colonne, il partit de cette ville le 27 février 1782. L'empereur et son frère l'archiduc Maximilien allèrent à sa rencontre à quelques lieues de Vienne; ils descendirent de voiture dès qu'ils aperçurent Pie VI, et l'embrassèrent. Joseph ayant

entretiennent des fièvres et des miasmes pestilentiels. « Pie VI, dit John Watkins, dans son Dictionnaire universel, aussitôt après son exaltation, conçut l'idée de dessécher les marais Pontins, qui s'étendent à quarante milles autour de Velatri, Terracine et Piperno. Il suivit avec zèle ce projet auquel avoient renoncé des empereurs et plusieurs de ses prédé-médiate des évêques, et les encesseurs et il y employa les meilleurs ingénieurs de Rome. » M. Nicolaï a publié un ouvrage très-savant sur ce desséchement, et l'on peut y voir en détail tous les travaux dûs à Pie VI: il a été imprimé à Rome, 1800, in-fol., sous ce titre : De' Bonificamenti delle terre Pontine. Le zèle du pontife ne se borna pas à cette grande entreprise; il fit construire une église et une bibliothèque dans l'abbaye de Subiaco; il fonda des hôpitaux. Il manquoit une sacristie à la superbe église de Saint-Pierre de Rome, Pie VI la fit élever avec magnificence. Il n'en déployapas moins, lorsqu'il reçut les divers souverains de l'Europe qui vinrent, pen-pris le pape dans son carrosse, dant son pontificat, visiter la capitale du monde chrétien. Joseph II, empereur d'Allemagne, Paul I, empereur de Russie, Gustave-Adolphe, roi de Suède, les fils du roi d'Angleterre et son frère le duc de Glocester, furent touchés de son accueil. Sa modération se développa dans l'affaire de Toscane, où Léopold, des 1775, avoit assujetti tous les biens ecclésiastiques aux mêmes impôts que les autres, et supprimé les ermitages. En 1788, il abolit la nonciature dans ses états, et supprima, dans les causes du clergé, tout appel au saint-siége. Pie VI réclama, pour ses ambassadeurs les mêmes droits qu'obtenoient ceux

ils entrèrent ainsi, le 22 mars 1782, dans la capitale de l'Autriche. Leurs conférences furent fréquentes et toujours amicales; et quoiqu'elles n'aient point été rendues publiques, Joseph parut dans la suite moins ardent à l'exécution de ses desseins, et permit même les dispenses dont il avoit supprimé jusqu'alors les droits; il disoit souvent : « La vue du Pape m'a fait aimer sa personne; c'est le meilleur des hommes ». De retour à Rome, d'autres querelles avec la cour napolitaine, occupèrent Pie VI: elles furent relatives, tantôt à la nomination de l'archevêque de Naples, dans laquelle le monarque ne vouloit point admettre le

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concours du pape, tantôt à l'ins- né, écrivit au gouvernement une titution de l'évêque de Potenza, lettre noble et touchante sur le que Pie VI n'avoit pas voulu ac- sort du chef de l'église. Le fruit corder, tantôt au refus de la de cette modération et des voies présentation de la haquenée et de de conciliation qu'il ouvrit alors, la redevance annuelle de qua- fut la paix de Tolentino. Elle rante mille florins envers le saint coûta au pontife 31 millions, et siége. Après de longs démêlés, la livraison de plusieurs chefsil fut convenu, en 1789, que d'oeuvres de peinture et de sculpchaque roi de Naples, à son avè- rure, dont la France s'enrichit. nement au trône, payeroit cinq Basseville, envoyé extraordinaire cent mille ducats en forme de de la république à Rome, en pieuse offrande à Saint-Pierre, 1793, avoit été poursuivi par que celle de la haquenée seroit quelques forcénés de cette ville, abolie pour jamais, et que le mo- et frappé d'un coup de rasoir narque cesseroit d'être nommé dans le bas-ventre, dont il étoit vassal du saint siége. D'autres mort. Cet attentat étoit resté imdifférends s'étoient élevés entre puni, et avoit laissé des germes la république de Venise, le duc de ressentiment dans le gouverde Modène et la cour de Rome : nement français; il éclata, lorsils alloient entraîner une rupture que Duphot, Lyonnais, jeune éclatante, lorsque la révolution guerrier plein de courage, française vint subitement les étein- trouvant à Rome, voulut dissiper dre, en faisant redouter son in- par sa présence un attroupefluence à toutes les puissances ment, et fut tué le 28 décembre d'Italie. « Pie VI, écrivoit le car- 1797, par les troupes du pape. dinal de Bernis, a le cœur fran- L'ambassadeur de France, çais Cependant, cette affec- danger, fut forcé de fuir de Rome tion ne lui fit pas approuver les et de se retirer à Florence. Pie VI décrets relatifs à la nouvelle cons- étoit loin sans doute, titution du clergé : il les improu- prévoir de si tristes événemens, va par une bulle en 1791. Ces et encore plus de les approuver; décrets ayant amené, en 1792, mais le meurtre de Duphot, et la déportation d'un grand nom-l'outrage fait au gouvernement bre de prêtres, Pie VI les accueil- français méritoient une réparalit, et les distribua dans les mai- tion authentique qu'il ne se hâta sons religieuses d'Italie, où ils pas d'ordonner. Aussitôt, trouvèrent un asile et d'abondans Français qui étoient aux portes secours. Les armées austro-russes de Rome, s'emparèrent de cette couvroient alors cette contrée ville et de la personne du pape ; et la cour de Rome parut favori- celui-ci, conduit d'abord à Sienser leurs succès; bientôt le géné- | ne puis dans une chartreuse ral Bonaparte, qui maîtrisoit la près de Florence, fut enfin transvictoire par son génie, reçut féré dans l'intérieur de la France. ordre du directoire d'entrer sur Il traversa les Alpes et le mont le territoire ecclésiastique; et en Genèvre, porté par quatre hom1796, il s'empara d'Urbin, de mes, sans paroître ému des danBologne, de Ferrare et d'An- gers d'une route escarpée, et où cone. Mais ce guerrier arrêtant il fut souvent presque suspendu le pillage et la dévastation, sur les précipices. Ses cheveux, pectant le culte dans lequel il étoit aussi blancs que les neiges qui

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étoit accessible et laborieux. Ses mœurs furent sévères. Il sortoit rarement, et toujours accompagné. Ses seuls délassemens furent des conversations sérieuses et savantes. « Ce pontite, dit un écrivain distingué, pendant sa longue carrière vit se former l'orage auquel il devoit se dévouer un jour; ses malheurs furent liés à ceux de la France et de l'Europe entière, comme si cette ainée des nations ne pouvoit chanceler sans ébranler toutes les autres son voyage à travers l'Italie, où il montra tout l'héroïsme de la patience, et les

l'environnoient, étoient agités par un vent piquant et froid. Des hussards piemontais voulurent lui faire accepter leurs pelisses; Pie VI les remercia avec affection, mais il ne voulut jamais consentir à les en priver. Il n'y avoit que quelques heures qu'il étoit | arrivé à Briançon, lorsqu'un peuple immense, rassemblé sous ses fenêtres, demanda à le voir; les cris qui s'élevoient de la foule annonçoient souvent des intentions cruelles; et les menaces les injures des uns se mêloient aux expressions de respect et d'amour des autres. Dans cette circonstance, le pontife hésita quel-vraies grandeurs de l'humiliation; ques instans à paroître, puis prenant son parti, et s'avançant lentement, appuyé sur deux prêtres, et le corps affaissé sur les douleurs, il se montra à la multitude, en s'écriant: Ecce Homo. Ces paroles pénétrèrent tous les cœurs d'attendrissement, et ceux même qui étoient venus pour l'outrager, se prosternèrent a ses pieds. A Gap, à Grenoble, à Veiron, il reçut les honneurs dûs à son rang; quoique plus qu'octogénaires il déployoit encore un courage supérieur à son infortune et à la fatigue d'un si long voyage: mais à peine fut-il arrivé à Valence, où le gouvernement avoit fixé son séjour, qu'il y mourut, le 29 août 1798, après une maladie de onze jours. Son corps transporté à Rome, y fut reçu avec pompe le 17 vrier 1802, par Pie VII, assisté de dix-huit cardinaux. Ses intestins, renfermés dans une urne d'or, sont à Valence, où l'empereur lui a fait faire des obsèques solennelles, et ordonné qu'on lui élevât un tombeau. Pie VI avoit une figure noble et heureuse, une taille élevée, moins d'esprit que de pénétration. Il

T. XIV.

son entrevue avec le dac de Toscane et le roi de Sardaigne, où il donna et reçut de si grandes leçons des vicissitudes humaines; enfin son séjour en France, où le prince de l'Eglise devint un pauvre voyageur, mourant en apôtre, offrent des tableaux graves et touchans, dignes de T'histoire.» Il a paru des Mémoires historiques et philosophiques sur Pie VI, qui attaquent son pontificat, et l'accusent d'avarice, de vanité et de népotisme. Pour fonder ce dernier reproche, l'auteur cite la succession d'Amansio Lépri, qui, après s'être enrichi dans les douanes ecclésiastiques, fit donation de ses biens aux deux neveux de Pie VI. Cet acte fut attaqué par les héritiers de droit. Après divers fé-jugemens de la Rote, tantôt en faveur de la marquise de Lépri, tantôt en faveur des Braschi, le pape parvint à concilier tous les intérêts, dans une transaction qui partagea l'héritage entre les parens du donateur et les siens. M. Blanchard, curé, a publié aussi un Précis historique sur la vie du même pontife, qu'il défend contre tout reproche. L'abbe

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Delille lui a consacré ces vers :
Pontife révéré, souverain magnanime,
Noble et touchant spectacie et du monde
et du ciel,

Il honore à la fois par sa vertu sublime,
Les malheurs, la vieillesse, et le trône et
l'autel.

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du connétable, , pour qu'il souffrit que l'engagement de son fils aîné subsistât. Tout fut mis en œuvre pour le faire rompre; Anne employa tout sou crédit auprès du roi, pour faire déclarer nulle la promesse que la demoiselle de PIEMONTOIS (Alexis), nom Piennes pouvoit alléguer. Henfameux sous lequel Guillaume ri II seconda les désirs de son Ruscelli, médecin italien, mort favori, et il envoya François de en 1565, se cacha pour distri-Montmorency lui-même à Rome, buer le secret de ses remèdes. Ils pour y solliciter en personne la furent publiés par François San- dispense dont il avoit besoin. sovino, sous le titre de Secreti François trouva auprès du pape d'Alessio Piemontese, en sept li- plus de difficultés qu'il n'avoit vres. Les éditions nombreuses cru. Paul IV, qui avoit dessein de qu'on en a faites sont in-8° et in-faire épouser Diane à un de ses 16. On y trouve quelques recettes, dont de bons médecins ont fait usage.

*PIEN, savant jésuite flamand, et un des collaborateurs bollandistes, dans la continuation du grand ouvrage des Actes des saints, est auteur de la Vie de saint Ignace, insérée dans cette volumineuse compilation. Le père Mariani, aussi jésuite, dans la vie de ce même saint, qu'il écrivit en italien, copia pour ainsi dire en entier celle composée par le père Pien. Ce dernier mourut en 1740.

PIENNES (Jeanne de Halluyn demoiselle de ), fille d'honneur de la reine Catherine de Médicis, inspira une passion violente à François de Montmorency, fils aîné du connétable; et cette passion le porta à faire à sa maîtresse une promesse de mariage, par écrit, à l'insu de ses parens, parce qu'il craignoit avec raison qu'ils ne s'opposassent à ses vœux. Peut-être y auroient-ils consenti sans une raison d'intérêt qui les arrêtoit. Le roi Henri II vouloit que François épousât Diane, sa fille naturelle veuve d'Horace Farnèse, duc de Castro, et cette alliance flattoit trop l'ambition

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et

neveux le remit de consistoire
en consistoire, espérant engager
par ces lenteurs le jeune Mont-
morency à renouer avec la demoi-
selle de Piennes, ou plutôt à ne
pas rompre tout-à-fait avec elle
l'alliance qui avoit été signée. En-
fin, n'ayant plus de prétexte,
pour dernier subterfuge, il indi-
qua une congregation composée
de cardinaux et autres prélats, et
de théologiens canonistes
promit à François de Montmo-
y seroit dé-
rency que son affaire
cidée. Elle le fut en effet, et la
dispense accordée. Cependant le
pape qui ne s'étoit pas attendu à
cette décision ne voulut
"
pas y
acquiescer. En vain on lui pré-
senta l'acte par lequel la demoi-
selle de Piennes renonçoit à ses
prétentions, et le double d'une
dispense qu'il avoit accordée en
pareil cas; l'inflexible Paul s'opi-
niâtrant dans son refus, le roi
Henri fut obligé d'avoir recours
à un autre expédient: il publia
un édit qui déclaroit nuls les ma-
riages clandestins. Il fit mettre la
demoiselle de Piennes au couvent
des filles dieu de Paris, et elle
y donna son désistement absolu.
Enfin en vertu de cet édit, on fit
célébrer, en dépit du pape, le

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