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de faire du mal; et qu'un maître
indulgent et facile ne leur auroit
pas paru un grand prince, et à
peine un maître. » Ce monarque,
qui fut si passionné pour la ma-
rine, surpris à l'âge de cinq ans,
dans son sommeil, par le bruit
subit d'une chute d'eau, avoit
conçu pour cet élément une aver-
sion telle, qu'il ne pouvoit ni
supporter la vue d'une eau stag-
nante, ni le bruit d'une eau tom-
bante. Il parvint, par une résolu-
tion constante, à se dépouiller de
cette crainte. Pierre étoit l'homme
le plus savant de son empire: il
parloit plusieurs langues; il étoit
très-habile dans les mathéma-
tiques et dans la géographie; il
avoit appris jusqu'à la chirurgie,
qu'il exerça en plusieurs occa-
sions. Il aimoit les projets vastes:
il les suivoit avec une ardeur
incroyable, avec une constance
à toute épreuve; son ambition
étoit, pour ainsi dire, de créer.
(Voyez GALLITZIN, nos I et II.) Le
fragment suivant étant propre à
donner de nouveaux éclaircisse-
mens sur les qualités physiques,
le génie et le caractère de ce
grand prince, mérite de trouver
place ici.
Pierre étoit grand

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par ses conversations fréquentes
avec les officiers de cette nation,
il paroissoit préférer leur langue
à toutes les autres. Le russe étoit
passé de mode à sa cour; il étoit
rare que le czar s'en servît. La
santé de Pierre étoit constante et
robuste: il avoit toujours tra-
vaillé à endurcir son tempéra-
ment. Il ne craignoit ni le froid,
ni le chaud, ni le vent, ni la
pluie, ni la neige, ni les glaces;
il sembloit né pour les fatigues
les plus dures, et dormoit avec
plus de plaisir sous la tente que
dans son palais de Moscow. Dela
son humeur presque toujours
égale, et cette gaîte qui l'aban-
donnoit rarement et qui lui fit
tant d'amis. Lorsqu'il donnoit
audience à beaucoup de monde
il étoit dans une agitation conti-
nuelle. Il ne s'offensoit point
d'une certaine hardiesse dans le
discours et dans les questions

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jusqu'à

l'interrompre. La magnanimité
étoit le trait saillant de son carac-
tère. Il regardoit la colère comme
une foiblesse, et s'efforçoit de
l'étouffer à sa naissance lorsqu'il
sentoit qu'elle alloit le saisir. « Il
est vrai, disoit-il un jour, il est
vrai que je suis très-sensible au
mal qu'on fait; mais je n'en ai
jamais médité la vengeance. »
«Mes ennemis, disoit-il encore,
me font passer pour un barbare;
mais patience, je me justifierai
aux yeux de l'univers entier. >>>
Après cette même bataille où
toute l'armée suédoise fut forcée
de capituler, Pierre apprit que
Charles XII étoit résolu à se sau-
ver en passant le Dnieper à la
nage; il lui envoya un exprès
pour le détourner de cette action
téméraire; et voici le contenu de
son message, tel que l'exprès lui-
même l'a rapporté. Pierre prioit

et d'une taille bien proportionnée. Son teint étoit fort animé, ses yeux annonçoient du génie et du caractère; il avoit les dents blanches et bien rangées, les cheveux bruns et naturellement frisés. Sa physionomie étoit agréable, et rendoit témoignage de la droiture et de la franchise de son cœur. Il parloit amicalement à tout le monde; et le sourire toujours prêt à éclore sur ses lèvres, gagnoit la confiance et les cœurs. Lorsqu'il revint de Hollande, la langue de ce pays étoit celle qu'il parloit le plus communément; mais depuis qu'il s'étoit perfecionné dans l'usage de l'allemand, ❘ instamment le roi de ne point

exposer sa personne sacrée à un péril si imminent, mais de se rendre auprès de lui. Il lui donnoit sa parole d'honneur de lui faire le meilleur accueil, et de le faire conduire en toute sûreté en tel lieu de ses états qu'il voudroit choisir. Il lui conseilloit sur-tout de ne point se jeter dans les bras des Tartares, dont il avoit tout à redouter. Lorsque l'exprès arriva aupres du Dnieper, le monarque suédois avoit déjà passé ce fleuve. Un jour on fit voir au czar une estampe qui représentoit un lion tenant sous ses griffes l'aigle russe terrassé. On crut qu'il entreroit en fureur à l'aspect de cette allégorie. Il la regarda, au contraire, fort tranquillement, et s'informa du nom de l'artiste. « Qu'on la lui renvoie, dit-il ensuite, afin qu'il la change d'après la bataille de Pultawa. » Une autre fois on lui montra une médaille qui portoit l'image du roi de Suède, et au revers deux colonnes en ruine, avec ces mots: Concussit utramque, qui faisoient allusion à luimême et au roi de Pologne. Il la fit passer à plusieurs personnes de sa cour, et se contenta de dire que le roi de Suède avoit compté sans son hôte. On ne l'a jamais entendu parler mal ni du roi de Suède, ni de ses troupes; il leur donnoit, au contraire, les plus grands éloges. « Les Suédois, disoit-il, sont de braves gens; mais ils étoient trop orgueilleux, et Dieu les en a punis. » Le czar ne faisoit aucun cas du luxe et du raffinement dans les jouissances de la vie : les mets les plus simples étoient ceux qu'il préféroit, et il avoit raison; les longs repas lui étoient tout-à-fait insupportables... La plus grande simplicité régnoit dans l'habillement du czar: on n'y voyoit briller ni l'or, ni l'argent; mais la propreté

en étoit extrême. Ses habits étoient taillés à l'allemande, et ses manches à la suédoise, fourrées de martre et de zibeline; il portoit par-dessus un baudrier brodé en or; il préféroit le chapeau au bonnet. Il n'aimoit point la magnificence sur sa personne, mais il se plaisoit à la trouver dans ses ministres et ses généraux.... La passion de l'amour gouvernoit aussi peu le czar que celle du jeu. On ne doit pourtant pas en conclure qu'il fut un ennemi des femmes: au contraire, il aimoit de préférence leur société, et dansoit même quelquefois; mais, en général, il ne se livroit au plaisir qu'avec modération. L'administration de ses états, la politique et la guerre, étoient ses passions dominantes: il y donnoit toute son ame, avec une application et une persévérance incroyables. Tout Russe, quelle que fût sa condition, pouvoit lui adresser directement ses prières ou ses plaintes. On l'a vu écouter, pendant une demi-heure deux pauvres paysans polonais, qui se présentèrent à lui dans la rue, comme il sortoit du conseil d'état; il leur promit prompte justice, et leur fit donner de l'argent par ses pages, pour l'attendre plus commodément. En laissant ainsi à chacun le libre accès de sa personne, il étoit parvenu à connoître fort bien tous ses officiers; et sa mémoire étoit si heureuse, qu'elle conservoit fidèlement les plus petits détails. La sagesse du czar se manifestoit encore dans le secret impénétrable qu'il savoit garder sur ses projets.... L'ambassadeur de Pologne le louoit, un jour à son audience, de ses talens militaires, et sur-tout de la prudence et de l'intrépidité qu'il déploya à la bataille de Pultawa. « Mes sol

,

dats, répondit le czar, sont comme les autres soldats, et n'en peuvent faire davantage; mais la main de Dieu a décidé le sort douteux de la guerre. Quant à moi, je me suis rappelé sans cesse les paroles de l'Ecriture, prie et travaille. J'ai rempli de mon mieux le premier commandement; mes soldats, avec l'aide de Dieu, ont fait le reste. Monsieur l'ambassadeur, dites au roi votre maître qu'il fasse de même, et il réussira comme moi. » On se tromperoit beaucoup, si on concluoit de ses libéralités que le czar étoit mauvais économe, ou qu'il prodiguoit ses graces sans distinction: il ne dépensoit pas un ducat sans savoir comment et pourquoi. » L'impératrice Catherine II a fait élever par Etienne Falconnet, avec des frais immenses, à Pétersbourg, une statue colossale à la mémoire de Pierre-le-Grand. Cette énorme masse de rocher, avec son piédestal qui est le même morceau, pèse trois milhons et deux cents milliers. L'obélisque que l'empereur Coustance fit transporter d'Alexandrie à Rome, et qui étoit le plus grand qui fût connu, ne pèse que le tiers de ce monument. Un simple forgeron russe trouva le moyen de le transporter, des marais de la Carelie, dans la capitale, en le plaçant sur d'épais châssis à coulisse, remplis d de boulets de canon, et en le faisant haler sur ces boulets avec des cabestans. Pierre Ior est vêtu à la romaine, et couronné de lauriers. Le cheval qu'il monte s'élance, et a les deux pieds de devant en l'air; avec ceux de derrière, il foule un serpent de bronze, qui, mordant la queue flottante du cheval, en assure l'équilibre.

de Russie, étoit fils d'Alexis Petrowitz, que le czar Pierre-leGrand priva de la couronne et de la vie. Il succéda en 1727, et à l'âge de treize ans, à l'impératrice Catherine, qui l'avoit déclaré grand-duc de Russie l'année précédente. L'événement le plus remarquable de son règne, fut la disgrace du fameux Menzikoff, premier ministre, qui fut relégué dans la Sibérie. (Voyez MENZIKOFF.) Cet empereur mourut en 1738 de la petite vérole dans la 15o année de son âge.

+ XII. PIERRE III, né en 1728 d'Anne Petrowna, fille aînée de Pierre-le-Grand et de CharlesFrédéric, duc de Holstein-Gottorp, fut déclaré grand-duc de Russie le 18 novembre 1742, par l'impératrice Elizabeth sa tante, après avoir embrassé la religion grecque. Il se nommoit auparavant Charles - Pierre - Ulric. Le lendemain même que Pierre fut désigné pour succéder à Elizabeth, trois ambassadeurs suédois arrivèrent à Pétersbourg pour lui annoncer que le sénat de Stockholm l'avoit élu roi. Pierre remercia les envoyés, et les pria d'engager le sénat à choisir à sa place son oncle Adolphe-Frédéric de Holstein; ce qui fut fait. Après la mort d'Elizabeth, il fut proclamé empereur de Russie le 5 janvier 1762, ou le 25 décembre 1761, selon le vieux style. Les commencemens de son règne furent doux et heureux. Il se montra patient et juste; il sut pardonner à ceux qui avoient cherché à lui nuire près de l'impératrice, et rappela dans leur patrie près de 17 mille exilés. Il permit à la noblesse russe de voyager hors de l'empire; ce qu'elle n'avoit encore jamais obtenu, et il abolit XI. PIERRE II, empereur la chancellerie privée, tribunal XIII. PIERRE, roi de Hongrie. Voy. ABA.

XIV. PIERRE Ier, roi de Portugal. Voyez INÈS DE CASTRO.

XV. PIERRE, écrivain ecclésiastique, n'est connu que par un Traité sur l'Incarnation et la Grace, que l'on a joint aux OEuvres de saint Fulgence. Cet ouvrage se trouve dans la bibliothèque des Pères. L'auteur s'y donne le titre de diacre; c'est tout ce que l'on en sait. Il vivoit dans le 6 siècle.

cruel et tyrannique qui servoit à | terie et de l'oppression, incapable condamner tous ceux qu'on y de soupçon et de cruauté. » traduisoit comme coupables de haute trahison, ou qui déplaisoient au souverain. Pierre III ne jouit pas long-temps du trône. Admirateur extrême du roi de Prusse, il voulut l'imiter dans plusieurs choses; mais il le fit avec trop de précipitation, quoique le prince qu'il prenoit pour son modèle lui eût écrit d'aller bride en main. Il avoit de bonnes intentions; mais on lui a reproché de manquer de caractère. Parmi les projets les plus sages, il en adoptoit souvent d'inutiles, même de dangereux; et le désir des améliorations lui fit hasarder des réformes trop prématurées. Son amour pour les nouveautés fit marmurer tous les ordres de l'état; des murmures on passa à la révolte. Pierre fut détrôné le 6 juillet 1762, et l'impératrice sa femme fut reconnue souveraine sous le nom de Catherine II. Ce prince mourut en prison sept jours après. Plus décidé pour la religion protestante, que pour la religion grecque, il avoit dessein de faire des changemens à celle des Russes, et il l'avoit déclaré à l'archevêque de Novogorod. Cette imprudence ne contribua pas peu à lui aliéner les cœurs de la nation. Pierre III a éprouvé la vérité de la fameuse maxime: victis. Certains gazetiers l'ont peint comme un prince crapuleux et imbécille. L'auteur des Anecdotes de Frédéric-le-Grand, beaucoup plus impartial, dit de ce prince : « Ses prétendus excès de boisson étoient si peu véritables que le grand-duc usoit d'une très-grande sobriété: il ne déjeûnoit pas et ne quittoit jamais après dîner la compagnie des femmes. Il avoit l'esprit élevé, le cœur juste et sincère, ennemi de la flat

XVI. PIERRE DE SICILE, né dans cette île vers le milieu du ge siècle, est connu par son Histoire des Manichéens. Cet ouvrage que l'on trouve dans la bihliothèque des pères, contient des faits curieux et importans, qui font connoître l'état et les sentimens de cette secte dans le temps où l'auteur vivoit. Il a été donné séparémentpar Mathieu Baderus, Ingolstadt, 1604, en grec et en latin.

+ XVII. PIERRE DAMIEN, né à Ravenne, après avoir enseigné avec réputation, s'enferma dans la solitude de Sainte-Croix d'Avellane près d'Eugubio, et devint prieur, puis abbé de ce monastère. Le pape Etienne IX le fit cardinal et évêque d'Ostie en 1057, et l'employa dans les affaires de l'église romaine. Pierre Damien continua, sous les papes suivans, d'être chargé de diverses affaires dont il s'acquitta très-bien. Il consacra tous ses soins à faire revivre la discipline dans le clergé et dans les monastères. Il mourut à Faënza, le 23 février 1073, à 66 ans. Il s'étoit démis auparavant de son évêché. On a de lui, | avoit laissé tomber son manipule,

des Lettres, des Sermons, des Opuscules, et d'autres Ouvrages, recueillis en quatre tomes formant un in-folio; ils sont utiles pour la connoissance de l'histoire ecclésiastique du 11 siècle. On y trouve une érudition variée, mais peu de solidité dans le raisonnement, peu de justesse dans les idées, peu de pureté et de précision dans le style, et trop d'allégories, de visions, de faux miracles. Son esprit n'étoit pas au-dessus de celui de son siècle. Il prit le sur

il retourna sur ses pas, et le retira du milieu des flammes aussi entier, dit-on, qu'il l'avoit en y entrant. Le vent de la flamme agita ses cheveux, fit flotter son étole et son aube; mais rien ne brûla, pas même les poils de ses jambes. Après être sorti du feu, il voulut y rentrer; mais le peuple arrêta les mouvemens d'un zèle qui lui auroit peut-être été funeste. Ce récit est tiré de la Lettre que le clergé et le peuple de Florence écrivirent à cette oc

nom de Damien par reconnois-casion au pape Alexandre II. Les

sance pour un de ses frères qui portoit ce nom, et auquel il devoit son éducation. L'édition des ouvrages de ce père, donnée à Paris en 1663, in-folio, est assez estimée. Sa Vie, écrite par saint Jean de Lodi, son disciple, se trouve dans Mabillon, Secul. 6. Bened. Voyez CADALOUS et Ho

NESTIS.

+ XVIII. PIERRE IGNÉE, c'est-a-dire de feu, fameux religieux de l'ordre de Vallombreuse, et issu de l'illustre maison des Aldobrandins, fut fait cardinal et évêque d'Albano en 1073. Longtemps avant cette promotion, Pierre-de-Pavie, évêque de Florence, avoit été accusé de simonie et d'hérésie par les religieux du monastère de Saint-Jean-Gualbert. Cette accusation agitoit tous les esprits; on proposa de la vérifier. Pierre Ignée fut choisi en 1063 par les moines de son couvent, pour faire l'épreuve du feu contre l'évêque. On dit qu'il entra gravement, les pieds nus et à petits pas, en présence de tout le peuple de Florence, dans un brasier ardent entre deux bûchers embrasés, et qu'il alla jusqu'au bout avec une démarche mesurée. S'étant aperçu qu'il

écrivains de ce temps-là, et surtout Didier, abbé du Mont-Cassin, depuis pape sous le nom de Victor III en parlent comme d'une chose très-certaine. Malgré leur témoignage, on ne peut pas douter qu'elle ne soit fabuleuse. Cependant Pierre-de-Pavie continua d'être évêque de Florence, nonobstant cette épreuve qui étoit défendue par les canons de l'Eglise.

+ XIX. PIERRE, dit L'ERMITE, gentilhomme français d'Amiens en Picardie, quitta la profession des armes pour embrasser la vie érémitique, et ensuite celle-ci pour la vie de pélerin. Vers la fin du 10 siècle et au commencement du 11, l'opinion que la fin dumonde arriveroit bientôt, avoit répandu nne alarme générale. Plusieurs chartes écrites dans ce temps-là commencent ainsi : « Puisque la fin du monde approche et que différentes calamités et jugemens de Dieu annoncent cette catastrophe comme très-prochaine, etc. etc.» (Vaissette, Histoire du Languedoc.) Par un effet de cette frayeur, un grand nombre de pélerins se rendirent à Jérusalem dans le dessein d'y mourir dans une terre

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