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Mirandole et de Concordia, né le 24 février 1463 d'une famille illustre, fut dès sa plus tendre jeunesse un prodige prématuré de mémoire, de travail et d'érudition. A peine avoit-il entendu trois fois la lecture d'un livre, qu'il répètoit les mots de deux pages entières, ou dans leur ordre naturel, ou dans leur ordre rétrograde. Après avoir étudié le droit à Bologne, il parcourut les plus célèbres universités de France et d'Italie. On prétend qu'à l'âge de 18 ans il savoit vingt-deux langues. Mais il n'y a point de langue dit un homme d'esprit, qui ne demande environ une année pour la bien posséder; et quiconque dans une si grande jeunesse en sait vingt-deux, peut être soupçonné de n'en savoir que les élémens. » Une chose plus extraordinaire encore, c'est que ce prince, ayant étudié tant d'idiomes différens, ait pu à 24 ans soutenir des thèses sur tous les objets des sciences, sans en excepter une seule de omni re scibili. Ces thèses, affichées à Rome, où l'auteur s'étoit rendu pour paroître sur un théâtre plus digne de son lui suscitèrent des ennemis. On l'accusa d'hérésie, et on l'empêcha de se donner de nouveau en spectacle. Le pape Innocent VII en censura treize propositions, après les avoir fait examiner par des commissaires. Pic publia une Apologie. Une chose assez singulière, c'est qu'un des théologiens qui se mêlèrent de censurer les thèses, étant interrogé sur la signification du mot de cabale contre lequel il déclamoit, répondit que « c'étoit un hérétique qui avoit écrit contre Jésus-Christ, et que ses sectateurs avoient eu de lui le nom de cabalistes.» (Mémoires de Niceron, tome 34.) Pic fut accusé de magie par l'envieuse

nom,

|

ignorance. On trouve à la tête de ses ouvrages les 1400 Conclusions générales, sur lesquelles il offrit de disputer. Un peu d'élémens de géométrie et de sphère étoient, dans cette étude immense, la seule chose qui méritassent ses peines. Tout le reste ne sert qu'à faire voir l'esprit du temps. C'est le précis des ouvrages d'Albert, surnommé le Grand, un fatras de questions ineptes de l'école, un mauvais mélange de la théologie scolastique et de la philosophie péripatéticienne. On y voit qu'un ange est infini secundùm quid; que les animaux et les plantes naissent d'une corruption animée par la vertu productive. Sa passion pour l'étude devint si forte, qu'il renonça à ses biens patrimoniaux, et mourut à Florence le 17 novembre 1494, le même jour que Charles VIII fit son entrée dans cette ville. Ce prince ayant appris qu'il étoit à l'extrémité, lui envoya deux de ses médecins; mais leur art ne lui fut d'aucun secours. On lui fit cette épitaphe:

Joannes jacet hic Mirandula: cætera norunt Et Tagus et Ganges; forsan et Antipodes. « L'histoire du prince de la Mirandole, dit Voltaire, n'est que celle d'un écolier plein de génie, parcourant une vaste carrière d'erreurs, et guidé en aveugle par des maîtres aveugles. » Outre ses Thèses, on a de lui plusieurs autres ouvrages, écrits avec assez d'élégance et de facilité. Ils ont été recueillis en un vol. in-fol., pour la première fois à Bologne, 1496, puis à Venise, 1498, et enfin à Bâle en 1573 et en 1601. Les principaux sont, I. Ses Livres sur le commencement de la Genèse, dans lesquels on trouve bien des questions inutiles. II. Un Traité de la dignité de l'homme.

Mirandole et de Concordia: il ne le fut jamais. Son frère aîné Galeoti Pic, posséda cet état après la mort de leur père, et le transmit à Jean-François Pic son fils qui suit.

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II. PIC (Jean-François), prince de la Mirandole, neveu du précédent, et fils de Galeoti Pic, prince de la Mirandole, né en 1570, cultiva les sciences avec autant d'ardeur que son oncle; mais sa passion pour la scolastique lui fit un peu négliger la belle latinité. Sa vie fut fort agitée, et il fut chassé deux fois de ses états: la première, par son frère, et la seconde, par les Français en 1512. Il y rentra trois ans après; mais Galeoti son neveu l'ayant surpris la nuit dans son château, l'assassina avec son fils Albert, le 15 octobre 1533. Paul Jove dit que quelques uns regardèrent cette fin funeste comme une juste punition de sa cruauté. Pic ayant fait altérer les espèces qui avoient cours dans ses états, par le directeur de sa monnoie, et ayant gagné considérablement par cette fraude, fit cependant mourir par un supplice cruel ce directeur, pour appaiser les murmures du peuple. Mais plusieurs, dit Niceron, ont rejeté tout l'odieux de cette affaire sur sa femme, qui l'avoit entreprise et conduite sans sa participation. En effet, ses contemporains lui don

III. Un autre de l'Etre de l'univers. IV. Les Règles de la vie chrétienne. V. Un Traité du royaume de JÉSUS-CHRIST et de la vanité du monde. VI. Trois livres sur le Banquet de Piaton. VII. Une Exposition de l'Oraison dominicale. VIII. Un livre de Lettres, pleines d'esprit et d'érudition, suivant Niceron. C'est ce qui engagea Christophe Cellarius à les publier de nouveau avec des sommaires et des notes, 1682, in -8°. IX. Disputa- | tiones adversùs astrologiam divinatricem, Bologne, 1495, in-folio rare. Pic s'y déclare contre l'astrologie judiciaire; mais il ne faut pas s'y méprendre, c'est contre l'astrologie pratiquée de son temps. Il en admettoit une autre; et c'étoit, selon lui, l'ancienne, la véritable, qui, disoitil, étoit négligée, et par laquelle il croyoit pouvoir prédire la fin du monde. I assure « qu'il n'y a aucune vertu dans le ciel et sur la terre, qu'un magicien ne puisse faire agir; » et il soutient que (( les paroles sont efficaces en magie, parce que Dieu s'est servi de la parole pour arranger le monde. » Crescimbeni, Istoria della volgar poesia, tome II, page 336, déplore pour la poésie italienne la perte prématurée de Pic de la Mirandole. Pic brûla cinq livres de Poésies latines qu'il avoit soumises au jugement de Politien, et il fit regretter à cet aristarque la sévérité de sa critique sur quelques-unes. Voyez sa vienent les plus grands éloges. C'épar Jean-François Pic son neveu, toit, selon Sadolet, un prince à la tête du recueil des œuvres qui joignoit la force à la raison, de son oncle. Cette vie est faite la modestie à la puissance, la avec beaucoup de soin. Voyez piété aux armes, la doctrine aux aussi les éloges de Paul Jove. On soins de l'administration. Nous voit par cet éloge, que Pic étoit avons quelques-uns de ses ouappelé le Phénix de son temps. vrages, dans le recueil de son La plupart des géographes l'ont oncle. Il n'y montre pas autant fait, sans raison, souverain de la d'esprit, de subtilité et d'érudi

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cachées des pays situés entre la mer du Nord et les rivières de l'Issel, de l'Ems et de la Lippe avec des Annales du pays de Drenthe. Amsterdam 1640, in-4°.

* IV. PICARD (Mathurin), curé de Mesnil-Jourdain, diocèse d'Evreux, auteur d'un livre singulier et rare, intitulé : Le Fouet des paillards, ou Juste punition des voluptueux et char

tion; mais on y trouve plus de solidité et d'égalité. Les principaux sont, I. Deux livres sur la mort de JÉSUS-CHRIST. II. Deux autres sur l'Etude de la philosophie profane et sacrée. III. Un autre sur l'Imagination, traduit en français par Baïf, Paris, 1577; in-8°. IV. Un Traité De rerum prænotione, dans lequel il s'élève avec force contre les moyens illicites dont on se sert pour tâcher de pénétrer dans l'avenir. V. La Vie de Sardanapale.nels; Rouen, 1623, in-12. Cet VI. Des Poésies latines. VII. Quatre livres de Lettres. On a encore de lui, séparément, I.Strix, sive De ludificatione dæmonum, 1612, vol. in-8°. II. De animæ immortalitate 1525, in -4°. III. Vita Savonarolæ ; Paris 1674, in-12; morceau curieux. C'est une apologie de ce célèbre infortuné, en deux livres, contenant quinze chapitres.

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I. PICARD. Voyez PICART. II. PICARD, ainsi nommé, parce qu'il étoit de Picardie, renouvela le système des adamites au commencement du 15° siècle, et se fit suivre par une populace ignorante. Il prétendoit être un nouvel Adam, envoyé de Dieu pour rétablir la loi de nature. I fut chef des hérétiques qui se répandirent dans la Bohème, et qui de son nom furent appelés picards; Zisca détruisit leur principal asile en 1420; mais la secte ne fut pas entièrement détruite. On prétend que les hernutes, dont Zinzendorf a été le père, dans le 18 siècle, en sont une branche. Voyez Adam.

*III. PICARD ou PIKARD (Jean), docteur en médecine et pasteur à Couorden, a écrit en Hollandais une Description succinte de quelques antiquités oubliées et

auteur avoit écrit comme Urbain Grandier, et il en eut le sort; mais ce ne fut qu'après sa mort, car on l'exhuma pour le brûler comme sorcier, à Rouen, le 21 | août 1647.

V. PICARD (Jean), prêtre et prieur de Rillé en Anjou, né à la Flèche, vint de bonne heure à Paris, où des talens supérieurs pour les mathématiques et l'astronomie le firent connoître. On le choisit pour membre de l'académie des sciences en 1666. Cinq ans après, le roi l'envoya au château d'Uranienbourg, bàti par Ticho-Brahé en Danemarck, pour y faire des observations astronomiques. Cette course fut trèsutile l'astronomie. Picard rap-' porta de Danemarck des lumières nouvelles, et les manuscrits originaux des observations de Ticho-Brahé, augmentées d'un livre. Ces découvertes furent suivies de plusieurs autres: il observa le premier la lumière dans le vide du baromètre, Phosphore mercuriel. Il fut aussi le premier qui mesura un degré du méridien terrestre, pour déterminer la méridienne de France. Son travail comprit la portion de l'arc, entre les parallèles des villages d'Anières et de Malvoisine, par un enchaînement de triangle

ou le

.

Nous

Benoît, de Toul, né en cette
ville, en 1580, se consacra aux
recherches historiques.
avons de lui, I. Une Histoire de
de la maison de Lorraine, 1704,
in-8°. II. Une Histoire ecclésias-

VII. PICARD (Charles-Adrien), mort au mois de mars 1779, a publié une Lettre sur quelques monumens antiques. Paris, 1758, in-8°, et le Catalogue raisonné du cabinet de Babault, 1763, in-12.

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dont la distance de Villejuif à Juvisi est la base mesurée. Depuis, en 1693, Lahire continua cette opération jusqu'à Dunkerque, tandis que Cassini la poussoit au midi jusqu'à Perpignan. La longueur de cet arc, depuis Dunker-tique de Toul, 1707, in-4°. III. Un que jusqu'à Mont-Joui, près de Pouillé de Toul, deux vol in-8° Barcelonne, est de 10 degrés qui fut défendu par arrêt du par7487". Il travailloit avec le cé- lement. Ces livres, mal écrits, lebre Cassiui, son ami et son manquent quelquefois de criemule, lorsqu'il mourut, en 1683. tique; mais ils renferment des Ses ouvrages sont, I. Theorie du choses qu'on ne trouve point ailnivellement, publiée et augmentée leurs. L'auteur mourut en 1720, par Lahire. Ce traité manquoit à 40 ans. dans la librairie depuis plus de 50 ans, lorsqu'on a publié, en 1806, à Paris, un Essai sur le Nivellement, in-8°, très-bien fait, et qui peut tenir lieu de l'ouvrage de Picard. II. Pratique des grands cadrans par le calcul. III. Fragmens de Dioptrique. IV. Experimenta circa aquas effluentes. V. De mensuris. V. De mensura liquidorum et aridorum. VII. La mesure de la terre. Paris 1671, imprimerie royale, grand in-fol. dont il donna ensuite un abrégé.natale. Il reunit l'exercice de la VIII. Voyage d'Uranienbourg ou Observations astronomiques fai- | tes en Danemarck. IX. Observations astronomiques faites en divers endroits du royaume. X. La Connoissance des temps, pour l'année 1679 et suivantes, jus-ral, propre à l'instruction de la qu'en 1683 inclusivement. Tous jeunesse, est tiré de Quinte ces ouvrages se trouvent dans les Curce. II. Histoire météorologitomes vi et vi des Mémoires de que pour l'année 1785. III. Il avoit l'académie des sciences. Picard entrepris un grand ouvrage intifut un des premiers qui appli-tulé La grande Apologétique. quèrent le télescope au quart C'étoit la réfutation de toutes les du cercle. Auzout, célèbre ma- hérésies depuis l'origine du thématicien eut le premier christianisme. La mauvaise sauté cette idée heureuse; mais Picard de l'auteur le força d'abandonner la perfectionna tellement, qu'on cette entreprise. Son frère lui en attribue assez générale- membre aussi de l'académie de ment la gloire. Dijon, a publié des Poésies qui ne sont pas sans mérite, et un VI. PICARD (Benoît ), capu-Journal des observations du baconnu sous le nom de Pererometre de Lavoisier. Ce dernier

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PICARDET (C. N. ) né à Dijon, se fit ecclésiastique, et devint prieur de Neuilly et membre de l'académie de sa ville

bienfaisance à la culture des lettres, et fondà un prix de vertu pour une rosiere. On lui doit I. Les deux Abdalonyme, histoire phénicienne, Dijon, 1779, in-8°. Le sujet de ce roman mo

:

écrit est inséré dans les Mémoires | de l'académie de Dijon, pour l'année 1785. Les deux frères sont morts dans leur patrie pendant la révolution.

Paris le 11 juin 1673, fils du précédent, étudia la gravure sous son père, qu'il surpassa, et l'architecture et la perspective sous Sébastien Leclerc. Son attachement à la religion protestante I. PICART (Michel), né à le fit passer en Hollande en 1710. Nuremberg, en 1574, profes- Il s'y distingua par l'ordonnance, seur de philosophie et de poé- l'exactitude, la correction de ses sie à Altorf, où il mourut en dessins, par la propreté et la déli1620, à 46 ans, après avoir été catesse des estampes, dont il orna ami d'Isaac Casaubon, a laissé, un grand nombre de livres. Il ne I. Des Commentaires sur la poli-fut guère occupé en Hollande que tique et sur quelques autres oupar des libraires; mais il avoit soin vrages d'Aristote. II. Des Dispu- de garder une quantité d'épreuves tes. III. Des Harangues. IV. Des de toutes les planches qu'il graEssais de critique, V. Une Tra- voit. Les curieux qui vouloient duction latine d'Oppien, impri- en faire des collections les achemée à Paris en 1604. Ce fut 37 toient fort cher. Ses dessins étoient ans après sa mort, que Jean Sau- aussi à un très-haut prix. Quand bert, ministre à Nuremberg, pu- ce maître s'est écarté de sa mablia l'ouvrage de Picart, intitulé, nière léchée, il a fait des choses Liber singularis periculorum cri- touchées avec assez de liberté, et qui sont très piquantes. Ses compositions, en grand nombre, II. PICART (François le), font honneur à son génie. Les docteur en Sorbonne, né à Paris pensées en sont belles et pleines en 1504, mort dans la même de noblesse; peut-être sont-elles ville le 15 septembre 1558, à 54 quelquefois trop recherchées et ans, doyen de Saint-Germam-trop allégoriques. Il altéra l'exl'Auxerrois, et seigneur d'Artilli pression de ses têtes à force de les et de Villeron, se distingua par couvrir de petits points, et charson zèle et par son savoir. Legea ses draperies de tailles roiP. Hilarion de Coste, minime, a écrit sa vie. On lui attribue un livre singulier et rare, intitulé: Le débat d'un jacobin et d'un cord élier, à qui aura sa religion meilleure, 1606, in-12.

ticorum.

des, longues, unies, qui produisent un fini froid et insipide. Le talent de cet artiste sembla rétrograder en Hollande. Pour plaire aux amateurs hollandais, qui estiment avant tout un fini précieux, il altéra sa manière spirituelle, et tomba dans la froideur. Aussi les connoisseurs font-ils une distinction entre les estampes qu'il avoit publiées à Paris, et celles qu'il mit au jour, lorsqu'il fut retiré en Hollande. Quoique plusieurs de ces dernières aient du mérite, elles ne peuvent être comptées parmi les titres de Bernard Picart à la célébrité, et elles n'ont été IV. PICART (Bernard), né à utiles qu'a sa fortune. Il mourut

* III. PICART (Etienne), dit le Romain, l'un des plus habiles graveurs de son temps, reçu en 164, membre de l'académie royale, dont il devint le doyen en 1705, quitta Paris en 1710, et alla s'établir à Amsterdam, où il mourut, le 12 novembre 1721, âgé de go ans.

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