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» la pratique des vertus, et non sur de vaines cérémo»nies. Quel est le véritable esprit du christianisme? » C'est de réprimer ses passions, d'aimer ses frères, et » de préférer la mort au péché. Or, je vous le demande, >> dans quelle société trouverons-nous cette religion » pure et intérieure? Sera-ce dans l'Eglise romaine? » sera-ce dans les Eglises réformées? Elles ont toutes » renouvelé le judaïsme : leurs liturgies, leurs sacre» mens, leurs rits sont des restes des cérémonies ju» daïques, expressément abolies par Jésus-Christ. C'est » de ces formalités extérieures qu'elles font dépendre » la justice et le salut. Elles chassent de leur sein ceux » qui n'observent point ces rits, sans examiner si d'ail» leurs ils sont vertueux; mais elles y reçoivent avec » honneur les plus grands scélérats, pourvu qu'ils » soient fidèles à ces pratiques extérieures. Les minis>> tres du Seigneur, faits pour éclairer les autres, sont » les premiers à prêcher la nécessité de ces cérémo»nies, qui sont la source de leurs revenus. Aucune » de ces sociétés n'est donc la véritable Eglise de Jé>> sus-Christ; et ceux qui désirent sincèrement leur » salut, doivent s'en séparer, pour former entr'eux >> une nouvelle société d'hommes sobres, patiens, cha>> ritables, mortifiés, chastes, désintéressés. Une pa» reille association sera la seule véritable Eglise de » Jésus-Christ. » Fox accompagnoit ce discours de pleurs, de gémissemens, et de toutes les grimaces capables de faire impression sur la multitude: les places publiques, les cabarets, les temples, les maisons particulières, retentissoient de ses exhortations pathétiques. Un grand nombre de personnes se laissèrent séduire par cet imposteur, qui, de chétif cordonnier, se vit tout-à-coup chef de secte. Sa réputation se répandit dans toute l'Angleterre, où les simples le regardèrent comme un homme rare et extraordinaire, envoyé du ciel pour leur apprendre le véritable

de peine, il parvint à apprendre par cœur presque toute l'Ecriture. Les grandes et terribles vérités contenues dans cet auguste livre, étoient le sujet continuel de ses profondes méditations; sans cesse il avoit devant les yeux l'appareil du jugement dernier, les feux de l'enfer, l'abîme effrayant de l'éternité. Il s'enfonçoit avec plaisir dans ces idées si conformes à son humeur noire et mélancolique, s'éloignoit avecaffectation de tout commerce avec les hommes, et vivoit dans une entière solitude. Bientôt son cerveau, échauffé par une application continue, ne lui offrit plus que des chimères et des fantômes: il s'imagina voir autour de lui une troupe de diables occupés à le tenter. Pour triompher de leurs attaques, il redoubla ses prières, ses méditations, ses jeûnes: il ne fit qu'affoiblir de plus en plus son cerveau, et acheva de perdre la raison. Il lui sembla qu'il entendoit une voix céleste qui consoloit et fortifioit son ame, et lui promettoit du secours. Bientôt ce ne furent qu'extases, que visions, que ra vissemens. Il érigea en révélations tous les écarts de son imagination blessée. Dans le cours de ce commerce intime qu'il croyoit entretenir avec le ciel, il demanda à Dieu qu'il lui fit connoître le véritable esprit du christianisme; et il ne douta point que sa

demande n'eût été exaucée.

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Il commença dès-lors à quitter sa profession de cordonnier, qui lui sembloit trop vile pour un homme inspiré du ciel ; il voulut jouer le rôle d'apôtre et de prophète, et prétendit que Dieu l'avoit choisi pour réformer la religion chrétienne, défigurée par les foiblesses et par les passions des hommes. En conséquence, il se mit à dogmatiser dans les places publiques, avec une chaleur et un enthousiasme qui lui tenoient lieu d'éloquence. « Quel est, disoit ce nouvel » apôtre, le culte que les Chrétiens doivent rendre à » Dieu ? C'est un culte spirituel et intérieur, fondé sur

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QUA » la pratique des vertus, et non sur de vaines cérémo3 »nies. Quel est le véritable esprit du christianisme? » C'est de réprimer ses passions, d'aimer ses frères, et » de préférer la mort au péché. Or, je vous le demande, » dans quelle société trouverons-nous cette religion » pure et intérieure? Sera-ce dans l'Eglise romaine? » sera-ce dans les Eglises réformées? Elles ont toutes » renouvelé le judaïsme : leurs liturgies, leurs sacre» mens, leurs rits sont des restes des cérémonies ju» daïques, expressément abolies par Jésus-Christ. C'est » de ces formalités extérieures qu'elles font dépendre » la justice et le salut. Elles chassent de leur sein ceux » qui n'observent point ces rits, sans examiner si d'ail» leurs ils sont vertueux; mais elles y reçoivent avec » honneur les plus grands scélérats, pourvu qu'ils » soient fidèles à ces pratiques extérieures. Les minis» tres du Seigneur, faits pour éclairer les autres, sont » les premiers à prêcher la nécessité de ces cérémo»nies, qui sont la source de leurs revenus. Aucune » de ces sociétés n'est donc la véritable Eglise de Jé» sus-Christ; et ceux qui désirent sincèrement leur »> salut, doivent s'en séparer, pour former entr'eux » une nouvelle société d'hommes sobres, patiens, cha>> ritables, mortifiés, chastes, désintéressés. Une pa» reille association sera la seule véritable Eglise de » Jésus-Christ. » Fox accompagnoit ce discours de pleurs, de gémissemens, et de toutes les grimaces capa. bles de faire impression sur la multitude: les places publiques, les cabarets, les temples, les maisons particulières, retentissoient de ses exhortations pathétiques. Un grand nombre de personnes se laissèrent séduire par cet imposteur, qui, de chétif cordonnier, se vit tout-à-coup chef de secte. Sa réputation se répandit dans toute l'Angleterre, où les simples le regardèrent comme un homme rare et extraordinaire, envoyé du ciel pour leur apprendre le véritable

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moyen d'honorer dignement l'Etre suprême. Le nombre de ses disciples grossissoit chaque jour, et il devint enfin assez considérable pour former une société. Alors Fox commença à tenir des assemblées régulières, dans lesquelles, conformément à sa doctrine, on ne pratiquoit aucune cérémonie religieuse. Le lieu où se tenoient ces assemblées ne différoit en rien d'un lieu profane là, tous ses disciples, les bras croisés, la tête baissée, le chapeau sur les yeux, méditoient, dans le plus profond recueillement, les importantes vérités de la religion, et attendoient qu'il plût à l'Esprit-Saint de les gratifier de quelque inspiration particulière, et d'agir sensiblement sur leur ame. Celui d'entr'eux dont l'imagination étoit la plus vive et la plus prompte à s'échauffer ne pouvoit manquer de ressentir le premier l'opération de l'Esprit-Saint. Il entroit alors dans une espèce d'enthousiasme dont la violence faisoit trembler extraordinairement tous ses membres. Dans cet état, il annonçoit à ses confrères ce que lui suggéroit l'Esprit dont il étoit agité. Son discours rouloit ordinairement sur le renoncement à soi-même, sur la nécessité de faire pénitence, d'être sobre, juste et bienfaisant. Les assistans ne tardoient pas à ressentir les effets de l'éloquence pathétique de l'orateur; ils s'échauffoient, et trembloient à leur tour. L'inspiration devenoit générale : tous les disciples de Fox parloient ensemble, et chacun s'efforçoit de parler plus haut que les autres. Ils sortoient de ces assemblées avec une gravité, un recueillement, un silence, dont la multitude étoit fort édifiée. Ils se regardoient les uns les autres comme des temples vivans dn S. Esprit. Comme ils se croyoient tous inspirés, il n'y eut personne parmi eux qui ne prétendît s'ériger en apôtre, et qui ne se crût destiné à éclairer et à réformer l'Angleterre. Ce royaume fut bientôt inondé d'une foule de fanatiques, qui dogmatisoient de tous côtés

avec emportement, et faisoient, dans tous les états, un grand nombre de prosélytes. Laboureurs, artisans, soldats, prêtres, magistrats, femmes, filles; en un mot, des gens de tout sexe et de toute condition, s'empressèrent d'embrasser la doctrine des Quakers. On les voyoit trembler et prophétiser dans les places publiques. L'ardeur de leur zèle les emportoit jusqu'à troubler la liturgie et l'ordre du service divin, insulter les ministres, et invectiver contre l'Eglise anglicane. Ce zèle indiscret leur attira une violente persécution. Les magistrats, après avoir inutilement employé les remontrances, eurent recours aux voies de rigueur, pour arrêter l'audace de ces novateurs turbulens. Les Quakers furent battus, emprisonnés, dépouillés de leurs biens; mais ils supportèrent avec une opiniâtreté indomptable tous les mauvais traitemens qu'on leur fit souffrir. Cette patience les fit regarder comme autant de héros par les gens peu éclairés, qui font toujours le grand nombre; et les violences que l'on exerça contre eux ne servirent qu'à donner un nouvel éclat à leur secte.

Cependant Fox n'oublioit rien pour étendre de tous côtés sa doctrine. Il envoya des lettres pastorales dans tous les endroits où le quakérisme commençoit à s'établir: il eut la hardiesse d'écrire au roi de France, à l'Empereur, au Sultan, en un mot, à tous les souverains de l'Europe, pour leur ordonner, de la part de Dieu, de se faire Quakers. Cromwel, qui venoit d'usurper la souveraine puissance en Angleterre, ayant entendu parler de cette secte singulière, fut curieux d'en voir le chef. Il crut voir dans Fox quelques traits de son caractère, et il conçut de ce fanatique une opinion assez avantageuse. Il publia un édit qui ordonnoit aux magistrats de protéger les Quakers contre les insultes qu'on voudroit leur faire; mais il défendit en même temps à ces sectaires de tenir au

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