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gloire à l'archevêque de Cambrai, que cette admirable modestie; et l'on peut dire qu'il fut en quelque sorte avantageux à ce grand prélat de s'être trompé.

Nous ne pouvons terminer cet article, sans instruire le lecteur, en peu de mots, du sort de madame Guyon, que nous avons laissée renfermée à Vincennes. De ce château, elle fut transférée dans le couvent des Filles de S. Thomas, à Vaugirard. Quelque temps après, elle fut mise à la Bastille, parce que Lacombe, son directeur, avoua, à ce qu'on prétend, qu'il avoit eu avec elle un commerce criminel. Après que le saint Siége eut condamné le livre de M. de Fénélon, madame Guy on recouvra sa liberté, et se retira à Blois, où elle finit paisiblement une vie toujours agitée, le 9 juin 1717.

2. Le quiétisme fait une partie du systême des talapoins de Siam, du Tonquin et de Laos en Asie, qui suivent la doctrine que Fo enseigna à ses disciples en mourant, et qu'on nomme intérieure. (Voyez Fo.) Ils soutiennent que, pour être véritablement saint, il ne suffit pas de n'être point sujet aux passions violentes ; ils veulent arracher du cœur jusqu'au moindre désir; ils veulent, pour établir la quiétude parfaite de l'ame, faire cesser entièrement tout exercice de l'entendement et de la volonté. Il faut, pour être saint, être aussi insensible qu'une pierre. Ils enseignent que l'ame, lorsqu'elle est ensevelie dans cette espèce de néant par le silence de toutes ses facultés, est dans un état d'immutabilité et de perfection qui l'approche beaucoup de la divinité.

QUINQUENNALES, du mot latin quinque, cinq, et annus, année : jeux ou fêtes que les Romains célébroient en l'honneur des empereurs qui avoient été mis au rang des dieux par la cérémonie de l'apothéose. Ces fêtes étoient nommées Quinquennales, parce qu'on les célébroit tous les cinq ans.

QUINZE-VINGTS: c'est le nom que l'on donne à un célèbre hôpital de Paris, fondé par S. Louis pour trois cents pauvres aveugles. On prétend que ce fut en faveur de trois cents chevaliers français, à qui les Sarrasins avoient crevé les yeux pendant sa captivité en Egypte; mais aucun des historiens contemporains ne fait mention de cette circonstance.

2. Il y a au Japon un ordre d'aveugles, qui a du rapport à nos Quinze-Vingts, dans lequel se trouvent des personnes de toute condition. Cette société fut établie par le fils d'un empereur du Japon, qui pleura si amèrement la mort d'une princesse dont il étoit amoureux, qu'il en perdit entièrement l'usage des yeux : en mémoire de cet événement, le prince institua un ordre d'aveugles qui fut pendant long-temps /très-florissant; mais, vers le milieu du douzième siècle, il s'éleva une autre société d'aveugles, qui fit presque oublier la première. Cette dernière société est très-célèbre au Japon, et porte le nom d'aveugles de Feki. On raconte ainsi l'origine de cette institution. Un nommé Feki, qui s'étoit révolté contre l'Empereur, avoit un officier recommandable par sa fidélité et par son zèle: le parti de Feki ayant été dissipé, et ce chef étant mort, l'Empereur fit tout son possible pour se rendre maître de la personne de cet officier qui avoit si fidèlement servi le rebelle Feki. Lorsqu'il fut en sa puissance, il le traita avec toute sorte d'égards, et n'oublia rien pour s'attacher un homme dont il estimoit la fidélité, quoiqu'elle eût eu pour objet son ennemi: mais tous ses bienfaits furent inutiles; le fier Japonais ne pouvant déguiser ses véritables sentimens, parla ainsi à l'Empereur : « J'ai tou» jours été fidèle à mon maître tant qu'il a vécu; après » sa mort je ne le trahirai pas, en m'attachant au » service de son ennemi. Je sens tout le prix des bien» faits dont vous m'honorez; j'avoue que je ne suis

redevable de la vie qu'à votre clémence; mais la » reconnoissance même m'engage à vous déclarer que, >> s'il étoit en mon pouvoir, je vous immolerois avec » joie aux mânes de mon premier maître. Cessez donc » de combler de biens un homme qui vous regardera » toujours comme son ennemi : délivrez-vous par ma » mort de la crainte que doivent vous inspirer de pa>> reils sentimens; et, pour vous donner un exemple » de la manière dont vous devez me traiter, je com» mence par m'arracher ces yeux, qui ne peuvent » vous voir sans horreur. » En achevant ces paroles, il s'arracha les yeux en présence de l'Empereur. Tel est l'instituteur de la société des Aveugles de Feki. Les Japonois disent qu'il étoit doué d'une force extraordinaire, que lui avoit communiquée le dieu Canon, auquel il étoit particulièrement dévot. Dans la première de ces deux sociétés d'aveugles, il n'y a plus aujourd'hui que des ecclésiastiques : la seconde, beaucoup plus nombreuse, est composée de séculiers de tout état et de toute condition. Ils ont les cheveux coupés, et sont attachés irrévocablement à l'ordre pour toute leur vie : ils exercent les différentes protfessions auxquelles ils sont propres, et ils pensent its avec raison qu'il vaut mieux vivre de son travail que le des aumônes publiques. Cette société a, comme les Feautres ordres, un supérieur général, qui réside à Méaco.

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QUIOCCOS: idole des peuples de la Virginie. On i ne peut presque rien dire de certain, ni sur la forme de cette idole, ni sur le culte qu'on lui rend, parce que les temples des Virginiens sont inaccessibles aux tot étrangers, et que ces peuples regardent comme un sacrilége de révéler les mystères de leur religion. Ceit pendant un auteur natif de la Virginie, et qui a bcomposé l'histoire de ce pays, nous fournit quelques instructions au sujet de l'idole Quioccos, et de son

temple, nommé Quioccosan. « Un jour, dit-il, nous tombâmes sur le Quioccosan, ou temple des (Virginiens), à une heure que tout le monde étoit à un rendez-vous, pour consulter sur les bornes des terres que les Anglais leur avoient données. Ravis de trouver une si bonne occasion, nous résolûmes d'en profiter..... Après avoir ôté de la porte de ce temple douze ou quinze troncs de bois, dont elle étoit barricadée, nous y entrâmes; et nous n'aperçûmes d'abord que les murailles toutes nues, et un foyer au milieu. Cette maison..... avoit autour de dix-huit pieds de large, et trente de long, avec un trou au toit, pour donner passage à la fumée. La porte du temple étoit à l'une des extrémités. En dehors, et à quelque distance du bâtiment, il y avoit des pieux tout autour, dont les sommets étoient peints, et représentoient des visages d'hommes en relief. Nous ne découvrîmes aucune fenêtre dans tout ce temple, ni d'autre endroit par où la lumière pût entrer, que la porte et le trou de la cheminée. D'ailleurs, nous remarquâmes qu'à l'extré mité opposée à la porte, il y avoit une séparation de nattes fort serrées, qui renfermoit un espace d'environ dix pieds de long, et où l'on ne voyoit pas la moindre clarté. Nous eûmes d'abord quelque répugnance à nous engager dans ces ténèbres; mais enfin nous y entrâmes..... et trouvâmes, vers le milieu de l'enclos, des pieux sur le sommet desquels il y avoit de grandes planches. Nous tirâmes de là trois nattes roulées et cousues,..... dont l'une contenoit quelques ossemens, l'autre, un coutelas à l'indienne, que les Virginiens nomment tomahawk. On avoit attaché à l'un de ces tomahawk la barbe d'un cog d'Inde, peinte en rouge; et les deux plus longues plumes de ses ailes pendoient au bout, attachées avec un cordon de cinq ou six pouces. La troisième de ces nattes renfermoit quelques pièces de rapport, que

nous primes d'abord pour l'idole des (Virginiens.) Le détail de ces pièces de rapport consistoit en une planche de trois pieds et demi de long, où l'on voyoit une entaillure au haut, pour y enchâsser la tête, et des demi-cercles vers le milieu, qui étoient cloués à quatre pouces du bord, et servoient à représenter la poitrine et le ventre de cette statue. Au-dessus, il y avoit une autre planche, plus courte de la moitié que la précédente, et que l'on y joignit avec des morceaux de bois, qui, enchâssés de part et d'autre, s'étendoient à quatorze ou quinze pouces du corps, et servoient, à ce que nous crûmes, à former la courbure des genoux, lorsqu'on ajustoit cettè image. Nous trouvâmes encore dans la natte des pièces de toile de coton rouge et blanc, et des rouleaux faits pour les bras, pour les cuisses et les jambes, qui plioient au genou. il seroit difficile de voir aujourd'hui quelqu'une de ces images, parce que les (Virginiens) ont grand soin de les cacher à la vue du public..... Nous mîmes les habits de celle dont nous parlons sur les cercles, pour en faire le corps; nous y fixâmes les bras et les jambes, pour nous en former l'idée; mais la tête, et les bracelets magnifiques dont on la pare ordinairement, n'y étoient pas, ou du moins nous ne pûmes pas les trouver..... Lorsque cette image est revêtue de ses ornemens, elle doit paroître fort vénérable dans ce lieu obscur, où le jour n'est introduit qu'à la faveur d'une des nattes de la cloison, qu'on relève, et de cette lumière sombre qui vient de la porte et du trou de la cheminée du temple. Ces ténèbres servent à exciter la dévotion du peuple ignorant. Mais ce qui contribue à maintenir l'imposture, c'est que, d'un côté, le principal des magiciens y entre tout seul, et qu'il peut remuer l'image sans que personne s'en aperçoive; et que, de l'autre, un prêtre se tient avec le peuple pour l'empêcher de pousser la curiosité trop loin,

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