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Etienne désapprouva ce jugement, et il en écrivit aux Pères du concile, leur représentant que la pratique constante et universelle de l'Eglise étoit contraire à cette doctrine, et que le plus sûr étoit de ne rien innover. S. Cyprien ne se rendit point à ces raisons; il assembla un troisième concile, auquel assistèrent quatre-vingt-sept évêques africains, numides et maures. Ce concile décida, comme les deux précédens, que le baptême des hérétiques étoit invalide. Le pape Etienne, de son côté, combattit vivement cette opinion, et menaça même d'excommunier ceux qui la soutenoient; mais il s'en tint toujours aux simples menaces, et l'on ne trouve point de preuve qu'il ait en effet excommunié S. Cyprien, comme plusieurs l'ont prétendu. Le pape Etienne étant mort avant la fin de la contestation, Xiste, son successeur, la termina, et fit décider, dans un concile plénier, que le baptême des hérétiques étoit valide. On dispute pour savoir si ce concile est celui de Nicée, ou celui d'Arles. Quoi qu'il en soit, S. Cyprien et les évêques de son parti se soumirent à ce jugement. Les deux grandes raisons sur lesquelles s'appuyoit S. Cyprien étoient plus spécieuses que solides: Les hérétiques n'ont ni le Saint-Esprit ni la grâce, donc ils ne peuvent conférer ni l'un ni l'autre par le baptême. Cette conséquence seroit bonne, si le baptême tiroit son efficacité de l'état du ministre qui le confère; mais, comme il ne la tire que de l'institution de Jésus-Christ, il a toujours son effet, par quelque personne qu'il soit administré.

L'autre raison n'est pas mieux fondée. Il n'y a point de salut hors de la vraie Eglise; mais les enfans qui `naissent parmi les hérétiques ne sont pas hors de l'Eglise, puisqu'ils ne participent point à cet esprit de révolte contre l'Eglise, qui constitue l'hérésie.

La doctrine des Rebaptisans fut adoptée, dans la

suite, par les Donatistes; mais S. Augustin les réfuta vivement dans son livre du Baptême.

Il s'étoit élevé dans l'Eglise des hérétiques qui avoient altéré la forme du baptême. On avoit jugé que leur baptême étoit nul, et qu'il falloit rebaptiser ceux d'entr'eux qui se convertissoient. Ce fut peutêtre cet usage qui occasionna la querelle des Rebaptisans; cependant il ne leur étoit aucunement favorable. Ce n'étoit point parce que les Valentiniens étoient hérétiques, qu'on regardoit leur baptême comme nul, mais parce qu'ils en changeoient la formule essentielle.

RÉCHABITES: secte de Juifs, instituée par Jonadab, fils de Réchab, prophète qui vivoit sous le règne de Jéhu, roi d'Israël. Les Réchabites fuyoient les villes, et demeuroient dans les campagnes, où ils n'avoient point d'autres maisons que des tentes. Ils s'abstenoient aussi de boire de vin. Sous Joachim roi de Juda, ils furent obligés de venir demeurer à Jérusalem; mais ils y menèrent une vie aussi solitaire et aussi retirée que s'ils eussent vécu dans un désert. Le prophète Jérémie, les ayant conduits dans le temple, leur présenta des coupes pleines de vin, et les pressa de boire; mais ils ne voulurent jamais consentir à violer la loi de leur secte. Jérémie, prenant de là occasion de reprocher aux Juifs leur infidélité envers le Seigneur: « Que l'exemple des Réchabites » serve à vous confondre, leur dit-il. Ils observent » avec une exactitude scrupuleuse des traditions hu»maines, et vous violez sans remords toutes les lois >> divines. >>

RECLUSES. On appeloit ainsi autrefois des filles ou des veuves qui, voulant se consacrer entièrement à Dieu dans la solitude, se faisoient bâtir une petite chambre joignant le mur de quelque église, et y demeuroient, sans sortir, jusqu'à la fin de leur vie. « La

» cérémonie de leur reclusion se faisoit avec grand » appareil: l'église étoit tapissée; l'évêque célébroit » la messe pontificalement, prêchoit, et alloit ensuite » lui-même sceller la porte de la petite chambre, » après l'avoir aspergée d'eau bénite. On n'y laissoit » qu'une petite fenêtre, par où la pieuse solitaire en» tendoit l'office.divin, et recevoit les choses néces»saires à la vie. » Le 5 d'octobre 1403, Agnès du Rochier, fille d'un riche marchand de Paris, qui demeuroit dans la rue Thibautodé, se fit recluse à l'âge de dix-huit ans, à la paroisse de Sainte-Opportune, et mourut dans sa cellule à quatre-vingt-dix-huit

ans.

RÉCOLLETS. On appeloit ainsi, en France, des religieux réformés de l'ordre de S. François, qui portoient aussi le nom de Frères mineurs de l'étroite Observance. Cette réforme s'établit d'abord dans l'Espagne et dans le Portugal, où ces religieux sont appelés Déchaussés. Ils s'introduisirent, en 1525, en Italie, où ils sont connus sous le nom de gli Reformati, les Réformés. En 1592, Louis de Gonsague, duc de Nevers, fit venir quelques-uns de ces religieux à Nevers, et leur donna un couvent, qui fut le premier de leur ordre en France. On leur donna, dans ce royaume, le nom de Récollets, qui signifie recueillis, parce qu'ils faisoient profession de mener une vie plus austère et plus recueillie que les autres religieux de l'ordre de S. François. Les rois Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, rendirent plusieurs ordonnances très-favorables à la propagation de cette réforme, qui, par ce moyen, s'étendit prodigieusement en France, et y forma dix provinces. Louis XIV fut si content de leurs services au camp de S. Sébastien, près S. Germain-en-Laye, où ils avoient servi d'aumôniers, qu'il voulut qu'à l'avenir ils continuassent à exercer la même fonction dans ses armées. Les Ré

collets vont les jambes nues, et ont pour chaussure des espèces de soc ou de sandales fort hautes.

RECTEUR. Dans quelques provinces on donne ce nom au curé qui gouverne une paroisse. Dans plusieurs communautés, couvens et hôpitaux, on appelle recteur le supérieur de la maison.

RÉDEMPTEUR. C'est le titre que les Chrétiens donnent à Jésus-Christ, qui nous a rachetés au prix de son sang. Dans l'ordre des Mathurins, on appelle quelquefois rédempteurs les religieux qui vont chez les Infidèles racheter les captifs.

RÉDEMPTION, (mystère de la) du latin redimere, racheter. C'est le troisième des mystères fondamentaux de la religion chrétienne. Il nous apprend que Jésus-Christ, le fils unique de Dieu, a pris sur lui la peine due à nos péchés, et qu'il est mort sur la croix pour les expier.

Ordre de la Rédemption des Captifs. Voyez MA

THURINS.

RÉDICULE: faux dieu qui étoit autrefois adoré chez les anciens Romains, et qui avoit un temple bâti près de Rome, sur le chemin de la porte Capène. Voici quelle fut l'origine du culte que l'on rendit à ce dieu, et du nom qu'on lui donna. Pendant le cours de la seconde guerre punique, Annibal, quelque temps après la journée de Cannes, s'avança vers Rome, résolu de détruire cette ville, et s'approcha de la porte Capène; mais, effrayé par des spectres et des fantomes qu'il s'imagina voir voltiger en l'air autour des murs de Rome, il se retira promptement. Les Romains attribuèrent à la protection de quelque divinité tutélaire cette terreur soudaine dont Annibal avoit été frappé; et, dans l'endroit même d'où le général carthaginois étoit parti pour s'en retourner, ils bâtirent un temple en l'honneur de cette divinité, à laquelle ils donnèrent le nom de Rédicule, du latin redire,

s'en retourner, comme qui diroit la divinité qu oblige à s'en retourner.

REFORMATION, ou plus communément RÉFORME C'est le nom que donnèrent à leur schisme toutes le sectes qui se séparèrent de l'Eglise catholique dan le commencement du seizième siècle, particulière ment les Luthériens, les Zuingliens, et, depuis, les Calvinistes, qui prétendirent corriger les abus qu s'étoient glissés dans l'Eglise romaine, et rendre au culte sa première pureté. Voyez les articles LUTHE RANISME, CALVINISME, ZUINGLIens.

On appelle aussi réforme le rétablissement de la discipline dans un ordre religieux, ou dans une com munauté où le relâchement s'est introduit.

REFUGE. Voyez, au Supplément, l'article VILLES De Refuge.

RÉGALE: ancien droit du roi de France sur les archevêchés et évêchés de son royaume. En vertu de ce droit, qui lui appartenoit comme fondateur et pa tron de la plupart des Eglises de son royaume, ou comme gardien et protecteur des autres, et qu'il exer çoit autrefois sur plusieurs abbayes d'hommes et d filles, il pouvoit percevoir les fruits des archevêchés e évêchés, et conférer tous les bénéfices qui en dépen doient, pendant la vacance du siége épiscopal. Ces be néfices, tant que la régale duroit, étoient réputés d patronage laïque. Le Pape ne pouvoit jouir sur eu d'aucun des droits dont il usoit à l'égard de ceux qu dépendoient des collateurs ecclésiastiques. Non-seule ment la mort d'un évêque ou archevêque donnoit ou verture à la régale dans son diocèse, mais aussi sa pro motion au cardinalat, ou sa translation d'un siége à u autre : elle duroit jusqu'à ce que le nouvel évêque ou a chevêque eût fait et prêté au Roi le serment de fidélit en personne, et qu'il l'eût présenté et fait enregistrer la chambre des comptes. Suivant l'usage ancien, le not

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