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» vous espérez qu'ils seront embaumés et conservés » dans des étoffes précieuses, par les femmes que vous » avez infatuées de vos rêveries; nous y donnerons bon » ordre. » Ils les faisoient donc manger aux bêtes; ils les mêloient avec des corps de gladiateurs où d'autres criminels; ils les jetoient dans l'eau, attachés à de grosses pierres; ils les brûloient, et jetoient les cendres aux vents. Mais, malgré toutes leurs précautions, la plupart des reliques étoient conservées, soit par le zèle ardent des fidèles, soit par les miracles que Dieu faisoit souvent en ces occasions. On honoroit les tombeaux des martyrs, sitôt qu'ils y reposoient. Plusieurs saints ont souffert le martyre, pour avoir été pris veillant et priant aux sépultures des martyrs, ou célébrant leurs fêtes. >>

La dévotion aux reliques a eu le sort de toutes les autres. Il s'y est glissé un grand nombre d'abus. L'envie d'avoir des reliques en a souvent fait supposer de fausses. Plusieurs églises se sont vantées d'avoir la tête ou quelqu'autre membre du même saint. Elles ont rapporté des miracles opérés par la relique qu'elles prétendoient posséder, quoiqu'il fût évident qu'elle ne se trouvoit que dans une seule église, et que les miracles opérés dans les autres étoient ou supposés, ou opérés par la foi. Quelquefois on a poussé l'indis crétion jusqu'à donner pour de véritables reliques, des choses qu'on ne pouvoit pas raisonnablement avoir conservées. L'on a beaucoup contribué à diminuer la vénération due aux reliques, en les multipliant si prodigieusement qu'il étoit presque impossible à un homme sensé de ne pas croire que plusieurs étoient supposées. C'est particulièrement à Rome que l'on trouve une quantité surprenante de reliques. La terre même de cette ville sainte, imbibée, et, comme le dit un auteur italien, enivrée du sang des martyrs, est par elle-même une relique très-précieuse, et le

Pape en fait des présens aux étrangers. On rapporte, à ce sujet, qu'un ambassadeur de Pologne ayant beaucoup importuné le pape Pie V, pour avoir quelque relique, le pontife mit un peu de terre dans son mouchoir, et le donna à l'ambassadeur. Celui-ci s'imagina que le Pape vouloit se moquer de lui. Il prit cependant le mouchoir, et le porta à son hôtel; mais il ne l'eut pas plus tôt ouvert, qu'il vit la terre toute rouge de sang, ainsi que le mouchoir, et il ne douta point que ce ne fût le sang des martyrs. Rome possède aussi une autre pépinière féconde en reliques: ce sont les CATACOMBES. (Voyez cet article.) La ville d'Aixla-Chapelle est aussi fort riche en reliques. On montre aux fidèles, tous les sept ans, celles qui sont dans l'Eglise de Notre-Dame; et l'exhibition de chaque relique est accompagnée d'une proclamation. Par exemple, s'il s'agit de montrer la tête et le bras droit de S. Corneille, la proclamation se fait ainsi. « On >> vous montrera la tête et le bras droit de S. Cor» neille, par l'intercession duquel notre Seigneur » veuille vous préserver du mal caduc, et après cette » vie, vous donner le royaume éternel. » Pater noster; Ave, Maria; Credo.

C'étoit autrefois un usage assez commun de porter sur soi des reliques; et plusieurs saints l'ont pratiqué, entr'autres S. Charles Borromée, qui portoit au cou une dent de sainte Sabine. Les rois et les généraux les faisoient aussi porter à la tête des armées ; et l'on assure qu'ils ont souvent été redevables de la victoire à ces saintes reliques. Mais c'étoit principalement dans les calamités publiques qu'on imploroit leur secours. On les portoit alors en procession, avec beaucoup de solennité; et c'est encore aujourd'hui la

coutume.

L'invention de la sainte croix par sainte Hélène est l'époque de la grande réputation des reliques.

Tout le monde voulut avoir un morceau de ce bois sacré, qui, par un prodige étonnant, sembla se multiplier, pour satisfaire aux pieux désirs des fidèles. Voyez TRANSLATION DE RELIQUes.

Sans prétendre faire aucune comparaison entre la superstition païenne et les pieuses pratiques de l'E-` glise catholique, nous placerons ici quelques traits du respect des peuples idolâtres pour les restes des héros de leur religion.

2. Les Athéniens recueillirent avec un soin extrême les os de Thésée, et lui rendirent les plus grands honneurs.

3. Les Chinois ont dans leurs temples des reliques de leurs prétendus saints: Ils conservent dans la pagode de Nantua le corps d'un certain Lessu, mort, depuis huit cents ans, avec la réputation d'un şaint. Ce corps est exposé à la vénération des peuples, et environné d'un grand nombre de bougies. On ac=court à l'envi des pays les plus éloignés, pour le visiter.

4. Dom Constantin de Bragance, vice-roi de Goa, s'étant emparé, en 1560, de Jafanapatan, une des villes de l'île de Ceylan, y trouva une relique fameuse, que tous les habitans des côtes voisines venoient adorer avec beaucoup de dévotion. Les princes des pays d'alentour lui envoyoient de riches présens, et principalement le roi de Pégu, qui se distinguoit par un zèle particulier pour l'honneur de la relique. Cependant cette relique si fêtée n'étoit autre chose qu'une dent de singe blanc, que les habitans croyoient être celle d'un de leurs dieux nommé Hanimant, qui avoit autrefois pris la forme d'un singe. Le roi de Pégu ne fut pas plus tôt informé que cette vénérable dent étoit tombée entre les mains du vice-roi de Goa, qu'il la lui envoya demander, offrant de lui payer trois cent mille ducats. Les Portugais délibé

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rèrent s'ils devoient accepter cette proposition. Les plus graves personnages de l'assemblée représentèrent qu'il seroit indécent à des Chrétiens de contribuer, pour un vil intérêt, à la propagation d'une si honteuse idolâtrie. Cet avis l'emporta; et dom Constantin, après avoir fait piler la dent dans un mortier, en présence de tout le monde, la fit jeter au feu. Cependant, malgré toutes ces précautions, le culte de la dent ne fut pas aboli. Quatre ans après, les astrologues du roi de Pégu lui annoncèrent qu'il devoit épouser la fille du roi de Colombo, pays de l'île de Ceylan. Le monarque, en conséquence, en fit faire la proposition; mais il y avoit un très-grand obstacle à ce mariage; c'est que le roi de Colombo n'avoit point de fille. Cependant, pour ne pas refuser le roi de Pégu, ou plutôt pour le tromper, il résolut de lui donner pour épouse la fille de son chambellan, qu'il aimoit et faisoit élever comme sa propre fille. A cette fourberie il en joignit une autre non moins considérable : il donna pour dot à la nouvelle mariée une dent de singe, et persuada aux ambassadeurs du roi de Pégu que c'étoit la même que les Portugais avoient enlevée à Jafanapatan. Le Roi se laissa tromper aussi aisément que ses ambassadeurs, et reçut avec des honneurs extraordinaires la fausse princesse et la prétendue relique. Quelque temps après, le roi de Candi, dans la même île de Ceylan, ayant appris la fourberie du roi de Colombo, en instruisit celui de Pégu, offrant de lui donner en mariage sa fille, avec la véritable dent, dont il se prétendoit seul possesseur; mais le roi de Pégu, trop fier pour avouer qu'il avoit été trompé, rejeta la proposition du roi de Candi, et persista dans son

erreur.

5. On voit sur la route de Jédo, capitale du Japon, auprès d'un lac nommé Fakone, un petit tem

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ple où l'on conserve "un grand nombre de reliques. Ce sont des sabres, des épées, des cimeterres, dont se sont servis autrefois les camis ou héros japonois. On y remarque l'habit miraculeux d'un ange, avec lequel il s'élevoit dans les airs, avec la rapidité d'un oiseau. Le peigne de Joritomo, premier empereur séculier du Japon, a aussi trouvé place parmi ces reliques.

REMONTRANS: surnom donné aux hérétiques Arminiens, à cause des remontrances qu'ils firent, en 1610, contre le synode de Dordrecht. Voyez ARMI

NIENS.

REMPHAM. C'est le nom d'une fausse divinité que l'on prétend avoir été autrefois un des objets de l'idolâtrie des Israélites. Les savans ne sont pas d'accord sur ce prétendu dieu : les uns veulent que ce Rempham soit l'étoile de Vénus, que les Egyptiens et les Assyriens adoroient; les autres soutiennent que c'est Adonis: enfin plusieurs prétendent que c'est un roi d'Egypte, à qui ses sujets rendirent, après sa mort, les honneurs divins, et qu'ils mirent en la place de la planète de Saturne.

RENÉGATS. On donne ce nom à ceux qui ont renoncé à la foi de Jésus-Christ pour embrasser une fausse religion.

RENOMMÉE. Les poètes en avoient fait une divinité, qu'ils supposoient fille de Titan et de la Terre, et sœur des géans Cée et Encelade. On trouve dans le IVe Livre de l'Enéide de Virgile, une belle description de cette prétendue déesse. « La Renommée » se répand aussitôt dans les villes de la Libye : la » Renommée, le plus prompt de tous les maux, qui » tire sa vigueur de sa promptitude, et qui, dans sa » course rapide, acquiert des forces toujours nou» velles. Elle rampe d'abord foible et craintive; mais » elle ne tarde pas à s'élever, et, repoussant fière

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