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Or, comme tout entier en courbe circulaire
L'air se meut emporté par la force première,
Tant que rien n'interrompt le cercle éthéréen,

Ce sommet qui s'élève au sein de l'éther libre,
Frappé directement par l'air, frémit et vibre,
En faisant bruire au loin les bois touffus d'Éden.

Et chaque arbre ébranlé dans la forêt profonde
A le don d'imprégner de sa vertu féconde
Le vent qui la secoue en germes odorants.

Et la terre au-dessous, suivant qu'elle est plus forte
Par son sol ou son Ciel, soudain conçoit et porte
De diverses vertus des arbres différents.

Ceci compris, pour toi ce n'est plus un prodige
Qu'une plante parfois, fruit ou fleur, sur sa tige,
Sans semis apparent, vienne à pousser là-bas.

L'enclos saint que voici, sache-le, tient en germe
Tout ce qui croît sur terre, et, de plus, il enferme
Un fruit délicieux qui ne s'y cueille pas.

L'onde qu'ici tu vois, elle n'est point nourrie
Par le sol, des vapeurs que le froid tourne en pluie,
Comme un fleuve qui s'enfle ou qui perd de ses eaux

Elle sort d'une source immuable et certaine :
La volonté de Dieu verse en cette fontaine
Les flots qu'elle partage entre ses deux canaux.

Chacun des deux courants possède une puissance
L'un, des péchés à l'homme ôte la souvenance,
L'autre, du bien qu'il fit le souvenir lui rend.

Quinci Lete, così dall' altro lato
Eunoè si chiama : e non adopra,
Se quinci e quindi pria non è gustato.

A tutt' altri sapori esto è di sopra:
E avvegna ch' assai possa esser sazia
La sete tua, perchè più non ti scuopra,

Darotti un corollario ancor per grazia,
Nè credo, che'l mio dir ti sia men caro,
Se oltre promission teco si spazia.

Quelli, ch' anticamente poetaro
L'età dell'oro, e suo stato felice,
Force in Parnaso esto loco sognaro.

Qui fu innocente l' umana radice :
Qui primavera sempre, ed ogni frutto:
Nettare è questo, di che ciascun dice.

lo mi rivolsi addietro allora tutto
A' miei Poeti, e vidi, che con riso
Udito avevan l' ultimo costrutto:

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L'un s'appelle Léthé, l'autre Eunoë se nomme ";
Mais leur vertu ne peut opérer que si l'homme
Trempe sa lèvre à l'un comme à l'autre courant.

Nulle saveur ne vaut leur saveur merveilleuse.
J'ai sans doute apaisé ton ardeur curieuse
Et de m'en tenir là me serait bien permis.

Mais je veux te donner par grâce un corollaire,
Je n'appréhende pas de cesser de te plaire
En allant au delà de ce que j'ai promis.

Les poëtes, jadis, qui, dans la solitude,
Ont chanté l'âge d'or et sa béatitude,

Sans doute sur le Pinde ont rêvé ces lieux-ci.

C'est l'innocent berceau de la nature humaine; Fleurs et fruits éternels parent ce beau domaine; Le nectar que chacun célèbre, le voici ! »

A ces mots me tournant vers mes deux chers poëtes,
Je vis que tous les deux, de leurs lèvres discrètes,
De la conclusion ils souriaient entre eux :

Et sur la dame alors je reportai mes yeux.

NOTES DU CHANT XXVIII

1 Chiassi, aujourd'hui détruit, était situé pres de Ravenne. La forêt de pins dont parle Dante existe encore; elle a été visitée et chantée par lord Byron, qui y a composé, dit-on, la Prophétie de Dante.

2 Ce personnage réalise la vision de Dante au chant précédent. Son nom est Mathilde, comme on le verra au chant XXXIII. Les commentateurs supposent que c'est la célèbre comtesse Mathilde qui enrichit l'Église.

3 Elle veut dire : N'accusez pas mon cœur si je puis être joyeuse dans cet Éden que l'homme a perdu. Je souris de la joie que m'inspire la contemplation des œuvres de Dieu, comme le psalmiste dans le cantique qui commence ainsi : Delectasti me, Domine.

Stace lui a dit (chant XXI) que depuis la porte du Purgatoire jusqu'au haut de la montagne aucun vent, aucune vapeur n'altérait l'atmosphère. Comment donc la forêt peut-elle bruire ainsi et comment ce fleuve a-t-il pu se former ?

5 Les deux noms sont tirés du grec. C'est comme s'il disait : L'un s'appelle oubli, l'autre, bonne mémoire.

ARGUMENT DU CHANT XXIX

Mathilde s'avance le long du fleuve. Dante la suit du bord opposé. Une douce harmonie se répand dans l'air. Des voix chantent Hosannah! Dante, averti par Mathilde, s'apprête à contempler un prodigieux spectacle. Il voit sept candélabres étincelants marchant devant vingt-quatre vieillards vėtus de blanc et couronnés de lis. Après eux quatre animaux la tête ceinte de feuilles vertes et ayant chacun six ailes. Puis un char de triomphe traîné par un griffon. A la droite du char dansent trois dames portant différentes couleurs. A la gauche, quatre autres habillées de pourpre. Sept autres vieillards, vêtus comme les premiers, ferment la marche. Au signal d'un coup de tonnerre, tout le cortége s'arrête.

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