Or, comme tout entier en courbe circulaire Ce sommet qui s'élève au sein de l'éther libre, Et chaque arbre ébranlé dans la forêt profonde Et la terre au-dessous, suivant qu'elle est plus forte Ceci compris, pour toi ce n'est plus un prodige L'enclos saint que voici, sache-le, tient en germe L'onde qu'ici tu vois, elle n'est point nourrie Elle sort d'une source immuable et certaine : Chacun des deux courants possède une puissance Quinci Lete, così dall' altro lato A tutt' altri sapori esto è di sopra: Darotti un corollario ancor per grazia, Quelli, ch' anticamente poetaro Qui fu innocente l' umana radice : lo mi rivolsi addietro allora tutto L'un s'appelle Léthé, l'autre Eunoë se nomme "; Nulle saveur ne vaut leur saveur merveilleuse. Mais je veux te donner par grâce un corollaire, Les poëtes, jadis, qui, dans la solitude, Sans doute sur le Pinde ont rêvé ces lieux-ci. C'est l'innocent berceau de la nature humaine; Fleurs et fruits éternels parent ce beau domaine; Le nectar que chacun célèbre, le voici ! » A ces mots me tournant vers mes deux chers poëtes, Et sur la dame alors je reportai mes yeux. NOTES DU CHANT XXVIII 1 Chiassi, aujourd'hui détruit, était situé pres de Ravenne. La forêt de pins dont parle Dante existe encore; elle a été visitée et chantée par lord Byron, qui y a composé, dit-on, la Prophétie de Dante. 2 Ce personnage réalise la vision de Dante au chant précédent. Son nom est Mathilde, comme on le verra au chant XXXIII. Les commentateurs supposent que c'est la célèbre comtesse Mathilde qui enrichit l'Église. 3 Elle veut dire : N'accusez pas mon cœur si je puis être joyeuse dans cet Éden que l'homme a perdu. Je souris de la joie que m'inspire la contemplation des œuvres de Dieu, comme le psalmiste dans le cantique qui commence ainsi : Delectasti me, Domine. Stace lui a dit (chant XXI) que depuis la porte du Purgatoire jusqu'au haut de la montagne aucun vent, aucune vapeur n'altérait l'atmosphère. Comment donc la forêt peut-elle bruire ainsi et comment ce fleuve a-t-il pu se former ? 5 Les deux noms sont tirés du grec. C'est comme s'il disait : L'un s'appelle oubli, l'autre, bonne mémoire. ARGUMENT DU CHANT XXIX Mathilde s'avance le long du fleuve. Dante la suit du bord opposé. Une douce harmonie se répand dans l'air. Des voix chantent Hosannah! Dante, averti par Mathilde, s'apprête à contempler un prodigieux spectacle. Il voit sept candélabres étincelants marchant devant vingt-quatre vieillards vėtus de blanc et couronnés de lis. Après eux quatre animaux la tête ceinte de feuilles vertes et ayant chacun six ailes. Puis un char de triomphe traîné par un griffon. A la droite du char dansent trois dames portant différentes couleurs. A la gauche, quatre autres habillées de pourpre. Sept autres vieillards, vêtus comme les premiers, ferment la marche. Au signal d'un coup de tonnerre, tout le cortége s'arrête. |