qu'il leur paroist advantageux, et, quand ils ne font pas des efforts considérables dans les commencements, il ne faut pas espérer d'eux dans les suites. Je ne croi pas que l'on ait fait d'advantage dans la Picardie et l'expérience de l'année der-' nière doit faire apprehender pour celle cy, car, avec la liberté que l'on avoit d'en faire entrer par la Bretagne, on a desja beaucoup souffert en bien des endroits, et cette année les François se rendront les maistres de cette pesche, de manière qu'il vendront leurs harancs tout ce qu'ils voudront et qu'il ni en aura pas la moitiée de ce qu'il en faudra pour la consommation du roïaume.

C'est ce que la pluspart des bons marchands qui cognoissent le commerce, et qui ne sont point intéressés dans celui de la pesche, m'ont asseuré.

J'estime qu'il seroit plus convenable au bien public et plus advantageux pour les fermes du roy, qui perderoient par an cinquante mil escus de ces deffenses, d'ordonner une augmentation considérable; il n'en viendra plus une si grande quantité et ceux qui viendront ne se vendront qu'après ceux de la pesche françoise. Cela fera l'effect que l'on se propose. Les François pourront mettre tant de navires en mer qu'ils voudront, et, tant qu'ils auront du haranc, les estrangers n'en pourront pas vendre, si ils veulent se contenter d'un gain raisonnable, en mettant une augmentation proportionnée. Les estrangers paient, outre les mesmes droits des pesches françoises,

A la douane....

16 liv.

Pour le droit d'abord

Pour le droit de vendage..

Pour l'escu pour thonneau...

12 liv. 6 s.

12 liv.

6 liv.

Avec plusieurs autres petits droits, le tout peut bien se monter à... 50 liv.

Ils ont de profit sur les François au moins douze escus par leths à cause de la meilleure qualité de leurs harancs, avec cela ils emportent des marchandises sur lesquelles ils gagnent le fret si l'on augmentoit de 38 liv. par leth, je croi que cela feroit une différence assez grande pour que nos marchands vendissent leurs harancs préférablement aux Hollandois, et que c'est le parti le plus asseuré pour en avoir la quantité nécessaire pour la consommation du roïaume et pour augmenter ce commerce; c'est mon advis.

CHAMILLART.

Pesche du haranc gué. Depuis l'arrets du mois de septembre 1687 qui fait deffenses aux estrangers d'apporter des haranes autrement qu'en vrac, il y a eu un arrets qui fait deffenses aux habitants des costes de Normandie d'aller à la pesche du haranc le long des costes de Normandie, passé le dernier décembre.

Cet arrets fait grand prejudice. On peschoit de ces haranes que l'on appelle harane gué jusques a la fin de mars et cela diminuoit considérablement le prix du harang frais et sallė. Ce seroit un grand bien de restablir cette pesche dans la disette où l'on est présentement.

Dieppe.

-

Despense pour mettre un vaisseau en estat d'aller à la pesche du haranc. Le vaisseau revient à

3,500 liv. pour la cotte et les agrest.

Advance aux hommes, il en faut 20 pour le

service....

Victuailles du vaisseau.

Scel......

Trente cinq layes de barils.....

Autres petits agréments comme cercles et autres....

La dezure et les halins et le rechanche....... A la dezure, compris les halins et les rechange, c'est la fourniture des filets.

Total......

3.500 liv.

500 liv.

350 liv..

300 liv.

400 liv.

100 liv. 2.000 liv.

7.150 liv.

Quand la pesche est bonne, le vaisseau vient chargé de 30 ou 35 layes d'harancs; la laye est de douze barils d'harancs en vrac, qui produisent dix-huit barils de pasquier; chaque laye vault cette année 200 liv., parceque la pesche n'a esté cette année que de moitié, les autres années elle ne vault que 150 liv. à 160 liv. On passe au maître du navire 10 pour cent pour les advances qu'il a faites et pour le desdommagement du vaisseau 200 liv. ou environ. Ces vaisseaux peuvent faire deux voïages quand la pesche est bonne, et, quand ils sont de retour, ils vont encore à la pesche du petit haranc le long des costes de Normandie.

Le Commerce de Dieppe. (1). Consiste en la pesche des harancs et pesches fraiches. - Aux voïages des isles pour

(1) Les commerçants dieppois se plaignent vivement à cette époque de l'obligation où ils sont de payer certains droits spéciaux établis en 1642 pour subvenir à l'entretien des troupes qui tiennent garnison dans la place, et pour acquitter quelques rentes dues par la ville.

les sucres, casse, cotton, indigo, caret,

pour les tabacs.

- Et à St Domingue

Il y a cinq ou six navires pour Terre Neufve.

Il arrive d'Angleterre beaucoup de peaux de veau apprestées, avec les cornes qui servent à faire des peignes dont le commerce est assés grand.

Il se fait dans la même ville quantité de dentelles; - On envoie des navires d'icy au destroit, mais ils reviennent au Havre parce que la consommation ne se trouveroit pas icy.

Le pais de Caux produit quantité de bleds, il en faut faciliter la sortie, car c'est ce qui fait la richesse du païs; on en a pas envoié beaucoup cette année à l'estranger. Le sr Chauvel est le seul qui en fait charger un vaisseau cet année.

Il se fait encore icy quantité de filets qui se vendent aux Anglois, et quelques toilles.

Les Chauvel envoie tous les ans deux a trois vaisseaux dans le Zand (?) pour chercher des bray, goudron, planches, mats, planches de chesnes que l'on va prendre jusqu'à Conisberg (1).

Il vient des charbons d'Angleterre et des beurres d'Islande; quelque augmentation que l'on mette, il en viendra toujours: la grande quantité de beurre fait qu'ils sont dans la nécessité d'en envoïer; le païs perdra car il faudra le diminuer, mais le commerce se fera toujours.

(1) Un Chauvel, capitaine de frégate, mande de Dieppe la prise d'un corsaire. Merc. galant, juillet 1709, p. 344.

TABLE DES NOMS D'HOMMES