| considéré comme une obligation au service militaire, tenait au droit politique; considéré comme un genre de bien qui était dans le commerce, il tenait au droit civil. Cela donna naissance aux lois civiles sur les fiefs. « Les fiefs étant devenus héréditaires, les lois concernant l'ordre des successions durent être relatives à la perpétuité des fiefs. Ainsi s'établit, malgré la disposition du droit romain et de la loi salique, cette règle du droit francais, propres ne remontent point. Il fallait que le fief fût servi; mais un aïeul, un grand-oncle, auraient été de mauvais vassaux à donner au seigneur: aussi cette règle n'eut-elle d'abord lieu que pour les fiefs. ■ Les fiefs étant devenus héréditai res, les seigneurs, qui devaient veiller à ce que le fief fût servi, exigèrent que les filles qui devaient succéder au fief, et, je crois, quelquefois les mâles, ne pussent se marier sans leur consentement; de sorte que les contrats de mariage devinrent pour les nobles une disposition féodale et une disposition civile. Dans un acte pareil, fait sous les yeux du seigneur, on fit des dispositions pour la succession future, dans la vue que le fief pût être servi par les héritiers: aussi les nobles seuls eurentils d'abord la liberté de disposer des successions futures par contrat de mariage (*). » Tous les possesseurs de fiefs n'exerçaient pas à beaucoup près les mêmes droits dans l'étendue de leurs domaines. Les possesseurs des grands fiefs de la couronne devaient au roi foi et hommage; mais ces grands fiefs avaient, comme le royaume, leurs usages, leur administration particulière. La guerre, la justice, la police, y étaient réglées d'une manière tout à fait indépendante. Le principe fondamental de la féodalité consistait dans le lien qui unissait le vassal au suzerain, et le suzerain au vassal. Nous avons parlé, à l'article FÉODALITÉ, des devoirs du vassal envers le seigneur. Celui-ci, à son tour, devait au premier justice et protection, et le vassal, qui n'avait pas obtenu le (*) Montesquieu, De l'Esprit des lois, liv. xxxt, ch. 33 et 34. redressement de ses griefs, pouvait recourir à la voie des armes. Le déni de justice l'affranchissait de l'hommage dû au suzerain. <<< Outre les fiefs consistant en propriétés territoriales, les rois de France et plusieurs grands seigneurs avaient, pour acquérir des vasselages, assigné des pensions perpétuelles sur leur trésor aux seigneurs qu'ils voulaient avoir dans leur dépendance. De cette manière, vers le milieu du quatorzième siècle, cent trente et un seigneurs, tant regnicoles qu'étrangers, étaient devenus vassaux de la couronne de France (*). » Grands fiefs de la couronne. On conçoit, après avoir lu les réflexions qui précèdent, que le nombre des fiefs dut être immense, et que ce serait en vain que l'on chercherait à en composer une liste générale. Cependant en choisissant ceux qui, à différentes époques, ont relevé immédiatement de la couronne, les grands fiefs, en un mot, on peut arriver à former un tableau assez intéressant et très-utile. C'est ce qu'ont fait les auteurs de l'Art de vérifier les dates, dans la partie de cet ouvrage qui a pour titre Chronologie historique des grands fiefs. Il ne faudrait pas croire pourtant que ce tableau représentât, pour une époque quelconque, la division féodale du territoire de la France. Cette division varia à l'infini, et il serait extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, de la saisir pour un moment donné. Le nombre des grands fiefs, trèsrestreint dans l'origine, lorsque quelques grands vassaux se partageaient le royaume, s'accrut ensuite progressivement avec les acquisitions de la couronne. Quand le roi réunissait à son domaine quelque province appartenant à l'un de ces grands vassaux, les fiefs qui s'y trouvaient, et qui relevaient immédiatement de ce vassal, devenaient, par le fait même de l'acquisition, des fiefs immédiats de la couronne, c'està-dire, des grands fiefs. On conçoit dès lors avec quelle rapidité ces fiefs se seraient multipliés, si, d'ailleurs, la ten (*) Montesquieu, ouvrage cité, dance qu'ils avaient à s'absorber les uns les autres n'eût continuellement diminué leur nombre, et contre-balancé en quelque sorte les acquisitions de la cou ronne. La liste suivante, qui a été composée d'après l'Art de vérifier les dates, présente, dans l'ordre géographique, en commençant par les provinces du Midi, les différents fiefs qui, aux diverses époques de la durée du régime féodal, ont été fiefs immédiats de la couronne. Nous donnerons ensuite un tableau chronologique de leur réunion, soit au domaine royal, soit à d'autres fiefs; enfin, nous ferons suivre ce tableau d'une sorte de vocabulaire des différentes espèces de fiefs, vocabulaire assez étendu, mais indispensable pour les recherches historiques sur le moyen âge. TABLEAU GÉOGRAPHIQUE DES GRANDS FIEFS. I. SUD-OUEST DE LA FRANCE. - Fiefs de Navarre, Gascogne, Bearn, Foiz, Languedoc, Roussillon, Guienne, Poitou, Auvergne, Angoumois, Saintonge, Périgord, Marche, Limousin, Berry el Bourbonnais. Comté, puis royauine de Navarre, fondé en 860, réuni à la France en 1591. Cap. Pampelune (SaintJean-Pied-de-Port, capitale de la basse Navarre). Duché de Gascogne, fondé vers 628, réuni au duché de Guienne en 1052. Cap. Bordeaux. Vicomté de Béarn, fondée en 819, réunie aux comtés de Foix et d'Armagnac en 1290. Cap. Morlas, puis Pau. Seigneurie, puis duché d'Albret, fondée vers 802, réunie au domaine royal en 1591. Cap. Nérac. Comté de Comminges, fondé vers goo, réuni au domaine royal en 1443 et en 1540. Comté de Bigorre, fondé vers 820, réuni à la vicomté de Béarn en 1425. Cap. Tarbes. Comté de Fezenzac, fondé en gao, réuni au comté d'Armagnac en 1140. Cap. Vic-de-Fezenzac. Comté d' Armagnac, fondé en 960, réuni au domaine en 1481. Cap. Auch. Vicomté de Fezensaguet, fondée en 1163, réunie au comté d'Armagnac en 1404. Comté de Lectoure, fondé vers le commencement du neuvième siècle, réuni au domaine en 1591. Cap. Lectoure. réuni en 1137 au royaume d'Aragon, mais reste jusqu'en 1258 dans la mouvance de la couronne de France. Cap. Barcelone. Comté de Foir, fondé en 1012, réuni à la Navarre en 1471. Cap. Orthez. Comtés de Maguelone, de Substantion et de Melgueil: le premier subsista jusqu'en 820; les deux autres furent réunis au comte de Toulouse vers 1172. Seigneurie de Montpellier, fondée en 975, reunie au domaine en 1349. Comté de Roussillon, établi vers 800, réuni an domaine en 1659. Cap. Perpignan. Comté de Poitiers, établi en 778, conquis en 1205, réuni au domaine en 1422. Cap. Poitiers. Comté d'Auvergne, fondé en 780, réuni au domaine en 1610. Cap. Clermont. Dauphiné d'Auvergne, fondé en 1155, réuni au do maine en 1693. Comté d' Angouléme, établi en 839, réuni au comte de la Marche en 1218. Cap. Angoulėme. Comté de Périgord, fondé en 778, reuni au domaine en 1399, donné la même année en apanage, réuni definitivement en 1589. Comté de la Marche, fondé vers 968, reuni au do maine en 1308, puis en 1531. Cap. Guéret et Bellac. Vicomté de Limoges, fondée vers 778, réunie ca 1522 à la Navarre, et an domaine en 1589. Vicomté de Turenne, fondée en 767, réunie au domaine en 1738. Comté de Bourges, fondé avant 763, réuni au domaine de la couronne en 1100. Comte de Sancerre, fondé en 1152, reuni au Dau phiné d'Auvergne en 1419. Baronnie, puis duché de Bourbon, fondée avant 921, réunie au doinaine royal en 1537. Cap. Moulins. II. SUD-EST DE LA FRANCE, - Fiefs de la Provence, du comtat Venaissin, du Dauphiné, du Lyonnais, da Nivernais, de la Bourgogne et de la Franche-Comté, Royaume de Bourgogne ou d'Arles, fondé en 855, éteint vers 1250. Comté de Provence, fondé en 926, réuni au domaine en 1481. Comté de Forcalquier, établi en 1054, réuni au comté de Provence en 1208. Comté et principauté d'Orange, fondé vers 1050, réuni au domaine en 1702. Comté et Dauphiné de Viennois, fondé en 1063, réuni au domaine en 1349. Comtés de Valentinois et de Diois, fondés avant 950, réunis au Dauphiné en 1423. Cap. Valence et Die. Baronnie de Beaujolais, maintenue jusqu'au dernier siècle. Seigneurie de Bresse, fondée avant 1100, réunie au domaine en 1601. Cap. Baugé. Comté de Macon, fondé vers 820, réuni au domaine en 1239. Duché de Bourgogne, établi en 877, réuni à la couronne en 1477. Cap. Dijon. Comté de Neufchatel, formé vers 1034, réuni au royaume de Prusse en 1773. Comté de Montbéliard, réuni à la France le ro oc tobre 1793. Comte de Bourgogne, et plus tard Franche-Comté, fondé en 915, administré par les rois de France de 1295 à 1322, réuni aux domaines de la seconde maison de Bourgogne en 1384, et à la couronne en 1678. Cap. Besançon. FIEF FRANCE. Comté de Chalon-sur-Saône, fondé vers 763, réuni an duché de Bourgogne en 1237. Seigneurie de Salins, fondée en gái, réunie au conté de Bourgogne en 1267. Comte de Ferrette, fondé vers 1103, réuni au landgraviat d'Alsace en 1324, et à la France en 1648. III. NOAD-EST DE LA FRANCE. at d'Alsace. Fiefs de Lorraine Royaume, puis duché de Lorraine, fondé en 843, réqui à la couronne en 1766. Comté de Vandemont, fondé vers 1071, rénni à la Lorraine en 1473. Comité, puis duché de Bar, fondé vers 957, réuni à la Lorraine en 1431. Duché d'Alsace, réuni à la France en 1648. IV. NORD DE LA FRANCE. - Fiefs de Flandre, d'Artois et de Picardie. Comté de Flandre, fondé vers 862. Ce comté passa de la maison de Bourgogne dans celle d'Espagne. Une partie en fut réunie à la France en 1680, par le traité de Nimègue. Comte d' Artois, fondé en 863, réuni au domaine en 1224, donné en apanage en 1237, réuni à la Flandre en 1312, et à la France en 1659. Comté d'Hesdin, fondé vers l'an 1000, réuni à la Flandre au milieu du douzième siècle. Comté de Saint-Pol, fondé vers le onzième siècle, appartenait lors de la révolution à la famille de Boban-Soubise. Comté de Guines, fondé en 965, réuni au domaine en 1504. Comté de Boulogne, fondé au neuvième siècle, passé dans la maison d'Auvergne en 1260. Comté de Ponthieu, fondé vers le septième siècle, réuni au domaine en 1369. Cap. Abbeville. V. NOAD-OUEST DE LA FRANCE. - Fiefs de Normandie, Anjou, Maine et Bretagne. Duché de Normandie, fondé en 912, réuni à la couronne en 1204. Comté d' Alençon, fondé vers le commencement du onzième siècle, réuni au domaine en 1219, donné à plusieurs reprises en apanage. Comté du Perche, fondé au neuvième siècle, réuni an domaine en 1226. Comté, puis duché d'Aumale, fondé vers 1070, maintenu jusqu'au dix-huitième siècle. Comté d'Eu, fondé en 996, maintenu jusqu'au dixhuitième siècle Comté d'Evreuz, fondé en 989, réuni en 1200 au domaine, donné à plusieurs reprises en apanage, et maintenu jusqu'au dix-huitième siècle. Comté, puis duché de Vendôme, fondé vers 980, réuni au domaine en 1591. Comté d'Anjou, fondé vers 850, réuni au domaine en 1481. Cap. Angers. Comté du Maine, fondé sous la première race, réuni à l'Anjou en 1110. Seigneurie, puis comté de Laval, fondée vers l'an 1000, maintenue jusqu'au dix-huitième siècle. Comté, puis duché de Bretagne, réuni à la France Comté de Penthièvre, réuni à la Bretagne en 1460. Countés d'Auxerre, de Nevers et de Tonnerre. Le comté d'Auxerre, fondé vers 780, fut réuni au domaine en 1370, et démembré de nouveau en rágr. Celui de Nevers, fondé vers goo, fut acheté par Mazarin en 1659. Celui de Tonnerre, établi vers 800, se maintint jusqu'au dix-huitième siècle. Baronnie de Donzi, fondée vers 1020, réunie au comté de Nevers en 1254. Comte de Bar-sur-Seine, réuni à la Bourgogne en 1435. Comté de Sens, fondé au neuvième siècle, réuni au domaine en 1055. Comté de Joigny, fondé en 996, maintenu jusqu'au dix-huitième siècle. Seigneurie de Joinville, fondée vers 1050, réunie en 1693 au domaine de la maison d'Orléans Comtés de Champagne et de Blois le premier, fondé vers gáo, fut réuni au domaine en 1361. Les comtés de Blois et de Chartres, fondés vers goo, furent réunis au domaine en 1498 et en 1346. Comté de Réthel, fondé vers 974, réuni au duché de Nevers en 1549. Comté de Grand-Pré, fondé vers 1008, maintenu jusqu'au dix-huitième siècle. Comté de Rouci, maintenu jusqu'au dix-huitième siècle. Seigneurie de Sedan, réunie au domaine en 1651. Baronnie de Coucy, réunie au domaine en 1497. Comté de Soissons, réuni en 1495 aux domaines de la maison de Bourbon. Comtés de Valois et de Vermandois. Cap. Crespy et Saint-Quentin. Comté de Dammartin, fondé vers le commencement du onzième siècle, passa successivement dans plu. sieurs maisons, et enfin dans celle de Condé, en 1632. Comté du Vezin, réuni au domaine en 1074. Baronnie, puis comté de Montfort l' Amaury, réunie au domaine en 1532. Comté de Dreuz, réuni d'abord en 1377, puis définitivement vers le milieu du quinzième siècle. Baronnie, puis comté d'Étampes, donnée par saint Louis à Blanche de Castille, et réunie de nouveau à la couronne en 1712. Seigneurie de Beaugency, réunie à la fin du treizième siècle. Comté de Meulan, réuni à la fin du douzième siècle. Comté de Corbeil, fondé vers 940, réuni au domaine royal sous Louis le Gros. Seigneurie de Montlhéri, réunie au domaine vers le milieu du douzième siècle. Baronnie de Montmorency, la première baronnie de PIle-de-France. Duché de France, fondé en faveur de Robert le Fort en 861, et devenu le domaine royal, à l'avénement au trône du duc Hugues Capet, en 887. TABLEAU CHRONOLOGIQUE DE LA RÉUNION DES GRANDS FIEFS A LA 1303 comté de Lyon, à la couronne. comté de Charolois, CHARLES IV, le Bel. 1327 au comté d'Armagnac. 1328 baronnie de Champagne, 1328 comté de Brie. 1328 comté de Valois, PHILIPPE VI, 1328 comté d'Anjou, de Valois. 1328 comté du Maine, à la couronne. 1329 comté de Chartres, 1349 dauphiné de Viennois, 1350 comté de Montpellier, 1365 comté d'Auxerre, CHARLES V. 1375 duché de Valois, 1375 duché d'Orléans, à la couronne. 1380 comté de Ponthieu, |