mission extraordinaire toute dévouée à la cour, et les interrogatoires commencèrent le 26 avril 1617. L'instruction du procès fut confiée à deux présidents et à deux conseillers du parlement nommés Courtin et Deslandes. Elle eut à répondre à des questions telles que celles-ci: « N'est-il pas vrai que vous << avez en vos cachettes des talismans, << des images de cire, symboles et écrits <<< merveilleux? On a trouvé chez vous << l'horoscope du roi et de la reine. << N'est-il pas vrai que vous avez fait << venir moines d'Italie pour exorciser << la nuit dans les églises? N'y avez« vous pas fait tuer un coq, des pi<< geons, dont le sang et le corps, sa« crilége exécrable, devoient servir à << votre santé ? N'est-il pas vrai, mé<<< chante femme, que vous avez jeté un << charme sur la reine mère pour lui per<< suader tout ce que vous voulez ? >> Les preuves paraissaient ne pas manquer à l'appui de ces inculpations de sacrilége, à côté desquelles on négligeait presque entièrement les griefs qui eussent pu justifier une condamnation: la cupidité de la favorite, ses intelligences avec l'étranger, le soin qu'elle avait mis à s'opposer à la recherche des auteurs de l'assassinat de Henri IV. « En la maison de la Galigaï on n'entendoit en effet que cris et hurlemens lorsque ladite dame sacrifioit un coq, oblation judaïque et paganique, et quand elle estoit grosse, elle tenoit une poule et un coq ensemble. Ladite dame avoit sur elle diverses étoffes qu'elle se pendoit au cou, à la façon des préservatifs. Et quand on avoit pillé sa maison, n'avoit-on pas trouvé une grande image de cire en une bière de verre (*)? » De Luynes et ses frères, et deux personnes de qualité, dont l'une paraît être le duc de Bellegarde, sollicitaient les juges de prononcer une condamnation. Cinq juges s'abstinrent néanmoins de voter; le rapporteur Deslandes déclara qu'il ne pouvait conclure contre l'accusée. Enfin, le 8 juillet, messieurs du parlement, « après l'avoir trouvée atteinte et convaincue du crime de lèsemajesté divine et humaine, la condam (*) Décade du roi Louis le Juste, par Legrain, liv. x, in-fol. nèrent à avoir la teste tranchée, estre son corps ard, bruslé et réduit en cen dres jettées puis après au vent (*). La malheureuse, qui s'attendait tout au plus à l'exil, s'écria à la lecture de la sentence: Oimè poveretta! Puis elle prétendit qu'elle était enceinte; mais elle se rétracta dès qu'un de ses juges lui eut rappelé qu'elle avait repousse la responsabilité des fautes de Concini, en alléguant que, depuis deux ans, elie vivait fort mal avec son mari et n'exerçait plus d'influence sur lui. Dès lors, elle accepta sa destinée avec une admirable résignation; elle se montra fort assurée, dit un témoin oculaire, et je ne vis jamais personne qui eust un v sage plus résolu à la mort. » Quand, le jour même de la condamnation, elle sortit de la Conciergerie pour monter sur la fatale charrette, elle dit doucement à la vue de la foule : « Que de « peuple pour une pauvre affligée!» et, secouant son pouce sur ses dents: Je <<< me soucie, ,dit-elle, aussi peu de la << mort que de cela! >>> α Cette odieuse et ridicule procédure fut une honte de plus pour le parlement. GALIOT DE GENOUILLAC (Jacques, seigneur d'Acier, grand maître de l'artillerie de France, né dans le Querry, vers 1466, d'une famille illustre, fit ses premières armes en Italie, sous Charles VIII, se trouva à la bataille de Fornovo, et s'y distingua ainsi qu celle d'Agnadel, fut placé, en 1512. la tête de l'artillerie, donna des preuves de ses talents et de son courage à la ba taille de Marignan, à celle de Pavie, où ses sages conseils ne furent pas suivis par François Ir, fut nommé gou verneur de Languedoc en 1545, et mour rut l'année suivante, âgé de plus de 80 ans. « Il connaissait, dit Brantôme les devoirs de sa place de grand maitre d'artillerie aussi bien qu'homme de France. >>> Son fils, François GALIOT D'ACIER né en 1516, fut nommé sénéchal de Quercy, et obtint la survivance de la place de son père; il commandait une (*) Arch. cur. de l'hist. de France, L. II de la deuxième série, p. 5 et suiv.; Levassor, liv. x; Tallemand des Réaux, t. I, p. 118. compagnie de 100 hommes d'armes à la bataille de Cérisoles, en 1544, et y reçut des blessures mortelles. P. Saliat a publié Vita Francisci Galioti Acierii, turmarum ductoris et fabrorum machinarumque bellicarum in Gallia præfecti, Paris, 1549, in-4°. GALIOTE. Dans la marine française, on n'a connu longtemps que les galiotes a bombes, dont l'emploi fut proposé en 1681 par Bernard Renaud. Colbert présenta l'inventeur au conseil des ministres, et le premier essai de cet appareil se fit avec succès contre Alger. La galiote, bâtiment de forme arrondie emprunté aux Hollandais, ayait deux mortiers en avant du grand mât. Elle a été complétement délaissée, et remplacée par de grosses gabares à trois mâts aplées bombardes. GALLAND (Antoine), orientaliste et numismatiste, naquit en 1646 près de Montdidier en Picardie, de parents pauvres. Après avoir surmonté par une rare persévérance les obstacles qu'opposaient à l'achèvement de ses études les caprices de la fortune, il accompagna M. de Nointel, ambassadeur de France, à Constantinople et à Jérusalem, revint de Syrie en France, et repartit bientôt après pour le Levant, dans le but d'y chercher des médailles dont il avait déjà fait une collection lors de son premier voyage. Une troisième excursion pour le même objet lui valut le titre d'antiquaire du roi. Galland fut reçu à l'Académie des inscriptions en 1701, obtint la chaire d'arabe au collège de France en 1706, et mourut en 1715. On a de ce laborieux savant, simple et naturel dans ses mœurs et ses manières comme dans ses ouvrages: Paroles remarquables, bons mots et maximes des Orientaux, etc., Paris, 1694, 1708 et 1730, in-12; plusieurs Lettres sur des médailles; un opuscule sur l'Origine et le progrès du café, traduit de l'arabe, ibid., 1699, in-12; Mille et une Nuits, contes arabes, Paris, 1704-1708, 12 vol. in-12, souvent réimprimés, ouvrage auquel Galland doit en grande partie sa réputation. Tout le monde connaît l'anecdote suivante: dans les deux premiers volumes de ces contes, l'exorde était toujours : « Ma chère sœur, si vous ne « dormez pas, faites-nous un de ces beaux << contes que vous savez. Quelques jeunes fous allèrent, une nuit qu'il faisait très-grand froid, frapper à la porte de l'auteur, qui courut en chemise à sa fenêtre. Après l'avoir fait morfondre quelque temps, en lui demandant à plusieurs reprises s'il était M. Galland, auteur des Mille et une Nuits, et s'il était levé, ils finirent la conversation par lui dire: « M. Galland, si vous ne dormez « pas, faites-nous un de ces beaux contes « que vous savez. » Le bonhomme profita de la leçon, et supprima dans les volumes suivants l'insipide préambule. Galland a eu, en outre, beaucoup de part à la Bibliotheque orientale, publiée sous le nom de d'Herbelot. Il a fourni à son Académie beaucoup de Dissertations et de Mémoires. La bibliothèque royale et plusieurs collections particulières possèdent de lui des manuscrits importants, traitant de la numismatique, des langues orientales, de l'histoire des pays du Levant, etc. La deuxième collection des Mémoires de l'Académie des inscriptions et belleslettres (tome X, page 30 et suiv.) contient un mémoire de M. Silvestre de Sacy sur l'origine du recueil de contes traduits par Galland. GALLAND (Pierre), professeur au collége royal de France, né en 1510 à Aire, en Artois, devint principal du collége de Boncourt, puis recteur de l'Université en 1543, fut nommé par François Ier à la chaire d'éloquence du collége royal en 1545, obtint un canonicat à NotreDame, et mourut en 1559. Il était lié avec la plupart des savants français de son temps, et compta parmi ses élèves le célèbre Adrien Turnèbe. On a de lui: Oratio in funere Francisco regi facto, Paris, 1547, in-4°; Pro schola Parisiensi contra novam academiảm P. Rami oratio, ib., 1551, in-4° et in-8°; de Caleto recepta et rebus a Fr. Lotharingio, duce Guisio.... gestis, carmen elegiacum, ibid., 1558, in-4°; P. Castellani vita, ibid., 1674, in-8°; Observations sur les institutions de Quintilien, insérées dans les éditions de ce rhéteur imprimées à Paris, 1549, in-fol., et 1554. GALLARDON, petite ville autrefois comprise dans le pays Chartrain (gouvernement général de l'Orléanais, dio cèse de Chartres, parlement de Paris), aujourd'hui dans le département d'Eureet Loir. Gallardon, située à 18 kil. de Chartres, possédait, vers la fin du dixième siècle, un château détruit par le roi Robert, et reconstruit en 1020 par le vicomte de Châteaudun. C'était jadis une place forte qui eut beaucoup à souffrir de nos guerres intérieures. Prise par le duc de Bourgogne en 1417, elle fut reprise sur les Anglais quatre ans après, retomba de nouveau au pouvoir des étrangers, et en fut délivrée par Dunois en 1443. De ses anciennes fortifications, il ne reste plus qu'une vieille tour et une porte. Avant la révolution, elle avait titre de châtellenie et de marquisat. Cette seigneurie avait été érigée en marquisat, l'an 1655, en faveur du fils aîné de Claude Bullion, surintendant des finances et garde des sceaux. Gallardon compte aujourd'hui 1,500 habitants. GALLE aîné (André), graveur en médailles, naquit à Saint-Étienne en 1761. Après avoir pendant quelque temps dirigé avec succès, à Lyon, une manufacture de boutons, il renonça à cette entreprise, qui ne répondait pas à ses goûts et à ses vues d'artiste, et prit la résolution de se fixer à Paris, pour se donner exclusivement à la gravure en médailles. Le premier produit de son burin fut la médaille de la conquête de la haute Égypte. Peu de temps après, il grava celle du bonus eventus, frappée lors du retour de Bonaparte d'Égypte. Dès ce moment, M. Galle avait pris sa place parmi nos premiers graveurs en médailles, et ses travaux se multiplièrent rapidement. Il exécuta successivement les médailles frappées à l'occasion de la prise de Vienne et de Presbourg, des batailies d'Iéna et de Wagram, le grand portrait de l'empereur pour le couronnement. Ces médailles lui valurent le prix décennal en 1809. Ce fut lui aussi qui fut chargé de la gravure du billet de la banque de France de 500 fr. On lui doit encore la médaille de la mort de Louis XVI, les portraits de Lamoignon, de Malesherbes, de René Descartes, l'entrée de Louis XVIII à Paris, la duchesse d'Angoulême quittant la France et reçue par l'Autriche, la conquête d'Alger, le portrait de Louis XVIII et celui de Charles X, ceux de M. Dupin, de Bolton, de Watt. Comme on le voit, la finesse et la perfection délicate du travail de M. Galle l'avaient mis dans une estime telle, qu'on s'adressait toujours à lui lorsqu'il s'agissait de consacrer d'importants souvenirs. En 1820, l'Institut lui ouvrit ses portes. Son talent a reçu une nouvelle consécration dans celui de ses élèves, tels que Michaud, Dubourg, Eugène Oudmé, et de son petit-fils, Adrien Vauthier, qui a remporté le prix en 1840. M. Galle jouit encore aujourd'hui, a l'âge de quatre-vingt-un ans, de la plenitude de ses facultés, et se livre encore à des travaux qui viendront, sans doute, prendre place à côté de ceux qu'a déjà produits son burin habile. GALLE (tours de). On donne ce nom à certains édifices antiques qui se trouvent dans plusieurs localités de la France. Quelques archéologues pensent que ces tours sont ainsi appelées parce qu'elles furent bâties par les Gaulois; d'autres croient trouver cette étymologie dans les matériaux dont elles sont faites, le galet ou galle. GALLES (rapports avec le pays de). On sait quelles relations fréquentes ont existé de toute antiquité entre la Grande Bretagne, la terre sainte du druidisme, et l'Armorique. Les races qui ont peuplé les deux pays appartiennent a la même famille. Jusqu'au sixième siècle, on les voit échanger des colonies, se se courir mutuellement dans leurs daagers. Ces faits ne sont point particuliers au pays de Galles. Mais c'est dans cette intéressante contrée que se sont conservées les traditions d'une pareille parenté. Là se retrouvent encore le vieux langage, la poésie et les usages kymriques. Il y eut même une époque où notre patrie renoua avec les Gallois ces antiques liens de parenté: pendant sa lutte avec l'Angleterre, elle suivit a l'égard de la principauté de Galles la politique qu'elle avait adoptée à l'égard de l'Écosse et de l'Irlande. Elle essaya autant que possible d'aider cette nation à maintenir son indépendance; mais malheureusement elle s'y prit un pen tard, car, dès l'année 1282, Edouard I avait franchi les hautes montagnes de la Cambrie septentrionale, qu'aucun roi d'Angleterre n'avait traversées avant lui, et encore ce dernier boulevard de l'indépendance galloise n'avait point été forcé par des troupes anglaises, mais par une armée venue de la Guienne, et en grande partie composée de mercenaires basques. Les persécutions que les vaincus éprouvèrent après la conquête forcèrent un grand nombre d'entre eux à se réfugier en France, où ils reçurent un accueil empressé. Ce furent probablement ces réfugiés qui rendirent si communs parmi nous les noms de Gallois et de Legallois. Parmi les personnages les plus importants des exilés qui vinrent alors à la cour de Philippe le Bel, se trouvait un jeune homme nommé Owen, parent de Le le de Leuellyn, vaillant et dernier défenseur de la liberté cambrienne. Le roi le fit élever parmi les pages de sa chambre, et les Français, qui le regardaient comme l'héritier légitime de la principauté de Galles, lui donnaient le nom d'Yvain de Galles. Le roi de France l'arma chevalier de sa main, et le chargea de plusieurs expéditions, entre autres d'une descente dans l'île de Guernesey. Il se trouvait à la bataille de Poitiers, et fit partie des troupes envoyées au secours de Henri de Transtamare. Il y périt, frappé d'un coup de stylet espagnol par un de ses compatriotes secrètement vendu au roi d'Angleterre. Froissart raconte que l'assassin se réfugia en Guienne, où il fut bien accueilli par le sénéchal des Landes et les autres commandants anglais. La haine nationale des Gallois contre leurs oppresseurs se montra avec toute sa force dans la grande guerre des Anglais contre la France. Il n'était pas rare de voir les troupes de cette nation qu'on avait violemment enrôlées pour les faire servir sur le continent, se quereller avec les Anglais au point d'en venir aux mains, ou bien passer aux Français avec armes et bagages. Maintes fois aussi, suivant l'habitude prise par les armées de cette époque, ils se répandaient dans le pays pour y vivre en compagnies franches. L'une de ces grandes compagnies était sous les ordres d'un Gallois qu'on appelait en France le chevalier Rufin, et dont le nom original était probablement Rie wan. Dans la seconde moitié du quatorzième siècle, les rois de France tachèrent de profiter de l'ardente inimitié que les Cambriens avaient vouée à leurs dominateurs. « Des émissaires, dit M. Augustin Thierry, furent envoyés au nord et au sud du pays de Galles, pour promettre aux indigènes, s'ils voulaient s'insurger contre la puissance anglaise, le secours et la protection de la France. Ces agents parcouraient le pays, la plupart sous l'habit de moines mendiants, fort respecté alors, et le moins suspect de tous parce qu'il était porté par des hommes de toute nation, qui s'en faisaient un moyen d'existence. Mais l'autorité anglo-normande s'aperçut de ces manœuvres, et plusieurs fois chassa du pays de Galles tous les étrangers, clercs ou laïques, et surtout les religieux errants.... L'insurrection devait éclater à l'arrivée et au débarquement des troupes françaises sur la côte de Galles. Durant plusieurs années, les Cambriens et les Anglais attendirent cette flotte avec des sentiments différents. Beaucoup de proclamations des rois Edouard III et Richard II portent ce préambule : « Attendu que nos ennemis de France se proposent de débarquer dans notre principauté de Galles... >>> « Les préparatifs de la France pour une descente dans le pays de Galles furent moins prompts et moins considé rables que ne le craignait le roi d'Angleterre et que ne l'espéraient les Cambriens. On en avait parlé dès l'an 1369, et en 1400 rien n'était encore prêt. En faisant de grandes promesses aux Gallois, les Français n'avaient guère d'autre dessein que de les exciter à un soulèvement qui pût détourner, utilement pour eux, une partie des forces du roi d'Angleterre; et, de leur côté, les Gallois, ne voulant point se compromettre témérairement, attendaient, pour commencer l'insurrection, l'arrivée des secours de France. Comme ils avaient plus d'enthousiasme et d'impatience que le roi leur allié, ils agirent les premiers, au risque de n'être pas soutenus... Le roi de France, Charles, VIa du nom, qui n'était pas encore entièrement tombé en démence, voyant les Cambriens en hostilité ouverte avec le roi d'Angleterre, se décida à remplir envers eux ses promesses et celles de ses prédécesseurs. Il conclut avec Owen Glendowr (le chef des insurgés) un traité dont le premier article portait « que « Charles, par la grâce de Dieu, roi de << France, et Owen, par la même grâcė, prince de Galles, seraient unis, con« fédérés et liés entre eux par les liens << de vraie alliance, vraie amitié, et bonne « et solide union, spécialement contre << Henri de Lancaster, ennemi desdits « seigneurs roi et prince, et contre ses << fauteurs ou adhérents. >>> << Beaucoup de Gallois se rendirent en France pour accompagner les troupes que le roi Charles devait envoyer, et plusieurs d'entre eux furent pris dans divers débarquements que les Français tentèrent d'abord sur la côte d'Angleterre, aimant mieux s'enrichir au pillage de quelque grande ville ou port de mer, que d'aller faire la guerre dans le pauvre pays de Galles, au milieu des montagnes et des marais (*). » Telle est l'expédition dont parle Monstrelet au chapitre 11 de son livre Ier, et qui fut faite par Jacques de Bourbon, comte de la Marche, et ses deux frères, en 1402. Elle n'eut d'autre résultat que la prise de quelques vaisseaux marchands, et l'incendie de la ville de Plymouth et le pillage d'une île voisine. A la fin, pourtant, une expédition plus sérieuse eut lieu. « Environ ce temps (1403), dit Monstrelet, le maréchal de France et le maistre des arbalestriers, par le commandement du roi et à ses dépens, assemblèrent douze mille combattants. Si vinrent à Brest, pour aller secourir les Gallois contre les Anglois. Si entrèrent en six vingt nefs à voiles qu'ils y trouvèrent. Et pour le vent qui leur fut contraire, demeurèrent par quinze jours; mais quand ils eurent vent propice, si appliquèrent au port de Harefort, en Angleterre, lequel ils prirent. Si gastèrent le pays d'entour, puis vinrent au chastel de Hareford..., et quand ils eurent ars la ville et les faubourgs dudit chastel, ils se partirent de là, détruisant tout le pays par feu et par épée. Puis allèrent en une ville nommée (*) Aug. Thierry, Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands, 1836, t. IV, p. 193 et suiv. Tenby, située à dix-huit lieues dudit chastel, et là trouvèrent le prince de Galles (Owen Glendown) atout (avec) dix mille combattants qui là les attendoient..., puis prirent le chemin à aller en Worcestre. Si ardèrent les faubourgs et le pays à l'environ; et trois lieues outre rencontrèrent le roi d'Angleterre, qui venoit contre eux à grande puissance. Là, s'arrestèrent l'un contre l'autre, et se mirent en bataille. Les deux armées demeurèrent ainsi en présence sans combattre. « Finalement, au huitième jour, ledit roi d'Angleterre, voyant que sesdits adversaires ne l'assaudroient pas, se retrahit au soir à Worcestre; mais il fut poursuivi par aucuns François et Gallois, lesquels détroussèrent dix-huit charrettes chargées de vivres et autres bagues (*). » Ce fut là le seul exploit de la campagne. Les troupes françaises, après avoir perdu environ soixante chevaliers, traversèrent de nouveau le pays de Galles, et allèrent débarquer à Saint-Pol de Léon, racontant qu'ils venaient de faire unecampagne que, de mémoire d'homme, aucun roi de France n'avait osé entreprendre. Abandonnés à eux-mêmes, les Gallois ne tardèrent pas à succomber dans la lutte inégale qu'ils avaient engagée. La France, menacée elle-même dans son existence, ne put s'occuper d'eux, ni les aider à soutenir ou à recouvrer leur indépendance. Les relations ont dès lors cessé entre la France et un pays qui avait perdu toute importance politique. Nous devons rappeler seulement qu'aujourd'hui des réunions annuelles ont lieu au pays de Galles, dans le but de faire revivre l'ancienne langue et les souvenirs nationaux. On y voit chaque année figurer des Bretons qui y sont solennellement invités, et qui viennent s'entretenir avec leurs frères kymriques de cette communauté d'origine et de langue, et de la concordance frappante entre la destinée des deux contrées de Galles et de Bretagne. Au combat de Saint-Cast, livré sur les côtes de Bretagne en 1758, des BasBretons qui s'avançaient pour combattre un corps de montagnards gallois, (*) Monstrelet, liv. 1, ch. xv. |