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décrétaient les plus odieuses extorsions. Le 27 septembre, après avoir déclamé contre les riches, ils arrêtaient :

« Art. 1. Deux commissaires seront nommés par la société populaire de Toulouse dans chaque section pour désigner dans leur arrondissement respectif ce que chaque citoyen riche peut fournir en chemises, bas, souliers, manteaux, roupes, guêtres, chapeaux, bottes, cols, selles, brides, et tous les autres effets propres à l'équipement des défenseurs de la patrie tant à pied qu'à cheval. » Archives, AFII, 104.

Ces commissaires devaient faire leur rapport dans les trois jours ceux qui étaient chargés de taxer les districts du département devaient présenter les leurs dans la huitaine. Ces jacobins recevaient une indemnité : il n'en était pas question pour les propriétaires des objets enlevés.

Baudot et Chaudron-Rousseau écrivaient le 8 octobre à la convention qu'ils avaient fait arrêter déjà plus de 1500 suspects dans les départements de la Haute-Garonne et de l'Ariège (1).

Déjà le 8 avril 1793, les commissaires Mazade, Ysabeau et Neveu avaient créé à Pau un comité de salut public chargé de dénoncer les suspects et les catholiques. Le 12 septembre, Monestier donna juridiction à ce comité sur tout le département. Il en avait déjà établi un semblable à Tarbes le 12 août. Le régime de la terreur était bien installé sur la frontière d'Espagne.

(1) Ils annoncent en même temps que le marquis de Binos, émigré, a été mis à mort à Saint-Girons. Le 9, Chaudron-Rousseau écrit de Toulouse à Prieur de la Marne, au comité, que les maisons de réclusion sont pleines de nobles, de fanatiques, de fédéralistes, et que, pour se débarrasser des réclamations des parents, les commissaires désirent les conduire à l'intérieur. « Tout le pays de Foix était fanatisé! La guillotine a joué à Foix et à Saint-Girons, et cela va... » Archives, AF, II, 104.

CHAPITRE XV

LE CULTE DE LA RAISON

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Les perséSupplice des

§ I. La proclamation du gouvernement révolutionnaire est suivie de nombreux supplices. Exécution de Marie-Antoinette. cuteurs girondins décimés par leurs anciens allies. vingt et un girondins, de Mme Roland, de Barnave, etc. Horrible application de la loi des suspects. Les lois de proscription contre les prêtres sont complétées. Celle du 29 vendémiaire déclare les constitutionnels déportables sur dénonciation.

§ II. Le calendrier républicain. — Il devient tout de suite un instrument de persécution. Des communes abolissent le culte, et portent à la convention les dépouilles de leurs églises. - Premières apostasies. La convention, sans prendre un décret formel, encourage les communes à supprimer le culte. · Celle de Paris l'abolit en fait. ignoble démonstration du 17 brumaire. tasier devant la convention.

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Son Gobel vient avec elle apos

Plusieurs prêtres députés suivent Apostasies honteuses. Scènes ignobles.

Pillages. Fête de la Raison.

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§ III. Mascarades sacrilèges. - Apostasies d'évêques et de prêtres constitutionnels; de ministres protestants;

de juifs. Des évêques et des prêtres intrus se marient en assez grand nombre. — La loi du 25 brumaire amnistie les prêtres qui se marieront. Celle du 2 frimaire assure une pension aux apostats.

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§ IV. La convention commence à voir avec dégoût toutes ces profanations. Robespierre déclame contre l'athéisme, et affecte de défendre la liberté religieuse contre les hébertistes et la commune. La loi du 14 frimaire asservit tous les révolutionnaires à Robespierre et au comité de salut public. - Celle du 16 frimaire proclame hypocritement la liberté des cultes tout en maintenant la persécution.

Le décret du 10 octobre qui proclamait le gouvernement révolutionnaire fut immédiatement suivi de nombreuses exécutions. Le 16, Marie-Antoinette montait sur l'échafaud. Après ce crime horrible, les tyrans de la France procédèrent à une immolation de révolutionnaires : vingt et un girondins furent traduits devant le tribunal de sang. On ne pouvait porter contre eux aucune accusation précise. Les

T. III.

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insurrections de Normandie et du Midi avaient été fomentées par d'autres députés.

Au lieu de se retirer devant les envahisseurs de la convention et de chercher une retraite, ils étaient restés à Paris, croyant bien à tort qu'une insurrection départementale viendrait les délivrer. Du reste, ils s'étaient imaginé, dans leur naïve vanité, que, en mettant les choses au pire, leurs ennemis n'oseraient jamais envoyer à l'échafaud des hommes qui avaient tant fait pour la révolution, et dont le seul crime était d'avoir usé de leurs droits de députés. Mais leur condamnation était décidée d'avance. Pendant leur procès, la convention rendit un décret qui permettait au tribunal d'abréger brusquement les débats et lui donnait le nom de tribunal révolutionnaire. Quelques girondins se montrèrent éloquents, mais, en général, leur défense manqua d'habileté et de dignité; il y en eut qui se couvrirent de honte par des bassesses inutiles. En restant à Paris après le 31 mai, ils avaient montré la plus complète inintelligence de la situation; leur attitude devant le tribunal révolutionnaire prouva qu'au dernier moment ils se faisaient encore d'étranges illusions. Le 31 octobre, ces persécuteurs acharnés furent envoyés à l'échafaud par ceux qui les avaient aidés à traquer les prêtres et à renverser Louis XVI (1). Quelques-uns d'entre eux, avant d'aller au supplice, abjurèrent la philosophie du dix-huitième siècle : ils furent assistés par l'abbé Lothringer. Cet ecclésiastique était d'abord aumônier des hospices; il eut la faiblesse de se laisser tenter par une place de vicaire épiscopal. Il se repentit bientôt, et dès 1792, il s'était séparé en fait de la communion de Gobel. Mais il n'osa point affronter les terribles conséquences d'une rétractation publique, et se sachant atteint par les censures canoniques qui lui interdisaient tout acte du ministère autre que la confession des mourants, il s'occupa exclusivement, pendant toute la durée de la Terreur, à porter les derniers secours de la religion aux moribonds des hospices, et aux condamnés du tribunal révolutionnaire.

(1) C'étaient Brissot, Gardien, Lasource, Vergniaud, Gensonné, Lehardy, Mainvielle, Ducos, Boyer-Fonfrède, Duchastel, Duperret, Carra, Valazė, Lacaze, Sillery, Fauchet, Lesterp-Beauvais, Boileau, Antiboul, Vigée.

Les geôliers, qui le connaissaient comme vicaire de Gobel et ignoraient sa rétractation, le laissaient pénétrer dans les prisons. Il lui fut donné d'entendre les derniers aveux de plusieurs victimes célèbres de la révolution. Il assista Custine; Gorsas, exécuté le 7 octobre, reçut de lui les secours de la religion. On sait par son témoignage que les girondins Gardien, Sillery, Vigée se sont confessés au dernier moment, ainsi que deux autres de leurs collègues dont il ne connaissait point les noms. Les deux filles de Duperret ont assuré que leur père devait être un de ces deux inconnus. Malheureusement les chefs du parti, les auteurs de la persécution religieuse et de tant d'autres maux, paraissent avoir persévéré dans leur incrédulité. Mais l'abbé Lothringer affirme que Fauchet est mort en réprouvant ses erreurs :

« Pour Fauchet, je puis vous dire positivement qu'il a abjuré, non seulement ses erreurs sur la constitution civile, mais aussi ce qu'il a prêché dans le temps dans l'église Notre-Dame, ce qu'il a débité dans son club dit la Bouche de Fer sur la loi agraire, le sermon de Franklin; qu'il a fait abjuration de toutes ses erreurs, qu'il révoquait son serment impie et son intrusion, après avoir fait profession de foi catholique, apostolique et romaine, ce qui occasionnait des murmures entre les gendarmes qui étaient présents. L'abbé Fauchet, après s'être confessé, a entendu lui-même à confesse Sillery. » Annales religieuses, tome IV.

Fauchet avait déjà manifesté son repentir devant l'abbé Émery et ses compagnons de captivité (1).

Le 6 novembre, le duc d'Orléans, que les girondins avaient tant dénoncé, était guillotiné avec un des leurs, Coustard,

(1) M. Beugnot, qui était emprisonné avec les girondins, a donné d'intéressants détails sur les derniers moments de leur captivité. « Fauchet avait fini par être un prêtre de bonne foi. Dans un moment où les hommes n'ont plus ni le moyen, ni le besoin d'en imposer, il proclamait sa ferme croyance en mettant sa conduite en harmonie avec ses principes. Il protestait fortement contre les apparences du contraire que présentaient certaines parties de sa vie, et il s'attachait à persuader qu'il était sans reproches sur l'article où le public était habitué à lui en faire davantage. Chaque jour, il disait son bréviaire avec piété, lisait l'Écriture sainte, et déclamait un chapitre de l'Imitation. » Il lisait constamment l'Apocalypse et prétendait y retrouver la révolution tout entière. « Il faisait souvent des rapprochements si frappants et les développait avec tant d'éloquence, qu'il émouvait le froid matérialiste Gensonné, et que Brissot en restait stupéfait. » (Mémoires du comte Beugnot, tome I, p. 183.)

qui avait violemment persécuté les catholiques de Nantes (1); et le 10, l'Égérie de la gironde, Mme Roland, subissait le même sort. Son mari, qui avait trouvé une retraite sûre en Normandie, se suicida en apprenant son exécution. Le nom de ce vieillard vaniteux, et qui fit preuve d'une prêtrophobie si obstinée, mérite de figurer au premier rang sur la liste des persécuteurs révolutionnaires. Mais, bien qu'il pût se vanter d'être un des principaux auteurs de la déportation en masse du clergé et de l'abolition du culte catholique, il était devenu rapidement impopulaire dans le parti de la révolution, et, depuis le 31 mai, il était proscrit et traqué par ses anciens alliés et admirateurs, comme un de ces réfractaires qu'il avait proscrits avec eux.

Le 21 brumaire (11 novembre), Bailly, qui avait été une des premières idoles de la révolution, et, au début, un persécuteur du clergé catholique, était traîné à l'échafaud, après avoir subi les plus lâches outrages de cette populace qu'il avait jadis trop ménagée. Le 24 (14 novembre) un des auteurs des massacres de septembre, Manuel, qui avait commis le crime inexpiable de revenir au parti de la modération, fut mis à mort après avoir entendu Fouquier-Tinville lui reprocher, avec une vertueuse indignation, sa participation aux massacres. Les 24 et 25, deux braves généraux, Brunet, commandant l'armée d'Italie, et Houchard, le vainqueur d'Hondschoote, général de l'armée du Nord, étaient guillotinés pour avoir mal compris les plans stratégiques des jacobins. Le 8 frimaire (28 novembre), l'un des hommes les plus éloquents de la révolution, l'un des principaux auteurs de la constitution civile et de la persécution religieuse, Barnave était condamné à mort avec l'exministre Duport du Tertre. Barnave, qui montait à l'échafaud avec des hommes du parti girondin, était leur victime. Proscrit par la gironde après le 10 août, pour avoir essayé d'enrayer la révolution, il était devenu la proie du tribunal révolutionnaire, qui avait, cependant, fait périr avant lui ses proscripteurs. Clavière, l'ami et le complice de

(1) Le duc d'Orléans fut assisté par l'abbé Lothringer et mourut en chrétien. Cet ecclésiastique a fait le récit de ses derniers moments dans une lettre écrite le 27 juillet 1797 à la duchesse d'Orléans, et insérée dans les Annales religieuses, tome V, p. 167.

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