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tous ses personnages ont une naïveté et une vérité de formes et d'expression qui donnent beaucoup de charmes à ses ouvrages. Cette collection coûte 600 fr. sur papier de Chine, et 300 fr. sur papier ordinaire. — C'est à l'amitié que le Poussin portait à M. de Chanteloup que nous devons le portrait que l'on voit au Musée, et dans lequel cet artiste immortel a reproduit ses propres traits. Il est là, grave et méditatif, tel que nous le connaissons par les relations de ceux qui ont vécu avec lui, et tel que nous le voyons dans ses ouvrages. La gravure de ce portrait, faite par Pesne, qui a presque exclusivement consacré son burin à ce maître, rend assez fidèlement le caractère de l'original, mais elle manque de finesse et d'habileté de travail. M. LIGNON, déjà connu par plusieurs ouvrages importans, notamment par un très-beau portrait de Mlle Mars, d'après Gérard, vient de graver également le portrait du Poussin, dans une assez grande dimension. Il y a beaucoup à louer dans cet ouvrage; on voit que l'outil est manié par une main savante, et, sous ce point de vue, M. Lignon a laissé son prédécesseur bien loin derrière lui; le seul reproche que l'on puisse faire à cet artiste, c'est d'avoir mis un peu de sécheresse et même de dureté là où il ne fallait que de la fermeté; toutefois, cette estampe a été recherchée, et elle méritait de l'être, sous le double rapport de l'intérêt qu'inspire le personnage représenté, et du véritable talent que le graveur y a développé. Elle coûte 60 fr. sur papier de Chine, 40 fr. avant la lettre, sur papier ordinaire, et 20 fr. avec la lettre. M. Hersent a puisé dans la pastorale de Longus le sujet d'un charmant tableau qui fut gravé, en 1816, par M. Laugier, pour la Société des amis des arts. Daphnis est occupé à retirer une épine du pied de Chloé : voilà toute la scène ; tout le monde pouvait s'en emparer, mais personne ne pouvait rendre le caractère du roman mieux que ne l'a fait M. Hersent. Il règne dans la pose des deux personnages, dans l'espèce de familiarité, de liberté qui existe entre eux, une candeur, une innocence qui donnent un charme tout particulier à ce tableau. La gravure de M. Laugier, tirée à petit nombre, ainsi que je l'ai fait connaître, est promptement devenue rare et chère; c'est ce qui paraît avoir inspiré à M. GELEE le désir de graver également ce tableau dans une dimension un peu plus petite que ne l'avait fait son prédécesseur. Cette dernière planche ne fera pas oublier la première, et cependant, comme elle rend assez fidèlement l'aspect général du tableau, c'est un motif suffisant pour qu'elle obtienne le succès que mérite tout ce qui rappelle le talent plein de suavité et de grâce de M. Hersent. Lorsque j'ai rendu

compte de la dernière exposition de la Société de amis des arts, j'ai parlé d'un dessin de M. Fragonard, destiné à être gravé, et représentant une leçon d'histoire donnée à Henri IV. Dans cette composition, disposée d'une manière assez bizarre, on reconnaît cependant un artiste habile. La gravure, confiée à M. ALLAIS, vient d'être distribuée aux actionnaires. Ce graveur est, je crois, très-jeune; on ne pouvait donc pas espérer qu'il produirait un ouvrage parfait, et sa planche laisse effectivement à désirer dans plusieurs parties; mais quelques autres sont traitées assez largement. M. Allais n'a pas encore assez étudié les modèles; il ne sait pas varier ses travaux en raison de la différence de nature des divers objets qu'il reproduit; il faut donc qu'il y prenne garde : on n'obtient de la réputation qu'avec du talent, et l'on n'acquiert du talent que par un travail long, opiniâtre et éclairé. C'est à ce prix seulement que l'on peut parvenir à prendre rang parmi les maîtres.

Lithographie.-Faust est un personnage à peu près imaginaire dont Widman publia la vie, en 1587, à Francfort. S'il fallait en croire ce biographe, Faust, après avoir étudié la théologie et la médecine, se serait adonné à l'astrologie, et surtout à la magie; et, par le secours de cette dernière science, il aurait eu le pouvoir de s'asservir un esprit infernal, nommé Méphistophile, avec lequel il aurait fait un pacte de vingt ans. Suivi d'un pareil serviteur, on le voit tour à tour descendre aux enfers; parcourir les sphères célestes; entretenir un commerce avec la fameuse Hélène, femme de Ménélas; faire apparaître Alexandre-le-Grand devant Charles-Quint; puis périr de la main du diable, à l'expiration de son pacte avec lui. — Le récit des aventures et des prodiges de Faust, qui, dans le xvi siècle, trouvaient beaucoup moins d'incrédules que dans celui-ci, n'est pas resté enfermé en Allemagne; Marlaw, compatriote et contemporain de Shakspeare, a fait paraître Faust sur la scène, et l'auteur d'Hamlet, dans les Bourgeoises de Windsor, met dans la bouche de l'un de ses interlocuteurs, comme épithète injurieuse, le nom de Méphistophilus (1). Faust avait été long-tems relégué sur le théâtre des Marionnettes; plusieurs auteurs avaient essayé en vain de lui faire chausser le cothurne; Goethe s'empara à son tour de ce sujet, et son drame fait encore les délices des Allemands. Dans cette con

(1) OEuvres complètes de SHAKSPEARE, traduction de Letourneur, revue par M. GUIZOT, t. x, page 382.

ception si étrange, si extravagante, que Me de Staël n'a pu s'empêcher de dire qu'elle produisait l'impression du cauchemar, Goethe paraît avoir eu en vue de prouver que la vanité qui pousse l'homme à ne vouloir connaître aucune limite à ses investigations, à devenir, par sa science, sinon l'égal, du moins l'émule de la Divinité, ne fûtce que pour un moment et au prix de tout son avenir, conduit directement au crime. Méphistopheles est le mauvais esprit qui produit toutes les aberrations de Faust ; et, dans le personnage si intéressant, si naïf de Marguerite, il a montré l'innocence, devenue la proie de ce mauvais esprit, rachetant ses fautes par la foi qu'elle conserve dans la miséricorde de Dieu. — Il me semble qu'on démêle un but moral à travers cette composition si extraordinaire; de même que, dans les Brigands, Schiller a voulu prouver que celui qui refuse de se soumettre aux entraves et aux concessions, sans lesquelles il n'y a pas de société possible, devient bientôt un scélérat.—Deux peintres allemands ont puisé dans le Faust de Goethe une suite de compositions où ils ont cherché à reproduire tout ce qu'il y a de bizarre, d'étrange, de merveilleux, et souvent de charmant dans le poëme. L'un, M. Cornelius, connu en Allemagne par des travaux importans, est un homme d'un très grand talent, et je me félicite de trouver l'occasion de faire connaître l'estime que son ouvrage m'a inspirée; l'autre est M. Rötsch, de Dresde, qui a fait preuve d'une grande vivacité d'imagination. Le premier a plus d'élévation dans le style; le second a une facilité remarquable. Ces deux collections ont été publiées en Allemagne; la dernière, celle de M. Rötsch, a été gravée également à Londres par M. Moses, et on vient de la lithographier à Paris. Je regrette que l'on n'ait pas également et même préférablement publié celle de M. Cornelius, qui, certes, méritait bien cet honneur ; au reste, les compositions de M. Rötsch ne peuvent manquer d'intéresser les personnes qui connaissent la tragédie de Goethe; elles y trouveront la conception du poëte rendue dans toute sa vérité et avec une verve qui se ressent de l'espèce de délire et de la fantasmagorie qui en sont les caractères dominans. Cette collection lithographiée coûte 12 francs. P. A.

ERRATUM. C'est par erreur que l'on a compris, sous le no 85 du Bulletin bibliographique, l'annonce d'un ouvrage latin, qui devait être placé, à là fin de ce Bulletin, à la section des Livres en langues étrangères imprimés en France.

CONTENUS

DANSLE SOIXANTE-QUATRIEMECAHIER.

AVRIL 1824.

Navier.

13

25

5. Voyage dans la Grande-Bretagne par M. Ch. Dupin ;
2o partie : Force navale
6. Réflexions sur l'état agricole et commercial des provinces
centrales de la France, par M. d'Harcourt. . . . B. de M. 49

7. Histoire comparée des systèmes de philosophie, par M.

Dégérando...

Artaud. 57

8. La Septennalité du Parlement d'Angleterre. A. Lameth. 69

9. Le Théâtre des Grecs, du P. Brumoy, revu par Raoul-

Rochette (4 article ).

Andrieux, de l'Institut. 89

10. Mémoires sur la vie et le siècle de Salvator Rosa; par Lady
Morgan; traduits de l'anglais..

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États-Unis, 3.

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