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II. ANALYSES D'OUVRAGES.

SCIENCES PHYSIQUES.

MEMORIE DELLA REALE ACADEMIA DELLE Scienze di TORINO.-Mémoires de l'Académie royale des Sciences de Turin, tomes XXVI et XXVII (1).

L'Académie de Turin ne diffère point la publication de ses mémoires : quelques autres sociétés savantes ne montrent pas, à cet égard, autant de zèle pour les progrès des sciences. Un an s'est à peine écoulé depuis que nous avons rendu compte des travaux des académiciens piémontais jusqu'en 1820 (voy. Rev. Enc., t. xvi1, p. 35-48); les deux volumes publiés en dernier lieu nous mettent en état de continuer notre revue jusqu'en 1823.

On sait que l'Académie de Turin est divisée en deux classes, qui comptent chacune le même nombre de membres. La première, celle des sciences physiques et mathématiques, a fourni deux mémoires de mathématiques pures, et deux de mathématiques appliquées; quatre de physique et un de chimie; sept d'histoire naturelle et un de chirurgie. La seconde classe, qui s'occupe des sciences morales, historiques et philologiques, ne présente pas des travaux aussi multipliés; sa contribution est de cinq dissertations historiques, deux notices littéraires, et un mémoire sur une nouvelle carrière de marbre statuaire. Deux éloges académiques, celui de CIGNA, compagnon d'é

(1) Turin, 1821-1823; Imprimerie royale. 2 vol. in-4o.

tudes et ami de l'illustre Lagrange, fondateur et premier sccrétaire de l'Académie, mort en 1790, et celui du comte DE MAISTRE, mort en 1821; ces hommages, rendus si tard à l'un et si promptement à l'autre, donnent lieu à quelques observations sur l'usage adopté par toutes les académies, de publier des notices sur chacun de leurs membres. Si cette formalité n'était pas remplie envers tous, il faudrait la supprimer pour tous, et les corps savans n'auraient pas même le droit d'exprimer les regrets publics, lorsque la mort leur enlèverait des hommes tels que Newton ou Lagrange, Linné ou Haller, Racine ou Voltaire. Il convient à tous égards que les sociétés savantes et littéraires écrivent l'histoire des sciences et des lettres, des savans et des hommes de lettres, et surtout celle des savans. Très-peu d'ouvrages de sciences ont le pouvoir de transmettre le nom de leur auteur au delà d'un siècle : des hommes recommandables par leurs découvertes et leurs écrits seraient bientôt oubliés, si leur mémoire subissait le sort de leurs travaux. Les découvertes passent dans tous les ouvrages, les écrits vieillissent et cessent d'être au courant de la science; tous les fruits des méditations d'un savant laborieux, tous les matériaux qu'il a rassemblés durant une longue carrière servent à la construction de nouveaux édifices, et rien ne rappelle ni leur origine, ni leur forme primitive. Conservons au moins les noms et quelques souvenirs de ces hommes précieux, et ne négligeons aucun moyen d'acquitter envers eux la dette de la reconnaissance.

Les chefs-d'œuvre littéraires sont en sûreté contre les causes qui tendent à faire disparaître plus ou moins rapidement les bons ouvrages sur les sciences : la postérité veille à leur conservation; et loin de souffrir qu'ils soient absorbés dans des compositions plus récentes, elle ne permet pas même qu'on leur fasse des emprunts. Le nom et la mémoire de l'homme de lettres subissent la destinée de ses productions; et, s'ils meri

tent d'être transmis aux générations futures, ils y arriveront sans le secours de l'histoire. On ne parle plus de Buffon, comme savant; mais nous sommes loin du tems où l'on cessera de rechercher dans ses écrits les hautes pensées philosophiques, les grands tableaux de la nature, l'harmonie et le coloris du style,

M. VASSALLI-EANDI, secrétaire de l'Académie de Turín, et auteur de l'éloge de Cigna, expose d'une manière très-satisfaísante les causes qui ont suspendu si long-tems la publication de cette intéressante notice. Il donne une liste de vingt-sept ouvrages inédits de cet illustre savant : ceux qui sont relatifs à la physique, et surtout à l'électricité, viendraient sans doute trop tard aujourd'hui; mais on regrette que ses recherches anatomiques et physiologiques soient en partie perdues pour le public; car les mémoires qui n'ont pas vu le jour contiennent certainement des observations et des faits que l'on ne trouve point dans les autres ouvrages de Cigna.

L'éloge du comte de Maistre est d'un autre académicien, M. RAYMOND, professeur à Chambéry. Le panégyriste a traité son sujet avec habileté; mais il l'avait mal choisi. Ses efforts demeureront sans résultat, et la mémoire de son héros ne vivra ni long-tems, ni honorablement. Les ouvrages du comte de Maistre, prônés par quelques passions et quelques intérêts de partis, ont paru avec plus de bruit que d'éclat : les vérités qu'ils contiennent ne sont rien moins que neuves ou revêtues de formes qui les rajeunissent; mais elles sont associées à quelques doctrines qui appartiennent à l'auteur, qui seront nonseulement repoussées, mais flétries par la postérité, puis enfin condamnées à l'oubli. Si l'Essai sur le principe générateur des constitutions et des autres institutions humaines peut traverser un demi siècle, intervalle immense pour un écrit politique de cette nature, les lecteurs d'alors s'applaudiront de n'avoir pas vécu dans le tems où de pareilles doctrines purent trouver des

partisans. M. Raymond se plaît à dépeindre les vertus privées, les mœurs pures et simples du comte de Maistre, sa courageuse résignation dans l'infortune et dans l'exil, le noble usage qu'il sut faire de la prospérité. Ces tableaux sont pleins de charmes pour tous les lecteurs, quelles que soient leurs opinions politiques; mais l'estime qu'ils conçoivent pour l'homme, affaiblit celle qu'on eût pu accorder à l'écrivain. On sait que les maximes sévères et inflexibles, les décisions tranchantes et le ton dogmatique ne caractérisent point un écrivain supérieur, mais dénotent presque toujours la réunion d'un cœur droit et d'un esprit faux. C'est avec la raison seule qu'il faut écrire, même sur la morale et sur la politique, si l'on veut apprendre aux hommes des vérités utiles. Le comte de Maistre a voulu que ses écrits portassent aussi l'empreinte de son caractère et de son humeur; il y a réussi, mais c'est en manquant son but, et en s'écartant de la route qui eût pu le conduire à quelques découvertes. Les générations futures, pour lesquelles il n'a rien fait, ne prendront aucun intérêt à sa mémoire, ni à ses ouvrages.

La destination spéciale de la Revue Encyclopédique nous interdit l'analyse du Mémoire de M. le chevalier De Grésy sur les Intégrales définies, mémoire qu'il faut joindre aux travaux de Lagrange, de MM. Legendre, Poisson et Plana sur le même sujet. Le même motif nous contraint à ne faire qu'une simple mention d'un mémoire de M. PLANA sur une question de calcul intégral déjà traitée, pour quelques cas particuliers, par Euler et par M. Poisson. Le même géomètre ( M. Plana) a consigné, dans un autre mémoire, des Recherches analytiques sur la densité des couches de l'atmosphère, et la théorie des réfractions astronomiques. Après avoir exposé les causes qui déterminent la distribution de la chaleur dans les couches de l'atmosphère, il discute plusieurs hypothèses sur la constitution de cette enveloppe fluide du globe; il passe successive

ment en revue celle de M. Leslie, d'Édimbourg; celle qui fournit une formule pour la mesure des hauteurs par le baromètre, et il en propose une autre qui introduirait un élément de plus dans le calcul, et promettrait une plus grande précision. Il passe ensuite à l'hypothèse sur laquelle M. Delaplace a fondé sa théorie des réfractions près de l'horizon, et il en présente encore une autre qui aurait l'avantage de s'accorder avec les formules de Bradley et de Simpson pour le calcul des réfractions. Le reste du mémoire est consacré aux formules analytiques, à l'exception des dernières pages où l'auteur expose, dans l'ordre chronologique, les travaux des géomètres sur l'expression différentielle de la réfraction.

M. BIDONE a soumis au calcul les nombreuses expériences qu'il a faites sur la Contraction de la veine fluide, ou diminution de diamètre qu'éprouve un liquide en s'écoulant par un orifice. Il s'est occupé en premier lieu de l'écoulement par des orifices rectangulaires, parce que cette forme est celle des vannes, des écluses, du plus grand nombre des ouvertures qui livrent passage aux liquides dans l'architecture hydraulique. Il s'agissait de compléter les expériences faites jusqu'à ce moment, surtout celles de Bossut et de M. Hachette, et de les étendre au cas où la contraction n'a lieu que sur une partie du contour de l'orifice, comme dans les coursiers qui versent l'eau sur les roues hydrauliques: il fallait de plus vérifier les formules de MM. de Prony, Hachette, Tadini et Venturoli, pour le calcul des quantités d'eau écoulées, ou dépenses, dans les différens cas d'écoulement et par des orifices de forme donnée. Les résultats obtenus par M. Bidone sont très-remarquables: 1° le rapport entre la surface d'un orifice et la quantité d'eau qui en sort avec une vitesse donnée, ou, suivant l'expression des géomètres, le coefficient de la contraction est le même pour toutes les formes d'orifices, du moins entre les limites des expériences: M. Hachette avait déjà fait cette ob

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