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pleine d'érudition, et peut être regardée comme un mémoire historique

M. le chevalier DI S. QUINTINO traite dans toute son étendue l'histoire ancienne et moderne d'une carrière de marbre statuaire près de Seravezza, qui est exploitée de nouveau, après avoir été négligée durant plusieurs siècles. La roche qui fournit ces beaux marbres est une continuation de celle de Carare, comme on peut en juger par l'inspection des lieux. Elle forme une haute montagne, et sa blancheur lui donne de loin l'apparence d'un glacier. Les habitans des contrées marécageuses qui en sont voisines s'y réfugient, pendant l'été, pour échapper aux maladies causées par la mal-aria. Suivant M. le docteur Targioni, les marbres de cette carrière ne conviendraient pas moins aux luthiers qu'aux statuaires, et les instrumens qu'on en ferait ne seraient pas moins sonores que ceux de bois. Cette remarque n'est pas nouvelle, et doit être appliquée à beaucoup d'autres substances minérales, et même aux poteries, comme on le sait depuis les expériences sur les flutes de terre cuite faites par Vaucanson et d'autres physiciens.

Nous n'avons plus à faire mention que de la notice de M. D'IGLIANO, sur un roman du xiye siècle, dont l'auteur est un marquis de Saluces, vassal du duc de Savoie, avec lequel il fut long-tems en guerre. Ce roman, intitulé le Chevalier errant, est écrit en français, quoique l'auteur fût Italien, et en prose mêlée de vers, ce qui était alors une innovation dans les lettres. Après avoir lu ce que Legrand d'Aussy a écrit sur ce petit ouvrage, dans ses Notices sur les manuscrits de la Bibliothèque nationale, on n'en trouvera pas moins d'intérêt et même d'instruction dans cet écrit de M. d'Igliano. Un érudit français n'aurait peut-être pas traité le même sujet avec plus de savoir et de sagacité. Si la seconde classe de l'Académie de Turin recueille un bon nombre de mémoires aussi bien remplis, et d'une lecture aussi agréable, ses publications seront attendues avec une grande impatience. FERRY.

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

HISTOIRE CRITIQUE ET RAISONNÉE DE LA SITUATION DE L'ANGLETERE, au 1er janvier 1816, sous les rapports de ses finances, de son agriculture, de ses manufactures, de son commerce et sa navigation, de sa constitution et ses lois, et de sa politique extérieure; par M. DE MONTVÉRan (1).

La féodalité, née de la conquête, en avait conservé le caractère; elle usurpait tous les droits avec arrogance; l'épée était à la fois sa raison et son symbole : attaquée par l'inévitable puissance de la justice, elle s'est réduite à ne former qu'une aristocratie timide et bornée à des titres sans attributions. Mais, dans les mains de cette aristocratie, la loi a remplacé l'épée; un moyen, en apparence équitable, a succédé à une force essentiellement injuste. Le but est resté le même. Sans doute, la nécessité nouvelle de puiser la force active dans des élémens qui lui sont contraires conduira cette aristocratie à des résultats inattendus; mais, jusqu'à présent, la concentration des avantages sociaux est réelle ou s'effectue. Tel est le point remarquable où est arrivé, avant les autres, le gouvernement anglais; telle est la tendance fortement marquée des autres états. Pitt, en constituant de grandes fortunes territoriales, consomma l'œuvre, et donna le modèle de la nouvelle société. Il prétendit garantir les droits de tous; il réserva de fait les aisances de la vie, qui sont aussi des droits, à un petit nombre; et un tel gouvernement n'est

(1) Paris, 1822. Deuxième édition. Chanson, rue des GrandsAugustins.

pas national. En France, de grandes difficultés seront ren-、 contrées. La révolution a bien détruit la féodalité, et nous pouvons espérer que sa reconstitution en aristocratie héréditaire et légale sera trop incomplète pour être durable. Puisque tel est le but avoué, puisque c'est en Angleterre que les hommes d'état vont chercher leurs exemples, il est d'un haut intérêt de connaître, par l'histoire critique et raisonnée de sa situation, quelles ont été les suites d'un pareil système; peut-être qu'en tenant compte des différences, nous pourrons entrevoir quelles seraient pour nous les conséquences de son adoption.

L'Angleterre offre le spectacle du perfectionnement général luttant contre les injustices et les désavantages d'un système dérivé de la barbarie et de la conquête. Son agriculture est enrichie de procédés ingénieux, de théories fécondantes; le travail est économique, les produits sont remarquables par l'abondance et la qualité. Ses manufactures servent de modèle aux étrangers; son commerce sait trouver, créer et remplacer les débouchés; sa navigation est parfaite dans son organisation marchande et militaire; ses finances même offrent un système de crédit habilement combiné. Cependant, et malgré tant d'avantages, l'agriculture a éprouvé des crises funestes, non par l'influence des saisons; les manufactures et le commerce ont vu les banqueroutes s'élever de 400 à 1600, dans une seule année; la navigation est menacée par des rivaux; le crédit, soutenu au grand détriment de toutes les prospérités, s'est déjà vu réduit à ses dernières ressources. L'Histoire critique prouve, par des faits nombreux et de légitimes déductions, que tous ces malheurs, et ceux plus grands qui menacent, appartiennent à la concentration des fortunes et à ses suites, la prétention de la domination des mers et le monopole du commerce universel rendus indispensables, je ne dis pas à la prospérité, mais à l'existence de la société anglaise.

En suivant M. de Montvéran dans les développemens de la

situation de l'Angleterre, nous essaierons d'indiquer la liaison des effets aux causes; nous avons pour guide et pour autorité, dans ce travail, l'introduction de l'ouvrage, où les aperçus d'une haute philosophie sont exprimés avec l'éloquence de la conviction.

Les grands accroissemens qu'ont reçus depuis un siècle les richesses mobilières, et l'influence qu'ils exercent sur la destinée des nations, semblaient prescrire à l'auteur de porter la plus sérieuse attention dans l'exposé des finances anglaises. Nulle part on ne trouve des données plus exactes et plus complètes. Les dépenses qui, en 1688, ne s'élevaient pas à 2 millions sterl., étaient portées, en 1817, à 60, et avaient été constamment doublées pendant la guerre. Elles ont créé cette énorme dette, dont les intérêts et les charges en sont devenus la partie la plus considérable et la moins réductible. La liste civile, les frais d'administration et le fonds d'amortissement sont, après la dette, les objets principaux de la dépense; mais les guerres ont augmenté les impôts dans une si effrayante proportion, ceux-ci ont réagi avec tant de force sur l'accroissement des dépenses, et ont tellement épuisé l'Angleterre, qu'on en est venu à solder la moitié de la population à l'aide des dépenses du gouvernement dans la guerre, et des taxes des pauvres dans la paix.

Les recettes se composent des revenus ordinaires et extraordinaires. Les ordinaires sont les droits et impositions consolidés, et les taxes de guerre annuelles et temporaires. Les extraordinaires sont les emprunts et les billets de l'échiquier. Le fonds consolidé s'élève à 51 millions st. Il acquitte les charges de la dette, de la liste civile et de l'administration. Ce nom de consolidé lui fut donné, après que Pitt eut fait affecter les fonds spéciaux qui servaient les dettes de diverse nature au paiement solidaire de toutes. Depuis, les emprunts nouveaux

furent portés à la dette consolidée, et les impôts créés pour en acquitter les charges, au fonds consolidé. Les billets de l'échiquier, qui, avec les emprunts, forment les ressources extraordinaires, sont portés à la dette, lorsqu'il en existe sur la place une trop grande quantité: avant qu'une loi l'ait déterminé, ils sont la dette flottante. Toutes les dépenses du gouvernement sont acquittées en billets de l'échiquier; ceux-ci portent date et intérêt, et sont appelés successivement au remboursement: ils entrent dans la circulation lors de la dépense, et rentrent par la banque, lors des emprunts annuels et des autres versemens qu'elle fait au trésor.

Le budjet est l'exposé de la recette et de la dépense. On y joint, en Angleterre, les comptes de l'année précédente; les ministres, selon le besoin, présentent un second budjet; mais il est souvent remplacé par des crédits en billets de l'échiquier. On remarque, en outre, dans les budjets anglais, l'exagération des ressources, les estimations affaiblies des dépenses, et les bonifications constantes des déficits. Les ministres font bonifier le déficit des excédans de convention portés aux budjets précédens, et cachent ainsi les déficits réels du fonds consolidé. Tel est le charlatanisme au moyen duquel ils forment des budjets étonnans de richesse et de prospérité, et maintiennent le crédit des finances anglaises.

Les divers ministères, et Pitt lui-même, ont cependant négligé un des meilleurs moyens de crédit, l'ordre des finances ou l'exactitude de la comptabilité. A cet égard, la négligence et la prodigalité avaient été poussées si loin, qu'en 1805 lord Petty (aujourd'hui marquis de Landsdown) signala, sans être contredit, des arriérés de comptes pour 45,500,000 liv. sterl. Ces désordres firent adopter une autre organisation de comptabilité; la comptabilité française servit de modèle, et les opérations de la nouvelle commission donnèrent en faveur du

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