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VOEIKOF et V. KOZLOF. 10° année (1822), no 166-306. Supplémens, n° IV-XXVI. -- 11 année (1823), no 1-150 Supplémens, no 1-XXIV. Saint-Pétersbourg; imprimerie militaire de l'état-major général.

vue,

Le nombre des journaux et des recueils périodiques augmente chaque année en Russie; mais on ne remarque malheureusement aucune amélioration sensible dans le plan et dans l'esprit de rédaction adoptés et suivis par leurs éditeurs. L'Invalide russe continue toujours, ainsi que nous l'avons déjà fait remarquer ( voy. 1′′ sírie, t. xv1, p. 567), à s'écarter du but qu'il semblait avoir eu en et la plupart des articles qu'il offre à ses lecteurs ne sont que des extraits, bien ou mal choisis, des autres journaux. Le public souscrit à cette feuille uniquement par bienfaisance ( on sait que le produit en est affecté aux militaires invalides), ou dans l'intention de connaître les promotions, qu'elle a le droit exclusif de publier; mais quoique la satisfaction de faire le bien puisse être, de la part des abonnés, un motif suffisant de rester fidèles à leur souscription, l'éditeur ne devrait-il pas sentir qu'il leur doit quelque chose de plus en retour de leur bienfaisante coopération au succès de son journal, et que ce succès même peut s'augmenter par ses efforts personnels pour leur plaire? MM. Voeïkof et Kozlof croient-ils avoir assez fait en donnant comme rare, à leurs lecteurs, le Voyage de Plestcheef, fait en 1772, et extrait d'un ouvrage publié il y a plus de quarante ans à Saint-Pétersbourg; ou en se contentant de copier les articles insérés dans les autres recueils nationaux, tels T'Émule de la civilisation, le Censeur, etc.?— Les Supplémens à ce journal, publiés sous le titre attrayant de Nouvelles de la littérature, n'offrent de même que des articles très-peu intéressans, ou que la réimpression de morceaux bien connus et bien anciens. Les vingt-quatre numéros de l'année 1823, qui forment 384 pages in-8°, ne contiennent que cinq articles originaux en prose ; les autres, au nombre de vingt-cinq, sont des traductions, en général assez médiocres, des Nouvelles de Mme de Genlis, des Contes de Bouilly, des Voyages de Niemeyer, des Paraboles de Krummacher, et même d'articles empruntés au Journal des Modes de Paris. Les pièces de vers sont au nombre de soixante-sept, parmi lesquelles une critique un peu sévère en compterait beaucoup de trèsmédiocres. Il y en a d'originales et de traduites du latin, du français, de l'anglais, de l'allemand et du bohémien. Joukovsky y a inséré une belle traduction en vers hexamètres, d'un fragment du deuxième livre de l'Enéide (Laocoon); le prince Viasemsky a fourni huit pièces, dans lesquelles on trouve de l'imagination, de l'esprit et quelquefois

que

de l'énergie; Théodore Glinka, neuf pièces; Baratinsky, quatre; le baron Delvigue, trois, et Pleineef, une épître à Voeïkof (l'éditeur principal de l'Invalide). Mais, ici même, il faut encore payer un tribut à cet esprit qui dirige les éditeurs, et nous trouvons plusieurs pièces empruntées à d'autres recueils, tels qu'une élégie d'Alexandre Pouchkin, une pièce du prince Viasemski, une de Ryleef, et une traduction du 111o chant du poëme de l'Imagination, de Delille, par Voeikof, toutes prises à l'Étoile polaire, recueil annuel de poésies. Nous avons à citer encore des fragmens du poëme de Charlemagne, de Millevoye, et la Vierge d'Abydos, de lord Byron, une élégie de Soumet, etc., morceaux traduits ou imités par J. Kozlof ( qu'il ne faut pas confondre avec V. Kozlof, l'un des éditeurs de l'Invalide); une traduction de la romance: Que fais-tu là, beau troubadour? par Glébof. Les autres poëtes qui se font remarquer dans les xxiv numéros des Supplémens, sont MM. Polévoï, dont les productions ont obtenu de l'Académie russe un accueil favorable; Pissaref, jeune poëte de beaucoup de talent, mais qui ne nous semble pas mériter les éloges exagérés que les rédacteurs lui ont prodigués pour sa pièce intitulée: Les Rives du Don; N. Filo, N. Iazikof, Toumansky, le prince Dolgorouky, A. Norof, Kniajnin et Golovin. Le n° xxI contient une épître de M. Voeïkof à M. N. Gnéditch, auquel il demande des conseils sur les moyens d'acquérir une gloire durable par ses productions littéraires. M. Voeïkof sait le conseil que nous lui donnons en sa qualité d'éditeur de l'Invalide. La partie officielle de ce journal, qui se publie par format in-4° d'une demifeuille d'impression tous les jours (excepté les fêtes et dimanches), consacrée, comme nous l'avons dit, aux promotions militaires et civiles, n'est point susceptible d'analyse. La partie non-officielle contient des nouvelles scientifiques et littéraires, quelquefois inexactes, pour la plupart écrites dans un style fort négligé, et parmi lesquelles on en rencontre souvent de très-peu intéressantes, telles que l'annonce d'un dîner diplomatique. Trop souvent aussi, les rédacteurs vont copier dans le Conservateur impartial ( journal qui se publie en français à Saint-Pétersbourg), et avec toutes les erreurs pardonnables à peine à des étrangers, des jugemens littéraires sur des ouvrages russes, et des nouvelles de l'intérieur. - Après avoir adressé des reproches, que nous croyons mérités, aux rédacteurs de l'Invalide, nous nous empresserons de signaler l'article le plus intéressant des cinq que nous avons déjà dit être originaux ; c'est la Relation du voyage de l'astronome Delille et du professeur Konigsfeld, T. XXII. Mai 1824. 25

de Pétersbourg à Bérézof ( ville du gouvernement de Tobolsk ). Cette relation, insérée dans les n° XIV, XV et XVI, est due à V. Berkh, marin habile et infatigable, connu par une carte des possessions russes en Amérique, et par plusieurs autres ouvrages utiles, et qui s'occupe en ce moment de la relation du premier voyage maritime des Russes, fait par le célèbre Bering, en 1725-1729. Celui de SaintPétersbourg à Bérézof fut entrepris sous le règne de l'impératrice Anne, et exécuté par ordre de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, pour observer, vers le cercle polaire arctique, le passage de Mercure sous le soleil, qui devait avoir lieu au mois d'avril 1740. Delille fut chargé des observations astronomiques, et le professeur Konigsfeld de la description topographique et historique des lieux. On sait que le but principal de ce voyage fut manqué, et que les deux savans ne purent voir le passage de Mercure à cause des nuages qui s'élevèrent ce jour-là, et qui duraient encore une heure après le passage. Mais leur expédition ne fut pas entièrement infructueuse, et ils en rapportèrent un grand nombre d'observations utiles pour l'astronomie, l'histoire et la géographie, qui reçurent l'approbation de l'Académie et celle de tous les savans. S. P-Y.

POLOGNE.

147.- Wenceslai Alexand. MACIEIOWSKI, etc. Opusculorum sylloge prima. - Premier recueil d'Opuscules, par W.-A. MACIEIOWSKI, professeur dans l'Université de Varsovie, membre de la Société philomathique de Cracovie. Varsovie, 1823. In-8°, de vin et 130 pages.

Ce petit recueil renferme une dissertation sur la vie et les constitutions de Trajan Dèce; une autre sur les Topiques de Cicéron; une comparaison des lois de Solon et de celles des Décemvirs, parallèle à peine commencé, où il ne s'agit encore que de la fameuse loi des Douze Tables contre les débiteurs; enfin, des remarques sur plusieurs chapitres de Tite-Live (111, 31 sqq.) provoquées par un article de la Thémis, ou Bibliothèque du jurisconsulte, tome IV, page 304. L'auteur examine, dans ce dernier mémoire, si les Romains envoyèrent réellement des députés en Grèce pour y recueillir les lois d'Athènes; et il n'en croit rien malgré Tite-Live, Denis d'Halicarnasse, et tant d'autres. De ces quatre dissertations, la plus importante est la première, où le professeur de Varsovie explique, avec beaucoup de sagacité et d'érudition, les rescrits de l'empereur Dèce; il promet cependant de nouvelles observations

sur quelques-unes de ces lois, dans un prochain cahier. L'examen des Topiques nous a paru moins digne de l'attention des savans : l'auteur a raison de dire qu'un ouvrage aussi court que celui de Cicéron, un abrégé fait de mémoire, ne peut donner une idée des huit livres d'Aristote qui portent ce titre; mais il n'en est pas moins vrai, quoiqu'on veuille ici prouver le contraire, que le sujet est le même. Peut-être que cette dissertation n'est pas non plus achevée, et que le savant Polonais qui explore l'antiquité avec tant de zèle, modifiera ses idées par quelques développemens qui les mettront à l'abri de la critique. Des négligences de style, et des erreurs de faits, qu'il serait trop long de signaler, lui imposent surtout la loi d'une révision sévère. Si nous recevons de lui la suite de ses recherches, ou quelque autre recueil du même genre, nous nous empresserons de donner de nouveaux encouragemens à ses travaux, et de fournir une nouvelle preuve de tous nos efforts pour resserrer de plus en plus les nœuds de cette confédération intellectuelle qui tend à réunir tous les peuples, compatriotes par la science et par l'amour des lettres.

J. V. L.

DANEMARCK.

148. — Bemærkninger paa en Rejse.— Observations faites, en 1819, pendant un voyage dans la Normandie, par M. H.-F.-G. ESTRUp. Copenhague, 1821. Xv1 et 160 pages in-8°.

L'auteur de ce petit ouvrage est un jeune homme très instruit, qui s'occupe avec beaucoup de zèle de recherches concernant les antiquités et l'histoire de sa patrie, et qui promet au Danemarck un historiographe distingué. C'est dans la vue de rechercher les vestiges du séjour et de la domination des anciens Scandinaves dans la Normandie, que M. Estrup entreprit, en 1819, un voyage à pied dans cette partie de la France. Il est fâcheux que son retour obligé dans sa patrie ne lui ait permis d'erployer à cette excursion que fort peu de tems. Comme le résultat de ses recherches présente beaucoup plus d'intérêt pour les pays du Nord que pour la France, nous ferons seulement remarquer que M. Estrup a trouvé dans les noms de plusieurs bourgs et villages de la Normandie une ressemblance frappante avec une foule de noms de villages communs en Danemarck: ce qui prouve évidemment leur origine. Il serait à désirer qu'un jour un savant Danois pût employer le tems convenable à continuer les recherches que M. Estrup n'a fait que commencer, mais qui lui méritent néanmoins la reconnaissance de ses compatriotes.

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M. KRUSE. T. 1(1822), 294 pages; t. II (1823), 290 pages. Copenhague. 2 vol. in-12.

Il y a plus de vingt ans que M. Kruse commença sa carrière d'écrivain par une petite comédie intitulée : Une nuit à Paris. L'auteur n'avait pas encore vu la France; et lorsqu'il y vint plus tard, il apprit sans doute qu'il est nécessaire de bien connaître un pays avant de se hasarder à peindre ses mœurs. Depuis, M. Kruse s'est attaché à un autre genre de littérature; il a publié un certain nombre de contes, autrement appelés Nouvelles, dont la collection forme trois ou quatre petits volumes. On assure que ces contes ont eu une grande vogue; et personne ne s'en étonnera, quand on saura que l'auteur a puisé ses matériaux dans les archives des Cours d'assises. Ce n'est pas que nous condamnions absolument l'emploi de cette source; on peut en faire un usage très-noble et extrêmement utile, en se dévouant, par exemple, à ces tristes recherches dans la vue de montrer comment il est souvent arrivé que l'innocence a succombé devant les tribunaux, tantôt au moyen de témoins subornés, tantôt par l'emploi d'un juri vénal, tantôt par l'atroce éloquence d'un accusa teur public, tantôt enfin à cause de l'esprit de parti et des passions, qui se cachent quelquefois sous la simarre des juges. Mais, à en juger d'après le roman que nous annonçons, M. Kruse n'a pas suivi la route que nous indiquons; il a voulu frapper fort, et produire de grands effets d'une nature différente. Autrefois, les romanciers cherchaient à attacher le lecteur par des émotions douces ; plus tard, il a fallu des coups de canon et de tonnerre; aujourd'hui, un roman ne réussit guère, s'il n'offre l'horrible peinture de scélérats accomplis, de revenans et d'autres êtres surnaturels, ou plutôt anti-naturels; et Dieu sait où la génération suivante ira chercher des matériaux pour ses romans, lorsqu'un jour le public sera blasé sur les horreurs qui sont aujourd'hui en si grande vogue. Il y a dans le roman de M. Kruse de quoi fournir abondamment à plusieurs mélodrames : on y trouve un grand nombre de scélérats consommés de toutes les classes de la société, ecclésiastiques, nobles, roturiers, qui jouent les premiers rôles; Les honnêtes gens, en très-petit nombre, sont rejetés sur le dernier plan. Indépendamment de ces caractères infâmes et de ces peintures hideuses, auxquelles M. Kruse paraît donner une sorte de préférence, son roman est rempli d'extravagances, d'invraisemblances, et d'événemens bizarres tellement nombreux, qu'on s'étonne qu'un seul auteur ait pu les rassembler. Il faut cependant avouer que cette composition,

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