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et de si rapides progrès, qu'il n'est presque point d'occupation humaine qu'elle n'éclaire aujourd'hui de son flambeau. Lors de la naissance de la chimie pneumatique, elle reçut, des travaux des Priestley, des Scheele, des Lavoisier, des Berthollet, etc., une impulsion telle, qu'elle semblait avoir atteint son plus haut point de perfection. Les expériences et les recherches des Davy, des Berzelius, des Thénard, des Gay-Lussac, etc., paraissent avoir ouvert une nouvelle carrière, dans laquelle sont entrés un grand nombre de chimistes plus ou moins recommandables par leurs productions. Dès l'instant que la chimie eut reçu une si grande impulsion, il était indispensable de voir paraître successivement divers ouvrages élémentaires qui fussent constamment au niveau de cette science. Les plus remarquables sont le Traité élémentaire de chimie, de l'illustre Lavoisier, ouvrage dans lequel sont consignées ses plus belles découvertes: le Système des connaissances chimiques, par l'éloquent Fourcroy; les Elémens de chimie, de M. Chaptal; l'immortel ouvrage de Berthollet sur la statique chimique; enfin, le Traité de chimie, de M. Thénard, qui est regardé comme le plus classique. Plusieurs auteurs ont également publié divers traités de chimie pleins d'érudition. Toutefois, il manquait encore aux élèves en médecine un ouvrage peu volumineux et facile à consulter; c'est le but que s'est proposé M. Julia-Fontenelle. Dans un volume de 650 pages, ce chimiste a renfermé tout ce qu'il leur importe de connaître; il a également tracé un tableau très-exact de l'état actuel de la chimie et de toutes les substances découvertes jusqu'à ce jour. Pour rendre son travail plus utile, l'auteur a passé rapidement sur les corps qui n'offrent qu'un faible intérêt, pour donner plus de développement à ceux qui se rattachent à quelque point de théorie ou bien à la médecine. Nous nous bornerons à citer les articles air, eau, eaux minérales, calorique, électricité, chlore, iode, arsenic, souffre, réactifs, carbone, etc. - Dans le premier de ces articles, ce chimiste a fait une remarque très-curieuse, c'est la révendication de la découverte de la pesanteur de l'air en faveur d'Aristote: elle se trouve prouvée par le passage suivant, qui fait voir aussi qu'Aristote n'avait pas une idée juste de la pesanteur : Omnia præter ignem pondus, signum cujus est utrum inflatum plus ponderis, quàm vacuum habere. Tout pèse, excepté le feu ; ce qui est prouvé par ce fait qu'une outre enflée pèse plus que lorsqu'elle est vide. Ce fait fut reproduit comme nouveau, en 1640, par Galilée. Le philosophe grec alla même plus loin, il connut que l'eau, en se dissolvant dans l'air, le rend plus léger :

que

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Cum enim aqua ex aere est orta, gravior est. M. Julia-Fontenelle, nourri de la lecture des auteurs anciens, a cherché à démontrer les philosophes grecs avaient eu sur ce fluide des idées très-lumineuses, et qui ont, pour ainsi dire, servi de prélude à sa décomposition. Hippocrate, dit-il, soutint qu'il existe dans l'air l'aliment de la vie, qu'il appelle pabulum vitæ, et Démocrite devina, pour ainsi dire, sa composition; il annonça même qu'il subit dans les poumons quelque changement chimique. — Le plan qu'a suivi M. JuliaFontenelle diffère peu de celui de M. Thénard; il a cru devoir porter quelque modification à la nouvelle nomenclature chimique, d'après la connaissance que l'on a que, non-seulement l'oxigène ne jouit pas exclusivement de la faculté d'acidifier certains corps en se combinant avec eux, mais que l'hydrogène joue le même rôle. L'auteur va plus loin; en considérant qu'il y a des corps qui passent à l'état acide en s'unissant entre eux, sans le concours de l'hydrogène ni de l'oxigène, il regarde l'acidification comme une nouvelle propriété qui résulte de l'union de certains corps, laquelle propriété n'est due à aucun d'eux en particulier, mais est le produit de leur union. - Cet ouvrage est très-bien écrit. Il a le mérite, bien rare aujourd'hui, de ne contenir que les faits les plus essentiels à connaître, et d'être très-facile à consulter. Cette facilité s'accroît par des tableaux que l'auteur a eu soin de placer à la fin des diverses sections, et qui rappellent les principales propriétés de ces corps. Au lieu de montrer des prétentions exagérées, M. Julia-Fontenelle annonce qu'il est bien loin de regarder son travail comme propre à rivaliser avec ceux que nous avons ex professo sur cette science. « Je n'ai fait que glaner, dit-il, dans le vaste champ qu'ont moissonné les plus habiles chimistes; heureux, si, des faits que j'ai recueillis, j'ai pu former un ensemble de quelque utilité. » C'est avec la même franchise qu'il fait connaître les excellentes sources dans lesquelles il a puisé. Sous ce point de vue, nous louerons ce chimiste de sa modestie, et nous ne craindrons pas de dire que son ouvrage, tant par la clarté de sa rédaction, que par le grand nombre de faits nouveaux dont il l'a enrichi, ne peut qu'être infiniment utile, non-seulement aux étudians en médecine, mais aux médecins même qui se montrent jaloux de se trouver au courant des découvertes qui viennent de se succéder.

188.

L.-SEB. LENORMAND, professeur de technologie. De la goutte et du rhumatisme. Précis d'expériences et de faits relatifs au traitement de ces maladies; par A.-A. Cadet-de-Vaux,

membre de l'Académie impériale des curieux de la nature, etc. Paris, 1824; Colas, 1 vol. in-12 de 112 pages; prix 1 fr. 80 c. et 2 francs 20 centimes.

Le petit ouvrage que nous annonçons est un recueil d'observations faites par M. Cadet-de-Vaux, ou qui lui ont été communiquées, sur le traitement qu'il a découvert pour combattre la goutte et les rhumatismes. Ce traitement consiste à boire quarante-huit verres d'eau, formant douze litres, dans l'espace de douze heures. Cette eau doit être aussi chaude que possible, pour que le malade avale chaque verre tout d'un trait. M. Cadet-de-Vaux, dont la vie entière est marquée par des actes de philantropie, et dont on ne peut mettre en doute la véracité, donne un assez grand nombre d'observations de goutteux guéris radicalement par son traitement. Il paraît, d'après lui, que son remède est infaillible; car il ne cite pas un seul cas dans lequel il ait échoué. Nous pensons qu'il eût sagement agi, en s'abstenant de toute explication sur la nature de la goutte, qui jusqu'à ce jour est inconnue, comme maladie essentielle, et qu'il suffisait de prouver que le traitement qu'il indique est celui qui a été couronné du plus grand nombre de succès.

189.

D..

Dictionnaire d'astronomie, mise à la portée des gens du monde et appliquée à la marine, la géodésie et la gnomonique; par Ph.-J. CouLIER, élève de feu M. Delambre. Paris, 1824; Audin. In-12 de 450 pages, accompagné de 8 planches; prix 7 fr. et 8 fr.

Cet ouvrage est fait à coup de ciseaux: l'auteur a pris, sans scrupule, dans mon Uranographie, tout ce qui a été à sa convenance : aussi, plus de la moitié de son dictionnaire est-il copié mot pour mot dans cet ouvrage : les mêmes figures, les mêmes lettres à ces figures, une carte céleste, les mêmes exemples numériques; enfin, jusqu'à des fautes d'impression, tout est copié à la lettre. Et cela, sans daigner déclarer quelque part que c'est à moi qu'on a fait ces larcins, et en laissant croire qu'on a pris toutes ces notions aux leçons du célèbre Delambre. Assurément, si ce savant revenait au monde, il ne s'énorgueillirait pas d'un pareil disciple; car ce n'est pas assez de me dérober mes ouvrages; l'auteur y ajoute des phrases de sa façon, qui sont tellement en contradiction avec le reste, qu'il n'est pas possible d'entendre ce qu'il veut dire ; consultez, dans son Dictionnaire, les mots libration, précession, etc., et voyez s'il comprend lui-même ce qu'il dit, quoique la plus grande partie de ces articles soit une copie fidèle de mon livre. Encore, s'il restait à M. Coulier la gloire de construire des phrases bien tournées, de présenter des idées

ingénieuses; mais le texte qui est à lui est facile à distinguer, et l'on voit bien qu'il n'est pas moins étranger à l'art d'écrire qu'à la ̧ science qu'il veut enseigner. On assure que M. Coulier est si content de ses travaux qu'il les croit dignes du prix fondé par Lalande, et qu'il a fait hommage de ses livres à l'Académie des sciences, dans l'espoir d'obtenir ce prix. Les savans respectables qui composent cette illustre compagnie, sauront apprécier cette prétention et lui assigner la récompense qui lui est due. Si les lois ne protégent pas assez les propriétés littéraires pour assurer aux auteurs le fruit de leurs travaux, on peut s'en reposer sur les savans pour faire justice des ouvrages de l'espèce de ceux que je signale ici.

190.- L'astronomie enseignée en vingt-deux leçons, ou les Merveilles des cieux, expliquées sans le secours des mathématiques; ouvrage traduit de l'anglais, sur la treizième édition, par Ph. C...., ancien élève de M. Delambre. Seconde édition. Paris, 1824; Audin. 1 vol. in-12 de 418 pages; prix 7 fr.

Quoique l'auteur de cet ouvrage ait gardé l'anonymne, il est clair que c'est le même M. Coulier dont il vient d'être question; méme format, même caractère, même libraire, etc., et nous pourrions ajouter même défaut de connaissances des choses dont on parle. Je conçois difficilement que cet ouvrage ait cu treize éditions dans un pays éclairé; J'y vois seulement un grand nombre de passages tirés du Système du monde de M. Delaplace, et de mon Uranographie; en sorte que M. Delaplace et moi ne serions que des traducteurs. L'ouvrage est rempli de non-sens et de faits tout-à-fait faux; tout ce qu'on y dit de l'attraction et d'un medium gazeux est complétement inintelligible. Ailleurs, ce sont des absurdités choquantes : c'est un mouvement des points de l'aphélie et du périhélie de la terre autour de l'écliptique en près de 21 millions d'ans; c'est une rotation de l'axe de la terre, occasionée par la seule action des rayons solaires sur l'atmosphère, rotation de quelques secondes en neuf ans, qui se fait tantôt en avant, tantôt en arrière, etc., etc.; et c'est ce galimatias qui vient d'avoir l'honneur d'une réimpression! Probablement le charlatanisme, qui a fait supposer une treizième édition à l'ouvrage original, a réussi à faire des dupes; mais les lecteurs doivent être bien punis de leur confiance. FRANCOEUR.

191. *Annuaire du bureau des longitudes pour l'an 1824. Paris, Bachelier. I vol. in-12; prix 1 fr. et 1 fr. 30 cent. Cet intéressant ouvrage, le seul almanach qu'un homme instruit

T. XXII. Mai 1824.

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puisse consulter, est composé des notious relatives au calendrier de l'an 1824, et de plusieurs articles relatifs aux phénomènes astronomiques, aux marées, aux poids, mesures et monnaies, à la population de la France, aux décès et naissances, et à diverses données numériques, d'un fréquent usage en physique et en chimie. Ces sujets sont pour la plupart reproduits chaque année; cependant, l'annuaire de 1824 renferme plusieurs articles nouveaux, 1o sur les pendules et chronomètres de M. Bréguet, dont la précision surpasse tout ce que l'art de l'horlogerie a produit jusqu'ici; 2o la liste des volcans de tout le globe; 3° une analyse du voyage de M. W. Scoresby au Groënland; 4° un extrait de la cinquième édition du Système du monde, relatif aux oscillations de l'atmosphère, etc. FRANCOEUR.

192.

Carte générale de l'Europe, en 1824; par A.-H. Brué, géographe de S. A. R. Monsieur. Paris, janvier 1824; Ch. Simoneau. Une feuille de 1 pied 6 pouces sur un 1 pied 1 pouce; prix 2 fr. 75 c.

L'auteur, jaloux de perfectionner son Atlas universel, et de le tenir au courant des connaissances géographiques, a fait sur la carte d'Europe plusieurs changemens, dont voici les principaux : 1o l'étendue et la configuration de la mer Noire ont été tracées d'après les travaux et les reconnaissances hydrographiques du capitaine Gauttier; 2° l'Archipel, et toutes les côtes de la Turquie d'Europe et d'Asie, ont été rectifiés, d'après les reconnaissances des capitaines Gauttier et Beaufort; 3° la géographie physique des montagnes a été mise en harmonie avec toutes les autres cartes de l'Atlas. - Cette carte est aussi mieux gravée et plus nette que celle de 1820, qu'elle est destinée à remplacer dans l'Atlas. SUEUR-MERLIN.

193.- Nouveau voyage dans l'intérieur de l'Afrique, ou Relation de l'ambassade anglaise envoyée, en 1820, au royaume d'Ashantée, etc.; par William HUTTON, officier de la compagnie d'Afrique, dernier consul anglais près du roi d'Ashantée; traduit de l'anglais par THOREL DE LA TROUPLINIÈRE, ex-officier de marine. Paris, 1814; Persan. I vol in-8°, avec cartes et planches; prix 7 fr. 50 c. et 9 fr.

La guerre terrible qui vient de s'élever entre le peuple redoutable des Achantys et les établissemens anglais de la côte occidentale de l'Afrique, donne un nouveau degré d'intérêt à la publication du voyage de M. Hutton. Déjà l'infortuné Bowdich, qui vient de périr d'une manière si déplorable, victime de son dévouemen pour les sciences géographiques, nous avait fait connaître ces tribus féroces, mais qui offrent pourtant un degré de civilisation plus avancé que

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