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Les autres parties de cet ouvrage sont traitées avec le même soin, avec la même indépendance, et nous n'avons qu'à souhaiter que tous les autres volumes ressemblent aux neuf premiers.

Je finirai cette analyse par une réflexion générale sur l'abus que certaines personnes font' des Dictionnaires de médecine. J'ai connu quelques hommes très-intruits, qui croyaient pouvoir puiser dans ce genre de livres des notions suffisantes pour se traiter eux-mêmes de plusieurs maladies; on juge d'avance les résultats fâcheux de ces essais. J'ai vu d'autres personnes devenir hypocondriaques par la lecture habituelle de ces livres, et contracter des maladies trop réelles en voulant se guérir de maux imaginaires. Enfin, de jeunes médecins ont pensé qu'un Dictionnaire de médecine pouvait composer toute leur bibliothèque, et son contenu toute leur science. Ontils un malade à traiter? ils cherchent le prétendu mot qu'ils affectent à la maladie, et suivent aveuglément toutes les prescriptions indiquées dans l'article consacré à ce mot. Dans de pareilles mains, un dictionnaire de médecine est vraiment un ouvrage fort dangereux. Il faut que tout le monde sache bien que ces livres ne peuvent offrir que la théorie, et les préceptes généraux de l'art; qu'ils ne peuvent nullement distinguer les applications positives et spéciales, ni indiquer ce qu'il faut faire au milieu des circonstances nouvelles de la maladie, et de la position variable des malades. C'est au médecin seul, nourri de la lecture des ouvrages pratiques, et formé par l'observation directe des malades, à fixer le choix et l'opportunité des remèdes : lui seul peut apprécier l'utilité des Dictionnaires de médecine, et les consulter avec fruit.

Amédée DUPAU, D.-M.

nous tâcherons de faire apprécier les avantages et les inconvéniens. qu'elle présente dans l'application.

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VOYAGES DANS LA GRANDE-BRETAGNE, entrepris relativement aux services publics de la guerre, de la marine et des ponts et chaussées; par CH. DUPIN, de l'Académie des sciences, etc. II partie, FORCE NAVALE (1).

L'auteur de cet ouvrage a déjà publié six volumes in-4° sur les travaux publics de la Grande-Bretagne. Dans ce moment, il est encore occupé à recueillir, en Angleterre, de nouvelles connaissances dont il veut enrichir sa patrie, et des matériaux pour terminer le vaste monument qu'il a dédié aux sciences et aux arts. Lorsque M. Dupin s'imposa l'obligation de nous faire connaître l'Angleterre considérée dans sa force militaire, sa marine et ses travaux civils, l'entreprise dut paraître téméraire jusqu'au moment où l'on eut vu les deux premiers volumes; mais, dès que l'on put juger comment il tiendrait sa promesse, les publications suivantes furent attendues avec une impatience encore plus vive, mais sans inquiétude. Les lecteurs furent assurés d'y trouver réunies l'abondance, la variété et l'excellente distribution des matières, la clarté et la précision du style. On s'accoutume promptement à ces qualités d'un livre bien fait; on en vient même à ne plus les remarquer, parce que les pensées de l'auteur sont comprises sur-le-champ et sans effort, que l'esprit du lecteur s'y livre avec un entier abandon, qu'il s'y concentre pour les méditer et les développer, et qu'il n'observe rien de ce qu'elles ne renferment point. Les ouvrages de M. Dupin sont bien propres à opérer ce prestige sur les hommes studieux qui les consultent, à détourner leur attention de la manière dont les objets sont exposés, afin de la fixer exclusivement sur les objets mêmes.

(1) Paris, 1821. 2 vol. in-4°. V. Rev. Enc., 1oo série, t. x11, p.

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Deux volumes de la troisième partie de ces Voyages ont déjà paru. L'auteur y traite de la force commerciale de la GrandeBretagne, des travaux publics et d'association relatifs à cette force. Les journaux quotidiens se sont hâtés d'annoncer cette nouvelle publication; M. Ransonnet, ancien officier de marine, en a fait, dans le Moniteur, une analyse assez étendue pour que l'on puisse juger de la multitude et de l'importance des documens recueillis en Angleterre par notre savant voyageur. Notre Recueil s'emparera aussi du même sujet, et le considèrera sous un point de vue réellement encyclopédique ; car l'ensemble des connaissances importées par M. Dupin s'y trouvera résumé.

Afin de préparer la récapitulation des travaux de notre jeune académicien, depuis 1816 jusqu'à ce jour, nous sommes forcés de revenir sur la seconde division de son ouvrage, où il a traité de la force navale de la Grande-Bretagne. Celui de nos collaborateurs qui en a rendu compte, s'est attaché principalement à ce qui concerne l'amirauté, l'administration de la marine, les lois et les institutions relatives à cette partie de la force publique: il n'est entré dans aucuns détails sur les travaux maritimes, sur les études de l'homme de mer, sur le matériel et le personnel des armées navales. Nous allons suppléer à cette omission, non pas avec tous les développemens que le sujet semble exiger, mais assez pour que nous soyons compris, lorsque nous aurons à comparer l'artillerie de terre à celle de mer, les formes de constructions navales aux travaux analogues exécutés par les ingénieurs civils, les écoles de la marine à celles des soldats et des officiers de toutes les armes, etc.

M. Dupin divise en six livres cette partie de son ouvrage. Le premier livre est consacré à la force morale des armées navales, aux établissemens et aux méthodes d'instruction pour les hommes de mer. Tout ce qu'il dit sur cet objet est si différent de ce que nous voyons en France, qu'on ne peut guère

espérer que l'avenir amène des améliorations capables de relever notre marine. Ce livre et très-instructif, sans doute, mais encore plus décourageant.

C'est dans l'estime universelle dont elles sont investies, dans l'attachement et l'intérêt de tous les Anglais, que les armées navales de la Grande-Bretagne trouvent le principe de l'énergie dont elles ont donné des preuves si éclatantes et si multipliées. La discipline est encore un moyen de succès dont les marins français savent rarement profiter aussi bien que les anglais;

Elle est extrêmement sévère dans la marine royale de la Grande-Bretagne. Les châtimens y sont hors de proportion avec les fautes; et, selon toutes les apparences, ils excèdent aussi la mesure de ce qu'exige l'exactitude du service. Le gouvernement a mitigé depuis peu quelques dispositions trop cruelles des ordonnances de discipline; mais celles qui sont conservées, et surtout les anciennes habitudes, continuent à faire distribuer largement des coups de fouet à neuf queues, dont un seul coup équivaut, dit-on, à quatre de ceux des fouets employés dans l'armée de terre. Malgré la modération dont on use envers les soldats, ou la sévérité avec laquelle les marins sont traités, on est sûr de trouver, parmi les Anglais, dix hommes qui choisiront le service de mer contre une seule recrue pour l'armée de terre.

Les chapitres relatifs à l'instruction nous apprennent un fait que l'auteur n'explique point, mais dont il n'est pas difficile d'apercevoir la cause; c'est que les Anglais écrivent peu sur les sciences navales, et qu'ils n'ont pas, sur le premier de leurs arts, autant de bons ouvrages que d'autres peuples beaucoup moins navigateurs. Ils écriraient sans doute plus de livres, s'ils étaient moins occupés. On peut objecter que leurs agronomes font gémir la presse, multiplient les brochures, les gros livres, les traités, les ouvrages périodiques, et que, cependant, la vie du cultivateur ne lui laisse guère plus de loisir

que celle du marin: mais, pour le cultivateur, les tems de loisir dont il jouit sont bien plus favorables à la méditation et aux travaux du cabinet.

En Angleterre, l'école d'architecture navale ne ressemble nullement à celle de France, et celle-ci paraît la meilleure à tous égards. Le gouvernement anglais n'a vu, dans la création de son école, qu'un moyen de se procurer des chefs d'ateliers soumis, comme les autres ouvriers, aux lois qui régissent tous les métiers.

Le gouvernement français fait plus de dépenses pour l'instruction de ses marins de différens grades, en sorte que les officiers de marine français sont, en général, plus instruits que ceux de la Grande-Bretagne. On est frappé de la disproportion que l'on remarque en Angleterre, entre la faiblesse apparente des moyens et la grandeur des résultats. La surprise cesserait, si l'on pouvait apercevoir d'un coup d'œil toutes les causes de chaque effet. Ici, nous avons l'habitude de mesurer l'instruction par l'enseignement direct ou par l'étude, sans nous occuper des autres routes par lesquelles les connaissances peuvent arriver.

Les exercices, quel que soit leur objet, sont une continuation des études. Le second livre traite des exercices du marin, de la tactique navale, des combats entre les vaisseaux. Les exercices sont peut-être le seul de ces objets sur lequel il soit possible de trouver quelque instruction dans les livres. M. Dupin a réuni, sur la tactique, beaucoup d'observations et de faits; c'est, jusqu'à présent, le seul moyen d'étudier l'art des combats, ailleurs que sur les champs de bataille.

Le troisième livre présente une instruction plus positive : l'auteur y a renfermé tout ce qui concerne l'artillerie de la marine anglaise. Des tables des dimensions de chaque espèce de bouches à feu mettraient en état de les construire, et donnent aussi les moyens de les comparer aux calibres corres

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