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pondans dans l'artillerie française. Des épreuves non moins importantes ont été faites, en Angleterre, sur les meilleures dimensions des bouches à feu; mais elles laissent encore indécises ces grandes questions d'artillerie. Toutefois, ce sont des données précieuses qui dirigeront les recherches ultérieures; M. Dupin les a recueillies avec soin. Un chapitre particulier sur les affûts des canons et des caronades laisse aussi quelques doutes sur l'état de perfectionnement de cette partie essentielle de l'artillerie des vaisseaux. Les innovations proposées par le général CoGRÈVE sont discutées avec sagacité, et semblent effectivement préférables à la forme ordinaire des affûts anglais, peu différente de celle des affûts de la marine française.

Les Anglais savent donner à leurs boulets une pesanteur spécifique supérieure à celle de notre artillerie. Il est bien étrange qu'on ne leur ait pas encore enlevé cet avantage. La fonte de fer, spécifiquement plus pesante, serait pour quelques arts une matière plus convenable que celle qu'ils emploient actuellement. La fabrication des boulets a déjà fait, en France, d'assez grands progrès, surtout quant à la forme: mais il n'est pas certain que leur densité ait augmenté sensiblement; il suffit que la surface soit lisse et sphérique, pour que le volume paraisse plus petit, sans qu'il y ait aucune diminution de poids. D'ailleurs, la plus grande augmentation de densité que l'on ait obtenue en France, n'excède pas un trente-sixième, tandis que la différence entre les fontes de France et celles d'Angleterre est à peu près d'un dix-septième.

Dans la grande variété de projectiles essayés en Angleterre, les boulets incendiaires de M. Fane paraissent mériter une attention particulière. Si les effets qu'on leur attribue sont réels, ils pourraient être substitués aux boulets rouges dans presque tous les cas où l'on a recours à ce terrible moyen de destruction.

Le dernier chapitre de ce livre contient un grand nombre

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peut-être celui dont il conservera le souvenir le plus profond, non-seulement à cause des prodiges d'industrie dont ses regards ont été frappés, mais aussi par l'étrange accueil qu'il y a reçu. Bien décidé à tout supporter pour obtenir enfin l'entrée dans ce sanctuaire des arts maritimes, il a mis à profit le peu de tems qu'il avait pour voir et décrire d'aussi grands objets. Cette description remplit trois chapitres, dont chacun pourrait fournir un volume, sans épuiser la curiosité des lecteurs. Comme Portsmouth est l'atelier central de la marine, la diversité des tra- | vaux, la multitude et l'étendue des magasins, la puissance des machines, l'immensité des approvisionnemens, tout semble s'élever au-dessus des forces humaines. M. Dupin a donné beaucoup d'attention à la fabrication du biscuit anglais, et il entre dans le détail des procédés de cet art, depuis la préparation de la pâte jusqu'à l'encaissement du biscuit fabriqué.

Nous avons déjà eu l'occasion de parler des travaux de Plymouth et de la jetée ou brise-mer que l'on y a construite par des procédés qui font honneur aux ingénieurs anglais. Notre auteur les décrit avec de nouveaux détails, et une planche gravée éclaircit tout ce qu'il eût été trop long d'expliquer sans le secours du dessin.

Un atlas de onze planches, joint à cet ouvrage, est un autre répertoire que l'on consultera souvent, surtout pour les recherches sur l'artillerie des vaisseaux.

Il nous était impossible d'indiquer tous les sujets traités par M. Dupin, de désigner plus spécialement ceux qu'il approfondit, et ce que son ouvrage ajoute aux connaissances acquises sur chaque sujet : il fallait nous borner à quelques pages. Si notre analyse cût été complète, nous n'aurions peut-être pas échappé à un autre inconvénient; on eût pu nous reprocher de ne pas imiter la brièveté de notre auteur, qui a su mettre tant de choses dans un livre de 284 pages. FERRY.

SCIENCES MORALES ET POLITIQUES.

RÉFLEXIONS SUR L'ETAT AGRICOLE ET COMMERCIAL DES PROVINCES CENTRALES DE LA FRANCE; par M. le vicomte D'HARCOURT (1)

N. B. Quoique cet ouvrage soit relatif à l'agriculture, et, par conséquent, à une application des sciences naturelles, comme l'auteur n'a considéré son sujet que dans ses rapports avec la législation qui doit lui être appliquée et avec l'administration publique, l'analyse qui suit se trouve appartenir à notre division des sciences morales et politiques, où nous avons dû la placer.

Dans les états où la distinction des castes est admise, il est impossible que les gouvernans et les gouvernés soient parfaitement d'accord sur leurs droits respectifs; mais, quelles que soient la constitution d'un état et la forme de son gouvernement, dès que les gens de bien veulent s'écouter mutuellement, ils reconnaissent bientôt un but commun, et ne diffèrent plus que par le choix de la route que chacun estime la plus courte ou la plus sûre. L'un veut prendre à gauche, l'autre à droite; un troisième préfère le centre: peu importe, pourvu que ces directions convergent vers l'intérêt public, et que tous les voyageurs se retrouvent au rendez-vous commun.

Dans le compte annuel des travaux de la Société royale et centrale d'agriculture, M. le secrétaire perpétuel a donné tant d'éloges à l'ouvrage de M. le vicomte d'Harcourt, que l'on ne

(1) Paris, 1822; imprimerie de G. Trouvé, rue Neuve-SaintAugustin, no 17. 1 vol. in-8o; prix 3 fr., et 3 fr. 5o c. par la poste. T. XXII. Avril 1824.

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peut plus rien ajouter à un hommage aussi éclatant. Moi aussi, j'aime à reconnaître, dans le livre que je viens de lire, l'œuvre d'un homme de bien qui, souvent dominé par des préjugés de situation, a pu s'en détacher quelquefois, et n'obéir qu'aux impulsions de son patriotisme et de sa philanthropie, quoiqu'il ne s'y livre que timidement, et avec une sorte de honte. Mais je m'écarte parfois de son avis; je ne partage pas son éloignement pour tout ce qui pourrait opposer quelque résistance au pouvoir; je ne pense pas qu'un auteur ait besoin d'indulgence pour avoir voulu donner des avis utiles à son pays.

J'accorde à M. d'Harcourt que la terre est le fonds le plus solide; que ce fonds ne saurait être productif sans culture, et qu'il ne rapporte qu'en raison des avances qu'on lui a faites. C'est pour cela qu'il attribue les améliorations agricoles de nos provinces du nord aux dépenses faites pour la construction des places fortes, et pour l'entretien de leurs garnisons. Ces deux causes, accumulant ainsi de grands capitaux dans ces provinces, y ont rendu les cultivateurs plus actifs et plus industrieux (1). C'est avec raison qu'il attribue à l'énorme consommation de Paris une puissante influence sur l'accroissement de la culture des campagnes voisines. Guidé par ces observations, il voudrait que les vilies du centre de la France, devinssent plus riches, plus belles, plus peuplées : il a raison;

(1) Cette observation n'est pas tout-à-fait juste. L'agriculture flamande était déjà très - perfectionnée, avant que l'on construisît un si grand nombre de places sur cette frontière, et que l'on y fixât des garnisons. Les progrès qu'elle a faits depuis ne sont que le développement ordinaire dont tout art est susceptible, en raison de ce qu'il est déjà, de l'aptitude des hommes qui l'exercent, et du tems. Les places fortes et les garnisons n'ont rien changé à l'agriculture, sur la frontière entre la Meuse et les Vosges: pourquoi cette cause n'aurait-elle obtenu son effet que dans la Flandre? ( N. d. R.)

mais il n'indique point les moyens d'obtenir ces résultats satisfaisans. Il ne met pas sans doute au nombre de ces moyens la destruction de notre marine et l'abandon de nos colonies; ce serait porter un coup funeste à notre commerce extérieur, à nos ports, aux provinces maritimes et à celles qui fournissent à l'exportation.

On objecte que la Suisse et l'Autriche prospèrent sans marine : l'une, par son industrie manufacturière, et l'autre, par son agriculture; mais, c'est en exportant leurs produits chez les peuples voisins que ces deux pays peuvent se passer de commerce maritime. C'est l'exportation qui assure à deux puissances européennes, l'une sans forces navales, et l'autre toute puissante sur mer, l'influence qu'elles exercent sur le Continent. Certes, quand nos voisins proscrivent nos denrées, dès l'instant où nous imposons les leurs, ce n'est point sans marine que nous reprendrons et conserverons la force nécessaire pour faire fleurir notre commerce et le protéger au dehors. Il nous faut des vaisseaux capables de soutenir nos bâtimens légers, et nos spéculations au delà des mers; et quand même nos colomes sembleraient onéreuses dans les circonstances actuelles, nous devrions cependant les conserver, ainsi que nos vaisseaux de ligne, si nous voulons que notre commerce embrasse toutes les contrées du globe.

Nos ports seront bloqués en tems de guerre? est-ce une raison pour accepter le joug des Anglais, ou plutôt n'en est-ce pas une pour chercher à nous en affranchir? Je le demande à M. d'Harcourt lui-même, si nos voisins levaient d'énormes armées, la crainte de voir assiéger nos places fortes l'engagerait-elle à nous conseiller de renverser nos remparts et de licencier nos bataillons?

J'avoue que je ne saurais mieux comprendre comment le séjour de nos forces militaires, dans l'intérieur de la France, au lieu de leur concentration si naturelle dans les places, pro

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