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rection nouvelle aux méditations philosophiques. Le premier, secouant le joug qui pesait encore sur les esprits, fait éclore d'ardentes controverses, et inspire un vif enthousiasme à ses disciples. Le second, plus circonspect, donne l'exemple d'un nouvel ordre de recherches, en traçant l'histoire de l'entendement humain. Le dernier suscite des commentateurs, après avoir posé les fondemens d'un vaste édifice. A la même époque, Hobbes, en cherchant dans les lois de la nature humaine les principes de la science du droit public, construit un système qui n'est que la théorie de Locke plus restreinte; il commence le sensualisme moderne. Gassendi se rencontre avec lui, en essayant de réhabiliter la doctrine d'Épicure. Spinosa étonne, après tant de conceptions hardies, par un système difficile à saisir, mais qui se reproduira plus tard sous de nouvelles formes.

Le xvin siècle, riche des travaux antérieurs, voit naître aussi quatre Écoles qui lui sont propres : l'idéalisme est fondé par Berkeley Hume ouvre une nouvelle carrière au scepticisme : l'École écossaise, pour remplir les lacunes qu'elle découvre dans la théorie de Locke, cherche, dans la nature mème de l'esprit humain, les lois qui doivent le régir : enfin, Kant essaie de renouveler sur des bases plus profondes la philosophie entière; il interroge la raison humaine sur ce qu'il lui est donné de comprendre, et il donne le jour au criticisme.

Tout en suivant l'ordre chronologique des révolutions de la philosophie, M. Degérando ne perd point de vue le but qu'il s'est proposé d'abord, et il rattache toujours la classification des doctrines à la différence des principes adoptés sur le fondement des connaissances humaines. Je ne saurais micux terminer cet extrait que par la citation d'un passage où l'auteur a résumé habilement et en peu de mots les caractères

essentiels de chacune des époques que nous venons de parcourir. (Tome 1, page 80.)

« Pendant la première de ces cinq périodes, on cherche ces principes dans la nature des choses, on veut saisir les élémens qui la constituent; on ne peut y atteindre que par des hypothèses; on construit plus qu'on ne raisonne, qu'on ne discute; c'est le règne du pur dogmatisme.

« Pendant la seconde période, on cherche ces principes dans la nature de la science; et, comme la science est l'ouvrage de l'homme, on s'étudie à lui donner des lois. Les controverses naissent de l'indépendance de l'esprit ; ou dresse les classifications; la logique, la dialectique, naissent, et président à la marche de la philosophie.

« Pendant la troisième période, les philosophes qui essaient de s'engager dans des voies nouvelles, recourent à l'illumination, à l'extase; la philosophie est appelée à servir d'instrument aux dogmes religieux; c'est la période des doctrines mystiques et d'une philosophie contemplative.

<< Pendant la quatrième période, on croit trouver le principe des connaissances humaines dans les seules formules logiques, dans l'artifice des propositions; l'argumentation usurpe la place de la méditation; c'est le règne des axiomes.

« Pendant la cinquième période, enfin, on fonde la philosophie sur l'étude de l'esprit humain, des procédés qu'il emploie, des lois qui le gouvernent. Cette période doit développer et perfectionner le grand art des méthodes.

« Si nous cherchons ensuite le véritable point de séparation auquel commence la divergence de ces sectes, nous trouverons qu'il réside essentiellement dans la lutte établie dès l'origine entre l'expérience et le raisonnement, entre les sens et la réflexion, entre les faits et les principes, entre l'instinct et la spéculation, entre les idées de l'homme et le témoignage de la

nature, ou dans le besoin de concilier ces autorités en apparence contraires, nous trouverons qu'il réside dans les notions plus ou moins étendues qu'on s'est faites des prérogatives de la raison et des garanties qui les assurent, c'est-à-dire, que la divergence commence toujours précisément à la diversité des systèmes adoptés sur la génération des connaissances humaines. >

ARTAUD.

LA SEPTENNALITÉ DU PARLEMENT D'ANGLETERRE, ou Journal des discussions qui ont eu lieu dans les deux Chambres, lors de cette proposition, suivi des Opinions de TINDAL, SMOllet, Belsham, COXE et BLACKstone, publicistes anglais; extrait de l'Histoire du Parlement d'Angleterre (1).

La question de la septennalité occupe en ce moment tous les esprits en France. Elle est, pour quelques-uns, un motif d'espérance et de sécurité; pour les autres, un sujet d'inquiétude et d'effroi. Les premiers se persuadent qu'elle est propre à consolider le pouvoir, à laisser au gouvernement une action plus libre, plus de constance dans ses vues, et plus de moyens pour en assurer l'exécution. Les seconds soutiennent que cette innovation porte atteinte au pacte fondamental, que son adoption sera le signal du renversement des institutions établies la Charte; et que l'accroissement de l'autorité ministérielle, qui en sera le résultat, détruit l'équilibre des pouvoirs qui, seul, peut maintenir la liberté publique, et assurer la prospérité nationale.

par

(1) Londres, 1824; Treuttel et Würtz, Treuttel fils et Richter, 30, Soho-square. 1 vol. in-8° de 174 pages.

Le projet d'établir la septennalité dans la législature française n'est qu'une imitation de ce qui a été fait en Angleterre, sous le ministère de sir Robert Walpole. Les trois royaumes étaient encore, à cette époque, livrés à des dissentions qui présentaient l'avenir sous un aspect inquiétant et dangereux. C'est sous ce prétexte qu'un parti, d'accord avec le ministère, crut devoir proposer aux deux Chambres ce changement important dans la constitution du pays. En disant la constitution du pays, je dois indiquer l'observation que tout lecteur ne manquerait pas de faire lui-même, c'est qu'en Angleterre il n'a jamais existé, et il n'existe même pas encore aujourd'hui, de constitution écrite.

Au reste, comme je ne suis ici que narrateur, je n'ai d'autre but que de rendre compte, avec impartialité, des divers discours qui furent prononcés dans les deux Chambres anglaises, à l'occasion de cette célèbre discussion, qui est de nature à répandre quelque lumière sur celle qu'on annonce devoir occuper les délibérations de nos deux Chambres législatives, dans la session qui vient de s'ouvrir. On attache, en ce moment, d'autant plus d'importance à la question de la septennalité, qu'on est généralement convaincu qu'elle a été le principal motif de la dissolution du parlement français, que les circonstances politiques, extérieures ou intérieures, ne semblaient provoquer sous aucuns rapports.

L'ouvrage anglais sur la Septennalité, n'est autre chose, comme son titre l'indique, qu'un Journal des discussions qui ont eu lieu dans les deux Chambres lors de cette proposition.

Les discours de plus de quarante orateurs, dans la Chambre des pairs et dans celle des communes, sont rangés suivant l'ordre de la parole, et présentent une multitude de répétitions, de manière que le lecteur est obligé, après les avoir suivis avec une scrupuleuse attention, de se livrer à un vrai travail pour faire l'analyse des moyens contradictoirement em

ployés. C'est pour le lui épargner, pour faciliter la comparaison des objections mutuelles et le mettre à même de les ́ mieux apprécier, que j'ai cru devoir placer d'un côté tous les motifs présentés par les partisans de la proposition, et de l'autre, les objections de leurs adversaires. Je terminerai cet article par quelques observations relatives à la différence des tems et des vues, à ces deux époques.

Ce fut le duc de DEVONSHIRE qui proposa à la Chambre des lords, le 10 avril 1716, un bill ayant pour but d'étendre la durée des pouvoirs des membres de la Chambre des communes. La réunion des parlemens triennaux, disait-il, était très-incommode et très-onéreuse, en occasionant des dépenses plus considérables, et trop souvent répétées, pour l'élection des membres du Parlement, et en faisant naître entre les sujets de ce royaume des haines plus fortes qu'en aucun tems avant ladite disposition; et comme sa continuation pourrait porter atteinte à la paix et à la sûreté du gouvernement, dans une circonstance où la faction perturbatrice des papistes s'efforce de rallumer le feu de la révolte dans ce royaume, et de renouveler une invasion étrangère, qu'il soit statué que le Parlement actuel et tous ceux qui devront suivre, aient une durée de — ans, à moins que le Parlement actuel ou les Parlemens futurs ne soient dissous plutôt par Sa Majesté, ses héritiers ou ses suc

cesseurs.

La proposition du duc de Devonshire fut appuyée par le lord Rockingham, le duc d'Argyle, le comte de Dorset, et le lord Townshend.

La première lecture du bill fut adoptée. A la seconde, qui eut lieu le 14 avril, il s'éleva un violent débat sur la question de savoir si le bill serait porté au comité général de la Chambre.

Le duc de KINGSTON Soutenait que la législature avait le

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