l'Himalaya, ou descendre sur les rivages de la Grèce, ou nous enfoncer dans le moyen âge et la scolastique, ou suivre les traces fécondes de la philosophie moderne et de Descartes en Angleterre, ou en France, ou en Allemagne. Séparé de cet auditoire pendant huit années, j'ai voulu tablir d'abord mon point de départ et mon but définitif, afin que la jeunesse française, qui autrefois avait en moit quelque confiance, sût bien quel est aujourd'hui, sur tous les points et en toutes choses, celui qui, après un assez long exil, revient consacrer le reste de sa vie à lui être utile. Oui, celui qui porte ici la parole veut que vous sachiez qu'il n'appartient à aucun parti, à aucune coterie: en politique, il n'appartient qu'à son pays; en philosophie, il n'appartient à aucun système en particulier, mais à tous, pour ainsi dire, à l'esprit commun qui les anime, et qui ne se développe complétement que par la lutte même de tous les principes incomplets, exclusifs et ennemis. Il avoue qu'il est satisfait de son siècle, de son pays, et de l'ordre actuel des choses. Il veut fortement l'ordre constitutionnel, avec toutes ses parties telles qu'elles sont, sans retranchement, sans réserve, sans arrière-pensée; ici, le trône et les libertés publiques; là, le christianisme et le droit sacré d'examen. J'ai déjà fait ma profession de foi sur ce dernier point, je la répète volontiers. Selon moi, dans le christianisme sont renfermées toutes vérités; mais ces vérités éternelles peuvent et doivent être aujourd'hui abordées, dégagées, illustrées par la philosophie. Au fond il n'y a qu'une vérité, mais la vérité a deux formes, le mystère et l'exposition scientifique ; je révère l'une, je suis ici l'interprète de l'autre. Vous devez maintenant me connaître. Je suis encore celui qui, il y a douze ans, à cette chaire, alors bien peu entourée, bégaya le premier le nom d'éclectisme; c'est là le système dont le développement timide remplit toute la première partie de ma carrière; c'est le même système étendu et agrandi qui présidera à tout mon enseignement. Ce que j'ai voulu en 1815, je le veux encore aujourd'hui : l'éclectisme dans la conscience, dans toutes les parties de la philosophie, dans la spéculation et dans l'histoire, dans l'histoire générale de l'humanité, et dans l'histoire de la philosophie qui en est le couronnement, tel est mon but d'autrefois et d'aujourd'hui, tel est le drapeau qui me trouvera toujours fidèle. Je ne veux pas me séparer de l'auditoire sans le prier de recevoir mes remercîments les plus vrais de la patiente attention qu'il a bien voulu prêter pendant tout ce trimestre à l'exposition des vues générales qui domineront mon enseignement. L'an prochain, j'essayerai de les mieux établir en les appliquant ; et je serais heureux de retrouver parmi vous le même zèle pour la philosophie, la même indulgence pour le professeur. FIN DU TOME PREMIER. DU TOME PREMIER. IDÉE DE LA PHILOSOPHIE. Sujet de cette première leçon: Que la philosophie est un be- soin spécial et un produit nécessaire de l'esprit humain. Énumération des besoins fondamentaux de l'esprit humain, des idées générales qui gouvernent son activité: 1° Idée de l'utile, sciences mathématiques et physiques, industrie, éco- nomie politique; 2o Idée du juste, société civile, État, juris- prudence; 3o Idée du beau, art; 4o Idée de Dieu, religion, culte; 5° De la réflexion, comme fondement de la philoso- DEUXIÈME LEÇON. PERPÉTUITÉ DE LA PHILOSOPHIE. Sujet de cette leçon : Vérification par l'histoire des résultats obtenus par la psychologie.— La philosophie a-t-elle eu une existence historique, et quelle a été cette existence? 1o Orient. Naissance de la philosophie. 2o Grèce et Rome. Développement de la philosophie. Socrate. 3o Moyen âge. Scolastique. 4° Philosophie moderne. Descartes. 5° État ac- tuel de la philosophie. Vues sur l'avenir. Conclusion : Que la philosophie n'a manqué à aucune époque de l'huma- nité; que son rôle s'est agrandi d'époque en époque, et TROISIÈME LEÇON. DE L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE. Récapitulation des deux dernières leçons. Un mot sur la mé- thode employée. — Sujet de cette leçon: Appliquer à l'his- toire de la philosophie ce qui a été dit de la philosophie. 1° Que l'histoire de la philosophie est un élément réel de l'histoire universelle, comme l'histoire de la législa- tion, des arts et des religions. 2° Que l'histoire de la philo- sophie est plus claire que toutes les autres parties de l'his- toire et qu'elle en contient l'explication. Démonstration logique. Démonstration historique. Explication de la civili- sation indienne par la philosophie : Bhagavad-Gita. Grèce : explication du siècle de Périclès par la philosophie de So- crate. Histoire moderne explication du xvi° siècle par la philosophie de Descartes. Explication du xvir siècle par la philosophie de Condillac et d'Helvétius. 3o Que l'histoire de la philosophie vient la dernière dans le développement des travaux historiques, comme la philosophie est le dernier degré du développement intérieur de l'esprit et du mouve- ment d'une époque. - Rapport de l'histoire de la philoso- QUATRIÈME LEÇON. DE LA MÉTHODE PSYCHOLOGIQUE DANS L'HISTOIRE. Que l'histoire de la philosophie est à la fois spéciale et géné- rale. Des qualités d'un historien de la philosophie. De méthodes. Méthode empirique qu'elle est à peu près im- - De la seule, qui, partant de la raison humaine, de ses éléments, de leurs rapports et de leurs lois, chercherait le développe- ment de tout cela dans l'histoire. Le résultat d'une pareille méthode serait l'harmonie du développement intérieur de la raison et de son développement historique, l'harmonie de la philosophie et de son histoire. Application de cette méthode. Trois points que la méthode doit embrasser : 1° l'énumération complète des éléments de la raison 2o leur réduction; 3o leur rapport. — Antécédents historiques de cette recherche. Aristote et Kant. Vices de leur théo- rie. 1° Énumération des éléments de la raison; 2° réduc- tion à deux, l'unité et la variété, l'identité et la différence, l'être absolu et l'être relatif, la cause absolue et la cause rela- tive, l'infini et le fini; 3° leur rapport.- Contemporanéité des deux idées essentielles de la raison dans l'ordre de leur ac- quisition. Supériorité et antériorité de l'une sur l'autre CINQUIÈME LEÇON. IDÉES FONDAMENTALES DE L'HISTOIRE. Récapitulation. Des idées dans la raison humaine. - - - idées dans l'intelligence divine. Du vrai caractère de l'in- - 1 |