ESSAI D'UNE BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES RELATIFS A L'HISTOIRE RELIGIEUSE DE PARIS PENDANT LA RÉVOLUTION 1789-1802. Quiconque s'est un peu occupé de l'histoire de la Révolution, soit pour en étudier l'ensemble, soit en vue d'une monographie spéciale, soit enfin simplement et ce goût s'est beaucoup répandu de nos jours pour collectionner, à titre de curiosités, les écrits qui furent imprimés pendant cette période importante de la vie de notre pays, a pu se rendre compte de la quantité innombrable de brochures que les écrivains de tous les partis ont, à cette époque, livrées chaque jour à la publicité. Quel dédale pour le chercheur que ces milliers de feuilles volantes qui sont souvent sans date, que l'on ne sait comment classer, ni quelquefois même à quel événement appliquer! Prétendre qu'il n'existe pas de guide en ce labyrinthe serait une injustice il existe en effet un monument bibliographique impérissable moins périssable, hélas ! que les collections qu'il décrit qui peut rendre les plus grands services aux travailleurs: c'est le Catalogue imprimé de la Bibliothèque nationale, dit Catalogue de l'histoire de France, œuvre immense qui fait le plus grand honneur à ceux qui en ont dirigé la rédaction; mais, outre que les onze volumes in-4° qui le composent ne sont pas à la portée de tout le monde, et bien que leur ordonnance générale soit admirablement comprise pour faire connaître la suite et l'enchaînement des événements, ces onze volumes constituent eux-mêmes un dédale dans lequel il est impossible de trouver rapidement tous les détails qui se rapportent à un même sujet, avec la certitude de ne pas omettre quelque article important. Ce n'est pas à un défaut de classification qu'il faut attribuer cet inconvénient: la classification — rarement fautive, du reste — est ce qu'elle devait être devant l'énorme quantité de matériaux à mettre en œuvre. Il fallait adopter un plan très large, et il faut convenir que le résultat obtenu est aussi parfait qu'on pouvait le souhaiter. Les difficultés à surmonter n'étaient pas de mince importance : s'il est vrai que le clavier de la voix humaine articulée renferme des sons et des nuances de sons à l'infini, il n'est pas moins vrai de dire que les études historiques auxquelles est capable de se livrer l'intelligence humaine peuvent, par le point de vue sous lequel se place le travailleur, varier de même à l'infini. Aussi, prévoir pour tous les cas possibles l'ordre dans lequel on doit présenter au chercheur les matériaux qu'il devra utiliser, c'est un but bien difficile à atteindre. L'entreprise peut cependant être tentée au moyen de travaux bibliographiques restreints, sortes de bibliographies monographiques qui, par leur intérêt tout spécial, attireront d'autant plus les travailleurs, qu'ils risqueront moins de les décourager. C'est un chapitre d'une Bibliographie de l'histoire de Paris pendant la Révolution que nous présentons ici au lecteur. Ce chapitre qui, en étendue, représente à peine la vingtième partie du travail d'ensemble, ne traite que des sources originales de l'histoire religieuse pendant cette période. Il ne faut pas que l'on s'attende à y trouver plus que ce qu'il contient réellement : on y rencontrera seulement l'indication des écrits imprimés entre 1789 et 1802; c'est un répertoire des documents contemporains des faits auxquels ceux-ci se rapportent. L'auteur souhaite que l'accueil qui sera fait à son travail l'encourage à y joindre plus tard l'indication des ouvrages plus modernes, et complément indispensable - celle de tant d'articles dont l'érudition contemporaine a enrichi les Revues et les Recueils publiés depuis le commencement du siècle. C'est ainsi que seront utilement complétés deux ouvrages dont il serait injuste de ne pas parler dans cette petite dissertation sur la bibliographie parisienne : d'abord la réimpression de Lebeuf, faite par les soins de M. H. Cocheris, avec des notes, des additions et de nombreuses indications bibliographiques; puis la Bibliographie publiée l'an passé par M. l'abbé Valentin Dufour, dans laquelle sont groupés beaucoup de renseignements utiles, principalement sur les sujets qui rentraient dans la compétence et le caractère de son auteur. La bibliographie de l'histoire religieuse de Paris pendant la Révolution est, en fait, un travail d'assez peu d'étendue pour qu'il soit inutile d'entrer ici dans des explications sur les divisions qu'elle comporte. Je renvoie, à ce sujet, au sommaire qui la précède et qui suffira à en faire connaître l'arrangement. Les noms d'auteurs, quand ceux-ci figurent sur le titre des ouvrages, sont placés en vedette, afin qu'ils sautent aux yeux dans les recherches; pour les ouvrages anonymes, leur auteur est autant que possible indiqué : les travaux de Quérard et de Barbier ont, naturellement, été mis à contribution. - Un bibliographe n'est pas un historien, aussi ne faut-il pas s'attendre à trouver ici des appréciations sans fin sur certains écrits qu'il était indispensable de citer. Il y aurait beaucoup à dire au point de vue de l'ensemble: quelques notes, aussi brèves que possible, et au besoin quelques citations qu'il eût fallu peut-être multiplier davantage pour ôter à ce travail le caractère d'une sèche nomenclature et en augmenter l'intérêt, font connaître le sens dans lequel est rédigé tel ou tel écrit, quand le titre ne l'énonce pas suffisamment, ou quand les opinions qui y sont contenues offrent quelque curiosité remarquable ou piquante. Il est une catégorie d'ouvrages qui ne figurent pas dans cette bibliographic ce sont les pamphlets quelquefois curieux, je l'avoue dont les titres eux-mêmes ne sauraient être transcrits, produits orduriers qu'il vaut mieux laisser dans l'oubli. Il a fallu faire un choix : j'espère avoir satisfait les exigences de la bibliographie en même temps que celles de la curiosité. Au reste, il serait présomptueux de croire que ce travail fût complet. Etait-ce possible de remplir les vues de tous les travailleurs? L'un reprochera à l'auteur de s'être enfermé dans un cadre trop étroit; l'autre trouvera qu'il s'est laissé aller à considérer comme rentrant dans l'histoire de Paris des ouvrages d'un intérêt trop général; celui-ci lui dira que s'il a cité les discours du comédien Monvel (n° 857 et 917) parce qu'ils ont été prononcés à SaintRoch ou à Notre-Dame des Victoires devenus temples de la Raison, il eût fallu, pour être conséquent, signaler Les Victimes cloîtrées, drame en quatre actes, que ce même Monvel fit représenter sur le Théâtre de la Nation, aussi bien que Le Mari directeur ou le déménagement du couvent, comédie en un acte, inspirée par un conte bien connu de La Fontaine, à un auteur auquel il sembla plaisant de ridiculiser les malheureux persécutés, qui, si peu de temps après, allaient devenir de véritables martyrs. La réponse à ces reproches est toute trouvée il fallait savoir se borner; après les pièces de théâtre seraient venus naturellement les romans antireligieux qui ne manquèrent pas à cette époque... c'était, insensiblement, sortir tout à fait du sujet. La même réflexion' m'a fait ainsi m'arrêter dans plus d'une voie bien souvent attrayante; c'est volontairement qu'ont été négligés les ouvrages relatifs à l'histoire des couvents durant la période pendant laquelle ils ont servi de prisons; cette mine est très riche, elle mérite de faire l'objet de recherches spéciales dont les résultats seront fort satisfaisants. On objectera alors qu'il n'a pas été conséquent de parler des églises devenues clubs ou lieux de réunions politiques c'est que, dans le premier cas, dans la section Guillaume Tell, par exemple, dont le lieu d'assemblée fut l'église des PetitsPères (aujourd'hui Notre-Dame des Victoires), il y a eu, pour ainsi dire, simulacre de culte; c'est que, dans le second cas, les pièces constatant la réunion, dans telle ou telle paroisse, des électeurs se préparant à la convocation des états généraux, contiennent très souvent des listes intéressantes. On y trouvera la plupart du temps les noms de membres influents du corps électoral, et surtout, ce qui nous touche pour le moment, des noms de personnalités du clergé, premières lueurs d'une quasi célébrité qui fait que l'on recherche avidement les moindres indications qui les concernent, indications qui, étant groupées, permettront peut-être de faire de ces noms souvent obscurs des noms qui deviendront presque historiques. Un travail bibliographique n'est jamais terminé ; chaque jour, chaque heure, chaque minute de recherches apporte à l'édifice si modeste que soit sa construction - une nouvelle pierre qui le rend plus solide et plus utile, l'auteur ne se dissimule donc pas que bien des lacunes déparent encore son travail; des notes sont là qui, recueillies depuis la mise en œuvre définitive l'accusent de telle ou telle omission, mais il fallait pourtant s'arrêter. Bien venus seront les lecteurs attentifs qui voudront bien, par leurs communications, combler un vide, redresser une erreur ou élucider une difficulté. Le premier devoir d'un bibliographe est de rejeter toute citation de seconde main; aussi, quoique pour la première préparation de ce travail un grand nombre de catalogues aient été compulsés, toutes leurs indications ont été négligées quand elles ne se sont pas trouvées confirmées par une recherche plus approfondie. Les exceptions à cette règle (qu'il fallait considérer comme importante) sont indiquées par une note spéciale sous les rares articles qui n'ont pas été décrits de visu. Tous les autres articles doivent donc se trouver dans un de nos grands dépôts publics, la Bibliothèque nationale ou la Bibliothèque Carnavalet, quelques titres seulement ayant été fournis par des recherches dans des collections particulières ou dans la belle bibliothèque du séminaire de Saint-Sulpice. J'ai parlé de nos bibliothèques publiques : je ne terminerai pas sans remercier de leur bienveillance les fonctionnaires de la Bibliothèque nationale. Je veux aussi offrir à M. J. Cousin, le savant et aimable conservateur de la Bibliothèque Carnavalet, l'expression de mes vifs remerciments pour les encouragements pratiques qu'il m'a prodigués et la bienveillance avec laquelle il m'a facilité mon travail. I. DIVISION PREMIÈRE PARTIE. SUCCESSION CHRONOLOGIQUE DES ÉVÉNEMENTS. - Etats généraux. Pièces officielles et pamphlets. 1789. — No 1 à 55. II. Faits particuliers et écrits divers par ordre chronologique; pamphlets contre le clergé. 1790. Nos 56 à 85. III. Vente des biens ecclésiastiques. 1790-1791. Nos 86 à 125. IV. Constitution civile du clergé; serment, événements et pamphlets divers. 1790-1791. Nos 126 à 207. V. Pièces diverses sur l'Eglise constitutionnelle, les prêtres réfractaires, les congrégations religieuses, etc. 1792-1796. à 231. Nos 208 |