REVUE PÉDAGOGIQUE DE L'INTERROGATION Conférence faite à l'École de Fontenay-aux-Roses, le 14 novembre 1895 (NOTES D'ÉLÈVES REVUES PAR LE PROFESSEUR Vous aurez remarqué comme moi, daus le rapport de M. l'inspecteur général Pécaut, adressé l'an dernier à l'administration et publié par la Revue pédagogique1, un passage relatif à l'exercice de l'interrogation. Brièvement, mais fortement, M. Pécaut en marque les avantages, insistant pour que l'interrogation s'adresse, non seulement à la mémoire, mais à l'intelligence; et il ne craint pas d'affirmer que le bon maître, au moins dans nos écoles, est avant tout le bon interrogateur. N'y a-t-il pas là, pour nous, un excellent sujet d'entretien? Si nous jelous un coup d'oeil sur l'histoire intellectuelle de l'humanité, nous voyons que les plus grands esprits ont attaché à l'interrogation une importance considérable : c'est, à leurs yeux, un admirable instrument d'éducation et de découverte. Socrate pensait avoir reçu de l'oracle de Delphes une mission spéciale, et cette mission était d'interroger et soi-même et les autres, afin d'éprouver la science que chacun s'attribue, et de tirer de l'esprit humain tout ce qu'il contient de propre à diriger la conduite humaine. Platon fait de la dialectique la science divine. Or, dans le Cratyle, il en donne la définition suivante: Celui, dit-il, qui possède l'art d'interroger et de répondre, je l'appelle dialecticien. 1. Numéro du 15 octobre 1894. REVUE PÉDAGOGIQUE 1896. 1 SEM. |