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c'est à grand peine qu'on arrive à trouver les passages très dispersés où l'auteur donne son avis au sujet de la question si controversée du Songe du vergier (qu'il attribue, après d'autres, à Ph. de M., sans donner de raisons bien nouvelles ni décisives), ou analyse le Songe du vieil Pèlerin. La table n'est, à cet égard, d'aucun secours, car elle n'enregistre même pas les titres des ouvrages composés par Philippe de Mézières.

A historical grammar of the French language, from the French of Auguste BRACHET rewritten and erlarged by PAGET TOYNBEE. Oxford, at the Clarendon Press, 1896, in-12, XXIV-339 p. Il ne reste en réalité dans ce volume de la Grammaire de M. Brachet que l'Introduction et le plan général. M. Paget Toynbee, comme il le dit sur le titre et comme il l'explique dans la préface, a « récrit » le reste de l'ouvrage. Il va de soi qu'un livre de ce genre, composé il y a trente ans, avait besoin d'une refonte complète; M. Paget Toynbee l'y a soumis en s'aidant des travaux les plus récents; les lecteurs anglais, qui se servent depuis longues années de la traduction de la Grammaire historique de M. Brachet, auront ainsi un manuel de français bien supérieur à celui dont ils se contentaient jusqu'à présent. Il serait à désirer que, à défaut de l'auteur lui-même, quelque philologue français remît ainsi à neuf dans sa langue originale un livre qui n'a pas cessé d'être fort lu et qui mérite son succès par ses remarquables qualités d'exposition, mais qui est bien loin aujourd'hui d'offrir ce qu'on est en droit d'y chercher, un résumé clair et fidèle du dernier état de la science philologique appliquée au français. — M. Paget Toynbee a encore augmenté l'utilité de son livre en y joignant un double index très complet des sujets et des mots étudiés.

Nous

Das Epos von Isembard und Gormund. Sein Inhalt und seine historischen Grundlagen, nebst einer metrischen Uebersetzung des Brüsseler Fragmentes. Von Dr Rudolf ZENKER. Halle, Niemeyer, 1896, in-8°, xv-203 p. avons annoncé (XXIV, 628) la dissertation de M. Flugi sur le même sujet; nous examinerons ensemble avec détail ces deux remarquables études; disons seulement que M. Zenker a publié son travail avant d'avoir eu aucune connaissance de celui de M. Flugi.

Dott. Alberto GREGORINI. Le relazioni in lingua volgare dei viaggiatori italiani in Palestina nel secolo XIV. Pisa, Nistri, 1896, in-8, 80 p. Cette étude, consacrée à un sujet intéressant, est faite avec intelligence. Les relations de pèlerinages en Terre Sainte dues à des Italiens et rédigées en langue vulgaire n'ont pas encore été rassemblées, comme celles des pèlerins français, et, bien qu'imprimées, sont difficiles à trouver; M. G. analyse avec soin celles du XIVe siècle. A la vérité, il aurait dû exclure la relation de Fra Riccoldo, qui a écrit en latin et qui voyageait au XIe siècle et non au XIVe. Le «< guide du pèlerin en chambre », comme on peut appeler le second document (anonyme) dont il s'occupe, n'a aucune originalité, non plus que le fragment inédit qu'il publie en dernier lieu, et qui est la traduction d'une version des Pelerinages por aler en Jerusalem, publiés par la Société de

l'Orient latin (M. Gr. l'a reconnu, mais on ne s'explique pas comment il se livre à des conjectures sur le ms. de Cheltenham, qu'il croit toujours inédit, tandis qu'il est imprimé tout entier dans le volume même où M. Gr. en a trouvé la mention). Il ne reste donc de vraiment dignes d'intérêt que la relation de Fra Niccolò da Poggibonsi (1346) et la triple relation des marchands florentins Sigoli, Gucci et Frescobaldi, qui, en 1385, visitèrent l'Égypte et la Palestine en compagnie de trois autres de leurs compatriotes. M. Gr. relève les traits intéressants de ces relations. Il serait bon de les réimprimer en y joignant quelques autres documents du même genre.

Zu Friedrich Diez' Gedächtnis. Vortrag gehalten auf dem sechsten allgemeinen deutschen Neuphilologentage zu Karlsruhe von Professor Dr. E. STENGEL in Greifswald. Hannover, Grimpe, 1896, in-8, 11 p. L'antidotaire Nicolas. Deux traductions françaises de l'Antidotarium Nicolai, l'une du xive siècle, suivie de quelques recettes de la même époque et d'un glossaire, l'autre du xve siècle, incomplète, publiées, d'après les manuscrits français 25 327 et 14827 de la Bibliothèque Nationale, par le Dr Paul DORVEAUX, bibliothécaire de l'École supérieure de pharmacie de Paris, avec un fac-simile des première et dernière pages du manuscrit français 25 327. Préface d'Antoine THOMAS, professeur de philologie romane à la Sorbonne. Paris, Welter, 1896, in-8, xxIII-112 p. Ce long titre dit assez le contenu du volume, fort précieux pour l'histoire de la nomenclature botanique et pharmaceutique. Le texte de la traduction du XIIIe siècle (le ms. seul est du xive) de l'Antidotarium Nicolai (celui du xve siècle n'est qu'un fragment peu important) est publié par M. le Dr Dorveaux avec le plus grand soin et commenté, dans le long glossaire, avec une parfaite compétence. M. Thomas, dans sa courte préface, signale quelques faits grammaticaux intéressants, assigne le texte à la région normande, et rapproche du mot cierne, « catarrhe, » le mot cier, m. s., dans une traduction du XIIe siècle du Circa instans. On pourrait peut-être supposer que cier est pour chier, chaier, qui répondrait assez bien à catarrhum; mais la forme cierne resterait inexpliquée.

Le jeu de Robin et Marion, par Adam le Bossu, trouvère artésien du XIIIe siècle, publié par Ernest LANGLOIS, professeur à la Faculté des lettres de Lille. Paris, Fontemoing, 1896, in-12, IV-155 P. Le titre de ce joli volume ne dit pas que le texte de la pastorale d'Adam est accompagné d'une fort bonne traduction (je ne vois guère à critiquer que perse, au v. 613, rendu par percée), d'une introduction judicieuse et de notes sobres et instructives; on y trouve aussi la transcription en notation moderne des morceaux de musique. Du texte, M. Langlois a éliminé les morceaux qu'il a si justement signalés ici (XXIV, 437) comme interpolés, en sorte que le petit chef-d'œuvre d'Adam de la Halle apparaît pour la première fois dans sa forme originale, rendu accessible à tous par les divers commentaires dont l'a entouré le savant professeur de Lille.

Il « Gelindo », dramma sacro piemontese della Natività di Cristo. Edito con illustrazioni linguistiche e letterarie da Rodolfo RENIER. Segue un' appendice sulle reliquie del dramma sacro in Piemonte. Torino, Clausen, 1896, in-12, IX-255 p. — Ce volume ne contient pas seulement le texte, établi aussi critiquement que possible, du Gelindo, « pastorale » de Noël piémontaise bien connue, mi-partie de patois et de toscan, et remontant sans doute à la fin du xviie siècle, mais — ce qui nous permet de le mentionner — une étude linguistique très soigneuse et des rapprochements intéressants avec les formes diverses des drames de la Nativité. L'appendice sur les restes du théâtre religieux en Piémont constitue un chapitre curieux et neuf d'humble histoire littéraire; on y remarquera les singulières compositions, en français, qui étaient en faveur dans la vallée de Suse au XVIe siècle, et jusque dans la première moitié du XIXe. Die Sprache der Reimpredigt des Pietro da Barsegape. Von Emil KELller, Frauenfeld, Huber, 1896, in-4, viп-63 p. — Ce travail, d'un élève de M. Morf, est fait avec soin et méthode; on saura particulièrement grẻ à l'auteur du glossaire étendu par lequel il le termine. Eugène ROLLAND. Flore populaire, ou Histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore. Tome I. Paris, E. Rolland, 1895, in-8, III, 272 p. — Nous reviendrons sur cette importante publication, qui promet un digne pendant à l'excellente Faune populaire du même savant; mais nous n'avons pas voulu tarder à en signaler le premier volume à nos lecteurs.

Le Propriétaire-Gérant, Ve E. BOUILLON.

Macon, Protat frères, imprimeurs.

ÉTUDES

SUR LE CYCLE DE GUILLAUME AU COURT NEZ

LE COURONNEMENT DE LOUIS 1.

SI

ANALYSE DU POÈME.

Bien que nous ayons d'excellentes analyses du Couronnement de Louis (voy. notamment celles de P. Paris et de MM. Langlois et L. Gautier) il me paraît indispensable, pour la clarté de l'exposition qui va suivre, de résumer ici, en quelques lignes aussi brèves que possible, la succession des faits que le poème déroule sous nos yeux.

M. Langlois le divise en cinq parties. La première nous fait assister à la cérémonie du couronnement et à la tentative criminelle d'un traître : Charlemagne, sentant la mort approcher,

1. Ces pages étaient écrites et en grande partie imprimées quand a paru un long travail de M. L. Willems (L'élément historique dans le Coronement Looïs, contribution à l'histoire poétique de Louis le Débonnaire, par L. Willems, Gand 1896), consacré au même sujet, et dont le plan même se rapproche singulièrement de celui que j'ai adopté. La crainte, que j'avais conçue tout d'abord, que M. W. ne m'eût rien laissé à dire, s'est bien vite évanouie : il se trouve en effet, par un singulier hasard, que j'avais justement combattu, chez nos devanciers communs, tantôt explicitement, tantôt tacitement, en refusant de m'y rattacher, ce système d'identification à tout prix entre les faits historiques et les épisodes de la chanson, que nul encore n'avait professé avec une outrance si affirmative et si dédaigneuse des divergences les plus caractéristiques. J'avais un instant songé à aborder ici même le détail de la discussion; mais M. W. et moi sommes si rarement d'accord que c'eût été, non sans détriment pour la proportion entre les parties et la clarté de l'ensemble, écrire un second article en marge du premier, et j'ai cru mieux faire Romania, XXV. 23

réunit dans la chapelle de son palais, à Aix, les grands de l'empire et leur annonce sa résolution de résigner le pouvoir au profit de son fils Louis. Il invite celui-ci à prendre la couronne sur l'autel et à la placer lui-même sur sa tête; mais l'indigne fils du grand empereur hésite et recule. Alors le traître Arnéïs d'Orléans se propose pour exercer la régence, dont il compte bien profiter pour écarter définitivement le souverain légitime. Charlemagne allait consentir, quand Guillaume, prévenu en hâte par son neveu Bertrand, entre dans la chapelle; il marche droit au traître, lui brise la nuque d'un coup de poing et place la couronne sur le front de Louis. Le vieil empereur lui exprime sa reconnaissance et lui confie la garde de son fils, qu'il exhorte à user toujours des conseils de ce vaillant protecteur. Guillaume accepte cette mission, mais avant d'en assumer les charges, il demande l'autorisation, qui lui est accordée, d'aller visiter le tombeau de saint Pierre, en accomplissement d'un vœu qu'il a depuis longtemps formé.

Durant ce pèlerinage de Guillaume, qui forme le sujet de la deuxième branche, le roi sarrasin Galafre débarque en Italie à la tête d'une immense armée; il enlève Capoue, fait prisonnier le roi Gaifier ainsi que trente mille chrétiens, et menace Rome. Mais ce n'est pas en vain que le pape fait appel à la vaillance de Guillaume, qui relève le défi du géant Corsolt, champion des Sarrasins, et se mesure avec lui. Son adversaire, au cours d'une lutte acharnée, lui tranche le « someron » du nez, mais finit

de réserver la critique pour un compte rendu spécial qu'on trouvera plus loin, me bornant à faire ici au livre de M. W. quelques renvois qui donneront au lecteur une première idée de son travail. — Le nombre même et la gravité des divergences qui nous séparent a rendu plus vif le plaisir que j'ai éprouvé en constatant notre accord sur plusieurs points assez importants (sans parler de quelques rencontres de détail), où malheureusement c'est au scepticisme que nous aboutissons tous deux : ce scepticisme concerne notamment la conjuration de Wala, la participation de Guillaume Tête-d'Étoupes à la formation du Guillaume épique, la valeur traditionnelle du passage concernant les guerres faites par Guillaume au profit de la royauté (v. 2011-43) et l'existence indépendante d'une cinquième branche; le fait que deux travailleurs opérant isolément et partis de points de vue si parfaitement opposés sont arrivés sur tous ces points à une conclusion identique, contribuera peut-être à faire considérer comme fondés les doutes que nous exprimons à leur sujet.

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