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par leurs émissaires des Vendées nouvelles, et mieux combinées à l'extérieur que la première !

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Une trève avec douze cent mille républicains sous les armes! Une trève de deux ans, pendant lesquels l'Anglais révolutionnerait notre commerce, demanderait la révocation de l'acte de navigation française, et s'opposerait au tarif national qui se prépare pour exclure à jamais du sol de la France les marchandises de manufacture anglaise et hollandaise !

» Deux ans de trève, pour, laisser respirer le crime et la royauté, pour avoir ensuite un de ces mangeurs d'hommes sur un trône usurpé!

» Au bout de deux années, quand nous aurons établi un gouvernement, on pourra traiter de la paix... Comme si la contre-révolution la plus adroitement organisée n'était pas de paralyser tout à coup quinze armées en les faisant rentrer dans leurs foyers, de réfroidir l'ardeur militaire, de livrer nos frontières et nos ports, de faire rentrer les émigrés, d'ouvrir les prisons aux conspirateurs et aux hommes suspects, notre territoire aux espions de l'ennemi, nos cités aux agens des puissances coalisées, et nos sociétés populaires au parti de l'étranger! Comme si l'on avait pu déjà oublier que la faction qui a voulu anéantir la liberté a commencé par méditer la dissolution de la Convention nationale, et qu'en parlant de paix on cherche à briser cet instrument principal de la révolution! Enfin les rois coalisés consentiraient, lorsque dans deux années la Constitution serait établie et le gouvernement organisé, de traiter définitivement la paix, et ce traité serait soumis à la ratification nationale...

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» Ombres funestes de Brissot et des fédéralistes justiciés, vous avez donc remplacé leur génie conspirateur dans le conseil des tyrans d'Europe! Tour à tour créateurs et héritiers de vos principes patricides, les despotes nous présentent généreusement une république provisoire, une reconnaissance momentanée, une trève dangereuse, un armistice perfide, un établissement conjectural de la Constitution, un changement nécessaire de représentans, un gouvernement révolutionnaire détruit, l'éner gie de vingt-sept millions de Français paralysée, quinze armées inutiles, des actes diplomatiques, un traité d'Aix-la

Chapelle ou de Westphalie, et au bout de tant de fléaux et de hasards politiques un appel au peuple, une ratification de la paix dans les as-emblées primaires, travaillées en guerre par les intrigans gorgés par les guinées des Anglais, les piastres des Espagnols, les crimes de l'Autriche et les artifices de Rome!

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Citoyens, voilà les présens que les prétendus amis de la paix, que ces Grecs modernes nous apportent! Hé quoi! la paix avec des tyrans! la paix avec des gouvernemens sans morale et sans foi publique! la paix avec des traîtres et des émigrés !

» Vous l'auraient-ils donnée cette paix, qu'on ne réclame que depuis qu'ils sont battus et chassés, vous l'auraient-ils donnée alors que Toulon, honteusement vendu, était souillé par leurs troupes déshonorées, que les Pyrénées orientales étaient envahies, que Lyon s'était constitué en contre-révolution permanente, que l'Ardèche et la Lozère étaient en feu? Vous l'auraient-ils offerte cette paix, tant célébrée aujourd'hui par nos philanthropes politiques, vous l'auraient-ils offerte alors que la séditieuse Gironde agitait son fédéralisme, en s'appuyant sur l'Angleterre marchande et la Vendée rebelle? Vous l'auraient-ils demandée cette paix tant désirée alors que la Vendée déployait ses bandes conspiratrices de Grenville à Noirmoutier, et d'une rive de la Loire à l'autre ? Vous parlaient-ils de République et de paix alors qu'ils menaçaient Maubeuge et Dunkerque, Strasbourg et Landau, et que la trahison leur donnait le Quesnoy, Valenciennes, le fort Vauban et Condé?

» Ils parlent de paix parce qu'ils sont vaincus ; ils vous parlaient de royauté quand ils étaient vainqueurs. Ils parlent d'une République provisoire parce qu'ils sont complètement battus et déshonorés; ils vous parlaient de l'inutile duc d'Yorck ou d'un régent émigré, pour un trône élevé sur la corruption des généraux, et sur l'avilissement de quelques cités.

» Ils vous parlent de trève parce qu'ils sont sans impôts et sans soldats; ils vous parlaient d'égorger tous les républicains pour rétablir Louis XVII quand ils déshonoraient le Var et qu'ils corrompaient le Bas-Rhin.

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Représentans des Français, la paix et la République! la paix et la ruine des tyrans! la paix et le réveil des peuples !

» La liberté écrit ses traités de paix avec du fer sur le rocher; le despotisme écrit ses traités diplomatiques avec de l'or sur le sable.

» Rome ne voulut entendre les propositions de Carthage qu'après que cette République de marchands eût mis bas les armes et désarmé ses vaisseaux. Les républicains français n'ontils pas le droit d'être aussi grands que les aristocrates romains? et le cercle de Popilius ne convient-il pas mieux à la France libre qu'à Rome ambitieuse? Enfin la Convention nationale, c'est à dire la première assemblée de l'univers, ne doit-elle pas conserver au milieu d'une grande nation républicaine l'attitude imposante qu'un des agens ordinaires de la République vient de prendre au milieu des étrangers?

» Le 25 nivose des agens attachés à un des gouvernemens du nord coalisés sondaient en Suisse un des agens de la République. A qui peut-on s'adresser en France, disent-ils, dans le cas où l'on voudrait en venir à des propositions de paix? Cela n'est pas difficile, répond l'agent français; nous avons cent mille négociateurs à l'armée du Rhin, et cent mille autres à l'armée du Nord, sans compter les négociateurs placés dans les autres ar

mées.

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par

Citoyens, démentirons-nous cette réponse, et le représentant du peuple aura-t-il l'énergie d'un diplomate? et pourra-t-on nous faire illusion la distinction usée des peuples et des gouvernemens? Mais en Angleterre le gouvernement est national; il est constitutionnel; le peuple a une représentation quelconque; il donne les impôts; il vote la paix et la guerre; il la fait, il la soutient; il est le confident des projets de Pitt, et l'instrument de ses perfidies: qu'il montre donc, avec l'énergie des héritiers de Sidnei, que l'esprit républicain ne lui est pas étranger, et que tous les peuples sont frères! On veut sans cesse séparer le gouvernement de la nation; mais l'avez-vous séparé lorsque vous avez proclamé l'acte de navigation, lorsque vous avez prohibé les marchandises anglaises, et proscrit l'industrie britannique? Hé bien, que le peuple anglais se sépare de lui-même son atroce gouvernement! qu'il prouve que son sang et ses tré

sors ne doivent pas être prodigués dans une guerre contre les droits des hommes et la liberté des nations!

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» Amis de la paix, les ennemis de la République ont-ils donc posé les armes? ont-ils retiré leurs troupes sanguinaires? ont-ils cessé de maltraiter nos prisonniers, de brûler nos vaisseaux, de corrompre nos généraux? Condé, Valenciennes le Quesnoy, Collioure et le Port-Vendre sont-ils délivrés de la présence de l'Espagnol et de l'Autrichien ? Les tyrans de Bruxelles ont-ils cessé d'insulter aux représentans du peuple que la trahison leur a livrés, et qu'ils présentent aux injures des nobles et des émigrés ? Les corsaires anglais ont-ils cessé d'intercepter nos subsistances? Le gouvernement britannique a-til cessé d'intriguer dans les cours lointaines, d'accaparer insolemment les gouvernemens faibles, et de faire assassiner les chefs des gouvernemens neutres ?

» Ne cessons donc pas de former des bataillons, de fabriquer des armes, de construire des vaisseaux, de forger des canons, de récolter des salpêtres, et de fabriquer des poudres! C'est de vos arsenaux, c'est de vos ports, c'est de vos fabriques de poudre que sortiront les articles du traité de paix.

» Ainsi deux objets principaux sont le but de ce rapport. >> 1°. La fabrication extraordinaire des armes ;

» 2°. La fabrication extraordinaire des poudres.

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Ces deux parties du rapport de Barrère présentaient, l'une, les résultats, les prodiges annoncés dans le rapport fait par Carnot le 13 brumaire sur la manufacture extraordinaire d'armes établie à Paris ( voyez le tome précédent); la seconde, le tableau des ressources et des moyens à employer pour recueillir le salpêtre, fabriquer les poudres, préparer les munitions nécessaires aux quinze armées que la France opposait à la coalition.

Toutes les mesures proposées par le comité de salut public furent décrétées par la Convention, et volontairement exécutées par le peuple, dont le zèle se déployait toujours plus admirable à la voix de ses représentans. En peu de jours on vit les citoyens de toutes les professions, inspirés par l'amour de la liberté, manier la pelle et la pioche, porter

» La liberté écrit ses traités de paix avec du fer sur le rocher; le despotisme écrit ses traités diplomatiques avec de l'or sur le sable.

» Rome ne voulut entendre les propositions de Carthage qu'après que cette République de marchands eût mis bas les armes et désarmé ses vaisseaux. Les républicains français n'ontils pas le droit d'être aussi grands que les aristocrates romains? et le cercle de Popilius ne convient-il pas mieux à la France libre qu'à Rome ambitieuse? Enfin la Convention nationale, c'est à dire la première assemblée de l'univers, ne doit-elle pas conserver au milieu d'une grande nation républicaine l'attitude imposante qu'un des agens ordinaires de la République vient de prendre au milieu des étrangers?

» Le 25 nivose des agens attachés à un des gouvernemens du nord coalisés sondaient en Suisse un des agens de la République. A qui peut-on s'adresser en France, disent-ils, dans le cas où l'on voudrait en venir à des propositions de paix? - Cela n'est pas difficile, répond l'agent français; nous avons cent mille négociateurs à l'armée du Rhin, et cent mille autres à l'armée du Nord, sans compter les négociateurs placés dans les autres ar

mées.

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Citoyens, démentirons-nous cette réponse, et le représentant du peuple aura-t-il l'énergie d'un diplomate? et pourra-t-on nous faire illusion par la distinction usée des peuples et des gouvernemens? Mais en Angleterre le gouvernement est national; il est constitutionnel; le peuple a une représentation quelconque; il donne les impôts; il vote la paix et la guerre; il la fait, il la soutient; il est le confident des projets de Pitt, et l'instrument de ses perfidies : qu'il montre donc, avec l'énergie des héritiers de Sidnei, que l'esprit républicain ne lui est pas étranger, et que tous les peuples sont frères! On veut sans cesse séparer le gouvernement de la nation; mais l'avez-vous séparé lorsque vous avez proclamé l'acte de navigation, lorsque vous avez prohibé les marchandises anglaises, et proscrit l'industrie britannique? Hé bien, que le peuple anglais se sépare de lui-même son atroce gouvernement! qu'il prouve que son sang et ses tré

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