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nement révolutionnaire : d'un côté on lui avait imprimé une inertie fatale; de l'autre toutes les mesures étaient contrerévolutionnées.

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Depuis quelques jours les spectacles étaient remplis d'aristocrates, et les rues couvertes de conjurés. Les femmes insultaient par un luxe insensé à la misère publique, et la voracité des égoïstes appelait la famine au dedans, tandis que des stipendiés la préparaient au dehors.

» Tous les vents portaient l'orage sur la représentation nationale et sur les patriotes, tandis que la calomnie et la tra— hison inondaient les départemens et les armées de fausses nouvelles.

» Dans l'un on publiait que l'ennemi était à six lieues de Paris; dans l'autre on disait qu'il y avait eu un projet de prendre la cocarde blanche; plus loin on racontait que Paris était cerné par les troupes étrangères.

» A Paris on insinuait pour effrayer le peuple que la Vendée s'était grossie, et l'opinion, déchirée, recevait à chaque instant des impressions funestes à la liberté.

>> Dans quelques villes on avait voilé d'un crêpe funèbre la Déclaration des Droits de l'homme, et l'on dérobait à la vue des citoyens les bases éternelles de la République.

» Partout on arrêtait les subsistances que le commerce apporte à la population immense de Paris, et l'on jetait dans la rivière ou on laissait avarier les subsistances qui y étaient ramassées.

» Pendant que certains conjurés excitaient le peuple à l'insurrection, Ronsin, l'un d'eux, placé à la tête d'une partie de la force armée (1), avait apparu avec quelques officiers dans toutes les prisons, comme pour y faire la revue d'autres conjurés.

» Ainsi donc quelques intrigans, masqués en patriotes, avaient conçu le projet insensé de faire rentrer la plus belle révolution dans le chaos d'où tant de sacrifices du peuple, tant

(1) L'armée révolutionnaire. Cette armée fut licenciée le 7 du même mois (germinal).

de travaux de ses représentans, tant de courage de ses armées l'ont fait éclore!

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Non, citoyens, leurs vœux impies ne seront pas remplis ! Les conjurés sont saisis; ils sont déjà en présence de la justice. » Connaissez les projets exécrables qu'ils avaient médités; vous n'aurez encore qu'une faible idée des maux qu'ils vous réservaient.

» Il fallait préparer par la famine une crise forte pour anéantir la liberté publique; il fallait amener les citoyens à un excès de besoin et de malheur pour les empêcher de s'effrayer du despotisme. Ignorant la vertu du peuple, qu'ils n'aimerent jamais, et ne mesurant que le désespoir qu'ils voulaient exciter en lui, ils osaient espérer de lui donner un tyran sous un nom déguisé, et les marches du nouveau trône, relevé par la main sanglante du crime, étaient les cadavres des républicains.

» Combien de moyens étaient déjà employés! Des détachemens nombreux d'hommes dévoués à la conjuration étaient répandus partout.

» Des amas d'armes, de boulets et de munitions étaient préparés; on en retrouve chaque jour dans la Seine.

» Des aides de camp de l'infâme Charrette, des chevaliers du poignard reconnus dans la journée du 10 août, et des émigrés étaient rentrés impunément dans Paris; des déserteurs autrichiens étaient entassés dans des casernes.

» Des listes de proscription étaient faites; le choix des victimes était indiqué; le déchaînement des aristocrates détenus était le prix de leur atroce complicité avec les conjurés; la destruction de la représentation nationale était provoquée; la perte des plus ardens défenseurs des droits du peuple était jurée ; et tout coïncidait pour commettre ce grand attentat.

» Déjà un grand nombre de satellites des conjurés nous environnaient; il en arrivait tous les jours; les contre-révolutionnaires accouraient de toute part.

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Déjà le service des troupes préposées à l'arrivage des subsistances était paralysé, ou recevait une fausse direction; les subsistances étaient arrêtées ou cachées, et les moyens d'approvisionnement atténués ou anéantis; on s'assurait de toutes les communications; on interceptait tous les passages.

>> La Monnaie et la Trésorerie nationale devaient être pillées; et l'on osait croire qu'en distribuant des métaux et des assignats on tromperait, on séduirait le peuple! Ah! qu'ils te connaissent mal ces vils conspirateurs s'ils pensent qu'il puisse exister pour toi un trésor plus précieux que ta liberté ! Ils ne voient donc pas les sacrifices journaliers que tu fais pour elle, ton sang prodigué aux armées, tes sueurs répandues pour fertiliser les campagnes, et tes bras toujours en activité pour fabriquer des salpêtres et forger des armes !

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Citoyens, plusieurs factions, qui seront successivement punies, trempaient dans la même conjuration, tant le parti de l'étranger, qui tient à sa solde tous les vices de la royauté et tous les crimes de l'avarice, avait jeté parmi nous de profondes racines!

>> Une faction a été chargée d'avi!ir la représentation nationale par la corruption des richesses; une autre devait l'assassiner par l'impulsion violente d'une famine factice; une troisième cherchait à dégoûter par toutes les calomnies le peuple de ses représentans, et par tous les dangers les représentans de la représentation même; toutes ensemble avaient reçu l'ordre d'entraver sans cesse le gouvernement, de contre - révolutionner ses mesures, et d'anéantir insensiblement le peuple par les hypocrites, et la liberté par la licence.

Hé quoi lorsque la République s'élance du sein des orages et des trahisons vers les institutions qui doivent assurer la liberté ; quand les représentans du peuple font des lois populaires qui terrassent l'aristocratie, et qui distribuent les richesses des conspirateurs aux patriotes peu fortunés; quand le fléau de la mendicité va disparaître devant une plus juste distribution de la fortune, de viles passions et de basses intrigues s'opposeraient à sa grandeur! le crime et l'assassinat l'arrêteraient dans son essor, et l'affermissement de la République serait plus difficile que le rétablissement du despotisme!

» Loin de nous, citoyens, une aussi affligeante pensée ! S'il pouvait exister encore au milieu de la révolution de ces hommes modérés, égoïstes ou indifférens, fléaux des Républiques, la stabilité des lois nouvelles devrait du moins les intéresser comme le gage unique de leur sûreté personnelle.

» Ce n'est pas au milieu des guerres civiles, dans la dégradation des droits du peuple, dans l'anéantissement de sa représentation, que ces modérés imprudens, ces égoïstes barbares et ces propriétaires orgueilleux jouiraient de leur fortune ou de leur indifférence; ce n'est pas lorsqu'un grand nombre d'assassins salariés se répandraient dans les villes, que des troupes indisciplinées inonderaient les campagnes, que les citoyens, provoqués par la faim et divisés par le tyran, se détruiraient entre eux; ce n'est pas lorsque toutes les propriétés seraient incertaines, la vie de chacun menacée, et la terreur ou les larmes dans toutes les familles, que nous pourrions résister aux armées ennemies, préserver nos ports, garantir nos foyers de l'incendie, et le nom français d'une honte éternelle !

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Que cette conjuration, dévoilée et punie, serve donc à nous rallier tous, à nous unir, à nous serrer les uns contre les autres! Que toute la République imite Paris; son esprit public, parvenu à la plus grande hauteur dans ces circonstances terribles, nous présage tous les succès de la liberté.

» Avec quelle rapidité et quel sentiment patriotique les citoyens de Paris se sont portés autour de la représentation nationale! avec quelle touchante énergie ils viennent de se montrer pour la défense de la République et la sûreté des représentans! Aujourd'hui des hommes qui avaient usurpé une réputation de patriotisme sont mis en jugement; hier c'était un jour de fête civique autour de la Convention et dans Paris : aujourd'hui on s'occupe de punir les traîtres de l'intérieur; hier on portait du salpêtre pour les assassins du dehors.

Quel moment pour déployer toutes les ressources nationales, pour réclamer les secours et invoquer l'union indissoluble de toutes les parties de la République! La Convention vient d'arrêter par son courage cette terrible secousse qui devait bouleverser toutes les idées, diviser les citoyens, introduire les armées étrangères, et faire périr la République.

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Quel est le Français qui oserait supporter l'idée même d'un pareil avenir? Ne serions-nous plus cette nation libre et guerrière qui a abattu dans la même année la tête du tyran, et proscrit toutes les aristocraties, qui a terrassé l'hydre du fédéralisme, qui a chassé les Anglais de Dunkerque, les Espagnols

de Toulon, les Prussiens de Landau, les Autrichiens de Maubeuge, et les brigands royalistes de la Loire et de la Vendéef?

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Non, non! les cris des victimes du patriotisme ne protesteront jamais contre nous; nous sauverons la République et les républicains! Des mesures promptes et terribles sont prises dans l'intérieur; les armées ne respirent que la haine des tyrans, et brûlent de les vaincre. Ainsi, du centre aux frontières, peuple, soldats, législateurs, tous votent la mort des traîtres et l'anéantissement absolu des factions criminelles ; tous votent une campagne terrible contre les hordes étrangères, le bannissement prochain des ennemis de la révolution, la marche du gouvernement révolutionnaire et l'affermissement de la République !

>>

Citoyens, nous ne cesserons de vous répéter cette vérité : le gouvernement d'un peuple libre n'a d'autre garantie que la justice et la vertu du peuple. Il est donc vrai que ceux qui cherchent à altérer sa justice et à corrompre sa vertu ôtent au gouvernement sa garantie, et au peuple son gouvernement; ils doivent donc périr plutôt que la République.

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» La Convention nationale ne veut et ne peut vouloir que la République, parce que le peuple a voulu et veut la République ceux qui corrompent ou détruisent la garantie du gouvernement ne veulent donc pas la République; il faut donc aussi que les corrupteurs périssent, ou la République ne sera jamais affermie. Méconnaître ces vérités c'est faire renaître l'espérance des conspirateurs, établir l'impunité des traîtres, rallier les conjurés du dehors, et faire courir de nouveaux dangers au peuple et à la liberté.

» Mais telle la Convention nationale s'est montrée lorsqu'il 's'est agi de punir les fédéralistes et le tyran, telle elle se montrera toujours pour punir les faux patriotes et les traîtres. Quand elle pense aux biens de tout genre qui doivent résulter des lois républicaines pour les Français, elle ne peut s'empêcher de leur rappeler que le plus grand des forfaits est de s'opposer à l'affermissement de la République, et de rejeter la nation dans les chaînes qu'elle a brisées.

» La Convention nationale invite tous les citoyens à démasquer les charlatans en patriotisme, et à dénoncer les traîtres;

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