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BODLEIAN

$4.6-1913
IBRAR

Bywater 1913

INTRODUCTION

Le précis historique que nous réimprimons, fut rédigé sous forme d'adresse des républicains de la Société populaire et de la commune de Nantes à la Convention nationale. Elle doit être datée du II floréal an II, correspondant au 30' avril 1794, et fut présentée à la Convention, par deux délégués à cet effet, treize jours après, le 24 floréal ou 13 mai suivant. On en trouve des exemplaires de deux tirages différents, qu'on distingue au moyen d'un errata indiqué sur le premier et supprimé sur le second parce qu'il y avait été corrigé. Aussi l'écrit fut-il répandu largement, lorsqu'il parut; ce qui ne l'empêche pas d'être devenu fort rare aujourd'hui, comme la plupart des écrits montagnards de l'époque.

Ce précis est l'ampliation historique d'une pre

mière Déclaration de la Société républicaine de Vincent-la-Montagne et des patriotes de la commune de Nantes à la République Française, dont il est la suite. Nous avons cru devoir la reproduire en tête, comme début, d'autant que tirée à un bien moindre nombre et simple feuille volante, elle est devenue depuis le jouet du vent. Nous n'en connaissons, en effet, d'autre exemplaire que le nôtre. Les deux pièces s'enlacent, d'ailleurs, comme les anneaux d'une même chaîne: seulement l'un est plus ouvert que l'autre.

Voici quelles furent l'origine et la cause de cette nouvelle protestation plus explicite contre les assertions de Carrier :

Depuis son retour de Nantes à Paris, qui eut lieu le 28 pluviose an II (16 février 1794), l'excommissaire, mécontent des résistances à ses ordres qu'il avait rencontrées sur place, comme aussi des démarches dont il avait été l'objet auprès du comité de Salut public, ne cessait de récriminer contre cette ville. Il ne manquait aucune occasion de s'exprimer sur le compte de ses citoyens d'une manière outrageante et défavorable, en particulier et même en public, à la Convention et dans les comités de gouvernement, principale

ment à celui de,Sûreté générale, où il était mieux écouté qu'ailleurs de la plupart des membres. On l'entendit à plusieurs reprises, pendant l'instruction du procès de Fouquet et de Lamberty, traiter les Nantais « d'aristocrates, qui n'avaient pas chez eux le buste de Marat, le martyr de la liberté (1), et accuser tous les administrateurs d'avoir favorisé la

guerre de la Vendée. - Nantes, disait-il un jour à la tribune, est le repaire des brigands; ses habitants n'ont rien fait pour la Révolution; ce sont tous des muscadins et des égoïstes. » Ces paroles supprimées au Moniteur furent rapportées par d'autres organes de la presse parisienne.

La Société populaire, n'oubliant pas qu'elle avait été maltraitée et fermée pendant quelques jours, par l'ordre de Carrier, qui s'en était même fait apporter les clefs, s'émut de ces déclamations calomnieuses. Indignée de son impudence, elle arrêta, après en avoir délibéré, de le dénoncer à la Convention ainsi qu'au comité de Salut public et de le confondre. La levée du siège de Nantes par

(1) Si Marat était l'homme de Carrier, à coup sûr Carrier n'eût point été l'homme de Marat, physiologiste spiritualiste, qui combattit Helvétius et fit briser son buste aux Jacobins. Carrier n'était, au contraire, qu'un brutal et grossier matérialiste.

les Vendéens, en juin 1793, protestait à elle seule contre les inculpations du proconsul. Aux prétendus griefs qu'il articulait contre eux, les républicains nantais pouvaient se borner à répondre, avec la noble fierté de Scipion l'Africain : « Représentants, c'est à pareil jour que nous avons repoussé le plus grand ennemi de la République; ce qui vous procura la sécurité de l'intérieur. Vous avez décrété vous-mêmes que nous avions bien mérité de la patrie. Ne soyons pas ingrats envers les dieux immortels; laissons crier ce vaurien, et montons au Capitole pour remercier le souverain des dieux du succès de nos armes. » Mais outre cette fin de non recevoir préalable, ils avaient les mains pleines de vérités accusatrices. Les révélations recueillies dans l'instruction du procès de Fouquet et de Lamberty leur fournissafent des armes terribles seulement il était

dangereux de s'en servir.

Prieur (de la Marne), membre non-résidant du comité de Salut public, alors en mission à Nantes où il avait succédé à Carrier, eut connaissance de la mesure que voulait prendre la Société populaire (1). Il se rendit dans son sein, excusa son

Nous avons examiné, avec soin, la conduite politique de Prieur (de la Marne), que le délirant Carrier traitait d'imbécile en fait de

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