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Un écrivain célèbre de nos jours, dont le nom est presque aussi populaire en France qu'en Angleterre et en Ecosse, a fait de cette coutume le sujet d'une de ses plus gracieuses créations, la Jolie fille de Perth, ou le Jour de la Saint-Valentin. Il faut lire dans le roman même les divers incidents qui concourent au développement de la fable et qui aboutissent au choix que fait Catherine Glover, la Jolie fille, de Henry Gow, le forgeron, pour son Valentin, choix qu'elle manifeste, suivant la coutume, par un baiser non cueilli, mais déposé sur les lèvres de Gow, alors endormi, et qu'une si douce faveur devoit rendre bien éveillé. Dans une note du chapitre 2, Walter Scott fait connaître quelques particularités que Misson et Chamberlagne nous ont laissé ignorer: « Le 14 février, »jour de saint Valentin, chaque oiseau, disent les Anglois, » choisit sa compagne de nichée pour le reste de l'an. D'après un usage immémorial, qui remonte aux superstitions païennes, le premier homme qu'une jeune fille voit ce jour» là doit être son ami, au moins pour douze mois, et s'appelle » son Valentin. Depuis la Réforme, saint Valentin a conservé » ainsi le privilége de représenter le Cupidon païen. Les jeunes » filles reçoivent ce jour-là des vers (madrigaux et acrostiches), » au grand profit de la petite poste. >

N'est-il pas singulier qu'un pareil usage se soit conservé jusqu'à nos jours dans les pays du Nord, tandis qu'il est presque tombé en désuétude dans des contrées où la chaleur fécondante du climat semble plutôt devoir le perpétuer.

J. L.

PIERRE BELON (1).

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Un des hameaux les plus humbles du Maine, le hameau de la Soultière, dépendant du bourg d'Oizé, a été, par un jeu bizarre du sort, la patrie de deux hommes également célèbres, mais à divers titres, de Pierre Belon et du P. Mersenne. L'an

(1) M, B. Haureau, représentant du peuple et conservateur à la Bibliothèque nationale, a bien voulu promettre au Bulletin du Bibliophile sa collaboration active. Nous sommes heureux de pouvoir donner dès aujourd'hui, à nos abonnés, une savante notice biographîqué sur P. Belon, due à sa plume spirituelle..

Ce travail abonde en renseignemens curieux. Il est destiné à faire, par la suite, partie du grand ouvrage qué M. Haureau a entrepris sous le titre d'Histoire littéraire du Maine. On nous permettra de dire ici quelques mots de cet important travail.

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I

« Il ne faut pas estre du monde pour ignorer que le païs du Mayne a >> tousiours produit de grands hommes que la science et le courage ont » rendus recommandables. » Voilà dans quels termes le P. Hilarion de la Coste proclamoit, au XVII siècle, la gloire de ce pays, et, pour motiver cet éloge, il lui suffisoit de prononcer quelques noms consacrés par ar la renommée. De ces noms, la plupart ont été illustres dans les lettres: le Maine a produit de grands capitaines, d'habiles diplomates; mais il a été surtout fécond en érudits. C'est cette considération qui a porté M. Haureau à entreprendre une Histoire littéraire du Maine. Elle se publie avec un succès que peu de livres obtiennent de nos jours. Tous les écrivains que le Maine a vus naître jusqu'à la fin du dernier siècle seront mentionnés.

Nous n'avons pas besoin de dire que l'auteur n'a pas respecté très scrupuleusement la délimitation de l'ancienne province du Maine, et qu'il a a ajouté au ca talogue des écrivains manceaux ceux dont le lieu natal, compris autrefois dans l'Anjou, a été incorporé au département de la Sarthe. nous ajouterons que, pour se conformer à la tradition, il a fait place dans cette Histoire littéraire à quelques hommes qui, nés sur les frontières du Maine, mais hors de ces f frontières, ont été jusqu'à ce jour comptés parmi ses célébrités. Il n'est, à vrai dire, pas de province, que cette histoire n'intéresse; pas de Bibliophile qui n'ait à consulter avec fruit ces monu

née 1517 paroît être la date de naissance de Belon; un portrait qui se trouve en tête d'un de ses livres, publié pour la première fois en 1553, nous le représente âgé de trente-six ans. Son premier protecteur fut René du Bellay, prélat de belle humeur et de mœurs douces, dont nous avons fait connoître la passion pour les jardins (1). Les goûts de cet évêque étoient ceux du jeune Belon, qui commençoit alors, dans les campagnes du Maine, les recherches d'histoire naturelle qu'il devoit conduire si loin.

Du Mans, Belon se rendit à Paris, où il étudia la médecine et fut reçu docteur: il partit ensuite pour Wittemberg, appelé dans cette ville par les succès d'un jeune professeur de botanique et de pharmacie, Valerius Cordus, fils du docte Euricius. Comme ils étoient du même âge et avoient le même zèle pour l'étude, ils s'attachèrent bientôt l'un à l'autre, et entreprirent ensemble une excursion scientifique dans les différentes parties de l'Allemagne. C'est au retour de ces voyages que Belon fut arrêté dans les murs de Thionville, qui, faisant alors partie du duché du Luxembourg, étoit aux mains des Espagnols. Jeté dans un cachot, comme prisonnier d'état, Belon en fut tiré par un gentilhomme, nommé Duhamme ou Dehamme, qui lui prêta la somme réclamée comme prix de sa rançon. Qui lui avoit envoyé ce libérateur? On racónte, et ce récit mérite créance, que Duhamme, partisan enthousiaste de la jeune école françoise, ayant appris qu'un des compatriotes, un des amis de Ronsard et du comte d'Alsinois, venoit d'être incar

mens littéraires enfouis dans les bibliothèques publiques ou privées et jusqu'ici, pour la plupart, inconnus.

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L'Histoire littéraire du Maine formera 4 fórts vol. in-8., imprimés en caractères neufs, tirés sur très beau papier vélin fort. Le 3e volume sera mis en vente, dans les premiers jours de janvier 1849, chez Julien et Lanier, 6, rue de Bussi.

Il y a un très petit nombre d'exemplaires en grand papier de Hollande. (Note de l'éditeur.)

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céré, s'empressa de lui aller offrir sa bourse, jaloux de se recommander par ce service à l'estime des réformateurs. « Ainsi, dit un biographe, après la désastreuse expédition de Sicile, plusieurs Athéniens durent leur liberté aux pièces d'Euripide, dont ils récitoient les plus beaux morceaux à leurs maîtres (1). » Ce n'est pas tout à fait ainsi que Belon sortit des prisons de Thionville, et ce rapprochement n'est pas moins inexact que précieux cependant il faut ici tenir compte, avec M. de Mussey-Pathay, de cet hommage rendu par un étranger, dans les premières années du XVIe siècle, à la science et aux lettres françoises (2). Rendu à la liberté, Belon revint à Paris, où les cardinaux de Tournon et de Lorraine, ainsi que l'évêque de Clermont, Guill. Duprat, lui firent un excellent accueil. Mais c'est le cardinal de Tournon qui lui témoigna le plus d'intérêt. Belon étoit pauvre; il lui fit donner un logement à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, et le traita comme un client distingué dont il avoit à cœur d'être appelé le Mécène (3). Quand Belon eut formé le projet de ce long et périlleux voyage aux rives orientales, dont il se promettoit et qui devoit avoir de si grands résultats, les frais de cette entreprise scientifique furent couverts par le généreux cardinal (4). Il partit en l'année 1546.

Il alla d'abord à Candie, où il séjourna quelque temps; il se fit ensuite transporter à Constantinople, où la France étoit représentée par un ambassadeur depuis que Soliman II avoit accepté l'alliance de François Ier. Reçu dans cette ville avec l'ac

(1) Eloges historiques, par M. Poté, 1816.

(2) Biog. univ., au mot Belon.

(3) C'est ce que Belon nous apprend lui-même dans plusieurs de ses dédicaces adressées au cardinal de Tournon. Nous lisons dans celle du traité De admirabili operum antiquorum præstantia: « Ego in tuam familiam accersitus ab ineunte adolescentia, ita sum apud te educatus, quo potissimum tempore in aula Francisci, non minus sapientis quam magnanimi regis, versabaris, ut, non longe a te discedens, aliquem ego ex tuis illis pene divinis sermonibus fructum referre possum.

(4) Dédicace des Observations.

cueil que l'on devoit au protégé des principaux seigneurs de la cour, Belon n'y demeura pas long-temps : il étoit impatient d'aller visiter Lemnos, l'île des volcans; le mont Athos, qui projette jusqu'à cette île, au déclin du jour, l'ombre de ses ci ́mes glacées, et les nobles ruines de l'antique Salone. De là il se rendit en Egypte, visita la cité d'Alexandre, et le Caire, où il se trouva dans la compagnie de gentilshommes et de savans françois; puis il parcourut la Terre-Sainte, la Syrie, et revint à Constantinople par l'Anatólie. Il étoit de retour en France en l'année 1549 (1).

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C'est à l'occasion de ce voyage que Belon reçut de Ronsard une épître en vers, dont nous devons citer quelques strophes:

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